2018, monnaies cryptées et blockchain

 

- Emission télé: "Arrêt sur Images" .UNE BULLE ? "LA SPÉCULATION DESSERT LE BITCOIN !"

- Sur quelles valeurs sont fondés les cours du bitcoin paru dans le Huffington Post

- Les monnaies cryptées sont-elles des actifs toxiques? paru dans le Huffington Post

- Crypto-monnaies : Quelques questions pour 2018

- Le bitcoin en 2018: retour à la raison?

A la télé:  "Arrêt sur Images" UNE BULLE ? "LA SPÉCULATION DESSERT LE BITCOIN !"

Le Bitcoin, ne serait pas une véritable monnaie ? Sur notre plateau, le Banquier Pascal Ordonneau et l'entrepreneur Adli Takkal Bataille en débattent.

Le Bitcoin, ne serait pas une véritable monnaie ? C’est du moins l’avis de nombre de banquiers dont notre invité, Pascal Ordonneau, ancien dirigeant d’une filiale d’HSBC. Pour lui, le Bitcoin n’a rien d’une monnaie ni d’un actif, "c’est du vent".

 

Mais est-ce plus du vent que les monnaies traditionnelles? "On achète du Bitcoin pour, comme François Mitterand le disait à une époque,  «s’enrichir en dormant»", estime le banquier qui assimile le Bitcoin à une chaîne de Ponzi, ce type de montage financier frauduleux qui fait miroiter aux investisseurs des taux de rendement élevés pour un faible risque.

 

Un avis que ne partage absolument pas Adli Takkal Bataille, président de l'association Le cercle du coin et entrepreneur (dans le Bitcoin). Sur notre plateau, il explique : "Quand j’entends que le Bitcoin est une chaîne de Ponzi, je trouve ça un peu délirant, dans le sens où le marché boursier fonctionne comme ça !"

 

 

Voir notre émission en intégralité : Une bulle ? "La spéculation dessert le bitcoin !"

 

"Arrêt sur Images" a enregistré le 2 février une émission sur le bitcoin et les monnaies cryptées.

L'émission réunissait votre serviteur, Pascal Ordonneau, auteur de nombreuses publications sur le bitcoin, les monnaies cryptées et la blockchain parmi lesquelles un ouvrage sur la question "
Monnaies Cryptées et Blockchain",
Adli Takkal Bataille, association Le cercle du coin et Odile Lakomski-Laguerre, économiste.

Je vous invite à partager cet échange de vues très intéressant et riche en suivant ce lien.

 "Arrêt sur Images" .
UNE BULLE ? "LA SPÉCULATION DESSERT LE BITCOIN !"


Bonne écoute! 

Sur quelles valeurs sont fondés les cours du bitcoin

 

 

Au travers de tous les propos tenus sur les cours du bitcoin et des autres monnaies cryptées, on hésite entre provocations, prédications, pronostics, prospectives et prosélytisme. Les annonces sur l’évolution future des cours tendraient à confirmer que la prévision économique n’est pas du ressort de la science mais de celui de l’art ou de l’illusionnisme.

Pour exemple, la banque danoise Saxo Bank produit chaque année ses « Outrageous Predictions » Celles dans lesquelles on ne devrait pas se lancer si on était un prévisionniste sérieux. Parmi les « outrages » pour 2018 on trouve que le Bitcoin atteindra 60 000 dollars l’unité pour retomber à 1000.

 

Les cours du bitcoin parlent-ils de sa valeur ?

 

Nombre d’économistes ont réagi vigoureusement, et certains professionnels violemment, non pas sur le prix du Bitcoin, mais sur sa valeur. Ou bien disons-le d’une autre façon : le prix du bitcoin serait une inconséquence socio-économique car c’est « un actif sans valeur fondamentale fluctuant au gré des croyances et des humeurs » (tribune dans le « New York Times » par le prix Nobel d'économie Robert Shiller).  En France, c’est Jean Tirole, prix Nobel en 2014, qui déclarait au Financial times :

 

C'est un « actif sans valeur intrinsèque » soulignant l'absence de réalité économique derrière la cryptomonnaie lancée en 2009. « C’est du vent » avais-je exposé dans le Huffington Post.

