L'Allemagne d'Angela

- Profiling Angela 1: Les Faits

- Profiling Angela 2: Les mobiles

- Profiling Angela 3: Le Futur

- L'Europe a-t-elle l'Allemagne la plus bête du monde?

- Pourquoi vouloir tant de mal à Angela?

- L’Allemagne ne veut pas payer encore une fois pour une Union !

- Allemagne: Les héros sont fatigués?

Articles repris de ceux publiés par Atlantico (maintenant, il faut s'abonner à Atlantico pour y accéder)

et de Huffington Post.

Profiling Angela 1    Les Faits

Première partie du rapport de profiling : les faits

L’étude a pour but de déterminer la dangerosité du sujet : La Chancelière Angela Merkel. Le rapport de notre profiler s’appuie sur ses propres recherches et sur le travail d’enquêteurs de terrain. Il a aussi beaucoup utilisé les écrits qui se sont multipliés depuis quelques temps sur la Chancelière. Ce travail a été résumé et se présente ainsi : les faits, les mobiles et les risques futurs.

Les faits.

C’est très clair : La Chancelière a pris position pour des choses simples qui se nomment austérité, vérité, effort. Ne pas se faire d’illusion. Il ne s’agit pas d’une posture. Les Italiens s’illusionnent en pensant à la façon de Verdi que « la dona e mobile ».  François Hollande ne peut pas se faire d’illusion et s’exclamer avec Racine : « Elle flotte, elle hésite : en un mot, elle est femme ». La Chancelière n’est ni hésitante, ni flottante, ni floutée comme une photo ratée. Les décisions qu’elle prend, la ligne qu’elle suit, tous nos enquêteurs le disent, dans tous les rapports qu’ils rédigent, ne doivent rien au hasard. C’est un choix délibéré.

La mise à mort de la Grèce n’est pas le fruit d’une sorte de colère sans raison ni fondement.

On ne connait pas de voyage en Grèce d’où La Chancelière serait revenue déçue. Ne sont donc en cause, ni le désir de se venger, ni le désir de faire un exemple. La Chancelière ne veut pas aider la Grèce. Seulement un peu ! « Le peu » lui-même est voulu, pesé et calculé. On ne dira pas que l’Allemagne n’aura pas essayé. Si les Grecs ne veulent ni austérité, ni vérité ou effort, ils n’auront qu’à s’en prendre à eux-mêmes. C’est comme ça. Les Français, l’ancien et le nouveau ont essayé la compassion et le souvenir romantique. Ils ont raconté l’enfant grec aux yeux bleus ( ?!), la poudre et les balles, tous les grands trucs qui ont fait pleurer depuis prés de deux siècles. Rien. Rien à faire. La Chancelière dit « austérité, vérité, effort ». Nos enquêteurs le répètent sans cesse dans leurs rapports.

La Chancelière n’est pas cependant un Serial Politiker aveugle et bornée. Elle n’est pas elle-même du genre rigolo. Mais elle aime rire. Il y a des photos qui la montrent amusée, les yeux pétillants ! Un bon mot dit par Mario Monti ? Nos enquêteurs nous ont répondu que les images de sourire sont fugaces et que saisir le moment en photo est en soi une performance ! Elle n’apprécie pas les plaisanteries douteuses d’après-bière genre : « Et si les Grecs vendaient quelques iles » . On dit même qu’elle a rabroué les députés allemands qui s’étaient laissé aller à des propositions douteuses. La Chancelière est une Serial Politiker professionnelle. Les amateurs sont priés d’aller voir ailleurs.

La Chancelière a des idées et demande qu’on les respecte.

Toutes nos observations concordent sur ce point. C’est ainsi que les entreprises d’électricité qui avaient cru à un coup de tête lors de la fameuse déclaration sur la sortie du nucléaire ont dû déchanter. Que les Italiens se lancent dans des aventures rocambolesques en sautant comme des gamins au-dessus d’un ruisseau tout en chantant « alea jacta est » c’est leur affaire. Ce n’est pas un mode de comportement convenable pour la Chancelière. Le « Halte au nucléaire ! » dit avec son accent prussien n’a rien à voir avec les minauderies d’Eva Joly » roucoulant de son accent tudesque. Elle est sérieuse. Elle redéfinit une politique énergétique en trois mots. Ses mots ne sont pas du type « verba volant ». Elle pourrait reprendre mot pour mot ce que disait Flaubert : «  On n’écrit pas avec son cœur mais avec sa tête ». La Chancelière, au surplus, a fait des études sérieuses : c’est une scientifique, spécialisée dans le « Quantique ». Nos enquêteurs insistent beaucoup sur « quantique ». Dans son esprit tout est pensé, structuré, préparé à l’avance. On ne rigole pas.

La Chancelière, pour des raisons que nos enquêteurs n’ont pas encore bien localisées, s’acharne au « parler vrai ».Pour résumer le rapport « elle parle comme elle pense : direct, vrai, sérieux ». On a dit plus haut que les mots sont pesés et que rien n’est laissé au hasard. Ce n’est pas une attitude, une sorte de style qu’elle aurait adopté! Même ses silences en disent long.

Il y a la communication en bosse, le discours, et celle en creux, le silence, qui est souvent aussi l’écoute.

Pour le premier, La Chancelière a rarement été prise en flagrant délit de dire n’importe quoi parce qu’il faut bien dire quelque chose. (Voir plus haut sur le « hasard »). Elle n’est pas fascinée par les jeux culturels à la Française. Donc peu de citations. Elle n’est pas très admirative de l’élocution fleurie italienne surtout quand elle s’accompagne de gestes (voir Berlusconi) ! Scientifique convaincue par la recherche du sens et de la vérité, les mots, pour La Chancelière, doivent se rapprocher le plus possible des faits et les phrases, des équations.  Sa conception de l’Europe est très proche de la vision moderne de l’univers : les Nations comme les galaxies s’éloignent les unes des autres. Il faut garder à l’esprit que ses actes politiques de Serial Politiker sont inspirées de conviction aussi fortes que les lois qui gouvernent l’univers. Constante de Planck, gravitation universelle, vitesse de la lumière.

« On ne peut pas aller plus vite que la vitesse de la lumière ». C’est l’esprit dans lequel elle construit ses discours. C’est aussi ce qui lui donne cet aspect exaspéré quand on la prend en photo écoutant le Président Hollande. On voit qu’elle regarde intensément devant elle. Est-ce parce qu’elle se retient de lui envoyer une vacherie ? Est-ce parce qu’il a essayé une comparaison du genre « L’Europe, ce n’est pas comme les neutrinos… » alors qu’il a juste fait l’ENA et qu’elle est au courant ?  C’est la partie silence. Mais on voit bien qu’écoutant, elle continue à penser et à juger à l’aune de ses idées. Si, on ne peut pas aller plus vite que la lumière, elle n’est pas loin de penser que les Français, ont trop souvent envie d’aller plus vite que la musique. Or, c’est méconnaître que La Chancelière est passionnée d’Opéra. Wagner, évidemment ! Aller plus vite que la musique est risible! Pourquoi pas Offenbach tant qu’il y est le Français!

