Arnulf Rainer chez Victor Hugo

 

 

 

 

Arnulf Rainer surpeintures.

A la Maison Victor Hugo

Paris, Place des Vosges.


Fin de l’exposition : 15 janvier 2012.

 

 

 

 

Je connaissais Arnulf Rainer pour avoir vu quelques œuvres, ici ou là, au milieu d’autres œuvres, Paris-photo ou ailleurs. Cette fois-ci, à la maison Victor Hugo, on donnait une exposition « Arnulf Rainer ». Non plus des bribes comme j’en avais vu de temps à autres dans des expositions générales, jamais perdues au milieu des autres, se distinguant, s’imposant au regard, questions posées et appels à s’étonner que j’aimais.  Mon penchant pour la peinture, la photo, l’art allemand contemporain ? Peu importe ! Cette fois-ci  j’étais simplement heureux de voir une exposition «Arnulf Rainer ».


Je ne savais pas quel était le thème de l’exposition, ni s’il y avait un thème. Je venais dans cette exposition comme à l’improviste, en passant, sans pensée autre que : « Arnulf Rainer » est exposé.

Premières  œuvres vues : elles étaient frappantes par leurs forces et surtout  leur proximité, mentale, intellectuelle, picturale avec des dessins à l’encre de Victor Hugo, systématiquement disposés, là, en contrepoint des œuvres de l’artiste Allemand.  Incroyable parenté entre les deux hommes : deux romantiques expressionnistes ?

L’univers des « surpeintures » était magnifié par la mise en regard des œuvres d’Arnulf Rainer avec les œuvres « initiales ». Etaient-elles complétées ou changées ? De nouvelles œuvres émergeant des anciennes ? Démonstration que l’art et l’artiste ne dialoguent pas avec le monde et la nature, mais avec l’art et les artistes ? L’harmonie, j’ai dit plus haut « proximité », j’aurais dû dire « parenté », entre Arnulf Rainer et Victor Hugo éclatait d’un magnétisme particulier.


Peu importe  la question de savoir si l’œuvre de Victor Hugo est la condition première de la réussite d’Arnulf Rainer ou celle d’Odilon Redon ou encore celle de Friedrich. La force de l’artiste Allemand n’est pas dans une «  transfiguration » des œuvres d’Hugo, de Rodin ou de Rembrandt.  Pas plus qu’il ne prétend à  une sorte de dialogue par de là les années. Il n’actualise pas non plus les anciens pour les faire ré-émerger dans notre univers.


L’artiste qui peint sur le motif œuvre d’après nature, mais ne reproduit pas ; l’artiste qui peint un motif déjà peint, œuvre sur une œuvre, mais ne copie pas ; l’artiste qui prend comme matériaux l’œuvre d’un artiste, œuvre sur l’œuvre sur l’œuvre, mais ne détruit pas. En écho, cette vieille sentence venant droit de la querelle des anciens et des modernes : « nous sommes des nains perchés sur les épaules des géants : nous voyons plus loin qu’eux ».


Arnulf Rainer propose l’œuvre sur l’œuvre sur l’œuvre ! Et crée à partir d’une vision, une vision qui n’existait pas. 

 

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