Une nouvelle est tombée : L’île de Cuba est totalement privée d’électricité après l’arrêt de la principale centrale thermique.
Une autre nouvelle avait précédé : Le prix Nobel d’économie 2024 a été attribué à Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson pour leurs recherches sur les différences de prospérité entre les nations. Les trois lauréats n’ont pas succombé à ce qui fait l’enchantement des économistes nobélisables « classiques » : pas d’études approfondies sur les « conditions de la formation des prix dans le cadre d’un continent extrême : l’antarctique », pas de recherche expertes sur « la demande en blé dur dans les pays qui utilisent du blé mou », pas d’analyse gaussienne « des invariants dans la formation des courbes utilisées pour l’analyse des cas de concurrence monopolistique ». Rien de mathématique, d’algorithmique, ni de quantique. Rien d’autre que ce constat après des milliers de pages consultées, compulsées et décortiquées : les pays qui vivent en régime démocratique, c’est-à-dire fondés sur le respect de la liberté de penser et d’agir des citoyens et de leurs entreprises sont les seuls, quelques soient leurs niveaux de développement à croître économiquement et à accroître le bonheur moyen de leurs citoyens.
« Fin de l’envoi !» aura-t-on envie de proclamer : est touchée une littérature économique pédante, à prétention scientifique, pondue par des fans de mathématiques en tous genres, « hors sol » comme on dit maintenant.
On a envie de dire « mais c’est évident » ! Cela l’est tellement peu qu’il est bon d’entendre encore et encore des choses de bons sens sur la démocratie à commencer par la célèbre formule : « La démocratie est le pire système de gouvernement, à l'exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l'histoire ». Cela ne nous met pas à l’abri des imbéciles qui y vont de leur petit couplet « futé, malin, on-ne-nous-l’a-fait-pas » tel Baudrillard : « La démocratie, c'est la ménopause des sociétés occidentales, la Grande Ménopause du corps social. Et le fascisme est leur démon de midi. » Espérons la disparition de ces sublimes réflexions dans les poubelles de la pensée.
Peut-on ajouter des preuves et des arguments aux études de nos nobelisés ? Il faut penser à la belle idée que la démocratie représente pour certaines démocraties populaire, la Corée du Nord en particulier. Celle-ci vend ses soldats aux plus offrants (la Russie en la circonstance qui commence à manquer de chair à pâté). On n’évoquera pas le Soudan, ni les autres pays de cette partie de l’Afrique, d’aucuns nous accuseraient de racisme primaire. La Russie, qui est devenue leader en importation/exportation de viande humaine, a établi un vrai pont aérien depuis des pays africains vers la Biélorussie, pour propulser les heureux élus africains vers l’Union Européenne en sorte de la déstabiliser.
Parmi, les preuves « bas grade », il faut relever le soutien sans réserve des états voyous aux comportements du genre brigandage et piraterie, pillage de données, et ransomwares en diverses formes. La Russie est là, encore à la peine, la plupart des agressions informatiques contre des citoyens ou des institutions des pays démocratiques, sont non seulement protégées mais encore stimulées par ce pays. Ajoutons-y les démocraties religieuses qui font la guerre à distance, telle l’Iran.
Tous ces pays, Russie comprise, sont à l’écart des progrès mondiaux de croissance et de richesse. Partout dans ces pays, l’inflation est catastrophique. Le statut des femmes régresse. Les droits des minorités sont bafoués. Partout, les expédients les plus minables pour ne pas dire les plus monstrueux, sont de mise. La plupart sont sous la coupe de militaires qui seraient d’opérettes s’ils n’étaient dotés de ressources répressives telles qu’aucune opposition n’a de chance de s’exprimer, telles que quiconque proteste risque sa vie.
Ecrivant ceci, on a l’impression de donner dans l’expression d’évidences. Ce serait une erreur de le croire, trois hommes ont réussi à mettre en valeur, ce que des milliers de faux scientifiques essaient de cacher : aucun Etat démocratique ne peut exister sans la liberté conférée sans réserve à ses ressortissants ; tout Etat démocratique qui s’appuie sur la liberté offre de véritables opportunités de bonheur à ses concitoyens.
