Martenchon et Mélinez avril 2020

- Imaginons que le Coronavirus soit breton....

- La France vient de se faire dépasser par l'Angleterre: Mais que fait le gouvernement? 

- Durée et Duration: la vie comme les obligations

Imaginons que le Coronavirus soit breton....

 

Une idée est venue à Martenchon. Dans une séquence, il y a quelques semaines, il s’était interrogé sur ce point : ne pourrait-on pas recenser les auteurs de féminicides selon leurs origines ? Si on découvrait qu’il y a une prévalence au féminicide chez les bretons, par exemple, on pourrait réagir : les empêcher de convoler .


« Je vois où tu veux en venir » s’écria gaiement 
Mélinez (quoi qu’un peu marri de n’y avoir pas pensé lui-même). « Tu veux étendre ton idée aux personnes atteintes de coronavirus ! »

« Tout juste » répondit 
Martenchon en riant et en se servant un verre de porto pour éclaircir sa voix avant de continuer.

« On sait, commença-t-il que les personnes les plus gravement atteintes du corona, sont des hommes, obèses, avec des antécédents cardio-vasculaires et âgés de 84 ans en moyenne ».

« Exact » s’exclama
 Mélinez qui avait l’étude statistique sous les yeux.

Martenchon continua « Pour être complet, ne serait-il pas judicieux de déterminer si les victimes du corona-virus sont des bretons, des ariégeois où des basques ? »

« Tout juste » s’écria Mélinez qui, homme de pensée mais aussi de terrain, soucieux d’applications pratiques, ne put s’empêcher de questionner son ami : « Et après ?»

Martenchon : « Eh bien, par exemple, si on découvrait que les habitants de Neuilly-sur Seine, présentent une prévalence massive au corona-virus, il s’ensuivrait qu’il faudrait les confiner sévèrement. Ou bien, leur demander de rejoindre la Nouvelle Calédonie ou une île dans le Pacifique.

« Et si par hasard, ce n’était ni des bretons ou des habitants de Neuilly-sur seine, mais des habitants de Seine Saint Denis ? » hasarda Mélinez.

Martenchon : « Il faudrait penser à d’autres directions que la Nouvelle Calédonie! »

Mélinez, songeur, répondit d’une petite voix ; « je ne sais pas… la géographie et moi, ça n’a jamais bien marché ».


 

 

La France vient de se faire dépasser par l'Angleterre: Mais que fait le gouvernement?

Mertenchon venait d’écouter quelques informations sur la dangerosité du coronavirus exprimée en nombre de décès par tout le monde. « Les Américains sont en tête » commenta-t-il avec un brin de « reluctance » dans la voix.

Mélinez opina sentencieusement : « une grande nation »

Martenchon reprit, « les Chinois, ont été relégués bien loin dans le classement, alors qu’ils étaient en tête au tout début ».

Mélinez sourit « un vieux proverbe chinois ne dit-il pas qu’il faut partir à temps ».

« Et l’Angleterre ? » reprit, 
Martenchon. « L’Angleterre ? fit Mélinez comme en écho ». Martenchon répondit sombrement « Elle vient de passer devant nous, ils rattrapent les Italiens ».

Mélinez sursauta : « l’Angleterre ? Devant nous ? Alors qu’ils étaient loin derrière et que nous avions de bonnes raisons de penser que nous nous ferions les Italiens ? »

« Eh oui, soupira
 Martenchon, ils nous ont largement dépassé. Je crois que leurs vieux ont fait la différence ».
Après un temps de silence, lourd et attristé, le voilà qui donne comme un coup de grâce : « On dit que les Allemands se sont repris. Ils progressent vite. Ce n’est qu’une question de semaine »


Mélinez explosa, hors de lui. « tu sais quoi, Martenchon, notre pays ne cessera jamais d’être surclassé par les autres. Tu sais pourquoi ? Nos élites Martenchon. Nos élites, énarques, polytechniciens, normaliens qui ne cessent de mettre des bâtons dans les roues de nos champions. Nos élites qui trahissent ».

Martenchon, lâcha, coup fatal : » Les Russes sont encore derrière nous. Mais, si on les laisse faire, on ne pourra pas éviter d’être bon dernier ».

Mélinez pleurait : « Bons derniers. Pas assez de décès, pour être au classement ».

 
 

Durée et Duration: la vie comme les obligations

« La différence entre la science académique des sachants et des diplômés et le « gai savoir »  tient à la capacité des acteurs du « savoir heureux » à faire se rencontrer des connaissances qui normalement se seraient tenues à l’écart les unes des autres, par timidité ou par fierté ».

 

Mélinez, auteur de ces lignes,  les avait soumises à Martenchon: ils avaient pris cette habitude « on pense mieux à deux que tout seul » proclamaient-ils.

 

Martenchon avait lu et, maintenant, le regard dans le vide, paraissait rêver. Puis, brusquement, il se leva et proclama : » Mélinez, c’est fort bien pensé et je vais t’en proposer une démonstration dans l’instant ». Mélinez, ravi de cette forte approbation, se cala dans son fauteuil.

 

Martenchon: « Vois-tu, Mélinez, mon ami, tu as suscité en moi l’idée d’un croisement d’information entre la science financière et l’étude du taux de mortalité humaine. »

 

Martenchon poursuivit: « Les financiers nous disent que le cours d’une obligation dépend de sa duration. Ce terme qualifie le fait que ce n’est pas la durée qui compte dans un placement ou une dette mais une sorte d’intensité : un prêt sur 10 ans, qui se rembourse à 100% la dixième année a une duration plus élevée que le même prêt qui se rembourserait à hauteur de 10% tous les ans.

 

Mélinez approuva d’un « voilà qui est bien pensé », puis interrogatif « et la mortalité ? ».

 

Martenchon sourit : Elle se déduit tout naturellement. Considérons que nous disposons à notre naissance d’un prêt de vie de 100 ans. L’enfantelet qui disparaît à 1 an perd 99% de sa « duration vitale » . Le vieillard qui disparaît à 99 ans perd 1%, celui qui disparaît à 50 ans, perd 50%.  Donc, pour vraiment juger de la mortalité et de son impact sur la société, il faut calculer la « duration vitale ».

 

Mélinez, impressionné, ne put toutefois s’empêcher de questionner :" Que tires-tu de ce raisonnement de bon sens et de logique réunis ? "

 

Martenchon se fit savant : J’en tire un indice et je montre que, si dans une population, un tiers des morts a plus de 70 ans, le poids économique et social de leur disparition est en vérité bien inférieur: 10%, peut-être au lieu de 30%.

 

« Et alors ?», émit, perplexe, Mélinez ?

 

Martenchon martela la conclusion : « Alors, c’est trois fois moins grave ».

 


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