La Chancelière parlerait vrai, serait austère, agirait en toute clarté et, surtout, parlerait d’effort et de travail. On devrait donc, dans l’avenir, attendre de ce parfait modèle de Serial Politiker, une volonté farouche d’inscrire l’Europe dans le travail, l’effort et la transparence. Conclusion hâtive. Pour approcher les risques qu’elle représente pour l’avenir,  il faut comprendre les mobiles qui l’animent. Ils ne sont pas clairs, ni transparents. L’effort et le travail dont elle se targue sont d’une nature questionnable.



Profiling Angela 3           Le Futur

Dans les deux premières parties de notre rapport, nous avons tenu à replacer le sujet à profiler, la Chancelière Angela Merkel, dans son contexte décisionnel. Nous avons recherché les mobiles qui l’animent dans ses décisions dont les plus topiques : celles qui sont relatives à la Grèce. Nous avons montré que l’identification inconsciente « Grèce-Allemagne de l’Est » et tout le mécanisme que celle-ci met en branle trouve son « combustible » dans le statut d’Ossi, refoulé au plus profond dans le subconscient de la Chancelière.

Nous considérons que les conséquences les plus inquiétantes sont à attendre de l’ensemble des faits que nous avons mis à jour. La Chancelière est habitée de courants psychologiques conscients et inconscients d’une violence rare. Ce rapport ne conclut pas à une violence physique qui pourrait se déverser comme l’eau dévale en torrents destructeurs quand le barrage s’effondre. Nous ne pensons pas que sont à craindre, ni manifestations physiques agressives, ni prises à partie accompagnées de voies de fait ou, plus directement, l’utilisation d’armes à feu lors d’un sommet ou, plus grave pour ce qui concerne le Président de la République, lors d’un tête-à-tête.

Nous recommandons cependant la prudence. Si la fouille au corps ne paraît pas praticable, il conviendrait cependant de multiplier les portiques de détections électroniques…Dans l’ordre, ce rapport décrira les trois comportements menaçants de la Chancelière.

Détruire est le comportement le plus probable à attendre dans les prochains mois.

Dénoncer la culpabilité allemande et, par là-même, couper l’Allemagne de la France.

Drang nach Ostern. Repartir vers l’Est, dans un mouvement de « Lebensraum » spirituel et abandonner même l’idée d’Europe, pour réinventer une vaste communauté des plaines du Nord.

La Chancelière est clairement sur la voie de la destruction de l’Europe.

Quand une personnalité politique dit « Nein » à tout, quand il s’agit de ce type de personnalité, il faut s’attendre à ce que les contradictions qui l’animent se résolvent en une explosion. La Chancelière doit, et nous insistons sur ce sentiment d’obligation qui l’habite, briser les chaînes qui l’enserrent. Pas seulement elles. Elle est solidaire de tout un monde gris et obscur, celui de tous les Ossis condamnés à la grande migration, chassés de chez eux par l’unification qui en a fait des déracinés. Prussienne, elle-même, elle sait que l’occident l’a trahie, l’obligeant à abandonner les territoires de la Vraie Allemagne. Les territoires de Prusse. « Dieu est né en Mazurie » dit-on chez les nostalgiques de la Prusse profonde et de la Prusse Orientale.

« Partir c’est mourir un peu »…. Pour partir, la Chancelière doit tuer en elle cette réunification allemande qui l’a transformée en Ossi. Symboliquement, il lui faut tuer l’Europe en tant que construction de ces Allemands qui l’ont dépossédée de sa culture, de ses valeurs et de son histoire, les Wessis. Elle ne peut envisager de ravager l’Allemagne de l’Ouest, ni de revenir aux bonnes pratiques prussiennes quand la ville de Francfort, au milieu du XIXéme siécle, était obligée de verser une rançon à ses assiégeants prussiens, parmi d’autres villes. Il suffit pour la Chancelière de mettre à bas l’Euro et la construction européenne. Les magnats industriels allemands s’effondreront alors et l’ancrage à l’Ouest avec eux. Le « Nein » de la Chancelière sera un « Ja » à une Allemagne pur, vraie et unie. Abolition des frontières mentales. Wessi et Ossi ne formant plus qu’un seul peuple.

Détruire la culpabilité allemande

Pour la Chancelière, l’Europe a été conçue et construite sur la culpabilité allemande, flamme de la honte dont la France se faisait la fidèle vestale. La destruction de l’Europe abolira les chaînes qui entravent la Vraie Allemagne et, abolissant la culpabilité Allemande, fera revenir à lui-même un peuple fier de lui-même.

Notre rapport est très ferme sur ce point. La Chancelière, venant de l’Est, n’a rien vécu du travail que les Wessi ont mené pour se faire accepter par la communauté des Nations. Les Allemands de l’Est, il faut s’en souvenir, n’étaient pas mauvais parce qu’Allemands, donc Nazis, donc criminels contre l’Humanité. Ils furent décrétés mauvais par les Russes parce qu’ils n’étaient pas Socialistes dans l’esprit Soviétique. Citoyens condamnables pour leur manque de conscience sociale, les autres titres de responsabilités furent minimisés, puis oubliés. Les Ossis ne souffrent donc pas de la culpabilité qui court sur la tête des Wessis depuis maintenant un demi-siècle.

Qui plus est la Chancelière ne se sent pas l’obligation de dire « Merci » aux Européens pour tout ce qu’ils ont fait pour l’Allemagne ? Ils n’ont rien fait pour elle si on réfléchit bien. Si ce n’est, lorsque ce n’était plus dangereux, de la « libérer » et tout uniment lui expliquer qu’elle n’était pas au niveau ! La réunir et le lui faire payer psychologiquement et socialement.

La violence que la Chancelière va déchainer, le rapport insiste beaucoup, tient à son obsession d’être lavée de l’infamie que constitue à ses yeux le fait d’être une Ossi. Tout détruire qui rappelle les œuvres des Wessi, revenir à une Allemagne pure, lavée de toutes les collusions malfaisantes avec les parasites de l’Ouest, conduit à une vision fondamentale de l’Allemagne. Celle-ci est destinée à transcender les ambigüités de la Chancelière. Il y a là pour elle un enjeu psychiatrique essentiel, clef de voute de toute sa personnalité.

En finir avec son père pour retrouver sa mère, la Prusse.

Pourquoi en finir avec le Père ? Il l’a trahie. Les images parlent. La petite fille est née dans la partie Ouest de l’Allemagne. Les ruines se relèvent. L’Allemagne recommence à vivre. Cette naissance est-elle accompagnée d’un sentiment de faute ? En tout cas, au lieu de faire grandir la petite Angela dans un univers heureux et libre, le père emporte sa famille vers l’univers sinistre de la société soviétique. De ce moment, la petite Angela vivra dans la hantise du regret « si mon père ne m’avait pas emportée vers l’univers du socialisme totalitaire ».

