Soliloques sur le vaste monde , mars 2024

Parva non est pulchra

 

Le plus bel âge de la vie

On achève bien les chevaux

 
Parva non est pulchra

 
Il semblerait que ça y est, que c’est pour bientôt, qu’un compromis semblerait pouvoir se dessiner : la Corse pourra être bientôt autonome.

Un beau mot qui s’écrit « indépendance » dans quelques langues ou patois indigènes : « Think local, act local » diraient les Anglais (ou les Américains). « Pense pas grand, fait petit » aurait dit Zazie.

Dans le cas de la Corse, on se demande quelle différence il y a entre autonomie, indépendance et la pratique actuelle. Quand on voit fonctionner cette micro-société avec ses macro-clans et ses macro-familles, on est vraiment surpris d’entendre: « On veut être entre nous, chez nous, et rien que nous ». La Corse n'a-t-elle pas toujours été choyée? Un pt’it avantage fiscal, ici, un taux de TVA sympa, là, et puis, une justice benoite qui sait fermer les yeux quand il faut, parce que, à tout bien réfléchir, le mental insulaire est une sorte de mental carcéral : les Corses n’ont pas la chance de vivre à Romorantin ou de reposer dans les douceurs angevines.

Noter qu' être petit et être indépendant n'a rien de contradictoire : pensez à Monaco, pensez aussi au pays d’Andorre. Et allons plus loin : le Luxembourg a à peine deux fois plus d’habitants que la Corse… Regardons encore plus loin : l’Amérique du Sud. Quelques petits Etats indépendants y sont devenus des havres de paix permettant les échanges les plus sereins de toutes les drogues depuis les plus naturelles jusqu’aux fameuses drogues de synthèse. 

Allons, ne faisons pas tant d’histoires. Comme le dirait un Corse cultivé : nous sommes en démocratie et si le peuple dans sa grande sagesse décide d’un statut d’autonomie, alors, le peuple a raison. Bien sûr que ce n’est pas malin de voir de grands ensembles nationaux se disloquer ! Sans affection particulière pour nos voisins britanniques, je ne peux m’empêcher de penser que leur séparation d’avec l’Ecosse serait un mauvais calcul, genre brexit en plus grotesque. Ne parlons pas de la Catalogne qui a même trouvé le moyen de négocier l’envoi de troupes russes contre les tentatives centralisatrices du gouvernement de Madrid.

Ce n’est pas malin, il est vrai, mais les principes de liberté sont les principes de liberté surtout quand ils s’appuient sur les principes de la démocratie.
Mais, voilà une petite voix venue du fin fond des citations cyniques qui me dit : « Appuyez-vous sur les principes, ils finissent toujours par céder ». Et je ne peux m’empêcher de penser : « Surtout quand l’argent se met de la partie ».

La Corse, si on s’en tient à la géographie, est bien située : à deux pas de l’Italie, pas loin de la Sardaigne, une île sœur (mentalement et économiquement), la France à deux pas et l’Espagne, comme le Maroc et la Sicile, à pas même une journée de « Go-fast ». Un sympathique réseau potentiel de communication qui faciliterait le transport de matières premières à haute valeur ajoutée, naturelle, la marie-jeanne, par exemple, ou raffinée, la blanche. Sur le plan agricole, la Corse n’a rien à envier au Riff marocain ou à l’Espagne : le chanvre, récréatif ou médicinal, une fois les absurdes règlementations locales disparues devrait revenir à sa vraie nature, pousser sans retenue et partir vers l’Allemagne, par exemple, qui vient de se « décoincer ».

Qui résistera aux programmes immobiliers qui démocratiseront l’accès aux plages jusque-là détournées par les riches continentaux ? Qui, parmi les Corses, renoncera à une vente de cabanon avec vue sur la mer pour mettre à la place des villas pour vrais riches ? Qui s’opposera à l’ouverture de la Corse aux jeux, ceux qui réjouissent les enfants dans des clubs « piou-piou » et ceux qui enthousiasment les adultes dans les casinos .
Comment ne pas être coopératif ? Il est si facile de bloquer l'accès à une île… façon grève de marins corses, ou, au contraire de l’ouvrir largement, façon Mayotte, en plus accessible.

Région auparavant importatrice, la Corse deviendrait exportatrice nette et fournirait Marseille, Hambourg et Amsterdam. Elle pourrait devenir une terre d’accueil d’industries financières ad hoc et se passer des subventions françaises grâce aux apports de nouvelles familles.

