Soliloque sur le vaste monde, septembre 2024

Cryptons les élections

 

 

Je voudrais vous inviter à méditer sur un thème difficile, celui de la modernisation de nos méthodes de désignation des chefs, des dirigeants, des leaders, comme vous voudrez les qualifier.

 

Nous avons assisté à un spectacle peu glorieux où ne se sont pas illustrés des hommes et des femmes qui pourtant n’avaient pas forcément mal fait. Dans certains cas, ils-elles n’avaient même rien fait. Que s’est-il passé ? Progressivement, les propositions maladroitement formulées par des partis en manque d’imagination ont brûlé quelques ambitieux. Il y a eu ceux qui, pour se grandir, avaient acheté des talonnettes ; il y avait aussi celles qu’on ne connaissait pas et qui ont fait campagne sur le thème « mais, oui, c’est bien moi !». Au même moment, les Français savaient mettre un nom sur un coureur de 100 mètres, ou, mieux encore sur une championne de saut à la perche et se reconnaissaient dans les époustouflantes réussites d’un nageur national, tous unis dans les encouragements prodigués à des héros nationaux et même parfois étrangers.

 

Pendant ce temps, les héros politiques se démenaient sans audience, sans applaudissement, sans écoute et sans « prime time ». Ils se dénonçaient les uns les autres, ils se motionnaient de censure à qui mieux mieux, ils se menaçaient de poursuites infamantes et on a failli voir le moment où ils s’entre-dénonceraient pour des relations équivoques avec l’Abbé Pierre.

 

Pendant ce temps-là, la vie changeait, les mœurs évoluaient, les méthodes de sélection des élus étaient bouleversées. Où donc, cette révolution ? Aux Etats-Unis bien sûr ! Mieux encore : grâce à qui ? Grâce à Donald.

 

Revenons sur les récentes innovations du marketing politique aux Etats-Unis. L’ancien Président ne cesse d’imaginer et de mettre en œuvre tous les moyens pour gagner. Parmi les nouvelles trouvailles, technologiques il va sans dire, les NFT, ( les Non Fungible Tokens. Vous trouverez quelques réponses à vos interrogations sur la question dans mon prochain livre « 20 questions pour comprendre les NFT »)

 

Pour aller directement au but : Donald Trump a lancé une collection de cartes et de jetons crypto dans l’esprit des Bored Apes, des Crypto Punks, des Kitties etc mais aussi dans celui des joueurs dans des dizaines de sports. Pour avoir le plaisir de détenir un NFT de ce genre, unique et protégé, il faut dépenser de l’argent (eh oui ! nous y voilà). Avec un peu de chance, celui que vous aurez acheté sera désiré par d’autres et son prix s’envolera (eh oui ! nous y revoilà). Donc, Donald qui cherche des sous et aussi à faire parler de lui, a lancé plusieurs gammes de NFT à son effigie. Plein de gens qui aiment Donald se sont empressé d’en acheter.

 

Reconnaissons que Donald Trump a lancé une bonne vraie méthode pour sélectionner les candidats à n’importe quoi.

 

Revenons en France. Revenons vers ces moments dramatiques où nos ex-futurs premiers ministres s’étripent en petit comité. Car, il est clair que quand je ne sais qui de la « France Insoumise » lance le procès en destitution d’Emmanuel Macron, personne ne l’écoute vraiment, sauf peut-être, mais ce n’est pas sûr, ses camarades de parti. Et c’est vrai de Ciotti, qui au surplus doit lutter pour qu’on prononce son nom correctement. C’est vrai de Faure, qui se débat au milieu de tous les Faure qui ont marqué la politique française.

 

Conclusion : il faut que les candidats à quelque chose se soumettent à la règle des NFT. Pour candidater, il faudra et il suffira de créer une ligne de NFT. Celle-ci pourra représenter le candidat intéressé comme c’est le cas pour Donald Trump. Par exemple, on aurait Jean-Luc en édile, avec une ceinture tricolore, en révolutionnaire avec l’air rébarbatif et une guillotine en arrière-plan, en papa-gâteau, maniant une pochette surprise d’avantages sociaux entouré de malheureux reconnaissants etc.

 

On aurait, au lieu de plateaux-télé rasoirs, des comptes-rendus de plateforme de négociation de NFT, recensant les ventes de NFT Faure, Le Pen etc, Il y aurait des courbes de ventes et surtout des courbes de prix. On n’aurait plus de bagarres verbales ; la logorrhée politique serait chassée. La décision reviendrait au marché qui recenserait objectivement qui est demandé par les Français et qui ne l’est pas.