Souhaiter répondre à l’appel du regret, c’est souhaiter la mort du père, de celui qui a justement fait naître le regret. Dans un mouvement dialectiquement compliqué, le meurtre du Père, ce sont les retrouvailles avec la Mère, la Prusse, terre-mère, de la petite Angela, par le sang qui coule dans ses veines, par ses années passées à subir le joug socialiste, par l’appel incessant des longues plaines perdues de la Mazurie et de la Poméranie.

L’indice qui permet de prédire exactement ce que la Chancelière va vraiment faire, on le trouve dans son deuxième mari. On a dit de lui que c’est un Ossi. S’étant séparée d’un Ossi, on a marqué dans notre rapport combien il avait été étonnant de la voir créer un nouveau lien conjugal avec une Ossi. Ce n’était pas par hasard (rappelons nos remarques sur l’absence de hasard chez la Chancelière). Profondément, elle a voulu marquer son ancrage, son enracinement à l’Est.

Enracinement à l’Est, Prussienne, rompre avec les facilités de l’Europe Occidentale, tout est là. La Chancelière mettra à bas l’Europe pour libérer les Allemands des brouillards du passé, pour les purifier de toute une idéologie de la culpabilisation et pour les reconduire dans un « Drang nach Ostern » mystique et spirituel tout à la fois.

La Chancelière va donc œuvrer pour que l’Allemagne ait les mains libres en vue d’un « Lebensraum » transcendantal. Elle ne reviendra pas vers l’Est en conquérante. Elle ne répètera l’erreur des Barons de l’Ordre Teutonique qui en vinrent à confondre la propagation de la foi et la puissance des royaumes. Elle ira proposer aux peuples du Nord et de l’Est Européen de se réunir dans un nouvel empire du Rhin à Vladivostok, des mers blanches du Nord à la Mer Noire au Sud.

Les autres européens seront laissés au vent mauvais des désastres africains, de la pollution méditerranéenne et de la déréliction d’une civilisation qui disparaît.


Pourquoi vouloir tant de mal à Angela?

Allemagne/Merkel/volonté politique

28 juin 2012

 

Mon « acharnement » à l’égard d’Angela Merkel n’est pas fortuit ou opportuniste. Quand Angela Merkel se prend les pieds dans le tapis, « moi vivante, je… », elle est aussi ridicule que François Hollande, « moi, Président, je… » qu’il n’a pas encore commencé à payer. Pourtant, au-delà des ridicules, des facilités et des bravades de comptoir, il y a la volonté. Il y a l’ambition politique au sens noble du terme. J’aurais dit au sens « Romain, du terme » si mes contemporains avaient bien voulu prendre la peine de penser que cette philosophie laïque fut le second pas de l’Homme vers la conquête de sa plus haute création : la société, et, partant de lui-même puisque l’Homme, créant de la société pour devenir Homme, devenu Homme crée davantage la Société.  La « res publica » n’est pas morte pourtant. Le débat actuel en Europe, au-delà des banquiers mégalomanes, des Etats qui ont cru acheter leurs citoyens et ceux qui ont fait les malins en prenant le contre-pied de tout le monde, porte bien sur ce que doit être la « Res publica » européenne.

 

Oublions les images sur Europe, en forme de vache ! Oublions les formules des fous, Napoléon, Hitler ! Oublions les malades de l’ouverture où tout se dissout dans tout pour aboutir à rien, (ou plutôt, si, pour aboutir par un mouvement dialectique subtile à …la fermeture des micro-espaces : indépendance de la Flandre, de la Corse, du Pays Basque, de l’Ecosse, des Deux-Siciles, de la Catalogne etc.). Le débat qui oppose Angela Merkel et les Français n’est pas de l’ordre de ces clichés, il est de l’ordre de la politique au plus profond et au plus fort.

 

Or, pour comprendre un débat, faut-il en comprendre les tenants et les aboutissants, les passions et les raisons, les pensées et les idées, les racines et les floraisons. C’est en ce sens que j’ai développé une réflexion dans plusieurs directions sur l’Allemagne, ses passions, ses idées et les racines où tout plonge et d’où tout vient. J’ai beaucoup insisté sur l’ordo-libéralisme, dont les Français ignorent à peu prés tout et qui, dans le débat d’idées permet aux Allemands de renvoyer l’hyper-libéralisme anglo-saxon dans ses buts. Quelques articles dans les Echos et Atlantico sont venus expliquer ce qu’il fallait en attendre et surtout quelle façon de considérer la monnaie, le crédit et la banque en était un élément essentiel. J’ai aussi rappelé que la fameuse Allemagne que quelques uns de nos concitoyens parent de toutes les vertus après l’avoir vilipendée aux cris de sus  « au fridolin », « au boche », « au nazi », n’était pas si fameuse, ni si nette que ça. Elle est passée par de curieux accrocs aux principes libéraux et aux engagements donnés avant de devenir cette merveilleuse société unanimiste et efficace qui fait l’admiration des Français (de quelques uns au moins). J’ai enfin voulu mesurer ce que l’attitude Allemande devait à l’expérience sévère et peu glorieuse finalement de la réunification. Je pense que pour bien lutter contre des idées et les Hommes qui en sont les vecteurs, il faut les connaître, les idées et aussi, bien sûr, les Hommes.

 

Mon analyse « psychologique » d’Angela Merkel s’inspire de ce qui précède. Je ne peux pas imaginer que la réunification soit  passée sur le corps et l’esprit de la chancelière sans quelques conséquences. Je me suis attaché à dégager à grands traits les manifestations et les effets de cette révolution sociale, économique et psychologique.  On ne fait pas payer des sommes équivalentes à la moitié du PNB d’un pays, pour aider l’autre moitié sans qu’il y ait, sur les gens qui payent, des réactions pas nécessairement positives. La réunification s’est accompagnée d’une infériorisation des Allemands de l’Est dont l’économie et l’organisation sociale n’étaient pas en mesure de résister au modèle occidental. On ne peut pas dire que « ça y est, c’est fini, c’est oublié ». Ce n’est pas fini du tout. Il faut que les Français se souviennent que le retour de l’Alsace-Lorraine à la France ne s’est pas fait, tout uniment, par transposition immédiate des formules de la république dans une terre d’Empire ! La transposition du modèle nordiste à l’Italie du Nord, n’a pas fini de porter de très graves conséquences.

 

Les Allemands sont donc forgés par la société qu’ils ont forgée, quitte à tordre l’acier dans des sens non-naturels. Penser que leurs idées sont bonnes parce qu’aujourd’hui, à l’instant, ils ont de forts atouts, n’est que capitulation en rase campagne. C’est aussi confondre rapport de force et politique et ne pas voir que la politique propose une idée de l’Homme : en vertu de quoi, les Allemands seraient-ils brutalement devenus détenteurs de la seule idée de l’Homme qui marche ?



  Allemagne: Les héros sont fatigués?

Cet article a été publié par le Huffington Post. Suivre ce lien.

 

 


On ne prendra pas à parti la Chancelière. Elle veut l’Europe dont elle rêve. Elle veut une grande Allemagne au sein de cette Europe. Coûte que coûte y compris par le biais du métissage. Et elle le clame. Quitte à jouer sa réputation.