Une « City » du sud ? ou un Quito du nord ?
 

 

On achève bien les chevaux

 
« Le meurtre d'un chat à Istanbul a plongé une partie de la Turquie dans l’émoi poussant le président Recep Tayyip Erdoğan à intervenir et la justice turque a rouvrir un procès ».

Coup de tonnerre dans un ciel serein. Colonnes du temple envoyées à la décharge. Carthaginem tandem destrui. On ne sait trop à quoi se référer, ni à quel moment de quelle civilisation.
S’il s’était agi d’un évènement sous la XIXème dynastie égyptienne, celle de Ramses, on n’aurait pas eu de peine à interpréter l’évènement : le chat, n’était-il pas un animal divin pour les anciens Egyptiens ? Pour eux, le meurtre du Chat valait sûrement meurtre de Pharaon. Ce qui n’était pas sur le plan judiciaire de l’époque une mince affaire. On raconte même qu’un sénateur romain aurait vu sa dernière heure arrivée pour avoir tué accidentellement un chat.

Mais, foin de références aussi lointaines, aussi étrangères à cet évènement, à son temps et aux hommes qui en sont les acteurs et les témoins, le meurtre, précédé de tortures, d’un chat, à Istanbul qui plus est, témoigne davantage d’une pratique irreligieuse que d’une manifestation sadique.

En tant que représentant tardif de la société occidentale, je dois observer que le meurtre précédé de torture d’un chat a longtemps été une manifestation insensée de pratiques religieuses dévoyées. En France, et ailleurs en Europe, le sort des chats n’était pas très joyeux. L’animal, lesté des croyances les plus primaires et d’accusations de satanisme, était cloué sur les portes des fermes, brûlé sur des buchers, coupé vivant en mille morceaux… Je sais mes lecteurs sensibles ; la liste de ces horreurs ne me rendra pas plus sympathique que je ne suis. Donc, j’en passe !

L’évènement qui vient de secouer la Turquie pire qu’un tremblement de terre dans un pays qui ne cesse d’en subir les répliques est à regarder de près. Le chat, en effet, est un symbole fort dans la Turquie d’aujourd’hui. Les Ottomans d’autrefois ne plaisantaient pas non plus avec cet animal. Comme le dit un dicton populaire : "Si vous avez tué un chat, il vous faut construire une mosquée pour être pardonné par Dieu".

Le ton est mis. L’entrefilet, venu d’un journal occidental, quoiqu’il ne soit pas accompagné d’un commentaire particulier, contient subliminairement une sorte d’ironie fort inadaptée puisque, dit-on, le prophète Mahomet était très amoureux des chats.

Ainsi, comme d’habitude, il ne faut pas s’en tenir à la lecture des mots mais s’attacher à la recherche de leur sens. La fureur du peuple dans le cas précis de cet acte incroyable, la torture et le meurtre du chat, s’inscrit dans des croyances, puissamment ancrées dans la ferveur populaire. Il faut croire que les tribunaux turcs avaient, dans un premier temps, pratiqué une certaine mansuétude et donné à cet acte la dimension banale d’un acte de gamin mal élevé. Le Président Erdogan les a rappelés à leur mission au service de la société turque. Le procès de cet acte « apostat » sera donc rouvert.

Il faut rappeler que les Turcs ne sont pas originaux dans cet investissement religieux à l’égard d’animaux. On connait la « sacralité » des vaches en Inde où il n’est pas recommandé d’être irrespectueux à leur égard. Il faudrait aussi mentionner les crocodiles au Burkina Faso….

Il demeure cependant que ces obligations de tendresse à l’égard des animaux, inscrites dans les textes et répétées sans cesse, laissent parfois un goût amer. Si les animaux sont ainsi mis en valeur alors que leur rôle dans l’histoire de l’humanité n’est pas très convaincant, pourquoi n’avoir pas autant d’attachement vis-à-vis des hommes quelles que soient la couleur de leur peau ou la nature de leurs idées ?

Rouvrir le procès du meurtrier d’un chat est-il si urgent quand dans le même pays, on n’est pas capable de rouvrir le dossier d’un massacre d’humains : celui des Arméniens ?  