 

Facile me direz-vous… voire, car, il faudra se différencier. Imaginez le drame de Manon Aubry s’efforçant d’être originale par comparaison avec Lucie Castets, ou même Ségolène Royale. Imaginez les dérives qui pourraient s’ensuivre, les surenchères vestimentaires (ou les sous-enchères, ce qui serait pire encore). Imaginez Mathilde Panot….

 

Dans tous les cas, ce serait plus amusant que d’écouter en boucle des propos indifférenciés et des injures pataugeantes.

 

Taylor Swift combien de divisions?

 

Donald l’a échappé belle. Un deuxième attentat a été évité. Un vrai coup de chance ! L’ancien président n’a pas raté l’occasion d’en tirer parti. C’était encore un coup fourré de Biden et de Kamala. Ils ont créé l’ambiance délétère qui fait jaillir hors du bois les candidats au « tir au Trump vivant ».

 

Trump a raison de dire qu’on l’a déjà atteint à la tête, mais ce qu’il omet de dire c’est que les tirs sont anciens et que quelques balles continuent à se promener dans sa tête comme la pièce de lego qu’on vient de retirer du nez d’un néerlandais fan du fameux jeu de construction quand il était enfant.

Il aurait pu dire que la balle qui ne l’a pas atteint et la tentative de lui tirer dessus une autre balle sont la conséquence directe des prises de position qui se multiplient en faveur de la candidate démocrate. Imaginez le meilleur, d’autres tentatives d’assassinat, déjouées, qui viendraient renforcer son statut de victime expiatoire des méfaits démocrates. Le pire est à venir nous dit-il : Taylor Swift a pris parti en faveur de Kamala Harris.

 L’ancien Président ne s’y est pas trompé. Il a tenu à dire clairement qu’il n’aimait pas Taylor Swift. Cela peut paraître étrange alors qu’il n’a cessé de lui piquer ses jingles dans ses clips publicitaires et de la faire apparaître dans ses vidéos électorales comme une fan républicaine.

 

La vérité, tout le monde la connait, Taylor Swift, dont la popularité mondiale, et donc américaine, est immense a décidé de soutenir la candidature de Kamala Harris. Elle va faire mal, Taylor Swift. Et Trump le sait. C’est ce qui l’a conduit à dénoncer les horribles campagnes hostiles à son égard, campagnes dont on peut dire qu’elles troublent à ce point les Américains qu’émergent des tueurs volontaires, des loups solitaires et des passionnés des armes de guerre.

 

Il faut, à ce moment critique de l’affaire, dire un mot sur Taylor Swift et ses fans. Pour ceux qui n’ont pas encore capté ce phénomène de société, il faut la présenter, comme ce qu’elle est : la première chanteuse a avoir accumulé des revenus, royalties et droits d’auteur qui en font la première milliardaire en dollars dans son secteur d’activité : la chanson populaire. Elon Musk envoie des fusées dans l’espace intersidéral ? Taylor Swift réunit des dizaines de milliers de fans dans les plus grandes « arènes » du monde. Rien que sur Instagram, ce sont 280 millions de passionnés qui suivent la « reine ».

 

Les fans de Taylor Swift se sont donné un nom : ils se nomment entre eux les « swifties ». C’est à la fois un signe de reconnaissance et un cri de ralliement. Ils suivent leur héroïne dans tous les instants de sa vie. Elle leur donne à tous les instants de sa vie des raisons concrètes de l’aimer, cadeaux en ligne, places de concert, promotions VIP, donations aux étudiants etc. Taylor Swift est un phénomène social à elle seule sans autre ressource, sans autre arme que son talent, ses shows et les chansons dont elle écrit musique et paroles. A l’inverse de Donald Trump, elle n’a pas la fake news collée à la peau, ni l’injure raciste, ni le détournement d’images, ni la passion des armes à feu.

 

On ne peut pas imaginer un seul instant qu’un « swifty » fonce dans une armurerie texane ou californienne pour acquérir les moyens de trucider Donald. Les insinuations de ce dernier ne font que refléter la terreur que lui inspire la profession de foi démocrate de Taylor Swift. Il a raison sur ce point : à peine la star s’était-elle prononcée, plus de 400 000 swifties fonçaient pour se faire inscrire sur les listes électorales. Autant de tireurs embusqués qui, armés de leurs bulletins de vote, vont aller frapper douloureusement Donald à la tête.