J’ai enfin reçu le catalogue des armes « Beretta Gallery ». Il est très beau. Certains esprits mal tournés imagineront un rapport symbolique entre sexe et fusil, carabines et autres instruments dédiés à ces armes. Laissons les grincheux à leurs grincheries et profitons de ce moment rare où un beau catalogue vous est envoyé gratuitement. Les armes sont en quantité. Leur esthétique est travaillée. Elles sont sculptées, gravées, décorées. On peut y ajouter des viseurs sophistiqués, des lunettes bientôt équipées d’intelligence artificielle. Il y a même des armes pour gaucher.
A y réfléchir, je ne sais pas trop bien pourquoi j’ai été l’heureux destinataire de ce magnifique document. Peut-être a-t-on su que j’étais gaucher ? Ma façon de taper sur mon clavier, les fautes les plus fréquentes qui trahissent une petite anomalie mentale ? Peut-être grâce à l’intelligence artificielle a-t-on repéré le signal faible qui me concerne? par exemple, n'ai-je pas été longtemps un passionné du « catalogue de la Manu » ?
C’est l’occasion de revenir sur ma conception des « signaux faibles »: ceux-là qui sont émis dans des domaines très disparates, parfois biscornus, voire farfelus. Il en est, pourtant discrets, qui parlent directement de l’origine des gens: origines sociales, géographiques, mentales. Il suffit d’une légère distorsion de prononciation pour faire apparaître un infime détail jusque-là caché: il suffit d’un signal faible. Un exemple verbal ? Le mot « cote » par exemple est un merveilleux signal faible. Combien de fois ai-je entendu évoquer la « côte » des valeurs mobilières ? Combien de fois m’a-t-on expliqué que monter la « cote » en direction de tel village n’est pas une mince affaire ! Ces signaux en disent beaucoup sur l’origine des gens et, parfois, sur leurs orientations morales. Ils permettent d’aller vite à des conclusions que des années de réflexion raisonnable n’auraient pu atteindre.
Pourtant, on peut revivifier des signaux faibles et certains signaux faibles peuvent dégénérer en signaux forts.
En prologue, on a évoqué le « catalogue de Beretta ». Parmi les signaux faibles qu’il peut avoir réveillé, (chez votre serviteur en tout cas) on trouverait les catalogues de la Manufacture des Armes et Cycles de Saint Etienne. Des collections de ces catalogues sont encore entassées en province, dans de vieilles malles couvertes de poussière . On ne les jetait pas, cela pouvait servir. Evidemment, avec le temps, ils perdaient de leur pertinence et, au bout d’une vingtaine d’années, laissaient voir que le monde avait changé .
Peu importe ! Les carabines restaient à peu près les mêmes et les fusils avaient souvent deux coups. Ils étaient magnifiques. Leurs culasses étaient damasquinées (mais cela coutait plus cher) et parmi les bois dont étaient faites les crosses, le noyer l’emportait, dur, résistant qui se sculptait facilement. Je n’ai jamais chassé de ma vie, je n’ai jamais tiré avec un fusil ni une carabine, mais je m’imprégnais du catalogue de Saint Etienne, quittant l’armurerie pour aller trouver la pêche et tous ses accastillages, ses mouches, ses moulinets et finalement tant de choses qui renvoyaient à l’armurerie. Ce souvenir est le parfait signal faible dont je ne savais pas qu’un jour ou l’autre, il me démasquerait, rappelant quelques origines provinciales, faisant tomber des pans entiers de mon arrogance parisienne.
Ce signal faible est réapparu au moment même d'une actualité atroce. Ce qui n’était que rêverie sur des images roussies et des pages fragiles devenait d'un seul coup une réalité prenant des aspects de banalité sinistre: un enfant de 14 ans venait d'abattre sur commande un pauvre type qui n’y pouvait rien. Les images de carabines et de fusils ne font plus partie des rêveries sur catalogues mais de la réalité. Ce ne sont plus des supports à l’imagination mais des outils qui ne sont destinés ni à la chasse, ni aux fêtes foraines mais à massacrer ses prochains.
