Les chroniques du mois de Septembre
- Migrants Syriens: le dilemme, un boulot chez VW ou se battre pour la liberté?
- Quels logiciels nous protégeront des logiciels?
- Un conte d'automne: il en coûte de plus en plus cher d'être riche
- La fin de la crise aura lieu en 2028
- Les Sociétés modernes sont insensibles au terrorisme ordinaire
Première version dans Kritiks en mai 2009.
Promenons nous dans les bois….les erreurs de jugement commencent toujours par une euphorie, un moment de bonheur, un plaisir arraché aux méchants et aux malins.
Promenons nous …
La chanson sait bien que ce moment là ne durera pas. Le loup est là, dès le commencement de la promenade. Dans une heure, dans un jour, dans dix ans, il faudra payer pour cet instant de bonheur
Payer ? Pourquoi payer ? Et que payer ?
Et si être riche, ce n’était pas si cher que çà?
Qui parle de loup ?
Venez donc au Maroc, à Marrakech voir ces Ryads achetés dix francs six sous. Là-bas, on peut être riche pour trois fois rien. Avec une bonne retraite de cadre on fait un nabab. Bâtir un petit palais dans le style local, c’est possible.
Et Madame a enfin du service !
Un peu plus au sud, sur la côte, il y a ces petits villages.
La mer en plus ! Les levers de soleil… Et ces filets de pêcheurs que les hommes reprisent avec la lenteur des sages.
Et toute une population si charmante. Il n’y a pas de ces jalousies là-bas. Les riches sont riches et les pauvres sont pauvres. Un ordre naturel que le rythme des siècles n’est jamais venu troubler.
On peut se promener sans frais excessifs. Le loup n’y est pas !
Bien sûr, dans les pays riches être riche c’est plus cher.
D’ailleurs, il y a des pauvres dans les pays riches, des gens qui n’arrivent pas à atteindre au moins la richesse moyenne…. La richesse par tête en moyenne aux Etats Unis ? 120 dollars par jour ! Un pauvre américain, n’a pas beaucoup d’argent, mais il en a beaucoup plus qu’un libérien, pas même pauvre ! La richesse moyenne par tête aux Libéria ?… 1 dollar par jour !…au Libéria, franchement çà ne coûte pas cher d’être riche !
Dans la forêt, les promeneurs américains côtoient-ils les promeneurs libériens, comme si de rien n’était ?
Et si, le loup rôdait tout à côté ?
Et si le loup y était ?
Un instant de bonheur, dans un monde déchiré, violemment inégal peut-il être gratuit ? La prétention à être heureux est-elle simplement pensable quand le malheur est à la porte d’à coté ?
Le loup qui rode dans les bois ? Tous ces gens qui ont faim ? Ils devraient se tenir à distance et supporter la promenade des obèses ? Le loup, un animal efflanqué et galeux comme ces pauvres, ces malades, ces crève-la faim qui écoutent prostrés le chant des mandibules des promeneurs au fond des palmeraies… ?
Ou bien le loup serait ces gens qui, de temps à autre, déferlent en violences pures de haine et de meurtre pour bouffer les consommateurs, jouir des jouisseurs, détruire les palais et en faire des masures. De temps à autre.
Autrefois, le temps pour arriver jusqu’aux promeneurs était très long. On crevait de faim avant de les atteindre… Le plus souvent, on ne partait jamais sachant le chemin impraticable et bien défendu par les distances et le relief. Parfois, le loup, sous-informé, ne savait même pas qu’il y avait des promeneurs dans la forêt. Il était aussi arrivé qu’il ne sache pas ce qu’était un promeneur !
Le loup n’a jamais cessé de roder mais, autrefois, il était loin. On avait le temps de s’éparpiller lorsqu’il jaillissait.
Les temps modernes sont arrivés. Le loup est toujours là et, chose nouvelle, il sait ce qu’est un promeneur.
Maintenant, lui aussi profite des progrès de la science et des techniques. Il a appris que les Ryads restaurés sont des vitrines, que la vraie richesse est là-bas, plus au nord. Il sait que les chemins sont goudronnés, que les montagnes sont franchissables et qu’ont peut traverser les mers.
Traquer les promeneurs n’est plus insurmontable. Il sait qui ils sont et où ils sont. A portée de bateau, d’avions ou de camions.
Le loup rôde de plus en plus prés des riches.
Et si tenir le loup à l’écart coûtait une fortune ?
Etre riche n’est plus une simple petite affaire de billets de banque qu’on crame et de promenades rustiques.
