Soliloques sur le Vaste Monde, Novembre 2024

- L’enlèvement du petit santiago, un remake de l’enlèvement des Sabines ?

- Combien de psychopathes sont-ils nécessaires pour constituer un groupe de terroristes ?

- Donald Trump est-il un fasciste ?

Christine Bravo est malade ?

 

 

Pendant des années, une fois que le surréalisme a trouvé son nom, sa voix et ses acteurs, la bonne société s’est amusée (ils n’avaient pas de jeux vidéo) à échanger des bouts de phrases incongrues, étonnantes ou sans intérêt pour en faire de longs discours fous, excentriques et psychanalytiquement signifiants.

Aujourd’hui, essayer de tirer quelque chose de pertinent de la masse des mots qui nous sont infligés sur le net sous toutes les formes possibles, nous conduit à absorber des phrases sans sens, des mots où le barbarisme est érigé en standard intellectuel, où l’abolition des règles élémentaires de la grammaire devient un titre de gloire dans la lutte contre l’oppression des genres et les relents délétères du colonialisme occidental.

Il y a quelques jours, je me suis lancé un défi. Récolter les fleurs de ce mal qui finit par obscurcir le sens des textes, des phrases et des mots. Pourrai-je tirer quelque chose de solidement pensé de ces scories et morceaux avariés que charrient jours après jours des fleuves qui se nomment « liberté d’expression ». Au nom de la littérature et de son honneur, il fallait essayer. J’ai donc fait récolte de bouts de textes au hasard de mes lectures de la presse de tous les jours et je les ai questionnés. Qu’avaient-ils voulu dire ?

« Luana Belmondo balance tout ». Il se trouve que ce jour-là, c’était à Luana de balancer. Pourquoi faire crier un membre de la famille Belmondo, alors qu’on aurait pu faire intervenir, la famille Delon ? La question n’a pas beaucoup d’intérêt, le fait est que n’importe qui peut balancer sachant que sur le plan éditorial il est préférable que ce soit le fait de quelqu’un de connu: on réagira moins à une invective si elle est lancée par un Durant quelconque. Mais que balançait donc Luana ?

Il est possible (je n’ai pas lu l’article) qu’elle ait voulu nous faire part d’une découverte étonnante (« les scientifiques en sont tombés par terre », « les récits historiques traditionnels sont révolutionnés »). « Une tunique appartenant à Alexandre le Grand découverte en Grèce ? ». L’article, ne nous dit pas ce qu’ont donné les recherches sur l’ADN qu’on a retrouvé sur la tunique. Pourtant, il semblerait que les résultats soient « renversants ». Alexandre le Grand serait apparenté aux aborigènes australiens par le biais de chromosomes hérités des homo « dénisoviens ». Il faut noter que les recherches portant sur le slip d’Alexandre n’ont pas encore abouti. Cela n’a rien d’étonnant, on ne l’a pas encore trouvé mais, surtout, on ne sait pas si les Grecs en portaient.

Ces informations s’accumulant les unes sur les autres ont provoqué des thromboses informationnelles graves et provoqué des effondrements locaux de matière grise. Des personnalités éminentes ont été touchées. « Christine Bravo opérée d’urgence ! ». Mais on ne nous dit rien des mesures livrées par l’applaudimètre.

Doit-on attribuer à ces bombardements informationnels, les faits-divers gravissimes suivants. « Près de Toulouse, deux hommes séquestrés et torturés dans un appartement, six interpellations ». Les deux martyrs étaient des cambrioleurs ; les interpelés, les victimes du cambriolage. Pourquoi, avoir été aussi vindicatifs leur a-t-on demandé : ils ont répondu en expliquant que les « victimes » (les cambrioleurs) ne seraient condamnés qu’à des peines assortis de sursis. Ils ont ajouté qu’ils avaient demandé aux victimes s’ils savaient ce que sursis voulait dire. Ces derniers n’ont pas pu ou voulu répondre. Alors, les victimes du cambriolage ont voulu leur expliquer.

Au passage, on notera l’incompréhension de nos contemporains. Ils s’interrogent: « Mais pourquoi les nouvelles technologies nous rendent-elles aussi mal élevés ? ». On voit bien dans cette question une référence inconsciente à cette idée que tout était bien autrefois. Quand on essaie de se souvenir comment les individus se comportaient dans les temps anciens, on se dit qu’il y avait déjà de l’IA.