C’en est vraiment fini de ces rêveries autour de la « Manu ». L’entreprise elle-même a disparu depuis longtemps et avec elle ses catalogues. On ne peut plus passer du fusil à canons superposés aux filets de pêche, aux mouches pour la pèche à la ligne ou à la canne. Les catalogues d’armes décrivent des outils. Les outils sont faits pour les ouvriers. Les bons ouvriers font leur boulot. Ils tuent. Une arme, ça sert à ça.
Je viens de recevoir le catalogue « Beretta Gallery. Voilà un signal fort!
Dans le fatras des informations que déversent devant nos yeux à défaut de nos têtes, newsletters, sites ou bulletins divers et où se côtoient l’insignifiance, le drame pur et les fake-news, il y a eu celle-ci : un conducteur de SUV a délibérément écrasé un cycliste qui lui avait dit quelque chose qui ne lui avait pas plu. Le cycliste est mort. Le contraire aurait été étonnant quand on connait le poids d’un SUV.
L’affaire du SUV est malheureusement très intéressante. Il faut prendre le sujet à sa racine. Pourquoi peut-on désirer acquérir un SUV ? Sous ce nom, se cache une sorte de char d’assaut sans tourelle de tir ni chenille (pour le moment). Une de ces bagnoles affublées de mufles plutôt que de calandres, haute sur patte comme les « véhicules de l’avant blindés (VAB) (voir l’image en tête de ce message), dominant par conséquent les autres voitures, les deux-roues même lorsque les vélocipédistes sont à belle hauteur et évidemment les piétons. Cela pèse deux ou trois tonnes. Ça bouffe des litres de diesel ou d’essence. Ça peut même avoir des côtés sportifs en particulier quand ces véhicules insensés sont produits par des marques de grosses bagnoles (nous ne donnerons pas de noms, chacun saura les reconnaitre). En son temps, je m’étais « lâché » sur l’absurdité de véhicules si lourd, si consommateur de carburant, si dangereux, leur force d’inertie pulvérisant celle des automobiles de tous les jours.
Ayant dit cela, on a, je le pense une première réponse à la question posée plus haut. Les types qui achètent ce genre de bagnoles s’imaginent qu’ils sont les seigneurs de la route. Ils les achètent pour montrer qu’ils ont des muscles, qu’ils ont de la puissance, pour montrer, allez disons-le mot, qu’ils ont des cou…les. Ce dernier point est particulièrement important car, il renvoie aux cours de recréation quand les conducteurs de SUV n’étaient encore que des morveux boutonneux et agressifs prêts à s’en prendre à des victimes un peu faiblardes.
Vous allez me trouver excessif ! De même que sous le pavé, il y a la plage, sous le conducteur de SUV, il peut y avoir un tempérament paisible, le désir de promener sa famille en toute sécurité, le plaisir de monter dans sa voiture et d’en descendre quand aujourd’hui, dans la plupart des automobiles, leurs propriétaires procèdent à l’inverse. Vous aurez raison, mais, reconnaissons que le propriétaire d’une 2 chevaux aura bien du mal à régler ses comptes avec un cycliste en lui passant dessus et en l’écrasant. Même avec une R5 ou une Peugeot 208 !
Dans la circonstance, le SUV tombe mal, au milieu d’une société où la menace et la rétorsion deviennent les éléments banals du dialogue social. Le SUV, c’est l’instrument du riche qui ne veut pas s’en laisser compter. Il a pour compères le cycliste et le trotinettiste, moins riches, qui se moquent absolument de ceux qu’ils risquent de percuter, les piétons par exemple, et qui n’hésitent pas à précipiter leurs instruments de transport sur qui les critiquent. Quand le conducteur de SUV est animé, consciemment ou inconsciemment d’un sentiment de puissance, les autres, cyclistes ou trottinettistes, vivent très souvent l’illusoire sentiment de la liberté. Ils ne doivent rien à personne et avancent droit devant, comme ça leur plait, comme un homme ou une femme libre doivent vivre leur liberté de se mouvoir. Doit-on entendre par là que le pauvre type qui s’est fait écraser par un hystérique du SUV n’avait probablement qu’à s’en prendre à lui-même ? La vérité est que plus l’instrument présente de capacité de nuire ou de blesser, plus son usage devrait répondre au moins, au respect du droit, au plus, au respect de l’éthique qui s’impose dans toute vie en société.
