Max Neumann, Martin Assig, Tony Bevan,

oeuvre de Max Neumann
oeuvre de Max Neumann

Martin Assig, Tony Bevan, Max Neumann

7 janvier – 21 février 2012,  Galerie Vidal-Saint Phalle, rue du Trésor

 

La rue du Trésor se trouve facilement pourvu qu’on ne commette par l’erreur, fréquente, de  la chercher du côté de la rue du Temple, alors qu’elle se trouve à la perpendiculaire de la rue « vieille » du Temple… au fait, pourquoi « rue » du Trésor alors que c’est ou une impasse ou un « square » ? On n’en saura rien. Le fait est que pour y accéder, on ne peut choisir de prendre la rue par son début ou par sa fin, il n’y a qu’un seul point d’entrée : la rue Vieille du Temple.


Bernard Vidal propose une exposition « classique »… pour lui. Les œuvres qu’il présente ce mois-ci viennent d’auteurs qu’il suit depuis des années. On les a vus à de nombreuses reprises accrochés aux murs de la galerie, individuellement ou en manifestations « collectives ».

Ce sont trois artistes, deux allemands et un anglais pour des œuvres majoritairement sur papier. Des techniques mixtes souvent, pour Tony Beuvan et Martin Assig en tout cas : de la cire, de l’aquarelle, charbon de bois, acrylique.


Parmi ces peintres, celui que j’aime en particulier : Max Neumann.

Mon tropisme pour la peinture « germano-nordique », Mitteleuropa ou Cobra ?  ( voir Baselitz, Arnulf Rainer). La brutalité de Neumann ne s’exprime pas par les délires coloristes et la matière en fusion d’un Appel, ou d’un Jorn, elle n’est pas non plus la subversion des sens et les hurlements du dessin inversé d’un Baselitz. Max Neumann pose des visages sans forme, à plat, noirs, gris, vides dans des univers sans forme, à plat. Les couleurs « allemandes », noir, jaune, vert, rouge sont franches. Pas de perspectives autrement qu’esquissées. Pas de sentiments autres qu’inquiétude et  solitude qui prennent et sollicitent le spectateur. Peintures fermées en elles-mêmes, pensées qui peinent à s’échapper des crânes, figures vidées de leurs émotions, posées là, anonymes. L’œuvre de Max Neumann porte sur le vide du monde, son creux absolu et, en l’illustrant, défie le spectateur à soutenir cette vacuité. Il l’invite à éprouver son impuissance à le remplir et à s’interroger à la fois sur ce vide qui aspire et sur le risque de ne pouvoir s’y refuser.

Neumann, traitant cette thématique, dure, où souvent il a rencontré les difficultés et les violences des peintres du noir et de l’obscurité, a beaucoup évolué. Il est toujours demeuré bien loin de certaines violences faciles de l’expressionisme, de l’art brut et des Cobra. Aujourd’hui, sa peinture prend des couleurs, ses aquarelles s’égayent.  Là, où un trait charbonneux disait une cicatrice ancienne, où une ligne épaisse et verticale laissait à redouter une corde à pendre ou à suspendre et où un a-plat rouge sombre suffisait pour invoquer la nuit, viennent des traits colorés. Des contours de couleurs dessinent des visages, autrefois, têtes et crânes massivement noires. Neumann évolue encore et bouge. Il faut aller avec lui.


Martin Assig.

Allemand lui, aussi. J’hésite à en dire beaucoup pour n’avoir jamais été trop touché par son travail et son univers. Son côté sévérité lisse ? La cire adoucirait les mœurs et les oeuvres ?  Ce que j’ai à en dire, ici, au sujet de cette exposition, est que les œuvres, de petit format, sont toutes belles et intéressantes. Ce qui renvoie à la question classique : « le beau ? ». Je les dis « belles » parce que je les approche sans effort et me sens en harmonie avec elles. Elles me parlent avec un sens de l’économie de moyens, de simplicité et d’efficacité. Le « Beau » n’est-il pas le propre d’un discours ? Ne renvoie-t-il pas à sa clarté, sa pertinence et sa vision ? Le travail qui est présenté n’est ni violent, ni agressif. Discours apaisé ou propositions de discours ? C’est ce sont de belles œuvres et intéressantes.


Tony Bevan, est dans un autre monde. Est-ce le fait d’être anglais ? Il aime les traits lourds, le rouge et le noir, le charbon et le sang. De ces lignes qu’il tord, qu’il entremêle et recoupe, il fait des visages et des villes, des physionomies et des sociétés. Ici, en formats de plus grande taille que ses coexposés, un thème revient : une  interprétation des physionomies de Messerchmidt. Une grande toile aussi, architecture d’un entrepôt, halle, entrepôt ou hall de gare, donne une idée de ces constructions qu’il affectionne, poutrelles et entretoises, qui dessinent des espaces construits de traits rouges et de traces noires, enserrant du vide et reposant sur rien. 

 

En conclusion: à voir évidemment et à acheter, sans hésitation!

 

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