On ne manquera pas de rappeler que les erreurs humaines ont largement précédé les nouvelles technologies. Aux temps où l’IA n’existait pas, ni les ordinateurs, je me souviens d’une étude sur les erreurs chirurgicales qui avaient mis en lumière le grand nombre de celles qui avaient pour origine, les outils, bistouris, ciseaux et autres instruments oubliés dans le corps des patients. Eh bien, on le croira ou non, c’est arrivé à un avion : « Un Airbus de Qantas a volé près de 300 heures avec un outil oublié dans son moteur ».

On pourrait tirer quelque amertume de ces aventures littéraires mais les progrès de la technologie incitent aussi, parfois, à l’optimisme. On pouvait récemment lire cette affirmation réconfortante.

« Grâce à l'IA, la bière pourrait avoir meilleur goût »

La truffe du Périgord, aussi, un jour, peut-être

L’enlèvement du petit santiago, un remake de l’enlèvement des Sabines ?

 

Dans la presse française, pour laquelle les valeurs universelles doivent être défendues « quoiqu’il en coûte », on a pu lire cette « Une » : « Enlèvement de santiago: le nourrisson retrouvé en vie avec ses parents aux Pays-Bas ». C’est peu dire qu’un poids énorme, des tonnes sûrement, nous a été enlevé. Ouf ! Tout est bien qui finit bien ! La France peut respirer et retourner à ses passions, l’injure, la violence de l’automobiliste contre le cycliste, le refus d’obtempérer, la viol d’une dame de 87 ans etc. C’est vrai que pendant plusieurs jours, ça n’a pas été drôle du tout : on était, comme qui dirait, coincé entre la vengeance d’Israël et la fuite éperdue de santiago avec ses parents.

 

Il y a des drames, comme ça, qui vous tourneboule tout un pays, toutes les « unes » des journaux, tous les plateaux-télés. Je parle de l’histoire du petit Santiago, évidemment ! pas des bagarres qui ne cessent de durer entre Russes et Ukrainiens, entre Israël et le moyen orient. Je ne parle pas d’elles parce que ça fait un certain temps qu’on nous bassine avec ces histoires incompréhensibles où les anciennes victimes universelles deviennent les nouveaux tortionnaires sans frontières, sans honte ni âme, où on se rend compte que les représentants des riches se battent, à l’air libre contre l’ennemi de l’ombre refoulé dans des tunnels creusés sous les hôpitaux.

 

L’opinion publique (au moins française) s’en lasse et veut sortir de tous ces penchants à la haine, au désir de détruire, à la guerre des civilisations etc. Il faut aller au plus simple. Ne plus se prendre les pieds dans le tapis des illusions occidentales. Il faut faire comme Trump qui ne se prend pas la tête et qui se moque complétement qu’un bébé migrant, Ramirez, né dans la région de fort Alamo ait pris la poudre d’escampette avec une meute de rangers en moto à ses trousses.

 

Cela peut paraître étonnant de mettre en parallèle l’histoire de ramirez (il est sauvé, dieu est grand) et celle de Donald Trump (in god we trust). En vérité, (toujours ma fameuse théorie des signaux faibles) : l’un ne pouvait exister sans l’autre. Donald n’a de sens que si ramirez s’enfuit, légitimant le renversement de paradigme initié par l’ancien-futur président qui pourrait tenir en cette phrase : « l’Amérique ne veut plus courir après ramirez. Que ramirez se débrouille, le marché se prononcera !». C’est donc à ramirez de courir après l’Amérique !

 

C’est choquant ? Pourtant n’y a t-il pas un peu d’empire romain conquérant et universel chez les Américains et beaucoup de Grecs décadents et bavards chez les Européens (qui ont fait beaucoup d’histoires avec Santiago et qui se sont efforcés de transformer cette affaire en tragédie antique) ? En vérité, Donald nous dit « peu importe que Maximus ( cf Gladiator 1) soit liquidé par Commode qui l’a accablé des plus ignobles trahisons : l’empire continue à avancer et les grains de sable ne sauront l’empêcher d’être « magna iterum* ».