 

Morgan Stanley éditait récemment une note de recherche concluant qu’il est difficile de justifier la valorisation du bitcoin. Fin décembre 2017, l'analyste de la banque, James Faucette et son équipe ont envoyé une note à leurs clients « suggérant que la valeur réelle du bitcoin pourrait être de... 0 ». Warren Buffett, dont les talents de gestionnaire de fortune ne sont pas contestables, a prédit « une fin tragique à la star des cryptomonnaies. Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan, a qualifié le bitcoin d'«escroquerie » (« A fraud »). lors d'une conférence donnée en septembre à New York.

 

On ne mentionnera pas tous les gestionnaires et stratégistes privés qui les uns après les autres en appellent à la raison ou déclarent que les crypto-monnaies dont le bitcoin sont des non-valeurs.

 

D’un autre côté, il y a les fans, les visionnaires, ceux qui croient que le monde est en train de changer et qui voient dans les monnaies cryptées, les ICO’s et la technologie blockchain, la fin d’un monde de restrictions, d’un univers liberticide, hostile à l’innovation etc. Ceux-là offrent un incroyable éventail de valeurs possibles, ce qui en matière de prévision donne la mesure de leur absence de sérieux. Donc, on passe de 50 000 à 500 000 et même 1 million.  Dans un débat avec le CEO de Paypal, le dirigeant d’une startup Xapo, Wences Cesares, par ailleurs membre du board de Paypal, indiquait qu’il y avait 20% de chances pour que le Bitcoin ne vaille rien, soit 80% de chances pour l’inverse et qu’il grimpe jusqu’à 1 million pourvu que les porteurs soient patients : cela prendrait de 5 ans à 10 ans.

 

C’est une position classique : cela vaudra cher demain. On relèvera que dans la gestion de fortune de base, menée par des gestionnaires rustiques discutant avec la veuve de Düsseldorf sur la baisse surprenante de valeur de son portefeuille, le mot patience rime avec résilience. Il faut attendre, Rome ne s’est pas faite en un jour. Les pertes d’aujourd’hui sont les gains de demain etc…. Les cours du bitcoin fluctuent : les lendemains chanteront.

 

De quelles « valeurs » tirer un prix du bitcoin ?

 

Pour essayer de comprendre un prix, il n’est pas mauvais de s’interroger sur la valeur du bien ou du service concerné.

 

Le bitcoin, annoncent ses fans, c’est le fait pour Jim le Canadien d’envoyer de l’argent, disons 100 euros, à son copain, Julien le Français, en se passant des banques : c’est rapide, pas cher, anonyme, et communautaire. Dans la réalité, le bitcoin est probablement une des monnaies les plus lentes de la planète avec un degré élevé d’insécurité et de lenteurs. On ne compte plus, les petits virements qui mettent des siècles pour parvenir à leurs destinataires, les achats de bitcoin ou les ventes (la rapidité est importante quand les cours s’effondrent) qui poireautent pour cause d’encombrement, des « coins » qui se sont perdus dans les tuyaux (on ne parle pas ici de hackers mais de simples bugs !).

 

Tout ceci a abouti à ce qu’une plateforme d’échanges ait supprimé toutes références à la rapidité et même à « l’avantage-prix ». De fait, les coûts sont de plus en plus élevés. Il est même recommandé que Jim et Julien passent par des systèmes traditionnels : sûrs, rapides et … moins onéreux lorsqu’il s’agit de petites sommes.