Mais voilà que la «Grande Allemagne» n’est plus si belle. Des taches la déparent qui se nomment «migration incontrôlée», «escroqueries automobiles», «banques en déroute».


Le silence des héros


Et voilà que défaillent ses fidèles lieutenants, héros de l’Allemagne redevenue forte, ceux qui énonçaient les réformes à faire et dénonçaient les lenteurs de leurs voisins, ceux qui du haut des excédents de la balance commerciale allemande et forts d’un faible taux de chômage se voyaient faiseurs d’Europe et décideurs du monde à parité avec les Américains.


Il est vrai que les Héros s’exprimaient beaucoup, et trop peut-être: radio, presse, allemande, étrangère, tribunes de banquiers internationaux, G7, G20. La figure austère de Schaüble, son regard affûté comme un scalpel, s’étalaient un peu partout; il impressionnait et effrayait aussi. Ses blessures, son infirmité conféraient une légitimité à la rugosité de ses propos: il n’avait pas besoin de parler, un long et décapant regard suffisait.

On cherchera vainement des discours, des déclarations fortes, des condamnations à la hauteur de sa traditionnelle sévérité. Un peu sur Volkswagen, mais en des termes étranges que je commenterai un peu plus loin.


Et Jens? On peut l’interpeler familièrement. On peut se prendre d’affection même pour un Président de banque centrale. Jens, souriant de son sourire charmeur et un peu carnassier, n’avait pas son pareil pour montrer qu’il avait des pensées bien arrêtées sur ce plaisantin de Mario Draghi, sur cet incongru de Michel Sapin. Jeune pour toujours, Jens, jeune hussard impétueux, n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait des gens du sud qui ne s’assument pas, revendiquant une communauté européenne là où il n’y a qu’une Union. Et maintenant que dit-il ? Parle-t-il des coûts de la migration massive qui déferle sur l’Allemagne et que la compassion de sa chancelière a fait exploser ? Non, il évoque l’aspect positif de ce débarquement en force. Dénonce-t-il véhémentement les affaires Volkswagen et Deutsche Bank ? Non, bien sûr ! Venant à peine d’être nommé Président de la BRI, il est sûrement obligé de mieux se contrôler?


Ainsi se livre-t-il à de fins commentaires astronomiques! «According to the astronomical definition, autumn began this morning at precisely 10.21. Summer has, therefore, definitely come to a close now». Grâce au sémillant Jens, on se souvient que Kepler était allemand !


Retrouver des repères solides ?


Jens Weidmann n’y va pas par quatre chemins : s’il parle peu ces derniers temps, il parle « efficace ».

«But if we manage to integrate those who are allowed to stay into our society, migration also offers long-term opportunities. Demographic change means that we are going to need additional workers in the future to maintain our level of prosperity. According to the current population projection by the Federal Statistical Office, the working-age population will diminish by up to 15 million persons by 2060, which represents a decrease of 30%.»


Les anglais disent «every cloud has a silver lining». En France, on dit : «à quelque chose malheur est bon». Il semble ici que le propos de Jens Weidmann soit clair: L’Allemagne ne pourra pas se fier aux robots. Dans les migrations, il y a du bon et Jens le dit sans ambages.


Jens apporte là un sérieux coup de main à la Chancelière dont les compatriotes ne comprennent pas toujours tout ce qu’elle dit. Il dit que l’industrie allemande a besoin de main d’œuvre. Il ne dit pas que les Espagnols, les Portugais, les Grecs même ne font pas l’affaire. Il dit que les nouveaux migrants auront énormément envie de s’intégrer et que le seul moyen de s’intégrer se trouve dans le travail. CQFD.


Pendant ce temps-là, les agences de notation tournent autour de VW et, par conséquent, de l’Allemagne. Comment trouver des repères solides, quand on sait que l’entreprise représente une part considérable des exportations allemandes et de son activité industrielle ?  


Comment Walter Schaüble lui-même pourrait-il en trouver quand on sait les liens, étroits, très étroits qui existent entre VW et l’appareil d’Etat allemand tant au niveau fédéral qu’au niveau local, celui du Land de Basse-Saxe? Les gouvernements allemands successifs, les gouvernements de Basse-Saxe entretiennent depuis les origines (l’Allemagne Nazie) des liens étroits et spéciaux avec le constructeur. Ils ont refusé d’obtempérer aux demandes de Bruxelles d’harmoniser le statut et l’actionnariat du constructeur avec les règles européennes sur la concurrence. Les fameuses lois Hartz qui ont redonné du tonus à l’Allemagne ont été directement inspirées et expérimentées chez VW. Bon nombre des hommes politiques allemands, et non des moindres, sont passés par son conseil d’administration, de surveillance, la direction générale… Christina Deckwirth de l’association Lobby Control relevait que VW «est une vitrine de l’économie et fait partie de la raison dEtat. Du coup, la politique ne la met pas sous pression, mais au contraire la protège.»


Témoin le coup fourré que réserva la Chancelière en 2013 contre un projet de normes sur les émissions de CO2 des véhicules (déjà !). Alors que tous les pays européens avaient trouvé un accord, elle le torpilla.


L’Allemagne ce serait la Grèce en plus grand ?


On reviendra rapidement sur la Grèce pour rappeler que son PIB s’élevait à 186 milliards  d’euros en 2014. Cette même année, VW réalisait 200 milliards de chiffre d’affaires en 2014, une fois et demie le PIB grec. Bien sûr, on a un peu dégradé le fleuron Allemand, mais la délicatesse des commentaires des agences de notation n’ont évidemment rien eu à voir avec les dégradations «à la Grecque». Il est vrai que si la Grèce est un beau pays lâché en rase campagne par un peu tout le monde, VW est un bel instrument industriel bien soutenu par les dirigeants allemands.

Wolfgang Schaüble a dit l’effroi que lui causait la soif de puissance et d’argent de VW. Il a vigoureusement dénoncé les objectifs tout en laissant les moyens de côté. Dans son idée sans «hybris» les moyens auraient été purs et sans tâche!


Jens, de son côté, ne dit pas grand-chose sur VW quand il en disait tant sur les Grecs. Dans le même temps, il demeure muet comme une carpe devant les déboires de plus en plus catastrophiques qui frappent la plus belle banque allemande: la Deutsche Bank. Elle est de tous les coups tordus celle-là: manipulations de marché, or, devises, marchés monétaires, de taux etc ; son bilan est encombré de créances douteuses. Il va falloir provisionner massivement. La Deutsche Bank, c’est aussi 75 000 milliards de dollars de produits dérivés, soit 20 fois le PIB allemand! Ce n’est pas de la dynamite! C’est une bombe thermonucléaire! Un journaliste du Financial Times l’a qualifiée de Lehman Brothers européen en puissance. Un autre notait qu’avant que s’effondre Lehman, elle était mieux notée que Deutsche Bank.