 

Ce n’est pas très « politiquement correct » que de convoquer Donald Trump dans le grand débat du changement de paradigme ? Pourtant, ne voit-on pas que la fameuse mondialisation bénigne et heureuse se dissout en particularismes et protectionnismes agressifs et violents ? Le ton du candidat président est vulgaire et injurieux ? N’est-ce pas maintenant le ton à la mode depuis les rapports entre copropriétaires jusqu’aux rapports entre les nations. A qui la palme du renversement des rapports ? A la Russie, où l’injure remplace tous les arguments, où l’Etat-voyou se dépense sans compter en fake-news, en piratages de données et en attentats chez les gentils européens. Aux partis politiques français s’entre-déchirant aux dépens d’une population qui a cru à l’unanimisme et à la générosité olympiques ? Elle, qui se trouve à nouveau plongée dans les remugles d’une assemblée où s’entassent des députés drogués, antisémites, auteurs de violence contre les femmes etc.

 

Le paradigme s’est totalement inversé : d’une société où les valeurs étaient celles de la fraternité, de l’honnêteté et du respect de l’autre, on vient de passer à une société où s’achève la transition de l’individualisme au nombrilisme puis au narcissisme. Une société que Trump a épousée sérieusement.

 

Et, pendant ce temps, la pensée journalistique française et la triste histoire des santiago nous renvoient aux temps où la mort du petit chat illustrait le vide de la société. Mais, là, c’était pour faire rire.

 

* En anglais contemporain: "Great again" 

Qu’elle était douce ma prison

Donc, nous voilà bien lotis, nous de l’Union Européenne ! Cette belle Union, rempart contre les mauvaises idées totalitaristes allemandes, puis, effondrement de l’Empire soviétique aidant, contre les idées totalitaristes soviéto-communistes, trouve maintenant des russophiles en son sein, ou, peut-être, des soviétophiles et même pour les gens qui manquent d’imagination des Russophiles. Aujourd’hui, l’Europe compte deux pays qui ont officiellement opté pour le « Drang nach Ostern », pour la complaisance à l’égard des Russes, pour les sourires sans réserve au nouveau « Père des peuples », le glorieux Vladimir Poutine.

Notez que 2 sur 27 ça n’est pas encore un raz de marée ! Mais c’est un signe et il ne faudrait pas s’imaginer que ce n’est qu’une goutte totalitaire dans un océan libéral ! Ne voit-on pas que des Allemands, (de l’Est, bien sûr !) se tournent progressivement vers les grands espaces où règnent balalaïka, moujiks et boyards richissimes. Ces malheureux Allemands, enfermés depuis 1945 dans une camisole soviétique, ceux-là qui se faisaient tuer en tentant de « passer à l’Ouest », qui ont abattu le mur de berlin avec vigueur et enthousiasme, regretteraient d’avoir cédé aux credo libéraux et aspireraient à un retour, le plus rapide et le plus complet possible, dans le sein de la sainte Russie.

Ne voyons pas ces mouvements uniquement comme des désirs de communisme et de soviétisme. Cela existe sûrement: la société soviétique sous ses formes directes ou indirectes offrait des tas de choses gratuitement. Les bénéficiaires de ces gratuités ne se rendaient pas compte que « lorsque c’est gratuit, c’est vous le produit ! ». Mais il est aussi certain, on le sait bien en France, ce pays soviétique qui a réussi, que les services gratuits publics ou privés rendent les pouvoirs publics sympathiques quels que soient leurs projets politiques et quel que soit leur niveau de respect à l’égard des libertés publiques ou privées.

Reconnaissons que les libéraux que nous sommes, imbus de nos principes, glorieux d’avoir répandu la liberté sur le monde, fiers de l’idée démocratique ont du mal à admettre que le libéralisme, sous toutes ses formes est une construction culturelle et civilisationnelle. Il n’est pas venu à l’homme comme le langage ou la bipédie. C’est une construction intellectuelle pure : l’homme inventant la liberté a inventé l’homme libéral, qui n’existait pas jusque-là.

