- Arnaud Montebourg, la Vanité de Moi-Président
- Arnaud Montebourg a-t-il été sacrifié à l'Allemagne
Arnaud Montebourg: la vanité de Moi-Président (Paru dans les Echos, en octobre 2012)
Cette photo a fait le tour du monde. Un ministre de la République en marinière et mixerphore n'est pas fait pour passer inaperçu. Pourtant il ne faut pas se laisser aller à la première impression. Le message délivré par cette photo est beaucoup plus complexe qu'il y parait....
Il n’y a pas de hasard dans l’Art. L’Art ne survient pas au détour du chemin devant l’artiste subjugué et ravi. L’Art est volonté. La photographie d’Armaud Montebourg (AM) en est une illustration. Elle veut dire quelque chose. Est-elle un message? Et si oui, de quoi nous parle-t-elle? De la Vie? De la Mort? De la légèreté de l'Etre et des illusions dans lesquelles nous vivons?
C’est une photo posée mais ce n’est pas une photo officielle.
A l’inverse de la célèbre photo de Moi-Président, floutée, en pied, mais sans pieds, officielle prétendait-on et, dans le même temps, manifestation de l’esprit créateur d’un grand photographe, Depardon, la photo de AM, Ministre de l’Industrialisation de Moi-Président, n’est pas une photo « officielle » destinée à être affichée partout où il y a aura de l’industrialisation à faire ou à refaire. Elle n’est pas conçue comme un appel : « nous avons besoin de vous ». Son doigt n’est pas pointé autoritairement vers nous pour nous enjoindre le rejoindre.
Ce n’est pas non plus une photo de paparazzi telles ces photos volées révélant des seins nus royaux ou montrant Elle-Première-Dame sortant de l’onde. AM n’a pas été surpris dans une posture torride à l’intérieur d’un local glauque. Quelque soit l’hostilité qu’on puisse nourrir à l’encontre d’AM, il n’est pas possible de tirer de cette photo, l’indice ni la preuve d’un comportement honteux ou contraire à la loi.
On voit donc que cette photo a été absolument posée. AM, n’est pas arrivé par inadvertance devant l’objectif comme Moi-Président dans la Photo officielle du GPF. (Sinon la photo de Moi-Président, n’aurait été ni floutée, ni coupée et on aurait vu ses pieds..). Il a été photographié parce qu’il l’a voulu.
Preuve claire et sans appel de cette opposition entre les deux photos, celles de Moi-Président et celle d’AM : le drapeau Français. Dans la photo officielle de Moi-Président, le drapeau français n’est qu’une impression lointaine et indistincte à ce point que de mauvais esprits sont allés penser que, telle qu’il était étendu et pendouillant, c’était un drapeau hollandais. A l’inverse, la photo d’AM étant posée, le drapeau français derrière lui est comme un roc : la France est solide et droite comme son drapeau.
D’autres détails révèlent la photo posée : malgré les apparences, son vêtement n’est pas une fringue d’été comme dans la photo de Moi-Président en Vacances. Il n’a pas été surpris sur une plage. On ne voit ni mer, ni rocher, ni sable, ni ciel bleu. AM est donc bien venu devant l’objectif de son plein gré pour poser.
Si ce n’est pas une photo officielle, pourquoi est-elle posée ?
Ou dit autrement, qu’est-elle donc cette photo, posée mais pas officielle ? Ce pourrait être une fausse photo d’AM. Plusieurs de ses amis ont pensé à un photomontage. D’autres ont dit qu’il s’agissait d’une photo prise dans un bal vraiment masqué où un convive aurait mis un masque d’AM. Nous avons confié cette photo à nos laboratoires. Ils sont formels. Ce n’est ni un montage, ni un masque: c’est, la technique le confirme, une photo d’AM.
Cette vraie photo, a-t-elle été prise à l’occasion d’une fête comme le déguisement pourrait le laisser penser ?
La réponse est négative pour deux raisons au moins : il y manque un peu de folie. Elle est trop sérieuse, trop «technique»…Trop posée, justement! On ne voit ni traces de cotillon, ni négligé, ni vêtements froissés ou cheveux ébouriffés qui sont la marque distinctive d’une fête. AM, posant, est trop sage, trop impliqué dans quelque chose qui n’est ni de la rigolade, ni de la légèreté. Son regard en dit long, il n’a pas le vague des longues heures passées à danser, chanter, rire. Son regard, interpelle, il porte un message.
Cette photo posée est donc une photo faite pour faire passer un message.
C’est pour cette raison qu’elle est posée et qu’elle est claire, sur fond de drapeau français lisse et imposant.
Quel est le message véhiculé par la photo d’AM ? Ce n’est pas si simple ! On sent que le photographe et l’éditeur de la photo n’ont pas voulu lui conférer une lisibilité à « fleur de papier». Ils ont voulu créer un choc sémantique. Ils ont voulu que le « regardeur » de la photo ne puisse pas penser qu’AM n’est qu’un banal bonimenteur et n’est là devant nous que pour de la réclame. Ils ont voulu qu’elle donne à penser.
Dans ce but, ils ont brouillé les pistes : une bulle en haut et à gauche d’AM. annonce « Cinéma, la dernière surprise de Disney ». Quoi de plus troublant ? AM, ferait du Cinéma ? Il aurait passé un contrat avec Disney ? En dessous de ce texte, plus mystérieux encore, on évoque le passage d’éoliennes volantes dans le ciel! Transhumance hivernale ? Le rapport avec le Ministre de la réindustrialisation serait évident : AM doit empêcher que les usines quittent la France à tire d’aile ou par d’autres moyens. Il ne peut donc pas être indifférent à l’envol des éoliennes !...
