- La révolution "Restricta" et le discours politique
- Naissance des cibles
- Qui surveille les banques allemandes? (paru dans le Huffington post)
- Arriverez-vous à lire ceci...
- On est premier
- Donald, c'est aussi l'Amérique
- La fuite des Anglais vers la Liberté
- Etes-vous glaçant ou cinglant?
- Tout est à l’envers
Il y a des années, on écrivait ces lignes: "...Toutes les anciennes banques privées (allemandes), sauf une, ont disparu". Quant aux banques régionales (les fameuses Ländesbanken) qui sont des banques publiques "la classe politique allemande n'a pas de mots assez durs pour les fustiger"!
L'exemple de l'affaire Hypo Real, dont le coût final a atteint 250 milliards d'euro, a montré les trafics d'un système bancaire qui a n'a cessé de dissimuler ses pertes. Un système auquel la banque centrale, la fameuse "Buba" avait prêté main forte. Même les agences de notations ne purent continuer à faire semblant de croire à ce système malgré toute leur bénignité vis à vis de l'Allemagne et son admirable Buba. Elles dégradèrent massivement les notes de l'ensemble du système bancaire allemand dans les derniers mois de 2011.
Qu'est-il devenu ce système, en cinq ans ? Qu'ont fait les gouvernements allemands pour lutter contre son impéritie et ses trafics ? En cinq ans, les Allemands ont-ils contribué à améliorer et renforcer le système bancaire européen ?
La réponse on la connait: ils n'ont rien fait
Au contraire, pendant cinq ans, les pouvoirs publics allemands, le Président de la Bundesbank en tête, n'ont eu de cesse de s'opposer à toutes réformes du système bancaire européen. Ils n'ont pas eu assez de mots violents contre les tentatives de la BCE de lancer une politique monétaire dynamique et tenter de stimuler les économies européennes complétement encalminées. Ils se sont insurgés contre les prétentions de l'Union Bancaire Européenne à contrôler les banques et à leur imposer des recapitalisations lorsque nécessaire.
La Bundesbank est indépendante n'est-ce pas? Et à ce titre, Jens Weidmann est la personne du monde la plus diserte en conseils, en critiques et en attaques contre ses confrères et les dirigeants de la BCE, se répandant en déclarations vigoureuses sur l'impossibilité pour la BCE d'être à la fois le banquier des banquiers (y compris allemands) et leur superviseur. "Conflit d'intérêts", clame-t-il! Mais voilà que la question revient lancinante: si la BCE ne peut pas contrôler les banques allemandes, qui les supervisera puisqu'on est sûr d'au moins une chose, la Bundesbank ne le fera pas: elle ne l'a jamais fait.
Aujourd'hui, on parle d'une faillite de la Deutsche Bank! On a envie de dire: «à la grande surprise de Monsieur Weidmann!». Savait-il que cinq anciens dirigeants de la Deutsche Bank étaient mis en cause, dont l'ancien président Josef Ackermann, accusés de "manipulation du marché" par la justice italienne? Savait-il que ces «dirigeants» sont inquiétés pour ce qui n'est que "le coup classique du voyou financier": vendre des titres en portefeuille car tout dit qu'ils vont s'effondrer et, dans le même temps, en vanter la qualité auprès d'un public sous-informé?
Deutsche Bank est une des grandes banques mondiales. Est-ce une raison pour être cité en permanence dans des affaires qui vont de la complaisance à l'égard de fraudeurs fiscaux, jusqu'au trucage des cours du Libor et de l'Eonia? Et même de l'or. Les complaisants répondront que toutes les banques ont été condamnées pour des raisons diverses et souvent peu flatteuses. Les affaires de violations d'embargo à l'égard de l'Iran en témoignent. Il n'en demeure pas moins que la Deutsche Bank est citée dans quasiment tous les cas où des incriminations financières sont imaginables!
L'Etat allemand, ne sauvera personne?
Les dirigeants de Deutsche Bank ne seraient pas brillants? Il faut cependant reconnaître qu'ils sont largement soutenus dans leur médiocrité par une presse allemande parfaitement inconsciente, coupable d'un suivisme stupéfiant à l'égard des thèses officielles de la Buba en matière bancaire et monétaire. La question n'est pas de savoir ce qui peut aider l'Union économique et monétaire mais de montrer à l'épargnant et au retraité allemands les effets vénéneux d'une politique de Quantitative Easing sur la rémunération de l'épargne et sur le niveau des rentes. "Mario Draghi est en route pour ruiner l'avenir de l'Europe" commentait "sereinement" un quotidien bavarois.