Or, dans d’autres parties du monde, le mot « liberté », s’il existe, n’est pas d’un usage courant et, a fortiori, ne peut pas se voir attribuer tant de mérite. Je me souviens encore de ces jeunes américaines qui se réjouissaient de voir la liberté se répandre sur l’ancienne RDA au moment de la chute du mur de Berlin, comme les premiers chrétiens voyaient la grâce recouvrir et transformer l’humanité. Je me souviens d’avoir été un oiseau de mauvaise augure en m’efforçant de leur démontrer que 75 ans d’acculturation communiste et soviétique ne pouvaient pas avoir été effacés par la simple chute d’un morceau de béton du mur de Berlin. Pire, il faut se rendre compte que ces 75 années se sont appliquées à des populations qui n’avaient jamais connu dans leur histoire, ni liberté de pensée, ni liberté politique et qui rapportaient le mot « démocratie » à des structures politiques autoritaires. (L’empire soviétique était démocratique).

On ne s’est pas aperçu que dans ces pays libérés du joug soviétique, existaient quantité de « marranes » cachant de belles idées d’autrefois et leurs souvenirs heureux derrière un enthousiasme libéral de façade. A ceux-là s’ajoutaient les convertis déçus qui attendaient plus et mieux du libéralisme. Ils resteront pareils aux Français robespierristes des temps modernes oublieux de la guillotine et amoureux de la défense et illustration du Salut public.

Pourtant, au-delà des idéalistes, opposant mentalement la gloire du « grand combat » remporté par le « père des peuples » au misérable triomphe matérialiste du capitalisme occidental, il faut aussi compter avec tous ceux qui attendaient leur tour avant la chute du bloc soviétique ou qui l’espéraient, pour les postes de l’ancien pouvoir, les prébendes et les avantages qui y étaient attachées. Ce ne sont pas des individus solitaires agissant pour eux seuls mais des patrons de groupes politiques, d’anciens administrateurs et même des représentants des anciennes forces de l’ordre  qui rongent leurs freins depuis une génération. Ceux-là aspirent à un retour aux méthodes traditionnelles de conquête et de conservation du pouvoir en milieu totalitaire. Ils défendent une conception du pouvoir qui agglutine des groupes entiers au profit desquels sont alloués fonctions et finances.

Les démocrates optimistes de l’Occident ont imaginé que la recherche de l’efficacité et du profit ferait taire les dernières tares du totalitarisme oriental. Ils l’ont laissé dormir en vérité et ils assistent aujourd’hui à son réveil. Si Hitler n’est pas encore fréquentable, Staline et Mussolini retrouvent des couleurs.

 

Combien de psychopathes sont-ils nécessaires pour constituer un groupe de terroristes ?

 

A Poitiers, scènes de guerre entre clans sur fonds de trafic de drogue et d’atteintes aux biens. La Mairesse locale, s’est voulue rassurante : la fusillade qui a fait un mort et quatre blessés n’était pas une émeute, elle était liée au trafic de drogue et il n’y avait pas plus d’une soixantaine d’excités. Conclusion : franchement, il ne faut pas dramatiser ! Le vandalisme sur deux églises ? Les dégradations de mobiliers et d’objets sacrés ? La tentative d’incendie contre une des plus anciennes églises de France ? C’est la vie de tous les jours ?

Cette série est-elle la conséquence d’une gestion désastreuse ?
Best Diplomats, une organisation basée à New York, « spécialisée dans la conduite de simulations diplomatiques d'organismes internationaux prestigieux tels que les Nations Unies, l'Union européenne, l'Union africaine, etc » livrait, il y a peu, la Liste des 10 villes les plus dangereuses de France.
On les a complétées avec l’appartenance politique des gens qui gouvernent ces villes:
Marseille socialiste ; Nantes socialiste ; Montpellier socialiste ; Grenoble Ecologiste ; Nice droite ; Paris socialiste ; Lyon écologiste ; Rennes socialiste ; Lille socialiste ; Toulouse indépendant

Ajoutons Poitiers, dont on a noté les dérives : la ville est dirigée par une Ecologiste. Quant à Nantes, « la plus écologique, plus féministe, plus créative… c’est une ville qui prend soin et protège » répète-t-on à la mairie. Nantes est aussi une des villes les plus fréquemment citées dans la presse de tous les jours pour le vandalisme, les atteintes aux monuments religieux, les viols et les attentats liés à la drogue etc. La maire est socialiste…. (On a failli dire « évidemment !»).  Seules, deux de ces dix villes sont dirigées par un politicien de Droite.

