Les salariés français sont-ils essentiellement aussi mauvais que les managers de la même origine ? C’est la question
que ne s’était pas posée le journaliste du monde qui commit en 2007 un de ces poulets nullissimes, de la catégorie des « autofrenchbashing chronicles », qui font tant plaisir aux
lecteurs des journaux destinés aux «cadres supérieurs et professions intellectuelles ».
Peut-être serait-il judicieux que la presse d’information généraliste confie ses enquêtes sur les « élites »,
les «patrons», les « managers », les «créateurs de start-ups», à de vrais journalistes, avec une vraie connaissance des sujets qu’ils traitent. On me répondra que c’est une question de
budget : ce type de profil, n’est pas fréquent et donc, n’est pas donné, alors, on prend ce qui est disponible sur le marché et pas cher. C’est ce qu’on nomme, le journalisme
Low-Cost.
Mais peut-être suis-je trop injuste : depuis 2007, le Monde a changé ! (Sans jeu de mots)
Le management français serait nul !
Hélas, si le Monde a changé, le journalisme low-cost a plus que jamais le vent en poupe.
En 2015, un canard confidentiel s’efforçait de sortir de l’anonymat en lançant un article sur le thème le plus éculé et le
plus ringard qu’on puisse imaginer : « Le management à la française vivement critiqué par les étrangers ». Ce journaliste avait mené une enquête internationale. Il en livrait les
conclusions. Terribles comme d’habitude. Résumons : plus les Français sont élevés dans la hiérarchie des entreprises, plus ils sont nuls. C’est l’opinion de leurs cadres
étrangers.
L’article du monde cité plus haut, très orienté « poncifs éculés » en avait mis une autre couche ! Je cite,
tant sont atteints ici les sommets du ridicule journalistique: «Ces défauts managériaux n'empêchent pas les grandes entreprises françaises de réaliser d'excellentes performances. Mais elles sont
de plus en plus le fait de leurs filiales et managers à l'étranger ». Le journaliste « low cost» commentait donc la remarquable performance de la France qui lui vaut d’avoir le premier
rang rapporté à son PNB pour les entreprises multinationales et d’être leader mondial dans un très grand nombre de domaines de pointe, en expliquant qu’elle le devait aux «managers à l’étranger».
Heureusement, nous faisait comprendre subliminalement ce journaliste, qu’il y a des Allemands dans Airbus industry et des Anglais chez Total.
«Existe-t-il encore en 2015, un
"management à la française?» s’interrogeait gravement un journaliste du dimanche. (Vous savez, un de ces journalistes qui font du journalisme comme les peintres du dimanche font de
l’impressionnisme et répètent sans se lasser les leçons de Monet depuis une centaine d’années). Et il ajoutait finement que ce n’est pas ce dont on pourrait s’enorgueillir le plus : les
cadres étrangers des entreprises françaises en ont beaucoup sur la patate. Dans les entreprises françaises à l’étranger, pouvait-on lire, il est très gênant d’avoir à parler en français, sans
compter que les cadres français détachés sont arrogants etc etc. ne pas oublier que les Français ne savent prendre de décisions qu’autour de la machine à café, comme dans les grandes rédactions
des journaux parisiens.
Les cadres français, ne sont pas nuls !
Pourtant, il demeure un point de contradiction que les journalistes low-cost ne parviennent pas à réduire. D’un côté donc,
le management à la Française est nul, vertement critiqué par les étrangers qui, d’ailleurs, relèvent la fermeture d’esprit des Français, leur arrogance de surdiplômés et leur incapacité à
s’exprimer dans le langage des autres (sans s’interroger évidemment sur la capacité des autres à s’exprimer en langage français !!!). De l’autre, les jeunes Français, vont valoriser leurs
beaux diplômes dans les entreprises étrangères à l’étranger, dont on dit qu’elles les trouvent (les diplômes) remarquables et qui sont prêtes, tant elles apprécient les talents (des jeunes
diplômés) à verser des salaires, des bonus et des primes sans commune mesure avec ce qu’elles verseraient à des « locaux » ou des « indigènes », c’est-à-dire à des Anglais ou
à des Américains, pour des niveaux de recrutements identiques !
Et, ici ou là, on découvre que l’enseignement français n’est pas le monstre de ridicule et d’inefficacité que les
journalistes réprouvent (peut-être parce qu’ils se sont sentis un peu victimes d’un système qui ne leur donnait pas de bonnes notes !). On apprend que l’Insead est placée au premier rang
pour son MBA, que Sciences PO est au quatrième rang mondial en « sciences politiques et relations internationales, que Polytechnique est toujours inclassable mais « vend » à prix
d’or ses diplômés aux entreprises étrangères banques ou industries.
Les journalistes low-cost ne se sont pas préoccupés des conclusions d’une étude qui a montré que les Français diplômés des
Grandes Ecoles Françaises (vous savez, celles-là qui fabriquent les arrogants tricolores) étaient payés entre 25 et 30% de plus que leurs homologues locaux.