Mais, halte-là, s’était écrié Jens, la BCE ne touchera pas aux banques allemandes. Un peu comme Angela quand elle s’est écriée: on ne touchera pas au CO2 des bagnoles allemandes.  


Ces derniers temps. Jens et Wolfgang et tous les autres ne s’écrient plus! Leur verbe se fait rare.

 

 

 

L'Europe a-t-elle l'Allemagne la plus bête du monde?

Les Français aiment à ciseler les formules. Cela donne des choses de ce genre: "nous avons la Droite (la Gauche) la plus bête du monde". Cette affirmation renvoie à des années d'impéritie, de déclarations enthousiastes et vides de sens, d'aboulie sociale et parlementaire quand des gouvernants se lancent dans de belles envolées, pointent du doigt leurs opposants, les dénoncent comme pétainistes, collaborateurs ou staliniens pour aboutir à des banalités, des règlements train-train et une belle routine électorale. Ces dernières semaines ont montré que la France n'avait pas le privilège de la fatuité doublée d'arrogance des politiques. L'Allemagne vient de s'illustrer dans ce domaine, d'autant plus encline à cette mélasse nationale qu'une masse de germanolâtres chante en choeur les beautés de son ordo-libéralisme, de ses réformes Hartz, de l'agenda 2000 de son ex-chancelier Schröder.

Elle a réussi, comme Donald Trump! Comme lui, elle peut se permettre des déclarations fortes et impressionnantes. Celles, par exemple, du Vice-Chancelier, Sigmar Gabriel, pour qui l'Europe s'est "couverte de honte"après l'échec à Bruxelles d'une réunion sur la répartition des réfugiés au sein de l'Union européenne". Elle n'hésite plus à menacer ses contradicteurs. C'est Thomas de Maizière, ministre de l'intérieur, qui tonne et brandit la menace "de réduire les fonds structurels versés par l'UE aux pays qui rejettent les quotas de répartition". C'est Angela Merkel qui annonce "les instruments de torture". Pas pour tout de suite, elle veut "trouver une solution en bons camarades".

Pas 800.000, mais un million de migrants pour l'Allemagne!

Tout ça pourquoi? Parce que l'Allemagne qui, maintenant décide de tout pour l'Europe, s'est lancée dans un grand défi humanitaire: il faut laisser parler l'honorable Sigmar Gabriel qui, plus fort que la Chancelière (il est socialiste, lui), a annoncé que l'Allemagne pourrait avoir à accueillir jusqu'à "un million" de migrants en 2015, largement au-delà des 800.000 sur lesquels table officiellement Berlin. Et il y a tous ceux qui, en Allemagne, aspirent à l'arrivée de 500.000 réfugiés par an! Pour quelles obscures raisons les Allemands viennent-ils de découvrir l'existence des "réfugiés syriens"? Cela restera sûrement dans le secret de la conscience de la Chancelière qui, tout à coup, sans en prévenir ses amis et voisins de l'Union européenne, a décidé de prendre la question des migrants à bras le corps et d'ouvrir ses frontières à leur venue. Mais quand même, cela ne laisse pas d'interroger l'observateur.

D'abord, il faudrait rappeler les volées de bois vert qui sont tombées sur le dos des dirigeants grecs lorsqu'ils ont émis l'idée qu'ils pourraient bien laisser passer tous les gens qui se pressent à leurs frontières et n'aspirent qu'à la paix, la tranquillité et le confort douillet de l'Union européenne (traduire: "de l'Europe du nord"). On les a accusés de chantage ces Grecs! On leur a dit que s'ils continuaient à menacer l'Allemagne de laisser le champ libre aux hordes de réfugiés syriens, ils n'obtiendraient jamais les remises de dettes qu'ils souhaitaient. On les a tancés d'importance! Les Grecs, des gueux qu'on est trop bon de garder au sein de la belle Europe. Leur économie s'est effondrée? Qu'ils mangent du pain noir et se passent de leur ouzo national. Qu'ils vendent leurs îles et leurs ports à quelques capitalistes de bon aloi, des Allemands, par exemple.

Et si les Grecs étaient venus demander du travail en Allemagne? Et si au lieu de distribuer les bons points et les fessées aux bons et aux mauvais élèves, à ceux qui respectent la "Règle d'or" et à ceux qui en sont incapables, l'industrie allemande avait accueilli, Portugais, Espagnols, Italiens, Grecs et pourquoi pas Français, en leur fournissant le gîte et le couvert pendant une période d'adaptation bien nécessaire. Les Allemands se flattent d'avoir attiré quelques dizaines de milliers d'européens... rien à voir avec les centaines de milliers de Syriens, Irakiens et autres qui revendiquent un devoir d'accueil de l'Europe et entendent faire valoir un droit opposable au bonheur européen? Les Allemands auraient aussi pu investir dans les pays européens du Sud plutôt que de gémir sur le manque de main d'œuvre en Allemagne et installer des usines sur les lieux même où un excédent de main d'œuvre se faisait sentir!

Les Allemands seraient-ils plus égaux que les autres Européens?

Mais, non! Cela aurait ressemblé à une sorte de politique de relance, via des fonds privés, certes, mais relance quand même dans des pays qui n'avaient pas encore fait tous les efforts de la "Règle d'or", qui ne mériteraient rien tant que les "Réformes" incontournables n'auraient pas été actées! Par l'Allemagne évidemment!

De la relance? Par l'Allemagne? Qui s'y est opposée, sans discontinuer depuis 2011! Comprenez ce que vous voulez, les Syriens, par centaines de milliers vont coûter cher aux budgets européens! La dépense publique ira bon train. Tout comme une bonne relance keynésienne. D'ores et déjà, les fournisseurs de lits d'appoint ne savent plus où donner de l'usine. Les municipalités allemandes vont devoir mettre en œuvre des programmes immobiliers pour recevoir les réfugiés migrants. L'Allemagne va dépenser 6 milliards aurait annoncé la Chancelière. 6 milliards d'euro pour 1.000.000 de migrants: 6000 euros par migrant... par an?... 500 euros par mois? A ce prix-là on comprend que l'industrie allemande ait senti la bonne affaire! Ce ne peut être qu'une plaisanterie. Les calculs français donnent un chiffre de 12.000 euros par an au minimum...12 milliards en frais de base, car ensuite, les couts indirects sont aussi considérables: santé, éducation, formation, apprentissage de la langue du pays d'accueil.

Cet argent que l'Allemagne s'apprête à dépenser sans rechigner, pourquoi a-t-elle refusé de l'apporter à l'Europe sous forme de relance économique? Pourquoi est-elle prête maintenant à financer des gens qu'elle ne connaissait pas alors qu'elle a obstinément décliné toutes les propositions de relance européenne? Pourquoi, alors qu'elle a toujours refusé la solidarité financière et budgétaire européenne (pas question que la veuve de Düsseldorf soit mise à contribution et finance les paresseux du Sud), exige-t-elle que cette solidarité joue pour l'accueil des migrants?

