Dans quelques précédentes
livraisons j’avais suggéré que le type qui s’occupe de l’épidémie ne doit pas s’attendre à des félicitations. J’appelais à se souvenir des guerres
du Péloponnèse quand les généraux athéniens victorieux étaient dégradés sur le front de la boulè, laissant ainsi à Sparte le champ libre. J’aurais
dû ajouter que cette affaire s’était vraiment mal terminée à cause d’une épidémie de peste qui emporta Périclès
lui-même.
Au fond, dans son
malheur, Périclès avait eu de la chance. Une fois liquidé, on ne s’avisa que de chanter ses louanges. Mieux, nous ne pouvons pas penser à lui sans
penser à Athènes, à sa gloire et à son rayonnement. Faut-il faire mourir un général pour qu’on se souvienne de son éclat? Napoléon devint
une gloire inscrite dans le panthéon mental des Français du jour où, déchu, il s’en alla mourir sur une île sans
intérêt.
Je ne souhaite rien de
semblable à Emmanuel Macron. Je ne fais que le prévenir. Je veux aussi qu’il se souvienne de quelques sains principes. Imaginons un instant que
Bonaparte, qui n’était pas encore Napoléon, ait mené la campagne d’Italie avec à ses trousses, la CGT, Marine Le Pen et le syndicat des fabricants
de souliers de montagne.
Je vais m’efforcer de
faire comprendre ce que je veux dire.
La campagne
d’Italie a été une merveilleuse suite de victoires sur fond d’allers et retours, de désorganisation permanente, d’équipement insuffisant
et de chaussures qui manquaient. Elle a été victorieuse malgré quelques embûches de la part des politiques parisiens. Il y avait un plan mais aussi
pas mal de cadres supérieurs qui avaient le sens de la bidouille.
Retrouvons quelques mots
modernes : "il n’a pas de plan, c’est manifeste". Un jour, il avance et parfois, il recule. Il veut prendre Mantoue et doit y renoncer. A
Arcole, il lui faut payer de sa personne. La campagne sera dure et, écrit Napoléon à Joséphine, « il faut fusiller beaucoup ». La CGT, ne
peut pas accepter qu’on fasse payer au peuple, les ambitions d’un petit général qui n’a pour mérite que d’avoir fait canonner la droite
monarchique. Elle exige qu’on le débarque. Elle fait déposer des plaintes contre lui. Une centaine de médecins s’y
collent.
Il s’est lancé dans la
guerre sans prévoir un équipement ad hoc. Il traverse les Alpes n’importe comment. On ne compte pas les gelures dans l’infanterie. Ne parlons pas
des chevaux, maltraités et, parfois, tombant dans le ravin. Madame Buzyn le clame sur tous les toits: elle avait prévenu tout le monde que
gravir une montagne pour aller faire la guerre en Italie n’était pas raisonnable. Madame Buzyn, qui a l’oreille de quelques médecins, ne veut pas
porter le chapeau. Finalement, le passage des Alpes c’est rien qu’un coup de bol. Les amis des animaux se maintiennent en
embuscade.
Et le respect dans tout
cela? Les hommes qui font des marches forcées! Parfois en sabot. On n’a pas commandé assez de chaussures. Parfois, ils sont obligés de
charger à la baïonnette. On n’a pas prévu suffisamment de cartouches. Marine le Pen qui sait ce qu’organisation et finances veulent dire,
ricane devant ce général à sabre de bois alors qu’il aurait suffi d'installer des murs autour de la France pour empêcher la deuxième coalition
de pénétrer sur le territoire français. (et aussi les migrants).
Pendant les différentes
étapes de la campagne, des soldats sont tués. Et ça, franchement, c’est absolument intolérable! Cest FO qui le déclare haut et fort. Certains
soldats qui pensaient que l’Italie, c’était le chianti et le veau à la milanaise, ont décidé de faire valoir leur droit de retrait. Et même
certains font valoir leur droit à la pré-retraite.
Les Français s’étonnent
qu’on laisse à ce général le soin de porter le combat et de négocier des arrangements, des traités, des achats de masque et des tests sur la
chloroquine. Ne parlons pas de ce Président qui prend prétexte qu’il a été élu ! Le Conseil d’Etat est saisi. Il prend position sur des
questions essentielles, en particulier, les conditions dans lesquelles les Français pourront sortir de chez eux où ils sont confinés en sorte
qu’ils puissent respirer un peu d’air à coronavirus.
L’histoire nous dit que
la campagne d’Italie a été gagnée. Elle nous dit aussi qu’il y a eu débats et que, selon le Modem, Masséna aurait pu être cité un peu plus souvent.
Les Républicains avaient une faiblesse pour Augereau. En tout cas, les Insoumis avaient prévenu tout le monde, "sous Bonaparte allait percer
Napoléon", il fallait donc l’empêcher à tout prix de réussir, quitte à transiger avec l’Empereur d’Autriche et lui céder l'Alsace et la
Lorraine.
Bonaparte s'était indigné
:« Si vous m’imposez des entraves de toute espèce, s’il faut que je réfère de tous mes pas aux commissaires du gouvernement, s’ils ont le
droit de changer mes mouvements, de m’ôter ou de m’envoyer des troupes, n’attendez plus rien de bon… »
C’est un truisme que
d’énoncer que le rôle d’un dirigeant, c’est de diriger.
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