Les loups sont proches.
Les miradors surveillent maintenant les forêts dans leurs plus grandes étendues. On a beaucoup investi dans la fourniture de moyens de défense et d’auto-défense. Les promoteurs de vie de riches ont complété leur offre de service.
Les promenades sont accompagnées.
Gardes, gardiens et patrouilleurs ont été intégrés dans le contrat de base. L’équipement est plus ou moins sophistiqué selon les formules. Il en coûte désormais beaucoup plus cher de vivre richement. Une promenade en Irak, un mur de sécurité autour d’une bande de territoire à Gaza, un blocus un peu partout …c’est cher quoi qu’on en pense et même si on gère çà de mieux en mieux.
Cela coûte de plus en plus cher de se promener dans les bois.
Loup y-es-tu ? Pas encore ! Mais pas loin.
Si on n’y prenait garde, arrivant de partout, il s’infiltrerait et viendrait se servir.
Et si, c’était une sorte d’accident naturel?
On peut tenter les réponses classiques : la police, les répressions militaires. De la violence contrôlée menée par des gens payés pas trop cher, surtout s’il s’agit de conscrits. Si, malgré tout, çà ne marche pas c’est qu’il s’agit de risques naturels. Même chose que, lorsque se promenant dans la forêt, on reçoit un arbre sur la tête. Les anciens grecs disaient que c’était tragique (de recevoir une statue sur la tête, pas un arbre !!!). Il y a toujours eu de riches destins tragiques. On en a toujours fait des poésies et du théâtre.
Bel et bon tout ceci ! Mais çà ne fait pas avancer très loin.
Régler cette question centrale de la circulation sereine dans les forêts suppose de prendre le risque de repenser la question de A à Z.
Transformer les promeneurs en chasseurs ? Sur un plan court-termiste, l’idée ne manque pas d’être séduisante. Les promeneurs profiteraient toujours de la forêt, on leur fournirait une prestation en plus, la chasse au loup. On les équiperait en conséquence et on les lancerait dans la nature. Un risque pourtant : Un promeneur n’est pas nécessairement un bon chasseur-traqueur de loup. Ils pourraient bien rater les loups et se faire boulotter !
Une autre version serait de chercher à diminuer la combativité des loups : les romains appelaient çà « panem et circenses ». Leur expérience a été positive mais a vite rencontré des limites. A la longue çà coûte une fortune en installations et en fournitures diverses et çà revient à traiter les effets en espérant régler les causes. En tout cas ça n’a pas du tout diminué le nombre des loups. Au contraire…et cela a fini par mettre les finances de l’Empire à l’envers et les loups de plus en plus nombreux débarquaient avec leurs écuelles.
Il faut penser plus loin, plus révolutionnaire, plus logique surtout.
Et si, on proposait aux loups de venir se promener ?
C’est cette idée d’empire Romain qui y fait penser.
Panem et circenses, n’est pas un bon truc puisque cela consiste à dire au loup de manger ce qu’on lui donne. ll perd sa liberté.
Ecoutons Bill Gates. « Je crois que les grandes fortunes doivent aller des plus riches vers les plus pauvres ».
Sympa Bill Gates.
Genre Saint Martin!
Il risque d’être bien seul ! Et ses copains vont aller suggérer qu’il ne va pas très bien dans sa tête ! La preuve, il se prend pour Saint Martin !
Un promeneur éclairé devrait raisonner différemment.
Il se dirait que se promener tout seul en faisant comme s’il n’y avait pas de loup est une sottise. Il en viendrait à ce constat que, pour se promener en toute tranquillité, les riches font des guerres qui coûtent cher….
Prenons l’Irak, par hasard, 2000 milliards de dollars.
Il s’inquiéterait de la dérive des prix dans ce domaine : plus on avance dans le temps, plus c’est cher. On ne peut pas comparer le bricolage pas cher, « copain-copain », des franco-britanniques à Suez en 1956 avec la première guerre d’Irak !
Il se dirait alors que les riches seraient bien avisés de se rapprocher des loups et de les convertir en promeneurs….il se dirait qu’à défaut, les obstacles naturels étant devenus des passoires, les forêts pourraient bien devenir des coupe-gorge.
Il reprendrait la formule de Bill Gates, avec quelques changements. On ajouterait « pays », ou « nations », ou « peuples », peu importe, devant « riches » et « pauvres » et çà commencerait à donner quelque chose.
2000 milliards de dollars : la guerre d’Irak.
Le PIB du Niger, 9 milliards,
Celui du Togo 5…
Le Bangladesh (ils sont plus riches) 200 milliards.