Les calculs se multiplient qui montrent que c'est rentable de faire venir des immigrés dans un pays. Bien sûr, on a d'abord les coûts mais après cela on a un beau retour sur investissement. Et, pour l'Allemagne, on comble les vides laissés par l'effondrement démographique en cours. Angela Merkel, invitant les réfugiés, pensait-elle à ce calcul de boutiquier? Imaginait-elle aussi qu'ils viendraient poliment, par le train, en prenant leurs billets. Par paquets de cent ou, au pire, de mille. Pas trop d'un seul coup pour que les coûts ne soient pas excessifs et que les emplois disponibles puissent être tranquillement répartis. Elle se serait trompée et, au lieu d'un fleuve tranquille, aurait déchaîné un torrent en furie.

Solidarité? Quelle est cette sinistre plaisanterie qui conduit l'Europe à supporter les frais d'une décision irresponsable allemande? Car, les fameux migrants, pour arriver en Allemagne où la chancelière les appelait, ont mis à contribution la Grèce, la Hongrie, l'Autriche, la Slovaquie et la Tchéquie? Solidarité? Quand l'Allemagne accable de reproches ces pays parce qu'ils instaurent des contrôles à leurs frontières, lassés par sa politique insensée du "cavalier seul"? Et une fois que l'Allemagne a déclenché l'avalanche, la voilà, si parfaitement solidaire, fermant ses propres frontières et laissant ses voisins se débrouiller.

Cette affaire des migrants servira-t-elle enfin à ouvrir les yeux des germanolâtres? Elle témoigne d'une de perte de sens commun: les succès de l'Allemagne l'aveugleraient. Les germanolâtres, le voile se déchirant, découvriront qu'ils ont réussi à imposer à l'Europe, l'Allemagne la plus bête du monde.

Profiling Angela 2       Les mobiles

L’enquête des Profileurs a immédiatement porté l’investigation sur les raisons de l’hostilité de La Chancelière à l’égard des Grecs. Tant d’hostilité à l’égard de gens qui ne lui avaient rien fait et à l’égard desquels elle n’avait jamais manifesté un quelconque sentiment ! Bien sûr, cette hostilité n’était pas infondée. Voilà que des cigales prétendaient à l’aide des Fourmis. Histoire banale ! Banale réaction de la fourmi. Ils veulent de l’aide ? Qu’ils commencent par s’aider. Ils veulent de l’argent, qu’ils commencent par épargner. Ils veulent vivre alors que leur pays ne le permet pas, qu’ils aillent trouver du travail de par la vaste Europe, en Allemagne par exemple. De l’Ouest ou de l’Est !

De l’Est ! Le voile se déchire.

Pourquoi diable, La Chancelière de l’Allemagne a-t-elle, dans son franc-parler, associé Grèce et Allemagne de l’Est ? Rigueur, austérité, travail, sont ses maîtres-mots. Et dans son fors intérieur, qui devient vite extérieur tant elle est transparente, elle les refuse aux Grecs. Elle n’y croit pas. Alors que dans le même mouvement elle leur intime d’y croire.

C’est là que le discours est biaisé. Inconsciemment, la Chancelière, invectivant les Grecs et leur déniant les facultés de sérieux, de loyauté, de travail, répète sa propre histoire. Elle est emportée dans un drame psychiatrique grave. Il n’y a pas si longtemps, elle n’était qu’une « grecque paresseuse, incompétente et improductive », jouisseuse même, sécurité sociale à gogo, équipements publics pour tout le monde. Elle n’était qu’une Ossi, une Allemande de l’Est, l’équivalent d’une Grecque pour les Wessi, les Allemands de l’Ouest.

Nos enquêteurs ont écouté de nombreux psychologues. Tous sont formels. Angela Merkel, se drape dans la toge austère, sérieuse et laborieuse pour détourner les regards ironiques et méprisants des Wessi. Les invectives à l’égard des Grecs sont très précisément une névrose du retournement. Elle leur dénie, ce qu’on lui déniait et pense par un mouvement dialectico-psychanalytique, pouvoir se faire oublier en tant qu’Ossi aux yeux des Wessis. Sartre l’avait à peu prés bien dit « on n’est pas Ossi par nature, on le devient sous le regard des Wessi .»

Plus grave, les déclarations de La Chancelière le montrent :

Elle est tentée par un blocage et par son contraire, une généralisation.

Blocage : la Grèce aurait reçu 250 milliards d’euro. Or, la Grèce présente très exactement toutes les caractéristiques de l’Allemagne de l’Est lors de la réunification. Population d’assistés, truqueurs et hypocrites, profitant de l’Etat d’un coté et en sous-main s’efforçant de le contourner. Même nombre d’habitants ! Les deux pays sont à peu près la même chose avec, pour la Gréce, du soleil et quelques Iles en plus. Or, en l’espace de 10 ans, l’ex-Allemagne de l’Est avait reçu 1500 milliards d’Euro ! La Chancelière sait parfaitement que si elle lâche un sou, les Wessi vont venir lui dire qu’elle aide ses copains, les paresseux, les gars qui prennent du bon temps, comme autrefois en Allemagne de l’Est. Ils vont lui dire qu’elle a pris l’habitude de taper les Wessi et qu’à peine fini en Allemagne de l’Est, elle se prépare à recommencer pour ses copains grecs et les autres après.

Généralisation : La Chancelière est convaincue que tous les occidentaux la regardent comme une Ossi. François Hollande, par exemple, lui a demandé récemment si la vie en Allemagne de l’Est n’avait pas été une épreuve épouvantable. Même Hollande la prend pour une Ossi. Avant c’était cette moitié de Hongrois de Sarkozy qui faisait le malin. (« Moi, mes parents ont réussi à s’échapper). C’est pourquoi elle est si dure avec les Français. Elle s’attend toujours à ce que l’un d’entre eux lui parle comme si elle était une Ossi.

Les troubles du comportement d’Angela Merkel

Nos profileurs considèrent qu’ils sont à un niveau très grave même pour un Serial Politiker.

Sa situation personnelle en tant qu’Ossi qui ne s’accepte plus et anathémise tous ceux qui, en Europe, en auraient le profil est soumise à une pression dramatique. Tous les observateurs allemands concordent sur un point délicat : ses maris. Ils sont tous les deux Ossi. Le premier, l’était logiquement, puisque le couple était Est-allemand. Mais le deuxième ? Lorsqu’elle l’épouse, l’Allemagne est unie. Pourquoi n’est-elle pas aller trouver un Wessi et, par le mariage, se fondre dans la masse ? En France, on dit que les ducs font les duchesses. En Allemagne, les Wessi (hommes) font peut-être des Wessi (femmes). A-t-elle été écartée du grand marché allemand  de l’amour parce qu’elle était Ossi ? S’est-elle ainsi trouvée ostracisée, ghettoïsée, ségréguée ? Lui a-t-il fallu, quoiqu’elle ait désiré, se « contenter » d’un Ossi ?

En tant que profileurs, c’est une donnée que nous jugeons essentielle. Nous pensons que cela a bien été le cas et qu’elle en souffre atrocement.

Ses études et sa vie professionnelle.

