Robert Mapplethorpe. Grand Palais et Musée Rodin.
Comme si cela devait être évident, on est accueilli au Grand Palais par la figure hiératique, tendue et dernière de Robert Mapplethorpe, quelques temps avant sa mort. « Self portrait 1988 », avec la canne au pommeau en forme de tête de mort. Le visage de RM sort de l’obscurité, comme si plus rien n’existait de charnel, de corporel, comme si le corps ne pouvait plus que se résumer à cette tête qui reste, émaciée, durcie. Au regard tragiquement éclairé, en contrepoint, la tête de mort au regard vide, petit objet ricanant surmontant la canne elle aussi issue du néant.
Etrange d’avoir à commencer par une fin ! Proposer cette photo à l’orée de l’exposition est-ce pour faire introduction ou résumé ? Est-ce une remémoration avant commémoration ? Est-ce une photo point-final ?
Jaillissement du poing qui tient la canne et d’où parait jaillir le crâne. Crâne-Poing. Poing en forme de crâne. Visage en forme de mort. Visage en forme de poing. Self-portrait qui jaillit de l’ombre et se projette vers les regardeurs. Ou nuit glacé de la mort, comme un sable mouvant qui aurait déjà fait disparaître tout son corps et serait sur le point de submerger le reste. Deux visages qui se ressemblent, rassemblés sur le thème du « maintenant » et du « bientôt » ou celui d’un maintenant qui vaut pour toujours, qui vaut pour les jours passés, et pour les heures qui restent.
Proposer cette photo à l’orée de l’exposition est-ce pour faire introduction ou résumé ? Est-ce une remémoration avant commémoration ? Est-ce une photo point-final ? Elle est étrangement placée cette photo car incroyablement à l’opposé de toute l’œuvre de Robert Mapplethorpe ! Etrange d’avoir à commencer par une fin ! D’autant plus étrange qu’après avoir quitté ce regard shakespearien, on lit une pensée du photographe :
« I am looking for perfection in form. I do that with portraits. I do that with cocks. I do that with flowers » qui énonce qu’il n’y aura rien ni de baroque, ni de romantique, ni encore moins de sentimental dans son œuvre.
A moins d’imaginer que cette photo est un tragique repentir…
Elle ne dit pas l’ambiguïté, qui aurait traversé subliminairement l’œuvre de Mapplethorpe ! Elle parle plutôt d’une curieuse contradiction entre l’exposition du Grand Palais, conçue comme une illustration de cette citation et de quelques autres dans le même esprit qui commentent ou ponctuent les photos présentées. De fait, il n’est rien dans l’œuvre de cet artiste qui puisse faire penser à Hamlet. Et pas davantage ne peut-on parler de romantisme ou de tendance poétique à la déréliction dans les œuvres exposées au Musée Rodin. Sans cesse on pense à Alfred Stieglitz quand il disait: «la Beauté, c’est l’universel vu ». Donc, Rien de romantique chez Mapplethorpe même si tout principe a son exception : la religion de la forme tient-elle lorsqu’elle est confrontée aux débordements du sexe ?
Une petite salle aux photos de sexe et de SM montre-t-elle une face obscure ? Celle qui est illustrée par la photo de l’artiste « en diable » ou « en satyre ». Celle qui nous montre le même en fourrure, sourire engageant aux lèvres et fards qui mettent en valeur ces yeux qui savent si bien voir.
Je ne suis pas sûr que les photos de « la petite salle » du Grand Palais vaillent le beau titre « d’universel vu » ! Alors que les photos de sexe, de pénis, et de corps en exultation exposées au Musée Rodin en seraient. La différence, c’est ce qui sépare la photo documentaire, la prise de note, la capture d’image pour album et la photo, où il faut abstraire et sortir progressivement tout ce qui n’est absolument pas utile à la représentation essentielle du monde réel.
Entre l’exposition du Grand Palais et celle du musée Rodin doit-on faire un choix ou émettre un jugement ? Evitons ce débat : il ne s’agit pas d’apprécier des partis-pris de « commissaires d’exposition » mais de comprendre le travail de RM et les choix qu’il a formulés, auxquels il s’est conformé et le travail qui les a mis en images.
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