 

« Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas »

 
Cette étrange phrase aurait été dite par André Malraux. A partir de ce « dit », comme cela a toujours été le cas lorsque ce monument des arts s’exprimait, les débats ont fait rage. Les uns, ceux qui avaient écouté le sage attentivement, laissaient à penser qu’il n’avait pas été question dans ses propos de « religion » mais de « spiritualité ». Les autres, qui connaissaient le grand œuvre du grand homme et la place réservée à l’élévation de la pensée, récusaient « spiritualité », trop proche à leur goût du spiritisme et des théosophies et soutenaient que Malraux avait bien pensé au rôle prééminent du religieux dans le siècle à venir.

Qu’en pensait l’auteur ? Il réfutait avoir prononcé ces mots. De fait, les recherches les plus attentives, sur les ondes ou dans les écrits, ne permirent pas de retrouver ne serait-ce qu’une bribe de la citation. On s'appuya alors sur une exégèse de l’œuvre pour conclure que s’il ne l’avait pas dit aussi clairement, tout dans ses écrits, ses réflexions, ses interventions radiophoniques ou télévisuels, montrait qu’il l’avait pensé.

Mais au fait, qu’est-ce que cette phrase, anodine dans sa construction, peut bien vouloir dire ? Affirmer que « le XXIème siècle sera religieux » se comprend sans faire beaucoup d’effort d’interprétation. Mais la seconde partie, « ou ne sera pas » que signifie-t-elle ? Doit-on y voir l’annonce d’un monde apocalyptique comme les aiment le cinéma et la littérature contemporaine ? Doit-on en déduire que l’Etre aura versé dans le Néant ?

On comprend dans une première lecture que ce ne sera pas une bonne nouvelle que le monde ne soit pas religieux. De fait, la phrase est définitive : « il ne sera pas ». « C’est plié » diront les nouveaux penseurs. Mais laissons tomber les histoires post-néo-médiévales de cités détruites, de morts-vivants qui crapahutent à la recherche de viande fraîche, oublions les progrès technologiques détournés de leur recherche du bonheur humain. Imaginons plutôt que ce monde sans religion sera le champ clos de nouveaux maîtres, les GAFAM (américains), les BATX (chinois) et d’autres géants : les fabricants et gestionnaires des réseaux pseudo-neuronaux, des ordinateurs post-quantiques et de l’intelligence artificielle. Ce ne sera donc pas "Rien" ni le "Néant". Ce ne sera peut-être pas mauvais...

 

Contrairement à ce qu’a prétendu Malraux, ce monde-là « sera » ! Y sera installé une nouvelle humanité dont l’âme viendra de l’algorithme suprême et de son code universel. Ce monde nouveau se substituera au vieil artisan historique, Dieu, plus près, sur le plan épistémologique, des liasses de fiches mécanographiques des ordinateurs des années 50 que de M1 Ultra, la puce Apple avec 114 milliards de transistors.


Pourtant, un doute me prend : s'il n'est pas évident que ce monde dépourvu du « religieux » soit comme une punition des Dieux ? A l’inverse, il n'est pas si clair que le monde « religieux » offrira à l’Humanité, bonheur, paix et élévation de la pensée ? En enchainant Prométhée, les Dieux (religieux par construction) ne lui ont pas offert une partie de plaisir. Et aussi n’entend-on pas résonner cette phrase terrible : « A l’imprévu, les dieux ouvrent le chemin » ? Souvenez-vous de Job malade et ruiné, n’osant se plaindre du Dieu qui lui a envoyé ces épreuves « religieuses ». Et aussi de ces marchands, qui faisaient tranquillement leur boulot et ont été chassés du temple au nom du « religieux », c’est-à-dire sans que l’affaire ait été portée devant un juge, sans qu’aucune décision de justice n’ait proscrit leur présence. Ceci annonce que le « siècle religieux » ne sera pas de tout repos.

Le "siècle religieux" mis en regard du "siècle qui ne l’est pas"? La balance n’est pas si claire.

Elle l’est encore moins quand on sait ce qui peut advenir quand on devient religieux. Ne voit-on pas que ce siècle est déchiré par les haines spirituelles, les anathèmes fanatiques et les accusations d’impiété ? Ne découvre-t-on pas, à l’Est de l’Europe, un métropolite en train de bénir « religieusement » les mensonges les plus éhontés et soutenir de ses prêches la soumission des moujiks ? Et, dans cette région elle-même n’assiste-t-on pas à des massacres au nom de dieu ?