La Chancelière était une spécialiste de la physique quantique. C’est une physique très particulière puisqu’elle dit que quand on sait la vitesse d’un élément, on ne peut savoir où il est et inversement. C’est le règne absolu de l’incertitude. Il faudra en tenir compte dans la compréhension de ce qu’elle pourrait entreprendre dans le futur. A l’ambigüité de son statut d’Ossi qui se refuse à l’être, il faut ajouter l’ambigüité de son parcours professionnel, elle a excellé dans un domaine où, par définition, règne l’absolue incertitude sur le statut des choses et, par conséquent, des êtres.

 Comment un être apparemment solide et mentalement bien structuré a-t-il pu vivre dans l’ambiguïté absolue, telle un marrane des temps modernes. Il faut dire ici un mot du spectacle que son père offrait à ses yeux d’enfant puis d’adolescente. Son père était Pasteur, d’une famille de l’Est. Il était toléré par le Régime communiste car, délaissant les contingences de ce bas monde, il ne considérait que les voies du Seigneur. En France, longtemps cela a été aussi le job des religieux de faire lever le nez de leurs paroissiens vers le ciel pour qu’ils ne se rendent pas compte de leurs conditions de vie. Mais, elle la future Chancelière… elle voyait. C’est alors qu’elle a adopté la stratégie paternelle, qui, pour elle, a consisté à aller faire du « quantique ». Regarder danser les particules et faire des tas de pirouettes incertaines plutôt que d’avoir à regarder la vie de tous les jours, avec sa Stasi, ses statues de Staline et les files d’attente devant les magasins d’alimentation.

On comprend pourquoi la haine du Grec n’est pas loin .C’est grave car cette haine, on le voit bien, reflète souterrainement le sentiment de honte qu’elle se porte à elle-même en tant qu’Ossi. Elle se nourrit aussi du mépris qu’elle porte aux Wessi, ces cousins qui ont fait fortune et qui la regarde toujours comme une Ossi. Un tribunal allemand a même été obligé de taper du poing sur la table en jugeant que « les Ossi ne sont pas une ethnie à part » ! « Ethnie à part »…. !

La Chancelière, il faut le craindre, la crise se développant et prenant des allures de drame, risque de voir déborder, sans pouvoir psychologiquement s’y opposer, tous les fantômes qui l’habitent. Les conséquences seraient folles.

La troisième partie du rapport tire les conclusions de deux premières étapes du profiling auquel nous nous sommes livrés. Ces conclusions concernent l’avenir. Que faut-il attendre de la part de la Chancelière ? Les observations sur ses mobiles ne donnent-elles pas un éclairage sinistre sur ses prises de position, claires et transparentes, en faveur de l’austérité et de l’effort ?

L’Allemagne ne veut pas payer encore une fois pour une Union !

Les deux articles que nous avons commis sur la notation des banques allemandes et sur une possible difficulté à penser la banque et la finance de la part de nos voisins ont déclenché des réactions peu amènes. Nous nous serions livré à du « German Bashing » dans le grand style anglo-saxon. Nous aurions voulu ridiculiser aux yeux du monde, une Allemagne vertueuse dans sa pratique de tous les jours. Nous aurions, et c’est peut-être pire, assigné de prétendues limites au niveau intellectuel des Allemands en nous complaisant dans des affirmations saugrenues du type « ils savent faire de grosses bagnoles, mais sont à mille lieues des raffinements intellectuels de la banque et de la finance ».  Donc nous aurions « montebourisé » à notre façon. Et ça c’est mal !

Peut-être avons-nous été un peu fort, un peu loin. Peut-être avons-nous été critiques à l’égard de gens qui, en définitive ne nous avaient rien fait, des gens qui, si on leur demandait ce qui leur plairait le plus, répondraient tout uniment « revenir à notre Deutsch Mark ».Après tout, les Allemands dans toutes ces affaires de monnaie européenne ne demandent rien à personne ! Ce sont tous les autres qui demandent quelque chose à l’Allemagne !

Les Allemands n’ont-ils pas un peu envie de quitter l’Euro ? N’ont-ils pas envie, avec les Néerlandais, les Finlandais, les Autrichiens et tous les gens du Nord, de monter ensemble une monnaie « MittelEuropa », signant le retour du Thaler ancêtre du dollar ? Y-a-t-il un conflit entre Nord et Sud qui se donnerait aussi des airs monétaires? Ou bien quelque chose de plus profond encore, qui marquerait un rapport décalé entre l’Allemagne, la monnaie et l’univers bancaire ?

L’Allemagne n’a pas rencontré l’Euro par hasard !

Vient-elle de l’Allemagne, cette distance, nouvelle pour l’Europe et pour l’Euro ? Pourtant l’Euro n’est pas tombé sur les Européens par hasard ! Ni comme un don des dieux où l’Europe aurait pris la figure de la mythique Danaé ! Il n’y a pas d’Euro natif comme il y a de l’or natif : la monnaie commune n’a pas germé au sein d’une douce quiétude humide pour émerger à l’air libre comme le blé dans la chaleur de l’été ou les éponges d’or et de cuivre recuites dans le ventre de la terre-mère. L’Euro n’est pas plus une monnaie au sens de l’histoire antique.   Le grand Serpent dont il est issu n’errait pas dans les tréfonds mythiques du SME labyrinthique.  Il n’est pas né de quelques amours clandestines où le Franc prodigue et inconstant aurait fauté avec le Deutsch Mark pourtant sérieux et sévère comme une duègne castillane

Donc, on peut en être sûr, l’Euro n’a pas pris les Allemands, ni la collection des vertueux nordiques par surprise. L’Euro n’est pas même la conséquence naturelle des progrès de l’Union Européenne : sa création n’est surtout pas l’effet mécanique d’une convergence qui aurait triomphé de tous les triangles d’incompatibilité. Il n’y a pas eu de l’Euro venu à la clarté d’une économie ouverte, comme il y a de la concurrence quand on libère l’espace économique des barrières qui le cloisonnent. La « monnaie commune » n’est pas une simple conséquence, effet nécessaire issu de causes pures dont celles qui nous viennent directement de Chicago, pays du jeu Friedmannien des mécanismes naturels des marchés.

L’Euro est un acte politique. L’expression d’une volonté pure. L’Allemagne était bien là quand il fût décidé de la naissance de l’Euro. Elle avait une belle et bonne monnaie, dont elle était très fière. La question n’a pas été de sacrifier le DM sur un quelconque autel. Dans l’esprit de quelques hommes politiques, peut-être un peu illuminés, il s’agissait de lancer audacieusement la nouvelle étape, celle d’une Europe encore plus unie, plus soudée, au bon moment où son élargissement devenait un credo. L’Europe, son projet, l’espace économique libre qu’elle avait instauré n’était pas pour rien dans l’effondrement du régime soviétique. Elle avait le droit, et peut-être le devoir, de se vouloir, plus grande, plus profonde plus intense. L’Euro en était un symbole.