Cette affaire, à l’opposé, trahit la montée de l’individualisme le plus malsain, celui qui pose que les autres « ils s’écrasent », sinon « On les écrase ».
Nous ne nous rendons pas toujours compte du lent processus de la formation de nos esprits (et encore moins des processus de déformation). Et pourtant, on peut le voir à l’œuvre, sans cesse sollicité, dans des configurations infimes. Pensez à ces reflexes mentaux venus tout droit de notre histoire intellectuelle et des histoires qui en ont été dérivées. Ces phrases toutes faites qui, à la fois, contraignent notre pensée et la soutiennent dans certains moments d’hésitations intellectuelles.
« L’œil était dans la tombe et regardait Caïn ; Ce siècle avait deux ans ; Qu’il est joli garçon l’assassin de papa etc ; Du beau du bon Dubonnet ; le veau d’or est toujours debout ; no pasaran ; j’y suis j’y reste » etc…
Des collections de dizaines de pensées toutes faites viennent souvent au secours d’une panne de pensée ou, au contraire, pour conférer une autorité à une pensée qui en manque.
C’est ainsi que j’ai été mentalement sauvé par un très beau poème de Verlaine. Il faut décrire la situation et les conditions du sauvetage.
Pour une raison quelconque, j’avais convenu d’un rendez-vous et, arrivé en avance, j’avais voulu profiter d’un moment paisible dans cette partie de Paris qu’on a si justement nommée la nouvelle Athènes. Décision intelligente, censée ou paresseuse ? Toujours est-il que j’avais trouvé place Saint Georges, dans le IXème arrondissement, un emplacement idéal pour commander une tasse de café et laisser mon esprit vaquer à ses occupations personnelles. Il faut, parfois, savoir lâcher la bride à nos sens et regarder devant soi sans chercher à voir, écouter sans avoir l’intention d’entendre, rêver sans intention de penser etc .
Donc, ayant lâché mon regard et lui ayant permis de vagabonder selon ses goûts et ses passions, le voilà qui revint paisiblement vers moi, pour me donner à voir quelque chose qui lui avait paru intéressant.
Je redescendis sur la terre ferme de la réalité de tous les jours et regardai comme mon regard me le suggérait dans la direction qu’il m’indiquait. Il avait eu raison. A une table de distance, deux personnages politiques d’importance, un vieux soixante-huitard et un parlementaire socialiste vieillissant mais « plein d’espoir pour l’Europe et la France du futur ». Un troisième non identifié se tenait avec déférence en léger retrait : un garde du corps peut-être ? En tout cas ce n’était pas Mélenchon.
J’aurais pu me lever et me mêler à la conversation ou demander un autographe au moins, mais je n’avais pas le Monde sous la main, juste les « Mémoires d’un pas grand-chose » de Bukowski, qui, en la circonstance eussent passés pour une provocation ! Je ne fis rien de tout cela car instantanément, me vint à l’esprit quelques vers d’une poésie mélancolique.
« Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes, / Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes ! »
Mais non, ces beaux vers évoquaient « ce grand nom d’hommes » et les deux protagonistes qui bavardaient juste à côté de moi, ne me semblèrent pas du tout « coller ». Laissant mes souvenirs littéraires de côté, je me distrayais à regarder les deux compères, argumentant l’un avec l’autre d’un air, me sembla-t-il, attristé.
Et tout à coup surgit le souvenir juste d’une poésie triste. J’entendis le murmure discret d’une musique douce :
« Dans le vieux parc solitaire et glacé/ Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, / Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé/ Deux spectres ont évoqué le passé »
C’est alors que je regardai précisément les deux hommes : je ne rêvais plus ! Mon esprit ne jouait plus dans son coin enchaînant les jeux de mots et les images heureuses.
Je compris qu’ils s’occupaient du destin de la France.
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