 

Dans “L’or des Imbéciles (‘Fool’s Gold‘), Quinlan Associates, estime que le prix actuel ne serait pas justifié – qu’on le considère comme une réserve de valeur ou comme un moyen d’échange. “En tant qu’actif, nous avons valorisé le Bitcoin en ayant recours à une approche liée à la théorie des coûts de production ainsi qu’à une approche de réserve de valeur, et nous sommes parvenus à des valeurs respectives de 2 161 et 687 dollars… »

 

En réponse et parce que le bitcoin ne peut pas se positionner comme une monnaie de règlement, ses défenseurs le présente comme un actif financier, un conservateur de valeur. On comprend mieux les grandes déclarations sur le thème « soyez patients, il faut savoir attendre etc ».

 

Poussés dans leurs retranchements, les fans, cyniques ou convaincus, se réfugient dans une dernière vertu : l’anonymat permettant de jouer contre les fiscs et … les polices du monde entier.

 

Le rôle « dark » du bitcoin a été dénoncé à de multiples occasion. Mais, en suivant un auteur, Thomas Philippon, c’est probablement le meilleur biais pour bâtir une méthode d’évaluation : la valeur du bitcoin tient à sa capacité à dissimuler des sources de revenus et leur conservation. L’analyste part d’un calcul sur la demande 2,8 trillions de monnaie pour effectuer des transactions illicites. A ce titre, explique-t-il la valeur totale des cryptomonnaies pourrait donc encore être multipliée par 5 ou 6. (15 000 au moment où l’article était écrit) « Anticipant ce phénomène, les investisseurs achètent massivement des bitcoins. C'est ce qui explique, selon moi, une part importante de la flambée récente des cours ».

 

Evidemment, cela suppose que les Etats laissent faire… or, c’est tout l’inverse qui se passe, les réactions des Etats devenant de plus en plus vives avec un éventail assez large depuis l’interdiction pure et simple jusqu’à la simple régulation.

 

Quand le Bitcoin tente de se faire passer pour une monnaie « libre » et que là se trouve sa vraie valeur ne doit-on pas conclure qu’on ne pourra jamais justifier son cours…..

 

Cela expliquerait que de nombreux commentateurs se défaussent du problème de la vraie valeur du bitcoin en soutenant qu’on la trouve dans la blockchain !!!

 

 

Les monnaies cryptées sont-elles des actifs toxiques?

 

Les actifs toxiques sont des actifs inscrits dans les bilans avoir été acquis et payés et qui disparaissent. Pire, il arrive que ces actifs n’aient jamais existé. Les opérations Madoff étaient de ce type.

L’expression toxique vient de ce que leur impact sur les comptes des institutions financières sont dévastateurs. Ils introduisent le doute sur leur véracité. Si la réalité d’un actif ou d’une classe d’actif est contestable, on peut se demander jusqu’à quel point elle pollue l’ensemble des actifs détenus par une institution financière, banque ou fonds d’investissement, ou assurance.

 

Les monnaies cryptées comportent des risques de toxicité sociale

 

Leur toxicité est de la même espèce que les produits « Madoff » : le sous-jacent des monnaies cryptées est inexistant. Les monnaies cryptées ne sont en effet, ni de l’or métaphorique ou cryptique, ni des créances sur un tiers de confiance quelconque ou des agents de l’économie, leur valeur ne tient que par la capacité des porteurs à partager une illusion et à la faire partager, exactement comme les porteurs des fonds Madoff partageaient l’illusion de rendements impossibles.

 

Par elles-mêmes, vis-à-vis des épargnants leur toxicité prend des proportions inquiétantes. De même que dans la plupart des cas d’escroquerie de type « Ponzi » les victimes n’accusent pas d’abord l’organisateur de l’escroquerie, de même les acheteurs de monnaies cryptées s’en prennent aux régulateurs les accusant de « nier » leur « réalité », de « dénier » aux monnaies une valeur d’actif et de vouloir en minorer les vertus en prétendant les réguler. L’exemple récent de la protestation des porteurs Sud-Coréens contre la volonté des pouvoirs publics de « bannir » les crypto-monnaies et leurs échanges est symptomatique de la façon dont le bitcoin, en particulier, s’est installé dans « un imaginaire » financier populaire.