Et si les promeneurs cessaient de gâcher les milliards ?
On a évoqué un curieux logiciel implanté dans un
appareil photo nommé «Camera Restricta». Cet appareil numérique «révolutionnaire» intègre un logiciel destiné à empêcher de faire des photos sans aucun intérêt, ces photos qui sont prises des
millions de fois, sous tous les angles possibles par des milliers de touristes. Le processus est le suivant: l’appareil géolocalise le photographe, puis le logiciel fouille dans les gigantesques
big data centers où sont stockées les photos numériques du monde entier à la d’une possible erreur. S’il la juge trop banale, la photo ne doit pas être prise. Le logiciel empêche alors l’appareil
de poursuivre.
Ce logiciel diffère du logiciel VW, allemand lui aussi, en ce sens que la «Caméra restricta» ne cache pas ce qu’elle contient, elle en est fière, au contraire. En achetant l’appareil, on sait qu’on achète un drôle d’instrument qui n’a pas été conçu pour vous simplifier la vie mais pour vous la compliquer. Il se met en travers de votre route quand ses algorithmes lui ont ouvert la voie. On sait aussi qu’il ne vous place pas dans l’illégalité. A l’opposé, quand on achète une VW, on ne sait pas qu’on acquiert un ou des logiciels qui auront, parmi d’autres fonctions, celles de vous compliquer la vie en vous associant à un méfait et vous en faisant complice inconscient d’une fraude.
Ces deux cas sont intéressants au regard du développement fantastiquement rapide des objets connectés. Premier problème: comment savoir qu’ils le sont? On a vu que les acheteurs de VW ne savaient rien. On a vu que l’implantation de ce logiciel n’était pas le fait du hasard ou de quelques petits malins aux Etats-Unis mais de toutes les usines VW. On sait que bientôt l’aspirateur, le lave-linge, le hamburger et les jouets des enfants seront connectés. On sait… Comment saura-t-on que c’est le cas, si ce n’est pas marqué sur l’emballage? Comment sera-t-on sûr que seuls les logiciels annoncés sont implantés et pas d’autres?
On a donné un avantage éthique à la Camera restricta car le produit se présente clairement: il s’appuie sur un logiciel implanté dedans qui vous trace et analyse votre comportement. So far so good? Non pas vraiment! Qui a décidé des paramètres? Imaginez que ce soient des intégristes musulmans! Photographier une Vierge à l’enfant? Impossible! Comment être certain que ces paramètres sont conformes à vos idées et convictions? Annoncer sur l’emballage que des logiciels de «connection» sont installés n’est donc pas rassurant si aucun moyen n’existe de vérifier le «contenu logiciel» du produit. Il faudra plus encore se méfier des produits qui s’annonceront «connection proof»!
On imagine quel marché considérable de la sécurité des objets va émerger bientôt: au consommateur soucieux d’indépendance et de vérité consumériste, on fournira le moyen de s’assurer qu’un produit est vendu «logiciel proof» ou de vérifier quels logiciels ont été implantés. Mais les mauvais esprits penseront évidemment qu’il faudra commencer par se méfier de ces objets-là, avant les autres!
Cette chronique a été publiée par le Huffington Post.
Tout le monde descend...c’est la crise ! Et s’il s’agissait d’une transposition de la procession d’Echternach ? Dans cette petite ville du Luxembourg une procession annuelle se déroule sur un mode original : les fidèles font trois pas en avant, puis deux pas en arrière, et ainsi de suite jusqu’à atteindre le sanctuaire de Saint Willibrord.
La Crise, est-ce descendre deux marches ?
C’est dur quand on a eu l’impression d’une avancée spectaculaire en grimpant trois marches quelque temps auparavant. C’est dur, en effet, quand on prend la mesure de ce que coûtent les deux pas en arrière. Une baisse du PNB américain, de l’ordre de 5%, c’est effacer l’économie Australienne dans son intégralité ou celle du Brésil ou même celle de la Russie ! Cette crise qui nous vient des Etats Unis ravage le monde : la Grande Bretagne, dans l’exacte trajectoire du cyclone, perdra peut-être 5% de PNB. On imagine que c’est douloureux pour les anglais ! On n’imagine pas que ce qui sera perdu est équivalent au PNB des Philippines, du Pakistan ou des Emirats Arabes Unis. Et ainsi de suite, le mal se répand. Encore n’a-t-on pas parlé des autres puissances parmi les puissants que sont la France et l’Allemagne. Eux aussi sont contagieux ! Certains pays, quant à eux, l’Islande, l’Irlande… sont renvoyés cinq ans, dix ans en arrière.
