Soliloques sur l'Art , juin 2023

Jérôme Borel, Station

 

Jérôme Borel

Station

Chez Olivier Waltman

 

16 rue du Perche, 75003 

 

L’exposition est finie malheureusement. Bien dommage car on perd là l’occasion d’apprécier le travail d’un peintre dont l’approche artistique est très intéressante.

J’aurai aimé nommer l’exposition, « émergence » .

 

C’est une peinture qui ferait penser à une chanson douce, venue du fonds d’une tristesse. Il y a beaucoup d’informulé dans un réalisme à taille humaine. Les couleurs sont discrètes comme si s’agissait de faire oublier qu’elles portent un sujet délicat, fragile et pourtant essentiel.

 

J’aime cet enfant peut-être perdu dans une forêt d’arbres jaunes plantés sur un sol rouge. A demi caché derrière un tronc, il observe au travers d’une plantation serrée de fûts dépourvus de feuilles. Il observe ou il attend et conduit le regardeur à porter son regard vers le fonds de ce qui serait une futée.

 

Mais aussi, il y a cet homme à la casquette qui s’avance vers … ça on ne le sait pas. Le peintre, a tout effacé, du lieu où il se trouve, du chemin sur lequel il se déplace, de l’horizon ou de tout autre but, qui pourraient expliquer vers quoi l’homme est en marche. On en saurait plus sur l’heure du jour, sur l’atmosphère bleutée, matinale ou simplement brouillardeuse dans laquelle se meut cet homme en bleu à la démarche légère, au dos voûté. Un homme solitaire qui ne se résigne pas ?

 

On ne passera pas : la barrière est baissée et il ne reste que ça, une barrière baissée sur fonds sombre et sol éclairé. Faut-il croire le peintre qui nous montre une barrière fermant à l’ombre l’accès à la lumière ?

 

Tout dans ce travail, dont on nous dit qu’il rassemble des œuvres recouvrant plus d’une dizaine d’années d’atelier, montre un monde ou l’incomplétude évoque une intranquillité. Un monde qui n’a pas fini d’émerger ou bien, tout au contraire un monde qui n’a pas pu aller bien loin dans l’émergence, dans son apparition et qui s’efface, doucement, sans violence ni brutalité. Narcisse plongé vers lui-même ne se voit pas.

 

Destins qui se dissolvent, mais aussi, formes humaines qui s’affichent pour mieux disparaître, sans bruit. 

Vincent Michéa, chez Cécile Fakhoury

Vincent Michéa

Le ciel sera toujours bleu

Galerie Cécile Fakhoury

Jusqu’au 17 juin

 

Vincent Michéa vit entre la France et le Sénégal

 

Cette exposition est très sympathique au sens où elle est très gaie, souriante, ensoleillée.

C’est vraiment par hasard que je suis passé Avenue Matignon à l’angle de la rue du Fg Saint Honoré où la galerie Cecile Fakoury est installée en « duplex ». J'ai découvert cette exposition avec grand plaisir. 

 

 

Les offres exposées sont très grandes et mettent en valeur personnages et structures architecturales de Dakar. Excellente composition et mise en page de travaux qui s’appuient sur la photo. Il n’y a pas de surpeinture mais une combinaison équilibrée entre photo et collages et peinture.

 

Clotilde Jimenez

Clotilde Jimenez

Sur les quais de la Seine, en allant vers une exposition sur Pierre Tal Coat.

 

Je ne me répèterai pas, mais c’est un fait qu’il m’arrive souvent de passer devant quelque chose, une affiche, un graffiti, la devanture d’une galerie d’art, un déroulement de publicité tombé en panne et je m’arrête, ou je reviens en arrière, pour retrouver une impression, une émotion, un étonnement.

Cette fois-ci, il faisait vraiment très chaud, en début d’après-midi, et j’ai longé la Seine pour rechercher le ponts des Arts et me diriger vers une exposition sur le travail de Pierre Tal Coat. Je ne sais pas pourquoi j’y allais n’ayant jamais beaucoup aimé ce peintre.

 

Et, coup de chance, je tombai littéralement sur une affiche portant deux œuvres de Clotilde Jimenez. Vous ne connaissez pas ? Moi non plus, je n’en avais aucune idée. En deux mots Clotilde Jimenez « née en 1990 à Honolulu aux E-U, vit et travaille à Mexico City, Mexique) exploite des matériaux de collage colorés qui, à travers la réutilisation d'éléments ordinaires tels que le papier peint, les noms de marques de vêtements populaires, les coupures de magazines et les papiers de l'artisanat mexicain, font référence à la culture occidentale ».

 

Il est vrai que l’artiste est passionnante, très expressionniste, brutaliste parfois, elle présente des personnages caricaturaux dessinés, peints, découpés, en sur-peinture ou sur affiches déchirées.

 

Le résultat est à la fois réjouissant, couleurs vives, personnages caricaturaux, découpages de photo sur découpages de publicité. Les thèmes tournent tous autour d’une société qui bouge avec les ridicules des mangeurs de pastèques, les chaussures énormes qui enchâssent les pieds. Combinaison de personnages colorés, costauds de rue et sportifs de combats.

 

Il faudra attendre une exposition, peut-être dans le cadre des festivités liées aux jeux olympiques, peut-être parce qu’il faudra bien montrer une artiste typiquement américaine, typiquement afro-américaine, typiquement expressive. 

Manet-Degas au musée d'Orsay

Musée d’Orsay

Jusqu’au 23 juillet

 

Encore un intitulé racoleur ! Car, il est fort peu question de Degas dans cette exposition qui, par voie de conséquence, fait la part belle à Manet !!! On y verra quelque chose de logique : né à deux ans d’écart en 1832 et 1834, l’un, Manet est mort à 51 ans et l’autre, Degas à 83 ans, autant dire qu’une part non négligeable de son œuvre a été réalisée pendant les 30 ans qui ont suivi le décès de Manet…. On pourra dire qu’en vérité cette comparaison ne vaut pas raison par le fait qu’en moins de 30 ans, l’un comme l’autre ont été les acteurs et les propagandistes du mouvement impressionniste qui réinventa la peinture et, plus généralement, la vision du monde.

 

Il n’en demeure pas moins que l’exposition s’appuie davantage sur l’œuvre de Manet que sur celle de Degas. Quoiqu’il en soit, ne serait-ce que pour mieux retrouver Manet, il faut aller la voir. On y trouvera des œuvres qui sont dispersées un peu partout dans le monde. On y trouvera surtout des œuvres « phares ».

 

Dans cet ensemble je retiendrai deux tableaux : l’Olympia qui renverse totalement la conception même de ce sujet et sa mise en page, et le portrait de Berthe Morisot où en quelques coups de pinceaux, Manet montre un talent pareil à la virtuosité d’un Fragonard ou d’un Delacroix.

A voir vite.

 

 


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