Il n’est pas impossible
de penser que nous sommes en passe de changer d’ère. Résumons l’histoire humaine. Au tout début, nous nous sommes tenus debout, ce qui nous a permis une vision en
3 D. Puis nous avons chassé et cueilli, prenant ainsi conscience des grands espaces qui nous entouraient. Ensuite, sédentarisés, nous avons défini des territoires
sur lesquels nous pourrions semer, faire croitre et récolter. Territoires qu’il fallait protéger contre tous les étrangers que nos richesses attiraient. Nous avons
fait grossir ces territoires sans nous rendre compte que nous espérions des empires. La terre se faisant alors exiguë, nous nous sommes étripés au nom de
« nos territoires ». Il s’en est suivi des partitions, des démantèlements, des découpages, Corée du Nord, Corée du Sud, Tchéquie et Slovaquie, ou de
violentes tentatives, Catalogne, Corse, Ecosse, Irlande pour y parvenir.
Ces ambitions : mon espace, mon territoire, mon peuple, ma langue, ne peuvent pas illustrer les futurs de l’histoire de l’humanité. Ce sont des attitudes
régressives. Si, lorsque l’agriculture est née, il parut logique de penser « mon territoire, ma terre, ma nation », ce mouvement est bien loin de nous,
perdu dans le passé. Prétendre revenir à ces ambitions antiques, c’est comme si nous rêvions de revenir à la quadrupédie.
Fort heureusement, les forces de l’intelligence humaine ne se laissent pas abattre et résistent à ces tentatives passéistes : il faut nous en convaincre,
nous sommes entrés dans un nouveau monde. Les territoires perdent de leur consistance mais pas de leur substance dans un double mouvement de création et de
virtualisation.
Commençons par le commencement : une initiative d’origine française est en passe de submerger les géopolitiques de base et de renvoyer à leurs études les
sachants qui pensaient que nous vivions dans un monde fini, sans ouverture nouvelle, sorte d’enclos borné voire une prison. Cette initiative se nomme
« Listenberg ». Sous ce nom germanisant (mais n’a-t-on pas dit que le Français était la plus germanique des langues romanes ? »), un
nouveau pays de France. Pour la commodité, il a été placé au niveau du Portugal (voir l’image en tête de la newsletter). Ses rivages sont baignés par l’Atlantique
soit directement soit par l’intermédiaire d’un golfe de Gascogne augmenté. Le Listenberg s’est doté dès le début de son existence d’une vie démocratique,
d’élections, d’un gouvernement. Une banque centrale a été mise en place à une vitesse incroyable : comme toutes les banques centrales, elle supervise la
monnaie du pays.
Serait-ce une sorte de miracle comme on peut en dire du metaver ? ou ne serait-ce tout simplement que le début d’une conquête de la virtualité territoriale
comme il y a eu une conquête du monde physique menée par les européens à partir du XVème siècle ? le Listenberg serait-il le premier des mondes conquis sans
qu’une goutte de sang n’ait été versée ? Sans qu’aucune richesse n’ait été pillée ? Et enfin et surtout, sans qu’aucun représentant de l’espèce humaine
n’ait été esclavagisé ni infériorisé ?
En vérité, ce n’est pas un miracle, c’est infiniment mieux : l’amorce d’une révolution comportementale humaine. Le Listenberg vivra à la condition que les
« likes », les « je t’aime », les « bravos» se multiplient. Il deviendra incontournable, porteur de valeurs et d’influence s’il parvient à
se hausser à la hauteur des meilleurs influenceurs.
Mieux encore, cette noble ambition d’apporter au monde des idées et des valeurs va, dans l’avenir, se déployer paisiblement : conquérir sera remplacé par
concourir. Les nouveaux territoires surgiront par le simple effet d’une calme volonté au service d’une aspiration paisible : il n’y aura plus de
« nouvelles frontières » dans ces nouveaux mondes virtuels et encore moins d’occasions de se lancer dans de désastreux « lebensraüme », la
création des mondes reviendra enfin à l’initiative individuelle. Ils se peupleront grâce aux « likes » d’immigrants virtuels qui, d’ailleurs pourront
migrer vers autant de territoires virtuels qu’ils voudront.
Chacun pouvant se créer un monde et le dessiner à sa convenance, l’humanité pourra enfin poursuivre sa marche vers le meilleur et faire émerger, dans la paix,
« homo virtualis » nouvelle étape sur la route de l’humanisation.
Et aussi, conquérir Mars de la sorte sera beaucoup moins coûteux.
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