 

La toxicité sociale des monnaies cryptées est très exactement de même nature que les fameuses spéculations sur le sucre dans le courant des années 1970 en France ou que les spéculations sur les actions de la compagnie des indes occidentales (banqueroute de Laws) au dixième siècle.

 

Sur ce plan de la toxicité sociale, on rappellera la partie « argent sale » du bitcoin et de nombreuses autres crypto monnaies. On sait aussi, le rôle qui leur est attaché dans la fraude fiscale (TVA et dissimulation de revenus et de plus-values). Ces derniers aspects vont directement à l’encontre de la recherche menée depuis quelques années d’une transparence mondiale du traitement fiscal des opérations financières et bancaires !

 

La toxicité financière s’accroît

 

Le nouveau danger vient d’opérations qui relèvent de techniques banales aux yeux de leurs parties prenantes. Les opérateurs américains, le CBOE, suivi de son concurrent Chicago Mercantile Exchange (CME Group), et peut-être en 2018 par le Nasdaq, ont mis en place des contrats à terme sur bitcoin ce qui n’a pas peu contribué à faire flamber cette crypto monnaie. L’intérêt de ces contrats est de pouvoir acheter des actifs en usant d’effets de leviers : le paiement porte sur une fraction de l’achat à terme. Les organismes qui ont lancé ces contrats, prudents, ont prévu des déposits de sécurité importants… ce qui les protège, mais pas le marché. Paradoxe, le bitcoin conçu pour se passer des banques doit son développement le plus récent et l’explosion de ses cours à l’arrivée des banques sur le marché ! Retenons surtout qu’une masse de crédits de plus en plus importante est destinée à financer la spéculation directe (achat de bitcoin ou de tout autre monnaie cryptée), ou indirecte, (achat de produits dérivés). En cas de chute du bitcoin, les effets seront multipliés.

 

Mais les investisseurs « officiels », les gérants de fonds s’y mettent aussi : le britannique Man Group, qui gère près de 100 milliards de dollars, par exemple.  Et c’est ainsi que se créent des fonds pour investir dans le bitcoin et toutes autres monnaies cryptées. Ils vont se trouver intégrés dans les politiques de gestion « de fonds de fonds ». Ils iront se nicher dans des classes d’actifs destinées à « booster » les rendements. C’est exactement ce qui s’est passé dans l’affaire « Madoff ». Des investisseurs particuliers ou des entreprises découvrirent que leurs investissements comprenaient des actifs dont ils n’avaient jamais entendu parler « les fonds madoff » et dont la valeur, plongea vers 0, ruinant leur épargne ou leurs liquidités.

 

La coopération douteuse des monnaies cryptées et des ICO

 

C’est un des aspects les moins connus de l’industrie des Crypto-monnaies : les fameux Coins, vendus selon des techniques plus ou moins claires (et souvent pas du tout transparentes), sont très rarement payées en monnaies officielles mais en monnaies virtuelles. Pour participer à une ICO (initial coin offering) il faut disposer de réserves en bitcoin, ether ou autres monnaies cryptées. La situation devient alors « ubuesque » : des actifs qui n’en sont pas, les coins ou tokens comme on voudra les nommer, sont acquis via des monnaies qui n’en sont pas !

 

L’explosion des ICO, s’est transmise naturellement aux monnaies cryptées : pour participer à une ICO, il faut avoir préalablement acquis les premières. Le marché des ICO, s’emballant de son côté, des fonds d’investissements ayant décidé de créer des « poches » spécialisées, les cours des ICO, suivent dans l’exubérance générale et fournissent alors les fiat money nécessaire au développement des starts-ups concernées et aussi des entreprises un peu moins start-ups.

