Cela se passe dans le beau petit musée Mendjinsky, ancien atelier d’artiste qu’on doit à l’architecte Mallet Stevens. Une rétrospective d’Alfred Manessier.
Curieux artiste que ce Manessier… Ou bien, il faudrait le dire autrement. En forme de question. Manessier est un des grands artistes de l’Ecole de Paris. Celle qu’on affuble d’un numéro : la deuxième… et pourtant Manessier n’est pas aussi reconnu que le sont les Staël, Le Moal, Fautrier avec qui il a des très nombreux points communs.
Parmi ces points, un en particulier : l’abstraction. Avant que les Américains déferlent, avant qu’ils n’écrasent de leurs dimensions gigantesques les tableaux à taille humaine des « parisiens », Manessier a été un des plus beaux représentants d’une abstraction qu’on aimerait qualifier de lyrique si le terme n’était pas déjà pris.
Bien sûr, on ne peut pas le ranger dans cette catégorie car voilà un peintre qui œuvre dans l’intimité et le secret de son atelier. Voilà un peintre qui ne se montre pas distribuant les coups de brosses et déversant des litres de couleurs. Il n’aurait probablement pas imaginé utiliser de jolies filles à poil pour peindre en bleu (Klein) comme quelques arrivistes contemporains.
Manessier, pour autant, n’est pas un peintre confidentiel, qui se serait restreint à de la peinture de chevalet, qui n’aurait jamais pensé plus grand que quelques dizaines de centimètres. Il a peint sur de grandes surfaces, il a inspiré et conçu de très grands tapisseries et surtout il a réinventé des vitraux pour des églises endommagées par la guerre ou pour de nouveaux sanctuaires.
Pourquoi, si peu de reconnaissance ou plus directement, pourquoi une présence si confidentielle alors que son travail est un des plus inspirés et un des plus prenants de son temps. Faut-il voir dans cette indifférence la marque de notre temps qui se passionne pour ce qui hurle et non pour les appels à la patience et à la paix ? Faut-il penser que Manessier a trop donné de titres à ses peintures laissant entendre par là qu’il travaillait sur le motif, entre baie de Somme et nuits étoilées. Il aurait perdu son temps à expliquer ce qu’il faisait en deux ou trois mots quand les peintres qui comptent nommaient leurs œuvres : « sans titre 1 », ou « peintures 243 ax » etc. Faut-il aussi revisiter son travail et relever qu’il y avait de la musique là-dedans et par conséquent de l’architecture au moment même où on dénonçait les désastres du monde en recourant aux stridences et aux cacophonies, au moment où concevoir une œuvre structurée était assimilé à un retour des idéologies totalitaires ! Peintre qui apporte son art aux édifices religieux aurait fait moins « peintre » que les autres qui fricotaient avec les grands collectionneurs.
La peinture de Manessier est empreinte de musique et d’architecture. Musique des sphères, musiques des cathédrales, chants des eaux dans la Baie de somme, cantates des crépuscules et sonates des matins qui s’éveillent. Après un court passage surréaliste, l’artiste s’est lancé dans d’improbables architectures. Certes, ses abstractions sont, pour les grands «abstraits» qui le suivent, les «lyriques», les «gestuels», les « expressionnistes », dénuées de tout excès. Manessier ne fait pas partie des artistes qui s’exposent et qui prennent sans cesse la pause.
Pas de sang symbolique qui dégoulinerait mais du bleu profond. Pas de coulures qui viendraient parler des choses qu’on efface et des êtres qu’on massacre, des formes au contraire, irréalistes mais bien claires et qui reçoivent ce qu’il faut de couleur et non pas trop et qui en déborderaient.
On voit aussi dans son œuvre des masses musicales à la Fautrier. Des structures géologiques à la Dubuffet. On voit des correspondances amicales, fraternelles avec le Moal.
Manessier ferait partie de ces artistes qui ouvrent des portes, qui aident les regardeurs à franchir des limites, à aller plus loin, dans des mondes autres, peut-être plus riches, plus forts ou plus accueillants. On penserait plutôt à des univers de prières, de méditations, et aussi à des explosions de bonheurs et de joies. Sentiments humains, très humains à l’écart des foules qui hurlent, des imprécations et des dénonciations.
Très belle œuvre qui va revenir, j’en suis sûr et qui rejoindra ces artistes du passage.
Il vous suffira de tendre la main, vers les librairies du net,
Babelio, Amazon, Fnac, books.google, BOD librairie et l'éditeur: Arnaud Franel Editions
Panthéon au Carré est disponible aux éditions de la Route de la Soie.
Promotion est disponible chez Numeriklivre et dans toutes les librairies "digitales"
Au Pays de l'Eau et des Dieux est disponible chez Jacques Flament Editeur ainsi que
La Désillusion, le retour de l'Empire allemand, le Bunker et "Survivre dans un monde de Cons".
"La bataille mondiale des matières premières", "le crédit à moyen et long terme" et "Les multinationales contre les Etats" sont épuisés.
S'inscrire
chaque semaine "La" newsletter (tous les lundis)
et "Humeur" (tous les jeudis)
Il vous suffit de transmettre vos coordonnées "Mel" à l'adresse suivante
pordonneau@gmail.com