Gao Bo, les offrandes

 

À la Maison Européenne de la photographie.

 

Par quel oubli, insouciance manque d’attention n’ai-je pas perçu qu’il fallait aller voir, une fois, deux fois, trois fois cette exposition ? Pourquoi ne l’avoir vue qu’au dernier jour ? Vite, comme en passant. Or, je connaissais Gao Bo. Je savais le très grand artiste qu’il était et est toujours. Ce ne sont pas seulement des photos. Ce sont des morceaux de chair, couvertes de son sang. Des photos prises avec ses tripes trempées dans la craie et le noir de fumée.

 

Et aussi des sculptures, des dessins une production artistique incomparable d’une violence et d’une densité sans pareilles. Sans pareilles ? Pas vraiment. Considérant son travail, les accents de colère et de douleur dont il est empli, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Anselm Kieffer. Il y a chez Gao Bo, des perspectives qui tuent et des sillons qui emprisonnent.

 

Photographe avant tout quand Kieffer est peintre, Gao bo montre des violences qui tiennent au monde politique dans lequel il vit quand Kieffer dénonce un passé insupportablement inscrit dans une culture humaniste.

 

Mondes et temps écrasants : les dimensions, photos comme peinture ou sculptures sont aussi considérables que celles de Kieffer. Les œuvres s’imposent et enveloppent. Y échapper ? N’y songez pas. Elles vous prennent et vous imposent de voir. Votre regard ne suffit pas. Gao Bo, fait venir à la vue, des scènes, des êtres, des tensions que vous auriez peut-être voulu éviter. Et pour le cas où votre regard se ferait fuyant et chercherait à s’échapper, les lumières modernes, vives, nettes, des néons, viennent souligner en bleu, en rouge les images, les encadrer, les barrer. Lumière éclatante en lignes fines contrastant avec l’obscurité, les noirs et blancs, les reflets crayeux ou les traces de sang séché, bruni.

 

Mais, tout autant l’un que l’autre, avec la presque exactement la même intensité, l’un et l’autre parlent de l’homme qu’on massacre, de l’humanisme qu’on dévoie et des avenirs qui ne sont pas nécessairement radieux.

 

 

 Comprendre le Métavers en 20 questions

 

 

 

 

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