On voit donc qu’AM, posant, n’émet pas un pur message publicitaire. Le décryptage est trop complexe. Pourquoi, en tenue de petit marin, AM porterait-il un mixer comme une maman son nouveau-né?? Pourquoi être vêtu d’une marinière devant le drapeau national. S’agit-il d’un message militaire (mais ce n’est pas son domaine de compétences) ? S’agit-il d’un message sur les parfums et les producteurs de moules? S’agit-il d’une photo à clefs… qui ne montre son message qu’à ceux qui ont fait un vrai parcours de compréhension.
La photo de Montebourg est celle d’une moderne Vanité
Les clefs, en voici quelques unes : le Mixer fait ici office du Crâne de mort. La Marinière symbolise le vêtement des prisonniers et des condamnés. La montre noire nous parle de la désespérance des sites industriels en voie d’abandon.
Cette photo est une Vanité: annonciatrice des temps contraires, des damnations et de la résistible prétention des hommes. Elle renouvelle le genre. Moderne Vanité, dénonçant la Crise qui partout fait naître des idées sinistres, elle affiche AM sous le triple fardeau du Mixer, de la Montre et de la Marinière (les trois M) pour jeter un défi pathétique et grandiose au quatrième « M »: La Mort.
Arnaud Montebourg est la vanité de Moi-Président
Paru dans le Figaro Vox 27/08/2014
Montebourg remercié : victime de l’étranger ou de ses moulinets de bretteur ?
La politique de l’offre vient-elle d’être sacrifiée en France pour complaire… ? Complaire à qui ? A Bruxelles, aux Allemands, à l’idée que le Premier Ministre reconduit se fait de l’économie ?
Enonçons le problème plus directement. Le Premier Ministre a remis sa démission en raison des divergences internes de l’équipe gouvernementale au pouvoir. Sa décision a été prise à la suite des déclarations fracassantes de son fringant ministre Arnaud Montebourg. Celui-ci, Hussard de l’économie française, s’en était allé ferrrailler devant les cadres socialistes comme il ferraillait depuis sa nomination dans le gouvernement Ayrault, pour sauver des « pans entiers de l’économie française ». Enonçons le problème encore plus frontalement : les appels d’Arnaud Montebourg faisaient parfois penser aux grandes paroles de l’économie gaullienne quand le verbe se faisait chair et la volonté se faisait action concréte, plans, ordre économique, entreprises avec le petit doigt sur la couture du pantalon… On en venait à rèver de charges victorieuses, pareilles à celles des jeunes généraux de la république les Kleber, les Hoche, Jourdan, miracles de foi politique et de jeunesse.
Fin d’un acte ou début d’un autre ? Montebourg, auto-déclaré prince du volontarisme économique se serait heurté à une ligne de défense : celle du modèle économique triomphant, de la politique de l’austérité, de la résistance aux tentations inflationnistes, politique de libéralisation du marché de l’emploi et d’abolition des politiques de redistribution. Montebourg aurait tenté une charge héroîque pour briser ce qui paraît être un nouvel épisode de glaciation économique! Il serait tombé enfin, fauché par les remarques sanglantes d’Angela Merkel jetant à la poubelle les appels du Président Français à plus de souplesse, plus de coopération et enfin à une relance économique par le poids lourd de l’Europe.
Le Premier Ministre, à cette aune-là n’aurait donc été que le représentant du parti de l’étranger ? Celui-là qui, à Bruxelles et à Berlin, décide pour l’Europe. Celui-là qui a décrété que ce qui est bon pour les sages pays du Nord, l’Allemagne et ses clones, est bon pour l’ensemble des pays de l’Union. Faut-il alors penser que la politique de François Hollande et de son Premier Ministre est maintenant calquée sur les exigences de «l’étranger» ? Faut-il penser que la politique française consiste essentiellement à «accommoder les restes» et que la peur obsessionnelle allemande de l’inflation doit être partagée par tous, la France en premier?
Qui ne voit que l’attitude de l’Allemagne devient de plus en plus incompréhensible ? Ici et là, cette incompréhsension trouve des portes-parole, qu’il s’agisse de Bruxelles via le commissaire européen à l'Emploi Laszlo Andor, par exemple, ou même en Allemagne via la Fédération de l’Industrie. Ceux qui doutent ouvertement de la politique économique de Berlin ne se cacheraient plus ? Les charges de Montebourg portaient contre le «modèle imaginaire » allemand. Comme portent les critiques de plus en plus fréquentes de bon nombre de pays européens vis-à-vis de Bruxelles, vis-à-vis des politiques d’austérité!
Que peut on dire de cette embardée politique si ce n’est que les moulinets de sabre sont souvent plus élégants qu’efficaces ? C’est un vrai travail que le redressement de la France : il ne peut s’accomplir dans le court terme et l’improvisation. Alors, fallait-il sacrifier le Hussard ? Le temps d’aujourd’hui serait celui des Carnot et pas celui des sabreurs, celui des négociateurs et des réformateurs, celui du travail enfin.
Il faudra que le Premier Ministre réussisse, quitte à faire siennes les idées du Hussard désarmé, faute de quoi la France retournera vers ses vieilles lunes romantiques quand, à défaut du succés de l’action, on se retourne vers l’ivresse des discours.
Pascal Ordonneau est l’auteur de très nombreuses contributions sur les questions allemandes dans les Echos et Atlantico et d’un livre à paraitre en septembre : « Allemagne, l’empire retrouvé ou le modèle imaginaire »
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