 

Or, l’émission de ces « coins » et « tokens » n’est absolument pas régulées. Les autorités financières ne les reconnaissent pas et se contentent de répéter que ne s’agissant pas d’actifs financiers, les épargnants ou investisseurs doivent être prudents et prennent leurs risques sans aucune garantie.

 

Tant pis pour eux si cela tourne mal ! Et tant pis pour eux aussi si des gestionnaires d’actifs en mal de rendements intéressants décident d’inclure « tokens » et « coins » dans des classes d’actifs à fort rendement et s’en servent pour  « booster » des fonds endormis. Voir plus haut! Terminons sur un des aspects les plus sournois du marché des crypto-monnaies: la diffusion des euphories. Le bitcoin monte, alors, le dodge coin! Le dodge coin, alors le dollarcoin et toutes ces monnaies dont certaines parfaitement confidentielles font écho à la montée de l'une d'entre elles. Les spéculateurs espérant que les monnaies concurrentes suivront le même chemin, quelque soit la valeur ou l'intérêt de ces monnaies secondaires. 

 

On entend dire que les volumes concernés sont faibles au regard de la masse totale des actifs sous gestion. C’est exact, si on ne considère, monnaies cryptées, Coins et tokens etc que sous leur valeur directe. En revanche, si on inclut, la chaîne des produits dérivés et des crédits qu’ils induisent, la chaine des crédits consentis aux particuliers ou entreprises pour leur permettre d’investir dans ces précieux actifs virtuels, les montants prennent une autre dimension.

Et puis, l’expérience Madoff ainsi que celle des sub-primes est là pour rappeler que les catastrophes financières ne demandent pas le déplacement de masses considérables d’argent pour être enclenchées. 

Crypto-monnaies : Quelques questions pour 2018

Aussi sur le Huffington Post Québec 

Les commentaires et chroniques ne cessent de se multiplier sur les monnaies cryptées. Entre rêve emersonnien et réalité « darknet », il est utile de revenir sur les questions qui, elles aussi, se multiplient.

On en propose ici une recension en ayant conscience que le rythme de plus en plus rapide des évènements ne simplifie pas la tâche !  

Voici donc les investigations qu’il faudra lancer en 2018, le plus vite possible. Elles devraient porter sur :

 

1)  Les deux catégories de fans historiques de crypto-monnaies

 

-        Les panurgiens : tous ceux-là qui se précipitent pour profiter d’un bitcoin à 50 000, 500 000 et pourquoi pas à 5 000 000. L’étude psychologique de ces débordements de la raison traîne un peu partout. Les victimes de Madoff, d’Aristofil et les autres « Ponzi-men », sont tous mus par l’idée que l’argent ne se gagne pas à la sueur de son front et qu’on peut s’enrichir en dormant (c’est-à-dire en laissant suer les autres). L’investigation portera sur les supports médiatiques (livres « scientifiques », messages sur les réseaux sociaux) et leurs acteurs (les nombreuses start-ups ou plateformes de négociations, sans compter les early-bitcoiners). Elle se donnera pour tâche d’anticiper les moyens d’agir contre tous ceux qui ont diffusé des messages appelant les panurgiens à une prétendue spéculation sans risque.

 

On gardera en tête que les petits porteurs sont très nombreux. Il faudra investiguer sur le fait qu’ils sont une manne pour le millier de « gros pro » (40% des actifs en crypto-assets) : ils assurent la liquidité… à leurs dépens car ils sont panurgiens.

 

-        Les « professionnels ». Parmi eux les fameux « jumeaux » de New-York et les banques qui ont cédé aux appels de leurs clients à une « petite » spéculation sympathique sur les monnaies cryptées. Les « gros professionnels » et leurs manipulations de marché : le bitcoin baisse, Ripple explose, tel coin s’effondre au moment où tel autre s’envole.