Zut, alors ! A l’étranger, les managers français, nuls aux yeux de leurs équipes, seraient surpayés par leur
hiérarchie. Alors, le journaliste low-cost sortira son argument : « oui, mais ce sont des traders », ce qui est synonyme de gros bonus et d’éthique
« loose ».
Laissons ce journalisme-là mariner dans son jus et porter préjudice à l’image du « Management à la Française »
auquel il ne comprend rien. Revenons sur quelques informations qui, sûrement, relèvent de la pure intox : la bourse de Londres, le fameux London Stock Exchange est dirigé par un Français, le
patron de Rio Tinto est un Français, celui de Generali, aussi, et celui de Takeda, le japonais, et celui d’Accenture. Alain Guillemoles à qui on doit cette cure de lucidité, en citent d’autres
parmi lesquels Carlos Goshn et se plait à imaginer de Castries, ex numéro un d’Axa, dans un rôle de superbanquier à la tête d’une institution anglaise.
Où veut-on en venir avec cette volonté de massacrer à la tronçonneuse une certaine forme de journalisme « à la
Française » si heureuse de se mettre dans les traces du journalisme anglo-saxon empiffré de french bashing ?
Et si on ne criait plus avec la meute ?
La question est celle d’une déontologie professionnelle qui semble bien oubliée ou mise de côté.
Crier avec la meute est plus commode que de se mettre en travers ou,
surtout, de se mettre de côté pour ne pas se faire embarquer dans les événements et en devenir les prisonniers voire les esclaves.
Le journalisme Low-cost, c’est un selfie bidouillé. C’est l’image floutée pour les besoins d’un lectorat qui n’aime rien
tant que de dégommer « ceux qui se poussent du col ». C’est raconter une France où tout patauge, non pas parce que cela relève de l’information, mais parce que c’est le type
d’information qui plait.
Passerons-nous un jour à un journalisme qui oubliera les « sensations » douloureuses, qui perdra le goût à
l’autodérision et qui en finira avec l’autoflagellation ?
Ce journalisme-là, se passionnerait aux succès français. Ça changerait.
Plus les banques centrales lancent leurs fameux « quantitative easing » et plus les comparaisons avec la météo et
l’agriculture se multiplient.
Les révolutionnaires français considéraient que comme le Nil les Assignats étaient un flot riche et généreux porteur de récoltes et
de richesses. De nos jours, il paraît que les uns attendent que le Nil monétaire de la Fed et de la BCE nous apporte les bienfaits que nos compatriotes d’autrefois attendaient du roi des fleuves.
Mais il parait aussi, selon les autres, que ces flots de monnaies se répandent sur l’économie des pays occidentaux comme les pluies torrentielles dans le sud de la France. Au lieu de s’enfoncer
dans la terre généreuse, les voilà qui dévalent sur des terres qui se refusent à être fertilisés. La terre se rebelle et le limon n’est plus que de gadoue.
L’économie est-elle devenue cette terre ingrate et hostile ? Ou bien, on se tromperait sur ceux qui doivent labourer et
cultiver en usant les flots déversés. On se tromperait aussi sur leur nombre. Y a-t-il tant d’entrepreneurs pour prendre cet argent et mettre en valeur leurs projets ? les flux monétaires
passent pas les banques. Est-on sûr qu’elles sont prêtes à répartir les fleuves de monnaie entre les demandeurs de capitaux ?
La monnaie dévale et parfois stagne, formant des mares putrides. Tout s’inverse. L’argent ne passionne plus grand
monde. On voit même qu’il faut payer pour devenir créancier. Les taux sont devenus négatifs. Les épis de blé rentrent sous terre.
« On ne peut pas perdre plus que ce qu’on a ». Ce beau dicton, vient, une fois n’est pas coutume, nous rappeler de sages
vérités.
Quand on se propose de le sonder au plus profond, on entend lui faire dire que les pertes marquent toujours l’importance du
perdant. Sa taille. Son chiffre d’affaires. Sa richesse en d’autres termes. Ou sa puissance. « Quand on est grand, on ne perd pas petit » serait une bonne variante.
Voilà l’argument : les Allemands ont perdu 150 000 migrants quand les Français s’arrache les cheveux pour savoir où sont passés
une quinzaine de milliers de chômeurs. On voit dans quelle cour joue la France ! Réduite au niveau d’une épicerie de province, elle compte les vis, les boîtes de petits pois et les malabar un par
un, des fois qu’il en manquerait. Rien à voir avec l’Allemagne.
Les Allemands, eux, peuvent perdre 50, 100, 120 mille migrants, ils ne commencent à s’émouvoir qu’à 150. C’est un vrai grand
peuple. Les grands ratages ne sont pas pour les médiocres et les petits.
Néanmoins, ils savent que plus personne n’acceptera jamais qu’on puisse perdre 150 000 êtres humains en moins de 6 mois. Il
faut compenser : demander aux Allemands de l’Est de se dévouer ? Autrefois, ils ne pensaient qu’à migrer. Ce sont donc des migrants « an sich ». Ou bien, faire venir des
Chinois.
Il faut absolument en finir avec cet écart statistique : demander à VW son logiciel ?