« Elle est là l'inflation, tion, tion ! »
Ça y
est ! les économistes ont enregistré la chanson :
« Elle court, elle court l’inflation… »
Et surtout le refrain :
« Elle est là l'inflation, tion, tion ! »
Si ce n’était pas grave, ce serait attendrissant. Rappelez-vous ces moments sentant bon le drame antique quand la BCE s’inquiétait d’une économie à
zéro inflation ; quand, sans qu’elle n’y puisse rien, les taux s’obstinaient à être négatifs. Rappelez-vous ces appels désespérés :
« Nous devons retrouver les 3% d’inflation ! ». Il est vrai qu’on les avait perdus. Mais où donc étaient-ils ? Les économistes,
mobilisés, n’y comprenaient rien. Ils faisaient tourner des modèles antiques sur des ordinateurs quantiques et ne trouvaient rien que des trous
noirs.
Revenons aux choses sérieuses :
- Tout d'abord la quasi-totalité des économistes macro et micro se sont plantés depuis 2008. Le pire étant le total plantage de l'affaire du Covid.
Le moins pire, mais le plus coûteux, étant l'affaire de l'Ukraine. Sur ce dernier point, on doit reconnaître que les économistes n'y pouvaient
rien. La guerre, c'est la guerre ; ce n'est pas une vague histoire de courbes qui se croisent et se décroisent pour faire des prix. Donc, la guerre
pour les économistes devrait être une belle occasion de se taire, hormis sur quelques rares cas d'analyse de micro-économie : Combien de
Russes faut-il bousiller pour qu'un canon Caesar soit rentable ? (Ce qui, au passage, suppose qu'on donne une valeur aux Russes... noter que
même si les Russes n'ont pas de valeur, leur matériel en a. Donc, il faudrait calculer la valeur d'un Russe en fonction du char sur lequel il est
assis. Ce qui induirait que, sans char, les Russes n'ont pas de valeur)
- A ce stade du raisonnement, il faut admettre que les économistes sont perdus. Entre les conséquences du covid qu'ils n'ont pas mesurées et une
guerre qu'ils n'ont pas imaginée, on devrait conclure : ils sont impuissants ! Et l'inflation dans tout cela ? La meilleure définition de
l'inflation que je connaisse est : "refus de choisir". L'inflation nait lorsqu'un agent économique ne sait pas où donner de la tête et finalement
opte pour tout faire plutôt que quelques choses bien définies. Nous trouvons-nous dans cette situation ? La réponse est clairement positive. Si on
voulait choisir, vraiment, c'est à dire, prendre une décision qui ne peut pas ne pas avoir d'effet sur le sujet traité, c'est à dire l'inflation,
il faudrait afficher froidement les options qui s'offrent à nous, citoyens, hommes politiques et économistes (bien que ces derniers n’aient
absolument rien à dire sur ces options) et opter résolument pour la plus efficace.
Heureusement, les options sont limitées: ou bien on réduit la Russie au silence, ou bien on reste à supporter les immondes imbécilités d'une
race dont l'ADN doit trop à la Vodka.
La première option ne présente aucune vraie difficulté. L'armée russe ne s'est pas montrée très efficace et ses moyens pas très opérationnels. Si,
l'option première était choisie, les combats ne seraient pas cantonnés à l’Ukraine, et l'armée russe (ce qu'il en reste) serait balayée. Dans ces
conditions, l'inflation serait réduite à néant. Le pétrole et le gaz russes seraient saisis comme dommages de guerre. L'offre exploserait, les prix
s'effondrerait. Même chose pour les céréales, et toutes les bonnes choses que Russes et Ukrainiens savent sortir de leurs sols respectifs.
L'inflation alors, disparaitrait du paysage économique et les économistes, effarés, reviendraient à cette période où ne comprenant rien, ils se
satisfaisaient de formules creuses : "trop d'inflation tue l'inflation".
L'autre option fait grise mine par comparaison puisqu'il s'agit d'essayer de prendre Poutine par la main, de l'emmener faire un voyage à Damas sur
un cheval et de le faire tomber avant l’arrivée : il aurait eu une vision selon l'église orthodoxe, une insolation selon les économistes
occidentaux. Etrange option qui conduit à ne rien faire d'autre que d'attendre car, elle implique du temps pour convaincre Vladimir. Pendant
ce temps, l'inflation grossirait pire qu'un torrent dans les alpes du sud après l'orage. Les économistes sortant du bois, prodigueraient des
conseils. Mais, caressant l'inflation dans le sens de son taux, ils ne parviendraient qu'à ce triste constat : l'inflation nourrie
d'incertitudes et d'absence de décisions ne peut que grossir. Donc mauvaise option.
La bonne c'est la première.
Des esprits chagrins diront « guerre nucléaire ».
Les esprits supérieurs diront "de minimis non curat praetor".
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