 

2)   Le contexte monétaro-bancaire

 

-        Pourquoi tant d’argent investi sur tant de vide ? à l’exception de véritables projets et réalisations dont Ethereum et Ripple, 90% des monnaies cryptées n’ont aucun sous-jacent. Quels sont les motifs objectifs et économiques qui poussent les « panurgiens » à se précipiter du haut de la falaise ? (Pour ce qui est des mobiles psychologiques, voir plus haut). Cela tient-il à l’abondance de l’argent ? Cela tient-il à un éventuel corollaire : les taux d’intérêts très faibles ?

 

-        Les panurgiens se sont-ils vu faciliter la voie de la spéculation par les prêts personnels ou à la consommation consentis par des institutions financières à la conscience élastique ? La fin-tech est le domaine où la création de nouvelles entreprises est le plus intense. Ce dynamisme n’est-il pas le reflet de l’exubérance de la prise de risque ou celui de l’esprit « take the money and run ? ».

 

 

3)  La question de la prise de risque

 

-        L’effondrement des taux d’intérêts est-il dû à la politique accommodante des banques centrales ? L’abondance de liquidité s’est-elle traduite par la remise au goût du jour de la prise de risque comme technique de valorisation des encaisses monétaires ? Le fait qu’une très grande majorité de start-ups ait vu le jour dans l’univers financier est-elle à la fois une explication et une question ?

 

-        Il est important d’élucider la question de la part du risque « crypto-monnaie » dans la gestion de portefeuille des « crypto-investisseurs ». En particulier, on devra analyser la différence de comportement des « panurgiens et de « gros-pro ». Entre le petit qui a tout misé sur une seule case et le gros qui a affecté une part de sa gestion de risque sur un panel de « crypto-assets ». Les différences seraient de nature et non de taille ? Quels sont leurs rôles respectifs dans les engouements de marchés et leurs effondrements.

 

4)  La promotion de l’illégalité

 

-        La plupart des gouvernements sont conscients des effets désastreux que pourraient avoir des transactions anonymes entre acteurs inconnus. Il sera intéressant de recenser et d’analyser les pistes de réaction étatiques. Il faudra se demander s’il faut placer le niveau des responsabilités au niveau des « professionnels », les fameuses « plateformes », moins nombreuses et plus facilement sanctionnables ou au niveau des titulaires de « wallets » ? Les idées à l’étude en Inde sont intéressantes. Faut-il revenir sur la jurisprudence de la cour de justice européenne, trop généreuse ?

 

-        On devra aussi s’interroger sur les raisons qui ont fait se multiplier les monnaies cryptées (plus d’un millier). Outre le fait de créer des confusions préjudiciables à l’ouverture des marchés de biens et de services, ainsi que des marchés de capitaux, ne sont-elles pas le fait d’escrocs purs et simples ? Derrière certaines d’entre elles, quelles mafias, quels services secrets, de quelles nations ?  

 

5)  La « géopolitique » des monnaies cryptées

 

-        On a vu que le bitcoin n’a pu se réformer en raison de l’intervention de nombreuses « plateformes » et institutions « new fintech » d’origine asiatique. On sait que le minage est devenu une spécialité chinoise et que les « grands » du bitcoin sur le plan technologique sont chinois ? A quel point ? Pourquoi ? Le gouvernement chinois est interventionniste (à l’opposé de l’esprit Bitcoin) et obéi ?

 

-        Il faudra se demander à quel point les crypto-monnaies peuvent remettre en cause les initiatives internationales de transparence, de luttes contre le blanchiment de la fraude fiscale et de l’argent du crime ? Ce qui reviendra à se demander qui est derrière les crypto-monnaies (voir plus haut) et quelles initiatives pour les contrôler (voir l’initiative du ministre français des finances auprès du G20).

