Lisa Fonssagrives à la MEP

A la Maison européenne de la Photographie

 

Curieusement, alors que l’excellence se répète sur les cimaises de la MEP, une sorte de lassitude s’installe. Trop de beauté, ce serait trop ? Cette lassitude vient d’une ambiguïté. Lisa Fonssagrives est-elle l’héroïne de l’exposition ou doit-on se concentrer sur le rôle de Lisa, la top ? Doit-on ne considérer que les différentes façons qu’avait la « top » d’être sublime ou doit-on s’efforcer de n’admirer que ce qu’elle était appelée à mettre en valeur, vêtements, chapeaux, gants, tailleurs etc.

La lassitude vient de ce que la belle Lisa avait magnifiquement défini un personnage. Danseuse et chorégraphe, elle savait ce qu’il fallait faire pour que, portant un chapeau, elle demeure sublime et sublime le chapeau. Visage « clear cut » et net comme s’il avait été peint au couteau, sourcil en accent circonflexe, lui conférant un air d’élégant étonnement, bouche soigneusement fermée pour magnifier son dessin et maintenir une distance, sourire contenu pour que le regardeur ne confonde pas : il ne s’agissait pas de déclencher une passion pour la belle mais de passionner des (présumées) belles pour de beaux dessins de mode. Elle avait créé une sorte de partition idéale, voire une grammaire des attitudes, des regards et du maintien qu’elle livrait à ses commanditaires convaincus qu’elle était la danseuse étoile et la chorégraphe de la mode.

C’est une lassitude noble qui saisit le regardeur. Comme celle qui vient lorsqu’on reste trop longtemps confronté à une succession de sculptures de Maillol, qui ne changeait pas souvent de modèle et dont les œuvres étaient exceptionnelles. Une lassitude qu’on éprouvera dans une exposition « intégrale » de Monet ou de tout autre auteur exceptionnel.

Car, cette exposition est véritablement exceptionnelle. On n’a jamais reproché à David d’avoir eu madame Récamier comme modèle. Dans le cas de Lisa Fonssagrives, c’est encore mieux, les photographes qu’elle a révélés étaient tous excellents. Jusqu’au jour où elle a rencontré un photographe exceptionnel : Irving Penn.

 

Très belle exposition à voir absolument.

 Comprendre le Métavers en 20 questions

 

 

 

 

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