C’est au cours d’une discussion passionnante sur le monde, l’Europe et la France évidemment que, brutalement, une question simplette débarqua : « la Russie au fait, c’est quoi ses
performances économiques ».
Silence.
Aucun des participants à cet échange sympathique dans un excellent restaurant parisien où la bonne chère rivalisait avec de bons vins de bourgogne, ne réagit. Peut-être, pour se garder du
syndrome du « tout-tout de suite » voulaient-ils laisser un peu de temps au temps de la réponse ? Peut-être plus simplement se disaient-ils que, comme d’habitude, le malin qui pose
la question a la réponse ? Donc, personne ne dit mot jusqu’au moment où l’un des convives lança : dans le « classement des PIB de tous les pays du monde, la Russie est au niveau de
l’Espagne ».
Cette affirmation, sur un ton, tranquille quoique un peu inquiet, tomba non pas comme un pavé dans la mare qui aurait éclaboussé tout le monde mais plutôt comme une météorite qui vient
percuter la face cachée de la lune. Sans bruit. Sans tremblement de terre (et pour cause) !
« Ce n’est pas beaucoup ? » lança, un de mes voisins, une pointe d’anxiété dans la voix.
« Pour les Espagnols, ce n’est pas mal, mais pour les Russes qui sont trois fois plus nombreux ce n’est pas terrible ».
« Alors, continua, celui qui avait lancé, le pavé ou la météorite, comment se fait-il que Poutine inquiète à ce point les autres pays, la France, par exemple, dont le PIB vaut deux fois le
Russe ? La France et l’Allemagne, 5 fois ? ».
Comme s’il fallait conclure, une voix sombre s’éleva qui venait du bout de la table en oraison funèbre : " Il vaut mieux être un nain à grosse tête qu’un colosse
microcéphale".
"Ah, non !" refusa l’un d’entre nous, brisant un silence glacé.
"Songez que le nain va rétrécir tous les ans. D’ici 2050, il aura perdu 30% de sa population. Sa grosse tête ? Elle sera couronnée de cheveux blancs. Poutine sera dans une petite voiture,
mais il n’y aura personne pour la pousser. Les Russes, repoussés hors de la Sibérie par la montée des paysans chinois, devront s’appuyer sur l’Oural pour se défendre".
"Ceux qui continuent à redouter le nain russe n’ont pas compris que l’Union soviétique n’est plus. En revanche, il est temps que l’Union européenne soit. Nous n’irons pas nous geler les fesses
pour conquérir des immensités vides de toute population. Nous n’irons pas investir des marchés en voie d’extinction faute de consommateurs. Nous n’irons pas à Baïkonour, voir le dernier Soyouz à
son dernier soupir. Et nous nous retiendrons de rire".
Les peuples ne méritent pas qu’on les ridiculise. Ni les Russes, ni les Européens.
Mais il est temps que l’Europe cesse d’être ridicule et abandonne le gros bâton américain pour faire le boulot. Les Russes ont la bombe et dieu seul sait ce qu’ils pourraient en
faire ?
L’Europe aussi: dieu est convaincu qu’elle n’aura pas à l’utiliser.