 

6)  La production des monnaies cryptées et leurs dérivés

 

-        La consommation électrique des monnaies cryptées tend à devenir monstrueuse alors que ces monnaies sont bien incapables de rendre les services de paiement dans des conditions équivalentes à celles des banques. C’est une question essentielle : détournement d’une partie des ressources d’investissement, impact écologique, détournement d’une partie des ressources énergétiques de certains pays. Dans le même sens, le développement massif de l’utilisation des réseaux internet en raison de l’usage des « POW » (proof of work) dont le poids en calculs mathématiques est particulièrement lourd peut conduire à réviser l’usage et l’accès de ces réseaux (voir l’initiative de D.Trump). Ce risque ne porterait pas seulement sur les conditions du marché des « crypto » mais sur toutes les formes d’utilisation de l’internet.

 

-        Les dérivés : jetons, tokens, et autres « assets » nées des ICO comportent des risques considérables pour l’épargne et l’affectation rationnelle des ressources d’investissements. L’utilisation massive des crypto-monnaies pour acquérir ces dérivés « crypto » n’exprime-t-elle pas des tentatives d’échapper aux régulations internationales concernant la création de nouveaux produits d’investissements ?

 

 

7)  L’anticipation des risques de désordres monétaires internationaux

 

-        De nombreux spécialistes, banquiers, chercheurs s’alarment du développement incontrôlé des monnaies cryptées, des ICO et des tokens en tout genre ? L’illiquidité générale de ces « assets » peut-elle conduire aux mêmes conséquences que l’illiquidité des produits structurés à base de subprime dans les années 2007-2009 ? Les paniques d’épargnants ne risquent-elles pas d’être plus violentes sachant que la pénétration des « crypto-produits » est plus diffuse, plus atomisé que celle des sub-prime ?

 

-        L’effondrement du marché des « tokens » et « ICO » ne mettra-t-il pas en grand danger le mouvement de rénovation des économies occidentales, la fuite devant ces investissements les privant de ressources indispensables.

 

 

On le voit, il y a beaucoup de travail à mener sur la question des crypto-monnaies et des crypto-marchés et sur les vrais enjeux : il faudra éviter que l’absence de regard objectif sur ces questions conduisent à oublier que le vrai changement, celui de la blockchain soit négligé ou passe en second plan, dans les investissements et les réflexions pour 2018. 

Le bitcoin en 2018: retour à la raison?

Le Bitcoin en 2018: publié par le Huffington Post Québec

 

L’année qui vient de s’écouler a été marquée par toutes les absurdités possibles en matière de crypto-monnaies, faute à la folie « bitcoin ». Il est heureux qu’enfin la raison semble l’emporter et aussi le respect de « l’argent des autres », c’est-à-dire des épargnants.

 

De la folie dans tous les domaines

 

On ne s'appesantira pas sur la question du prix. Pour une monnaie qui ne repose sur rien, qui n’est comme on l’avait indiqué, que du vent, observer ce mouvement de quasi hystérie collective, genre tulipe ou compagnie des indes, qui a conduit les cours de 1000 euros à 20 000, ne pouvait que provoquer des réactions de la part des pouvoirs publics.

 

Les raisons tiennent aussi à ce que le petit porteur, comme d’habitude dans ces systèmes de Ponzi est manipulé et rapidement « essoré ». Il est le moyen par lequel on fait monter les prix, pour ensuite le ruiner en les faisant plonger.

 

Prix manipulés dans des marchés opaques où les « gros investisseurs » s’entendent entre eux qui conduisent à se demander où est la fameuse égalité des bitcoiners et des mineurs quand on sait que mille investisseurs possèdent 40% du total des bitcoins « minés ». Il suffit de voir la mine réjouie des jumeaux de Wall Street assis sur leur milliard pour convenir qu’il y a quelque chose de vicié dans le fonctionnement des marchés.

 

A tout ceci rajoutons le fait que plus un « petit mineur » n’a de chances de miner quoi que ce soit et que le « minage » est le fait de grandes fermes (on mine avec des fermes !!!!) représentant des investissements considérables. On découvre à cette occasion que le minage est devenu une activité chinoise et que les pays de la zone chinoise : Hong-Kong, Singapour, Taïwan etc sont devenus les maîtres du bitcoin.