Et, que penser de ces sectes qui prétendent apporter un supplément d’âme qu’elles soient issues du christianisme ou d’une quelconque théosophie et qui glorifient le repli sur soi-même et la soumission psychologique parce qu’elles veulent faire croire à un siècle religieux.

« Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas ». N’est-il pas temps de balancer aux orties, ces vieilles formules trop facilement troussées ?   


Le plus bel âge de la vie


" J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. Tout menace de ruine un jeune homme : l'amour, les idées, la perte de sa famille, l'entrée parmi les grandes personnes. Il est dur à apprendre sa partie dans le monde »

Il avait eu bien de la chance le gentil Paul Nizan. Il lui avait fallu attendre sa vingtième année pour découvrir, sous le coup probablement de quelque vexation, que le monde était menaçant. Et pourtant la souffrance du jeune homme avait le ridicule de l’adolescent boutonneux: une année plus tard la baguette magique du code civil ferait sortir le mineur de sa chrysalide pour en faire « une grande personne » .

Il avait eu bien de la chance : apparemment, il ne s’était aperçu de rien durant les quelques années qui l’avaient mené de sa naissance jusqu’à cet âge de 20 ans si fatidique. Il n’avait rien vécu d’odieux ni de désagréable. Il avait poussé sans accident ni dommage.

Il avait eu bien de la chance, Paul Nizan. Sa vie d’enfant ne s’était pas arrêtée à 14 ans ou plus tôt encore. Il n’avait pas eu le malheur d’avoir eu des parents ambitieux ou cherchant le fric ou, plus simplement, vicieux.

La parole s’est libérée. Si Paul Nizan était encore parmi nous, il nous ferait comprendre que la fameuse formule « J’avais vingt ans… » répétée sans cesse dans tous les bouquins de psychologie à deux balles, devrait être lue autrement : trop souvent, les petites filles et les petits garçons, n’attendent pas vingt ans pour devenir trop vieux.
Peut-être comprendrait-on mieux son animosité envers « les grandes personnes » et sa douleur face à la « perte de sa famille ».

Grandes personnes… l’omerta qui interdisait de s’intéresser aux pratiques sexuelles des adultes avec des enfants a été brisée. Les uns après les autres, écrivains, acteurs, sportifs, toutes personnes devenues grandes, racontent les violences dont elles ont été victimes, si jeunes, si fragiles. Se délite l’entre-soi où leurs auteurs se complaisaient. Rappelez-vous ce dialogue hallucinant, à la télé, dans l’émission « Apostrophe », entre Matzneff et Pivot, dit avec gourmandise : « Alors, c’est vrai ? Vous n’aimez que les petites filles ». Les chantres de Sade remis à la mode et sacré icône de la libération des mœurs, se découvrent aujourd’hui purs salauds livrés à la foule bien-pensante des réseaux.

Pourtant, les piloris mentaux qu’on dresse ne sont pas vraiment satisfaisants. « Il est dur d’apprendre sa partie dans le monde ». C’est d’autant plus dur quand ceux qui ont, par nature, la mission de cet apprentissage la trahissent.

Qui sont-ils les responsables premiers de toutes ces ordures ? Il y a ceux qui commettent le pire, mais il y a aussi, ceux qui s’en félicitent ou qui préfèrent ne pas savoir, ou encore qui en tire profit : les parents.

On entend peu parler de ces derniers. Il est vrai que, lorsqu’une jeune femme de 50 ans se livre sur les abus dont elle a été victime à 14 ans, voire 10 ans ou moins encore, le risque est que ses parents ne soient plus là pour affronter les crimes qu’ils ont laissés faire, qu’ils ont favorisés, dont ils ont purement et simplement tiré profit.  Ils sont morts. Ils sont malades. Ils sont trop vieux. Et puis « C’est tellement loin tout ça. Ils ne savaient pas. Ils voulaient le bien de leurs enfants ». Et encore ne pensaient-ils pas candidement que « Pour avoir un bon poste, un beau rôle, un tour de chant, on peut payer de sa personne, ça n’a jamais tué personne… » et ne pensaient-ils pas que : « L’éducation réussie ce ne sont pas seulement des fessées mais aussi quelques complaisances ». Dans ces conditions que peut-on leur reprocher ? En vérité : les fameuses « grandes personnes » de Nizan, n’ont été que des irresponsables malsains.