Pendant que les brillants observateurs de la scène monétaire européenne se lançaient dans ce genre de propos, la Deutsche Bank annonçait que les amendes auxquelles elle devait s'attendre pour ses agissements sur le marché américain (il n'y a pas que des victimes italiennes) la contraindrait à une augmentation de capital, à moins que la justice américaine ne soit indulgente, à moins qu'on «négocie». De combien l'augmentation de capital? On parle de 5 milliards d'euros. On parle aussi du double, car, il n'y a pas que les Américains dans cette affaire, et surtout, il n'y a pas que cette affaire!
"Ce n'est rien" entend-on dire. Que sont 5 milliards d'euros, pour une grande banque mondiale de la taille de la Deutsche Bank ? Les Qataris, n'ont-ils pas déjà apporté leur obole et ramassé 10% du capital? On ne débattra pas sur la question du niveau réellement nécessaire, on rappellera que ces fameux 5 milliards avaient déjà été sur la sellette, "...la recapitalisation des banques et les besoins en capitaux propres (sont) nécessaires pour faire face à la montée des risques. Les banques allemandes ont annoncé que leurs besoins s'élèveraient à quelques 5 milliards d'euros... ".
Vous avez bien lu: «les banques allemandes», toutes les «banques allemandes», y compris les «landesbanken" Prudemment, "les banques allemandes" indiquaient que ce serait "peut-être 10 milliards"! Une erreur bancaire à l'allemande, c'est du simple au double. La comptabilité est une chose délicate et parfois le tapis sous lequel on essayait de cacher la poussière se dérobe sous vos pieds! Les mauvaises aventures de la Deutsche Bank font venir beaucoup de questions sur la réalité de la gestion du système bancaire allemand.
Toutefois, il est une certitude officiellement: le sauvetage de la Deutsche Bank, ne sera pas assuré par les pouvoirs publics allemands. Le Gouvernement allemand est clair là-dessus et la Chancelière l'a rappelé. La Deutsche Bank est "too big too fail"? Ses engagements représentent 1 902 milliards d'euros la moitié du PIB allemand? Sans compter ses engagements dans les produits dérivés. Rien n'y fera. Indiquons que la réglementation européenne a aussi évolué dans ce sens. Il n'est plus question que les Etats épongent les pertes après que les capitalistes aient épongé les bénéfices. Les déposants peuvent être protégés jusqu'à un certain niveau, mais les autres créanciers ne le seront pas. Certes, les pouvoirs publics auront une marge de manœuvre, mais la Chancelière a été stricte: Pas d'aide.
Pour autant, si la Deutsche Bank évoluait dans le mauvais sens, le gouvernement allemand laisserait-il vraiment faire? N'aurait-il pas à craindre un effet domino sur le reste du système bancaire et sur la confiance dont il est surinvesti? Les liquidités européennes qui viennent se réfugier dans ce que les investisseurs voient comme un havre monétaire ne fuiraient-elles pas provoquant une nouvelle crise de liquidité au centre même de l'économie européenne? Dans une pareille situation de crise, les autorités allemandes laisseraient-elles le capital et la direction de la première banque allemande entre des mains étrangères? Imaginez seulement que le sauveur de la Deutsche Bank soit une banque française, un peu comme ce fut le cas (partiellement) pour une grande banque belge au tout début de la crise bancaire, il y a près de 8 ans: Madame Merkel laissera-t-elle les capitaux déferler dans son pays sans limitation pour sauver la grande banque nationale et d'autres aussi qui auraient été emportées dans le maelström? Pourra-t-elle s'écrier comme elle le fit en d'autres circonstances: "Wir schaffen das"?
Le Brexit n’en finit pas de faire parler de lui. Au début, tout était évident : les Anglais avaient voté pour quitter l’Union Européenne. Ils voulaient
être entre eux et ne plus être dérangés par les "autres (les européens)" et les "divers (les non européens)". L’idée était la suivante : l’Angleterre aux Anglais, la Livre
(sterling) aux Grands-Bretons, le Chester…
Les Anglais ayant voté, des foules en délire avaient déferlé devant Buckingham Palace pour manifester leur bonheur : "enfin libres,
criaient-ils !" On n’avait pas vu cela depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale quand l’hydre hitlérienne avait enfin été terrassée.
Dans ces grands moments de communion nationale des zones d’ombre persistent pourtant. Certains déversent leur bile et leur rancœur. D’autres se taisent et
n’en pensent pas moins. Ce sont les plus dangereux. Ils se disent Anglais à l’extérieur (d’ailleurs ils parlent l’Anglais impeccablement), ils n’hésitent pas, pour détourner l’attention, à
boire du thé comme les brexitophiles et même, comble de duplicité, ils connaissent par cœur les prénoms des petits-enfants de la Reine et leur ordre dans la succession au
Trône.
Or, ils n’en ont rien à faire car ce sont des traîtres. Des manieurs de double langage. Un indice ne trompe pas : les Anglais qui veulent quitter le
navire sont de plus en plus nombreux. Ils déferlent partout : Irlande, Ecosse, Australie, Allemagne et même France et partout viennent réclamer l’Asile.