 

Cette domination se traduit par un rôle déterminant dans les fameuses évolutions qui doivent faire du Bitcoin autre chose que la monnaie la plus lente du monde ! Le consensus de New-York a été jeté aux oubliettes par les acteurs asiatiques et le bitcoin s’est mis à bourgeonner de façon aberrante multipliant monnaies et sous-monnaies.

En définitive de monnaie indépendante et libre, ouverte et transparente, le bitcoin a évolué vers le statut de monnaie soumise et influençable, glauque et inégalitaire.

 

Revenir à la raison et soumettre les processus spéculatifs

 

La reprise en main est en cours. Qui pouvait croire un instant que les Etats accepteraient un instrument d’échange gentiment anonyme permettant aux intervenants de cacher leurs opérations et leurs revenus ?

En tout cas ni l’Inde, ni la Corée du Sud, n’ont été très heureuses de voir à quel point les acteurs du bitcoin et leurs émules des monnaies cryptées se moquaient des lois et développaient des business sans contrôle.

D’autres pays ont insisté sur la protection de l’épargne et la transparence des acteurs financiers et bancaires. La France a lancé une initiative qui est dans la droite ligne de la volonté de lutter contre les manipulations, les spéculations débridées et les montages financiers vaseux conduisant à des chaines de Ponzi sous différentes formes.

 

Le bitcoin n’est pas une monnaie, ses mauvais rendements technologiques l’ont montré, la volatilité de ses cours en sont une confirmation. Le bitcoin est un actif sans sous-jacent, c’est-à-dire une illusion d’actif. Malheureusement la soif de gagner de l’argent en dormant est toujours très forte et conduit à des risques graves, tant pour les épargnants qui s’y engagent inconsidérément que pour les acteurs qui les poussent à s’endetter pour pouvoir acquérir des bitcoins de plus en plus chers.

 

La nécessité d’une régulation, d’un contrôle, de la suppression de l’anonymat, sont donc à l’ordre du jour. La monnaie décentralisée ou le tiers de confiance est un algorithme est ainsi, un peu partout dans le monde en passe de d’être mise sous surveillance.

 

On n’insistera pas sur le fait que le bitcoin a été aussi l’occasion de trafics peu ragoûtants : monnaie des ransomwares et du piratage, des hackers et des trafiquants d’armes et de drogues.

 

Il n’y a pas de bataille du bitcoin où les forces du bien, libertaires et américaines transformeraient le monde en un univers heureux et ensoleillé. Il y a à agir pour que les nouvelles technologies soient créatrices de valeurs nouvelles et non prédatrices de valeurs existantes.

La seule valeur dont le bitcoin a, sans le vouloir, assuré la promotion est celle de la technologique blockchain. C’est elle qui est porteuse d’avenir. Le bitcoin lui, n’est finalement qu’un Klondike idéal : les mineurs restent bien au chaud chez eux.

 

 

 Comprendre le Métavers en 20 questions

 

 

 

 

Il vous suffira de tendre la main, vers les librairies du net,

Babelio, Amazon, Fnac, books.google, BOD librairie et l'éditeur: Arnaud Franel Editions

 

 

 

Quelques ouvrages de Pascal Ordonneau

Panthéon au Carré est disponible aux éditions de la Route de la Soie.

Promotion est disponible chez Numeriklivre et dans toutes les librairies "digitales"

Au Pays de l'Eau et des Dieux est disponible chez Jacques Flament Editeur ainsi que

La Désillusion, le retour de l'Empire allemand, le Bunker et "Survivre dans un monde de Cons".

"La bataille mondiale des matières premières", "le crédit à moyen et long terme" et "Les multinationales contre les Etats" sont épuisés. 

En collaboration: Institut de l'Iconomie

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