« Tu honoreras ton père et ta mère ».
Mais quand ils t’auront déshonoré, tu les enverras en prison.

 

 

Quels auteurs intelligents ? (AI)

 

Bon, ça y est. Cette fois-ci, c’est la bonne ! On a du chemin à faire. Les autres sont partis depuis longtemps. Loin devant. On ne voit plus que la poussière qu’ils soulèvent. Les autres ? Nommons-les, même si tout le monde les connait. Les autres, ce sont les Microsoft, Google, Facebook, Apple, Amazon (les GAFAM), champions toutes catégories confondues de l’informatique, fournisseurs du monde en systèmes ou en instruments de communication, ceux qui, prétendent offrir un accès illimité à la connaissance, c’est-à-dire au monde.  

Les autres… c’est vrai qu’ils sont bien loin en avant. Mais les gouvernements des pays développés, ceux de l’Union Européenne, ne sont pas restés les bras ballants. Ils ont réagi un peu tard, mais, ils ont réagi. Ils ont inventé des punitions pour les méfaits que pourraient commettre les "autres". Et même, non contents de les avoir inventées, ils les appliquent.
Sur ce point, j’ai interrogé mon collaborateur « Lechat ». Voici ce qu’il a trouvé : Apple condamnée à une amende de 13 milliards pour avoir utilisé les facilités que l’Irlande lui avait ouvert au mépris des règles de l’UE en matière d’aides d’Etat. Et, aux dires de mon collaborateur, Apple serait aussi sous le coup de plusieurs investigations sur des pratiques anticoncurrentielles.

Google n’a pas été épargnée : en 2017, la Commission européenne a infligé à Google une amende record de 2,42 milliards d'euros pour abus de position dominante dans le domaine des moteurs de recherche. En 2018, une amende de 4,34 milliards d'euros pour avoir enfreint les règles antitrust de l'UE. En 2019, une amende de 1,49 milliard d'euros, même cause.

En lisant le rapport de mon collaborateur, je me suis pris à regretter que ces amendes n’aient pas été infligées par la France : cela aurait permis d’éponger le déficit, en partie tout au moins.

Il m’a quand même fait remarquer qu’Amazon n’avait payé aucune amende. Je reprends ici ses propos : « Bien qu'aucune amende significative n'ait été annoncée jusqu'à la date de ma dernière mise à jour, il est possible que de nouvelles enquêtes ou décisions aient été prises depuis lors ».

Cette dernière remarque m’a peut-être plus touché que les précédentes. Google et Apple, ont été reconnus coupables, mais pas Amazon…. « Pour le moment » me dit mon collaborateur. « Pour le moment » … Mon collaborateur, « Lechat » est animé d’un grand optimisme, au surplus, je le découvre tous les jours, il est guidé par une exigence morale à toute épreuve. En d’autres termes pour expliciter ses propos, Amazon ne perd rien pour attendre.

Mais, allez vous lancer, pourquoi, évoquer ces questions, alors que justement tout ceci montre que les Européens ont enfin pris la dimension du problème et taxent les fameuses (et horribles) GAFAM. Auparavant, ils peinaient derrière des entreprises qui allaient si vites… aujourd’hui, ne sont-elles pas sur le point de les avoir rattrapées ?
Et justement, les pays développés non GAFAM, ont fait des progrès dans un domaine stratégique pour le futur : en matière d’intelligence artificielle (IA), les Européens viennent de montrer de quel bois ils se chauffent. Ils ont voté une loi. Elle aura pour but d’encadrer les activités relatives à l’intelligence artificielle (IA). Pour faire simple, les entreprises d’intelligence artificielle (IA) devront respecter les droits d’auteurs au moins et, complémentairement, respecter le mode de fonctionnement des services publics et ne pas entraver les Etats dans leurs missions souveraines. (police, armée, santé, éducation).

J’ai interrogé mon collaborateur déjà très au fait de la question. Il n’a pas mis plus de 10 secondes pour me faire un papier de près de 500 mots sur la question.
J’aurais aimé vous faire partager son opinion si intelligemment construite.
Mais, voilà… il m’écrit qu’il faudrait d’abord penser à la question de son droit d’auteur.