Quand les américains descendent d’une marche….ou, plus grave, de deux, tout le monde descend ! Quand les consommateurs américains décident de moins consommer et d’épargner davantage…c’est un séisme, qui secoue l’ensemble du monde.
Et pourtant, s’il ne s’agissait que de deux pas en arrière, y aurait-il lieu de s’inquiéter ? Après ces deux pas en arrière, n’y aura-t-il pas trois pas en avant. ? Comme s’il s’agissait d’un cycle ! Il suffirait de serrer les poings et les dents, de se recroqueviller, de laisser passer l’orage. Demain, il fera beau. Et nous monterons les trois marches.
Les trois marches sont-elles une métaphore des trente glorieuses évaporées depuis si longtemps et qui seraient enfin retrouvées ?
Trente glorieuses ! Les deux mots mythiques sont lâchés. Trente années pendant lesquelles une croissance économique moyenne de 5% par an, jamais vue dans le passé, a transformé les sociétés occidentales et les autres. Trente années pendant lesquelles le monde se couvre de rails, d’autoroutes et d’aéroports. Trente années qui ont vu la révolution des transports, grâce à la fantastique explosion de l’industrie du pétrole, celle apportée par la tertiarisation des économies et par les avancées scientifiques dans le domaine de l’agriculture. Ce sont trente années de progrès de productivité dans l’industrie, d’accroissement considérable de l’enseignement et de découvertes innombrables dans les sciences fondamentales et les technologies.
Les trois marches, trente ans, une marche pour dix ans. La procession d’Echternach ?
Il faudrait achever cette crise comme si le monde avait besoin de phase de repli, accompagnée, comme disent les chartistes d’une accumulation de puissance. Au bout de cette phase, les forces accumulées se libérant, de nouvelles trente glorieuses années se déploieront pour le bonheur des peuples, au bout de 20 ans de crise, en l’an de grâce 2028 la marche en avant reprendrait !
Et si la chose à éviter, c’était ce fameux « retour » aux trente glorieuses?
Ces trente années n’ont-elles pas retenti des cris comme ceux du roi agonisant : « que de sang, que de sang autour de moi ! »
Le prix à payer pour ces trente merveilleuses a été singulièrement élevé. On avait détruit comme jamais pendant les trente années qui précédaient ! Belle affaire que cette croissance de trente ans sans précédent dans l’histoire de l’humanité! A la fin de la seconde guerre mondiale, le produit intérieur brut par habitant, en France, était revenu au niveau atteint en 1891. Les pieds dans les décombres, quel mérite à faire exploser les taux de croissance ? La Renaissance suit la peste noire et un nouveau monde a émergé de populations décimées de campagnes ruinées et de villes abandonnées !
Hasard des temps? Qui fait bien mal les choses, car, succédant à des années de destructions, les trente glorieuses se sont déroulées au milieu d’une suite incessante de menaces de guerres et de massacres, à la fois comme toile de fonds et comme motivation. Menaces de cataclysme atomique. Menaces de conflit total entre les « blocs ». Menaces de guerres civiles. Guerres coloniales.
Les trente glorieuses n’ont-elles été qu’un jeu à somme nulle ?
Parmi les perdants : les pays dits, autrefois, sous-développés. Au cours de ces trente années l’écart entre eux et les pays développés n’a cessé de s’accroître. Durant cette période sont nés des néologismes qui parlent toujours très fort : tiers-monde, quart-monde. Pays qui n’avaient pas la main dans ce jeu et qui n’avaient pas non plus de capitaux à miser. D’autres, plus puissants, pouvaient changer les règles et dire que dorénavant le dollar valait de l’or. Et convaincre les producteurs de pétrole et de matières premières que les échanges passaient par des prix nécessairement réalistes. Donc des prix bas et surtout inchangés pendant toute cette heureuse période malgré une inflation permanente dans tous les pays riches.
Rêver des Trente glorieuses, ce serait s’accoutumer par avance à l’idée que la crise qui frappe l’ensemble du monde est « fatale ». Il faudrait être patient. Economiser et attendre. La fatalité fera son travail. Tout reviendra dans l’ordre : les trois marches à monter. Attendre 2028, patiemment.