C’est à Paris, sur les quais d’une gare que la dernière attaque au couteau et à la machette a eu lieu. C’est à Lyon que des bus bourrés de passagers ont été attaqués. C’est aussi à Lyon qu’une élue LFI s’est opposée à des mesures punitives à l’égard des familles des délinquants. Grenoble, depuis longtemps, est une ville vitrine de la délinquance en tous genres. « C'est dangereux de poser des questions » à Grenoble : le fléau du trafic de drogue crée la peur des habitants. « On parle de moins en moins de la ville pour son aspect de laboratoire d’innovation ».

Sans cesse, et de pire en pire, se multiplient les incidents de ce genre. Incidents ? ou symptômes d’une guerre civile naissante ? Pour éviter de se poser pareilles questions, pour éviter qu’on s’en prenne aux minorités ethniques, aux migrants qui sont venus « pour se servir » en filles et en biens, ni enfin aux combattants « radicalisés » au nom de religions ou d’idées politiques, le fou est devenu très utile.

Observons comme ils sont nombreux, les fous, chez les égorgeurs dans le métro ou sur les quais d’une gare « Il n’est pas en prison. On l’a envoyé dans un service psychiatrique, son entendement semblait être obscurci ». La vraie question ne doit-elle être ainsi posée : « A partir de combien de malades mentaux finit-on par reconnaitre une bande armée, composée de fanatiques et poussés par la haine du pays qui les accueille ». On sait bien que les armées « idéologiques » sont largement constituées de fous hystériques et de dérangés mentaux. Les guerres civiles sont plus atroces que les guerres « régulières » parce que pour tuer en dehors des lois et des obligations nationales, il faut rejeter tout principe de vie en société et out respect de la vie humaine. Le terrorisme ne s’appuie pas sur de paisibles citoyens en colère mais sur des furieux, pire que l’amadou, prêts à s’enflammer au moindre regard « mauvais » ou à la moindre contrariété, refus d’une cigarette ou d’un amour non sollicité.

Pourquoi avoir insisté sur les responsabilités socialistes ou écologistes ? Ce n’est pas de leur faute si des malades mentaux rôdent dans les villes qu’ils dirigent ! Peu importe leur faute : la vérité est qu’ils ne veulent pas voir. Car, le faisant, ils risqueraient, disent-ils, de tomber dans des pièges idéologiques. En particulier, celui qui consisterait à ne plus voir le « genre humain » terreau de la société et porteur de son avenir dans ces cohortes de fous mentalement dérangés et d’excités religieux. Il est plus commode de prétendre que la faute en revient à l’anonyme « société » qui brise les « personnalités ».

Finalement, ce sont leurs concitoyens qu’ils précipitent dans des pièges : « Il n’y a plus de limites, on est dans l’horreur absolue » à Marseille, « stupeur et inquiétude après l’arrestation d’un tueur à gages de 14 ans ».

La solution : le faire entrer dans un institut spécialisé pour qu’après quelques séances apaisantes avec un psy, il lui devienne clair qu’il est la victime de la société dans laquelle il vit si mal et qu’il a raison de lui en vouloir. Et comme il n’est pas seul, cela finira par faire une armée, légitimée et vengeresse.

Nb : la plupart des phrases entre guillemets sont tirées de journaux traitant de ces faits divers.
 

Donald Trump est-il un fasciste ?

 

Il est parfois de bonnes émissions télévisuelles classiques. La Chaine Parlementaire fait partie de ces fournisseurs qui offrent à leur public des informations vivantes, dénuées de prises à partie grotesques et de tricheries sur les informations. Pourtant, récemment, évoquant des questions cruciales sur la démocratie, on a vu quelques commentateurs s’égarer dans des comparaisons mal contrôlées. Ces dérapages étaient pavés de tant de bonnes intentions que c’était une autoroute qui s’ouvrait vers l’enfer des pensées erronées.

 

Dans cet ensemble de pensées à la va-vite, instinctives, moralisatrices à défaut de pouvoir recourir au doute constructif, j’ai été frappé du « biais » européen quant au fonctionnement des institutions américaines traduisant une forte méconnaissance de ces dernières. On a assisté à l’accumulation d’images d’Epinal où le mode européen de pensée s’autoproclame vertueux pour se donner le droit de juger une société qu’il connait mal.

