DYNAMO
Au Grand Palais.
Jusqu’au 22 juillet
Je n’ai jamais été un passionné de l’art « cinétique », ni de l’ « Op-Art », ni des peintures de Vasarely, Delaunay…. Ni des peintures en forme de tests optiques, des disques illusionnistes ; ni des perspectives bancales ou des moyens d’égarer la perception ; ou de tout ce qui permet de dire que ce qu’on voit n’est pas évident et que le visible a sa part d’ombre (très à la mode ses derniers temps). J’ai beau me souvenir :
« L'âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié!
Je te tends pure à ta place première :
Regarde-toi! . . . Mais rendre la lumière
Suppose d'ombre une morne moitié ».
Je n’y arrive pas… Peut-être parce que je n’ai pas encore compris.
En revanche, soyons sport, j’ai trouvé une exposition didactique exceptionnelle dans celle qu’a organisée le Grand Palais sous le titre Dynamo. Exceptionnelle, mais aussi remarquable, intelligente, détaillée, complète…. Les qualificatifs laudatifs me manquent.
Il faut y aller pour voir. Ou pour justement ne pas pouvoir voir. Etre obligé de renoncer à la vue. Ou au contraire, la mettre en jeu. Aller voir pour voir qu’on ne peut pas parfois, souvent, tout le temps voir. Aller voir pour se rendre compte que la vue n’est pas cet outil vaguement actif qui nous permet de parler d’évidence, de proclamer « je n’y croirai pas tant que je ne l’aurai pas vu » et de répéter l’œil humide et pénétré « ils ont des yeux et ils ne voient pas »…
Justement, dans cette exposition « à voir absolument » tout est là pour porter la contestation à l’acte, au réflexe, à l’organe de « voir ». Tout est là pour dire que la vue est un sens. Donc éminemment subvertible. Donc suprêmement fragile. Sans pour autant que l’objet à voir ait été manipulé. Sans qu’il y ait eu tromperie. Sans le jeu facile des photos truquées.
La vue est un sens, notre œil est à la vue ce que la peau est au toucher, le nez à l’odeur… on peut l’entrainer vers des hésitations, des approximations et des erreurs. Il verra proche ce qui est lointain. Il verra grand ce qui est petit. Il verra qu’il n’y voit plus rien, tant il est troublé. Il verra qu’il ne peut pas voir tant il est contrarié par des effets de lumière, d’ombres, de couleurs….par tout ce qu’on peut voir et qui permet à la vue de faire son travail de voir.
Toute l’exposition, organisée de façon très thématique, montre les diverses atteintes à l’acte du voir. Vision, claire-voie, permutation, concentration-excentrique, interférence etc. … toutes les versions possibles de la manipulation du voir sont là rassemblées. Et les grands artistes du voir. Pas les peintres, ni les sculpteurs, ni les dessinateurs qui en appellent à l’œil comme d’un « donné », d’un « fait », intangible et invariant. Pas les artistes qui sous couvert de peindre bouleversent notre compréhension du monde et via notre « voir » changent notre « penser ». Les artistes exposés sont ceux qui mettent en cause ce « donné », ce « fait » et cherchent tous les moyens pour le montrer, prouver, démontrer que ce n’est pas « donné » que de voir.
Longue liste d’artistes de la subversion optique qui sont parfois aussi de véritables artisans en instruments optiques, psychologiques, physiques ou électriques. Depuis Kapoor et ses miroirs inversés. Morellet dont les barres de néon imposent des espaces impossibles à un œil soumis. Mais aussi Tinguely et ses bidules étranges. Le Parc et ses tentatives de faire de la lumière matière à sculpter. Schöffer qui a fait s’accoupler les phares, leurs lumières qui appellent, attirent et informent et les clignotements de la ville, couleurs bleus, rouges, violets des voitures de police, des jaunes et des bleus alternés des enseignes lumineuses et des lampadaires, cascadant et scandant les avenues.
Ils s’expriment sous toutes les formes ; corridors noirs où l’œil s’effare et renonce qui débouchent sur des univers tordus d’où le relief a été expulsé et la logique pervertie. Espaces vides de tout espace, emplis de lumière colorée où plus rien n’a de sens, sauf la gravité qui arrive encore à nous dire que nous sommes debout… mais peut-être pas très longtemps, l’œil ayant perdu tout repère. Objet impossible que le regard ne parvient pas à démêler. Cibles immobiles qui emportent l’œil dans une chute en spirale. Cercle qui ne veulent plus être ronds parce qu’emboîtés dans d’autres formes.
A voir donc absolument…même si parfois, souvent, certaines trouvailles optiques renvoient à celles qu’on trouve au Palais de la Découverte.
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