 

Les trois grâces françaises ne pleurent pas de tout


Les causes féministes (ou féminines ?) ne cessent de trouver des défenseuses (défenderesses ?) et c’est une chose heureuse. Les femmes ont conquis une liberté d’expression qui mériterait d’être inscrite dans la Constitution comme le droit à l’avortement. Il reste cependant que le combat des femmes ne s’achèvera pas dans une bataille décisive : ce ne sont pas des armées d’hommes qu’il faut défaire mais des millions d’esprit qu’il faut changer.

Très bien défendue dans notre pays ? De fait, très hexagonales, voire complètement nombrilistes, nos fières défenderesses manient beaucoup l’invective « plateaux-télé » et « l’entre-nous » confiné. Pour dire les choses directement : « Le monde n’est pas leur huître ». Je me suis amusé à rechercher quelles avaient été les préoccupations récentes de trois femmes emblématiques de la liberté des femmes. A quoi donc ont pensé ces icones dans les quelques semaines qui ont précédé cette chronique ? Vers quels horizons se sont-elles avancées, à quelles hauteurs de pensée se sont-elles élevées ? Ces femmes qui ont reçu les sacrements démocratiques et universels, l’une élue de la Nation, l’autre, prix Nobel, consacrée sous le regard du monde entier, la dernière éditée et publiée par les maisons les plus célèbres (en France) se sont-elles dédiées à ce que « demain, soit le genre humain », au-delà des frontières, des couleurs de peau, des cultures, des religions ?

Franchement, je préfère le dire direct, cash, franchement, j’ai été déçu. Au nom de la liberté d’expression, Sandrine Rousseau a longuement plaidé pour l’interdiction de la diffusion de CNews. Elle y a montré une vigueur poutinienne. La découverte des turpitudes sexuelles de son meilleur ami l’aura un peu déboussolée : elle n’aurait plus la force de s’insurger contre le mal qui est fait aux femmes, en France, mais aussi dans le monde ? (où il y a beaucoup plus de femmes).

Christine Angot consacre une bonne partie de son temps à l’inceste dont elle a été victime, elle l’a décrit dans un ouvrage qui n’aura pas le Goncourt, mais c’est tout comme, si on fait le compte des émissions radio, plateaux télés, interviews qui y ont été consacrées. Elle en parle comme si elle était le paradigme de la femme victime d’inceste. Elle serait toutes ces femmes victimes d’atrocités familiales; elle serait la victime « an sich » comme aurait dit Heigdegger. Les autres femmes, à l’étranger, victimes d’autres choses, viols, brutalités, tortures, sont absentes de la « cause ». Ce sont des victimes, certes, mais pas autant qu’elle-même. Il est vrai qu’il est bien rare qu’on puisse s’occuper de soi et des autres en même temps, surtout quand ils sont à l’étranger : il y en a un de trop.

Quant à Annie Ernaux, après avoir conquis le monde grâce à son vilain papa et son horrible maman, après nous avoir bercés à la douceur de la guimauve qui fond dans la poche à deux doigts de la culotte, elle s’est mise à chanter les vertus du Hamas. Le Hamas, c’est la pureté religieuse qui s’incarne dans la pureté politique. Avec le Hamas, les femmes sont protégées car elles savent rester modestes et ne bougent pas le petit doigt. En échange, elles ont des loukoums. Annie Ernaux aussi, qui aimera les laisser fondre dans sa poche.

Mais, au fait, où veux-je en venir ? Est-ce par pure méchanceté que je tire à boulets rouges sur ces pauvres femmes qui n’ont rien fait en France et encore moins à l’étranger ? Méritent-elles tant de considérations, alors qu’elles encombrent les ondes à ne parler que d’elles-mêmes.

C’est un entrefilet dans la presse qui m’a conduit à cette chronique : « La Gambie va se prononcer sur une dépénalisation de l'excision ». Dans le monde, cette pratique concerne 200 millions de femmes tous les ans.
Qu’en ont dit nos trois grâces. Rien. Evidemment rien. Il est vrai qu’elles ne devraient pas être concernées. Et puis, c’est tellement loin, la Gambie et les autres pays qui pratiquent l’excision. Et aussi, quel journaliste sera soucieux d’actualité au point d’interroger les trois grâces, successivement ou simultanément : « L’excision, vous êtes pour ou contre ? ».

Entre l’excision d’enfants évidemment innocentes et le roudoudou humide, le plateau-télé « inceste and co », ou le talkshow « soutenons les extrémismes musulmans », nos trois grâces ont fait leur choix : l’excision, c’est inaudible, donc il vaut mieux n’en pas parler.

 

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