 

Témoin de ces « biais » : la dénonciation du fascisme de Donald Trump. On ne débattra pas ici des subtilités comparés du fascismes Italiens, de la dictature de Franco, du régime de Salazar pour ne citer que les cas où les dénonciateurs antifascistes sont les plus virulents. On se bornera à regarder certains traits de civilisation institutionnelle américaine et à les mettre en perspective face aux postures des intellectuels « libéraux » et aux impostures des intellectuels dits de « gauche ».

 

Il est utile d’insister sur ces éléments historiques : l’émission à laquelle on a fait référence, n’a pas hésité à montrer une réunion de nazis américains, essentiellement d’origine germanique, à Madison Square Garden en 1939, comme illustration des risques « fascistes » pesant sur la société américaine. Or, à la même époque, des manifestations de nazis britanniques se succédaient, sans que personne ne se soit permis de penser que la Grande-Bretagne « virait hitlérienne ». C’était aussi faire injure à l’attitude anti-esclavagiste des immigrés allemands qui s’enrôlèrent massivement contre la Sécession des Etats du Sud.

 

A quel risque « fasciste » les Etats-Unis sont-ils exposés ? Dans ce pays, probablement celui où on vote le plus souvent, le plus intensément, le plus massivement, l’élection présidentielle n’est pas l’ultima ratio de la vie démocratique.

 

En vérité, ses citoyens sont en permanence appelés aux urnes. Chaque Etat de l'Union élit « ses » représentants, sénateurs, gouverneurs, présidents. Encore n’est-ce ici que le niveau « supérieur ». L’appareil électoral est mobilisé pour les postes plus modestes de procureur général d’Etat, secrétaire d'État, trésorier d'État, etc.

 

Faut-il en rajouter ? Au niveau des 3141 Comtés ont lieu des élections pour les postes de shérif, de commissaire de comté, de procureur de comté. Au niveau des Écoles se tiennent des élections pour les conseils scolaires et les surintendants d'école. Au-dessous du comté, 19500 municipalités sont administrées par un « municipal government ».

 

Ajoutons des élections spéciales : organisées pour combler des postes vacants ou pour des questions spécifiques. Et pour être complet, on rappellera l’existence des Référendums et initiatives sur des propositions de loi, des amendements constitutionnels, ou d'autres questions spécifiques soulevées dans les différents Etats.

 

C’est une source d’infinie perplexité pour les Français que de découvrir que les Américains d’un Etat peuvent être appelés à voter en cochant des propositions listées sur des bulletins pour choisir telle ou telle initiative ou au contraire la rejeter. C’est une autre source d’étonnement que de découvrir que, d’un Etat à l’autre, des dispositions essentielles pour la vie des citoyens peuvent différer, voire être contradictoires. En témoignent les récents cas de l’avortement, de la GPA etc… Pour couronner le tout, il n’y a pas de loi « municipale » aux Etats-Unis qui organise le territoire comme un plan cartésien. Les formes juridiques adoptées par les municipalités sont très variées… remarquons enfin que certaines parties de comté étant gérées par une municipalité, le reste l’est directement par le comté !

 

Notons aussi que la plupart des élections, à l’exception de l’élection présidentielle, se déroulent tous les deux ans ! L’essentiel des mandats est donc remis en cause de façon accélérée. Faut-il en déduire que ce n’est qu’une façade les élus parvenant à se faire réélire sur plusieurs années ? On peut aussi tenir le raisonnement inverse : aucun élu ne peut se prévaloir d’une continuité assurée, tous doivent à intervalles très rapprochés mener campagne pour une réélection.

 

Que conclure de ces quelques informations ? En premier lieu, ce n’est pas parce que le Président change que l’ensemble des élections à tous les niveaux des Etats-Unis s'alignent sur l'orientation du nouveau Président. Il en résulte que le système américain dispose d’un solide bouclier contre les tentatives de « fascisation » tant il est clair que plus un Etat a de niveaux et de quantité d’élections, plus il est difficile de les contrôler toutes de façon centralisée. On notera aussi que cette multiplicité d’élections dont l’existence perdure sur près de 200 ans est justement ancrée dans un esprit d’indépendance voire de méfiance des Américains à l’égard de tout pouvoir central (le pouvoir fédéral).

Enfin, et de toute évidence, cette expression publique de la liberté individuelle est un trait de la psychologie des foules américaines.

 

 


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