Plus grave : ils savent que les pays Européens sont lassés par les migrants et que l’obtention d’un visa est de plus en plus difficile. La
naturalisation? Il n’y faut pas penser. Alors, ils prennent les voies les plus dangereuses : ils essayent de joindre le continent à la nage. Les tentatives les plus désespérées sont-elles
les plus belles ? Peu importe : quand la liberté est sur l’autre rive, tous les moyens sont bons pour l’atteindre.
C’est ainsi que sont morts noyés, vaincus par la mer, deux britanniques qui étaient partis à la nage rejoindre les côtes de France, la terre promise.
D’autres suivront : on ne pourra pas empêcher les Anglais de se jeter à l’eau (il faut reconnaître que c’est nouveau, en général, ils préfèrent y jeter les autres) ? Comment retenir ces
foules qui voient dans la France d’abord, dans l’Union Européenne ensuite et même dans la zone euro ( à quels sacrifices ne sont-ils pas prêts ?) la fin de leurs souffrances et le début
d’une vie nouvelle ?
On dit qu’à la suite de cette avant-garde vont suivre les capitaux. En premier lieu, ceux qu’on nomme familièrement les capitaux flottants. Ceux-là n’ont
pas peur de faire des vagues et savent choisir les « safe heavens ».
Pourquoi ne prennent-ils pas l’Eurostar qui est sûr ? Hélas, les places sont retenues pour les deux ou trois prochaines années afin de rapatrier
les Français qui se sont laissés abuser par la propagande du « red carpet » de David Cameron. La République n'abandonnera pas ses enfants perdus dans un monde désolé.
Autrefois, le vocabulaire journalistique se piquait d’une certaine richesse littéraire. On n’interpellait qu’avec prudence car « il faut savoir raison garder ». On savait
où se trouvaient les vraies valeurs, car "il n’est de richesse que d’homme". Quand on ne savait plus que dire devant des choses vraiment terribles, on y allait franchement : l’horreur était
« indicible », la violence des propos laissait « sans voix » etc. les appels à la solidarité étaient « inaudibles ».
Maintenant que la presse doit rivaliser avec les « Walking deads » et les « Serial and sexual killers », elle cherche les images fortes. Celles qui font
trembler.
C’est ainsi que les commentaires sont devenus « cinglants ». Par exemple, Emily Ratajkowski met les points sur les «i» ! …dans Glamour US … le top de 25 ans rédige un essai
féministe cinglant. Ce n’est rien à côté des Françaises de l'équipe de France de basket fauteuil qui ont connu un nouveau revers cinglant contre la Chine (59-39). Montons d’un cran et retrouvons
Mélenchon. Celui-ci lance ce tweet cinglant après la démission de Macron : « Hollande ne produit que des monstres". Nous n’oublierons pas la réplique cinglante de Manuel Valls aux élus
...
On en vient à se demander d’où pareil mot peut venir. On hésite entre marine à voile et claquement des fouets. Si on écrivait « singler » comme on l'a toujours fait jusqu’au
XVIème siècle, les bateaux singleraient et les commentaires seraient cinglants. On ne pourrait plus se tromper.
Pareille accumulation devrait prêter à rire si la fièvre journalistique n’était pas tombée en dessous de zéro défiant au passage le prétendu réchauffement climatique. « Comment
êtes-vous entrée dans la peau de ce personnage à la fois attachant et glaçant… » interrogeait un journaliste. Un peu plus tard, un autre relevait un propos : « il était calme,
menaçant et glaçant. On le sentait capable de passer à l'acte ».
On relevait aussi qu’on avait produit un Teaser glaçant pour la nouvelle série Channel Zero et que HRW publiait un rapport glaçant sur le Soudan (pourtant frappé par des températures très
élevées). L’effondrement de la température journalistique allait jusqu’en Allemagne où « le quotidien glaçant d'Heinrich Himmler » était exhumé.
Faut-il s’étonner qu’un journaliste ait divulgué cette information glaçante au sujet de Phoenix (Arizona) : la température y est montée au-dessus de 45,5 degrés Celsius au cours de
l’été. On attend pour les jours prochains, une réponse cinglante.
Ne cherchez pas: les gens qui cinglent ne sont pas tous des cinglés et les gens qui glacent ne sont pas en sucre.
Vous qui demeurez attachés à cette formule simple : « l’eau du pôle nord est glacée et les blizzards qui y soufflent sont glaçants », gardez-la au fond de votre mémoire. De
nouvelles menaces sont sur le point d’éclater. J’ai aperçu dans le lointain des expressions qui s’élançaient : les commentaires pleins de fiel seront bientôt "grinçants" et les
journalistes de plus en plus "crispants".
Il vous suffira de tendre la main, vers les librairies du net,
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