Sans autre réaction que cette conviction dans le retour des cycles, il est certain que la montée des peurs sociales et des fanatismes religieux auront vite raison de l’espoir que la fin des « blocs » avait soulevé… alors qu’il est déjà fort mal en point. La dislocation des Etats, sous couvert de la belle idée d’indépendance des peuples, ont déjà ouvert la carrière aux mafias et aux trafics. Les pandémies de plus en plus violentes frappent les zones les plus pauvres. Les peurs, les fléaux, les guerres de plus en plus sales de pair avec les dérèglements climatiques vont pousser des peuples entiers hors de chez eux.
Avec de pareils ingrédients, on n’a pas de mal à imaginer le chaudron et le diable pour remuer le brouet. Il faudra beaucoup d’imagination pour soutenir que « sur un monde en ruine et sur des bûchers encore fumant, trente glorieuses années de croissance suivront ».
Il faut rendre à l’image de la procession d’Echternach, son vrai sens. Celui de gens de conviction qui vont résolument, ensemble, vers un objectif, quels que soient les délais et les obstacles. Celui d’hommes et de femmes qui comprennent que l’avenir du monde est une conquête, celle des trois pas en avant. Les deux pas en arrière sont là pour rappeler qu’il faut craindre l’arrogance et la suffisance de ceux qui pensent avoir trouvé la « formule » des trois pas en avant.
Inventer un monde pour demain sans passer par le chaos et les ruines, sans se soucier des heures heureuses du passé, ni de toutes les « trente glorieuses » de tous les temps ? Et surtout, ne pas attendre que les fameuses vingt années soient passées. Ne pas attendre jusqu’en 2028.
Daesh, pour terroriser les sociétés occidentales, est engagée dans le cycle classique des films gore et des images d’horreur. Plus ça va, plus il faut massacrer. Plus on massacre et plus l’horreur doit se faire encore plus horrible. Les terroristes contemporains doivent décapiter, individuellement ou en groupe, ou brûler, enterrer vivant, violer par tous les moyens etc. Et aussi, pour se faire remarquer, pensant qu’il est des œuvres essentielles à la survie de la civilisation occidentale, pensées et monuments venus du passé et des sociétés antiques, les terroristes font sauter quelques monuments historiques, imaginant couper des racines. Ils ne voient pas que les critères de la sensibilité occidentale se durcissent. Ils ne se rendent pas compte qu’il ne vient plus à l’idée de personne de proclamer: «Je suis Syrien» ou «Je suis migrant» ou «Je suis Mohammed (l’équivalent de Charlie dans les pays arabophones»).
Les massacres sont objet d’attristement chez les Occidentaux mais ça ne les a jamais empêchés d’avancer. Quitte à vivre avec ! Les tueries des islamistes les plus bornés sont d’aimables plaisanteries comparées à la violence aux Etats-Unis: 30 000 morts par an par armes à feu dont 11 000 homicides. Le coût de ces tueries, de l’ordre de 229 milliards de dollars, équivaut aux dépenses américaines de santé. Il est supérieur aux PIB de la Finlande, de l’Irlande, de la Hongrie… Et la France, avec ses 3500 morts annuels par accidents de la route? (en 10 ans, la population de Périgueux est vaporisée!). Elle vit bien.
Même pas peur? Un massacre dans le Thalys ne serait pas plus désagréable qu’une piqure de moustique? Une bombe sur le passage d’un marathon n’empêchera pas de futurs marathons au même endroit. Que faut-il faire pour faire mal aux pays occidentaux?
Il ne faut pas chercher bien loin. Il faut faire comme les Roms de l’A1. A une vingtaine, ils ont pu bloquer des milliers de gens. Il faut procéder comme les migrants de Calais. A deux ou trois, ils peuvent empêcher un Eurostar de partir. Il suffit d’imiter les agriculteurs de la FNSEA qui ont bien l’intention de bloquer les accès à Paris «pour qu’enfin on les entende» et de verser du purin sur les axes secondaires pour qu’on sente que les besoins sont urgents. Autrefois, il y a presque un demi-siècle, on avait inventé les grèves thromboses. Une rupture dans les circuits: un AVC social et technologique aux conséquences bien connus.
Bloquer la circulation est la pire des menaces pour les sociétés occidentales. Bloquer la circulation de tout, celle des voitures, des camions, des avions et des navires, de toute évidence. Bloquer aussi la circulation de l’information, placer des grains de pixels pourris, des parcelles de data frelatés aux mauvais endroits pour que les machines grippent. Si les réseaux globaux ne peuvent fonctionner sans heurts, sans doutes et sans à coup, alors plus rien ne peut fonctionner. Sans l’incontournable «laisser passer» le libéralisme s’effondre et les sociétés occidentales avec lui.
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