Dans ce contexte, Angela Merkel est-elle devenue une Margaret Thatcher allemande ? Aurait-elle décidé de changer d’un coup cinquante années de politique allemande au nom de l’Europe, balayant les convictions et les actions de ses prédécesseurs ?  Peut-on croire qu’Angela Merkel pourrait s’exclamer : « Ich will meinen Deutsch Mark zurück ! ».

Les Allemands connaissent l’union dans la douleur.

Que se passe-t-il ?  L’Allemagne n’aurait plus envie ? La politique aurait changé ? La volonté d’Euro se serait dissipée, le vent aurait tourné, l’histoire ne pourrait plus être écrite de la même façon ? Une partie de l’Allemagne ne serait plus du tout sensible aux charmes de l’Euro ? 

Pourtant, l’expérience « Union Monétaire » est loin d’être, pour les Allemands, une situation nouvelle et inconnue. Ils ont vécu cette expérience d’une monnaie unique et n’en sont pas morts, ni retrouvés ruinés. La fusion Allemagne de l’Ouest et Allemagne de l’Est est un beau morceau de bravoure monétaire ! Dans cette aventure, qu’ils avaient ardemment souhaitée, les Ossi avaient  même reçu un beau cadeau : un fantastique « Golden Hello » !  Le mark pour tous sous la forme de cette équation simple : « un mark de l’est = un mark de l’ouest ». Comme si l’économie de l’Est valait l’économie de l’Ouest, comme si la valeur exprimée par la monnaie ne pouvait pas donner des résultats différents « entre Allemands ». L’épargne considérable des Ossi  se révélât, le temps d’une saison, un fantastique réservoir de consommation.

Alors qu’est-il donc arrivé aux Allemands pour malmener ainsi la monnaie commune ? Pour dire « Nein » à toute proposition tendant à faire de l’Euro, une vraie monnaie dont tous les partenaires sont responsables ? Doit-on attribuer leurs réticences aux conséquences de l’Union monétaire allemande ? Il est vrai qu’une fois retombée l’euphorie des retrouvailles, une fois dissipée l’ivresse de la fête unitaire, les  Allemands de l’Est ont découvert un monde auquel ils ne s’attendaient pas. Ils se sont vus infliger l’affront que subissent les parents pauvres face aux cousins qui ont fait fortune. Ils ont été  progressivement relégués dans des soupentes et invités à faire la queue à la soupe populaire. Ils ont vu s’effondrer leur univers qui n’était pas seulement et uniquement une prison politique et intellectuelle à ciel ouvert : Angela Merkel , elle-même, l’a rappelé un jour ! Les charmes qu’ils prêtaient à la réunification ont-ils été payés de leurs jobs garantis, de leurs « avantages » socialistes, d’une société où tous les inconvénients de la vie, maladie, vieillesse, retraite étaient pris en charge par l’Etat Socialiste. Les Allemands de l’Est ont payé pour l’Union. Ils étaient les faibles n’est-ce pas ? Alors ? Les faibles, en Allemagne, ont payé cher l’Union Allemande.

Mais les costauds aussi ! Les Allemands de l’Ouest ont vu ce qu’il en coûtait quand on unissait monétairement deux zones économiques qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Ils ont connu ce que mise à l’équerre économique, financière, et sociale voulait dire quand les différences ne sont pas de niveau mais de nature. Les Allemands de l’Ouest ont mis la main à leur poche pour s’offrir l’unité tant rêvée. Sauf qu’ils n’avaient pas prévu que cela conduirait à des plans particulièrement sévères pour remettre d’aplomb les finances publiques.

Du coup, on est en droit de se demander si les Allemands ne s’attendent pas en tant que peuple et par, conséquent en tant que « politiques » à ce que les européens de la facilité, les Grecs, les Portugais, les Italiens et … peut-être aussi, les Français, se fatiguent un peu, pour remettre l’Europe à l’endroit. N’ont-ils pas, eux, payé pour mériter leur unité économique et monétaire ? Dans cet esprit, la vision allemande de l’Euro et des dérives actuelles ne se comprend-elle pas ?

La monnaie n’est ce que de l’argent ?

Pourtant, n’y a-t-il pas dans l’attitude d’Angela Merkel, quelque chose de plus profond, de plus « Allemand » et, en même temps, quelque chose qui doit beaucoup à son statut d’ex-Ossi ? Cet aspect-là de l’affaire est le plus simple. Angela Merkel ? En 1989, ce sont prés d’un demi-siècle de formation et d’activisme soviétiques et protestants. Dans cet univers, l’argent et le profit ne sont-ils plus proches du crime social du ressort de Vychinski et du goulag ou du péché qui est du ressort de Satan ? On ne reçoit pas impunément une éducation fortement structurante. On ne peut pas y avoir adhéré en toute bonne foi, changer, comme d’un coup de baguette magique, et aller se promener en chantonnant« In god we trust » comme il est inscrit sur les billets de banque américains. Les Français les plus révolutionnaires, en 1789 et lors de la Terreur, n’ont-ils pas souvent été de ceux qui avaient reçu une formation cléricale poussée et qui s’en furent par la suite, condamner à la guillotine ceux qui ne croyaient pas en la République comme leurs pères spirituels savaient brûler les hérétiques et les blasphémateurs.  

Un autre aspect de cette formation réside dans le fait qu’Angela Merkel n’a pas vécu, le travail de reconquête de soi qu’ont mené les Allemands de l’Ouest. L’Europe, n’a pas pour elle la dimension affective et « rédemptrice » qu’elle a pu avoir pour les hommes politiques de l’ex Allemagne fédérale. En tant qu’ex-Ossi, Angela Merkel ne se sent pas l’obligation de dire « Merci » aux autres européens, à ceux de l’Ouest, pour tout ce qu’ils ont fait pour l’Allemagne ? Ils n’ont rien fait pour elle si on réfléchit bien. Si ce n’est, lorsque ce n’était plus dangereux, de la « libérer » et tout uniment lui expliquer qu’elle n’était pas au niveau ! La réunir et le lui faire payer psychologiquement et socialement.

Alors ? Repayer pour une unification monétaire ? Mettre au premier plan, les questions monétaires,  les porter au pinacle et les considérer comme l’alpha et l’oméga de la politique et de l’économie européenne cela ne revient-il pas à prendre la proie pour l’ombre, à s’attaquer aux conséquences et non aux causes et prêter à la monnaie et à ceux qui la manient un rôle qu’ils ne devraient pas avoir.

La monnaie n’est-elle pas pour Angela, une chose trop sérieuse pour la laisser entre les mains des banquiers, y compris, et surtout « centraux » ? La monnaie n’est qu’un voile et c’est tout ! Elle existe parce qu’il est difficile de faire autrement, pas davantage. La monnaie, la Banque sont des mondes virtuels. Le monde d’Angela Merkel et de ses concitoyens, c’est le monde réel. Un monde où les rassemblements des peuples, les réunions des nations, la vie en commun européennes ne se résument pas à un carnet de chèque et des banques en bonne santé. Et, pour Angela Merkel,  la monnaie n’était pas un outil ? Et si elle n’était du superflu ? Du vent ?



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