 

L’ancien président cherche à tirer parti de ceux qui lui tirent dessus : la multiplication des tentatives d’attentats serait « pain béni ». C’est de la publicité gratuite.

 

Je doute que les « swifties » s’y mettent, ils sont plutôt dans le camp des « sweeties » ! Le soft power pourrait bien l’emporter sur le gun power

Un jour, nos actes nous suivrons

 

 

Y a-t-il de la noblesse à se faire tuer par une Lamborghini ? La mort d’un cycliste sous les coups d’une « bête de course » illustre-t-elle l’éternel conflit entre les pauvres et les puissants ? Ces questions de mauvais goût, on les entendra sûrement à un moment ou un autre des procès en responsabilité qui se dérouleront à la suite de cette atroce et absurde fait divers : un imbécile au volant d’une Lamborghini  a tué un pauvre type qui, malencontreusement, passait par là, en bicyclette.

 

Ces nobles paroles et ces références troubadouriennes ne seront pas à la une des journaux quand viendra le procès du minable à la « roue arrière », le type du rodéo de Valauris, meurtrier d’une petite fille qui eut le malheur d’être sur son chemin. Lamborghini ou bécane pétaradante et puante ? Dans les deux cas, la mort était au bout de la bêtise.

 

Tous les faits divers sont des révélateurs de problèmes de société et très souvent de la déperdition de ce qu’autrefois on nommait l’éthique. Ces « meurtres en pleine rue » conduisent nécessairement à des questions sur la capacité des personnes à se penser comme des êtres humains, c’est-à-dire à s’imaginer entourés d’êtres aussi humains qu’eux-mêmes le prétendent.

Eliminons d’abord l’accessoire : dans le cas de la Lamborghini notre sens inné de l’égalité n’a fait qu’un tour et y a puisé une juste fureur égalitarienne. La mort du cycliste en est devenue un meurtre. Mais voilà qu’il faut bien admettre que loin du luxe tapageur, il aura suffi d’une motocyclette minable pour qu’un minable tue.

 

Dans les deux cas, la mort. Les deux cas méritent réflexion. Ils sont emblématiques au sens où ils dénotent tout ce qui peut être haïssable chez nos contemporains, mais aussi et surtout, ce qui est dramatiquement irresponsable dans la gestion de nos sociétés.

 

Ils seront punis l’un et l’autre et, quand ils auront purgé des peines qu’on aura minimisées pour des tas de raisons humanistes, ils auront l’un et l’autre tout loisir de recommencer. Pour des raisons dites de philosophie pénale, les condamnations d’un jour sont oubliées le lendemain, une fois les peines purgées. Elles ne se cumulent pas avec les condamnations d’après, permettant ainsi à un voleur de voler aussi régulièrement que possible, à un fou de la route de persister dans son vice, à un auteur de violences de se laisser aller à ses pulsions sans contraintes.

 

Comment peut-on imaginer que l’individualité des peines fasse perdre tout effet à la multiplication des crimes. Au contraire, ne devrait-on pas considérer qu’une condamnation d’un jour doive s’ajouter aux condamnations antérieures ? Ne devrait-on pas poser qu’il n’y a jamais d’oubli ? Qu’un délinquant n’est pas un auteur de méfaits de temps en temps mais, un auteur suivi par son passé et d’autant plus condamnable qu’il a déjà été condamné.

 

Alors, suivant cette règle simple, dans le cas des faits divers ci-dessus, les maniaques inconscients et irresponsables de la conduite automobile, des rodéos de motos, des amoureux de roues arrière, seraient rendus progressivement moins nuisibles : de plus en plus fortement condamnés pour ceux qui s’obstinent, rendus plus prudents pour les autres.

 

Il y aurait ainsi moins de petites filles tuées par des malades mentaux atteints de « roue arrière », ni de cyclistes écrasés par un incompétent du volant, ou de policiers blessés ou tués par les réfractaires du contrôle.

 

Cela pourrait être généralisé aux cas des voleurs et des auteurs de violence. Peut-être lirait-on moins ces tristes commentaires : « Arrêté en flagrant délit de vol, il est passé pour les 6ème fois devant les juges et a été condamné à une nouvelle peine avec sursis ».

 


 Comprendre le Métavers en 20 questions

 

 

 

 

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