- Interdit aux chiens et aux enfants
- Il y a conteneurs et conteneurs
- En économie, le Paradis est une dangereuse illusion in Huffington Post , repris par le Huffington Post, Québec, et le Courrier Financier.
- L'histoire longue de la Grande-Bretagne
- Londres, mai 2016 : Naissance du Londistan ou retour d’Henri VIII ? in Huffington Post, repris par le Courrier Financier.
- Le jour où le billet de 500 euros a disparu. repris par les Echos et le Courrier Financier
- Mots dérangés
La défense et l'illustration du maintien de l'Angleterre dans l'Union Européenne prend des allures croquignolesques où le
ridicule rivalise avec la mauvaise foi. On s'est déjà exprimé sur le côté joueur de Poker de David Cameron. On ne lui connaissait pas une dimension «agence de voyage». Le voile vient de tomber
!
Il faut essayer de reprendre quelques arguments sans recourir aux arguments des non-européens. On ne reprendra pas les « Obamaseries ». Quand les Américains viennent défendre le projet européen on a toujours une impression un peu mitigée : on ne sait pas trop bien s'il s'agit d'altruisme au nom d'une conception éclairée de la civilisation ou s'il s'agit de ne pas abimer un bel espace commercial à l'anglo-saxonne. On ne voudra pas non plus entendre l'opinion de Mr Juncker. Il fait de plus en plus penser à un coadjuteur chargé de prêcher une croisade économique, anathémisant l'infidèle européen et le menaçant des feux de l'enfer.
Évitons donc les conflits d'intérêts face à cette question lourde de sens et de conséquences : l'Angleterre doit-elle ou non quitter l'Union Européenne ?
Les vacances des Anglais vont devenir plus coûteuses !
L'agence de voyage « Cameron travel and co » est très claire. Si l'Angleterre faisait sécession, les Anglais paieraient beaucoup plus cher leurs voyages sur le continent. Même en Espagne. Même au Portugal. L'argument toutefois est un peu exagéré car, d'après nos calculs cela porterait essentiellement sur les voyages et le tourisme dans l'Europe de l'Euro. Or, il y a dans l'Union Européenne des pays «hors euro». Les monnaies de ceux-là fluctuent comme toutes les autres monnaies vis-à-vis du dollar, du Yen et de l'Euro. Peut-être, la livre en se dévaluant, perdrait-elle moins de valeur vis-à-vis de ces dernières? Le Brexit serait donc moins dramatique pour le vacancier britannique se promenant au Danemark et en Suède, et pour ceux qui apprécient l'Europe Centrale...
Admettons que voilà un argument parfaitement futile : on ne reste pas dans une Union de cette envergure sous le prétexte de se ménager un espace de loisir à bon marché. Ce n'est pas très sérieux et ce n'est pas parce que David Cameron annonce qu'un mauvais vote se traduirait dès l'été prochain par des vacances plus coûteuses pour les Anglais qu'il l'est davantage. Et puis, cela ne concernerait que ceux qui ont les moyens de ne pas rester sur place.
Au fait, pourquoi diable, un effet aussi pervers ? Faut-il incriminer Monsieur Juncker ? Aurait-il, avec son administration bruxelloise, préparé des textes destinés à hausser violemment les prix vis-à-vis des touristes anglais en cas de Brexit ? Serait-ce une première punition à l'encontre des séparatistes ? On devine que la réponse est négative ! La cause de cette débâcle touristique, c'est la dévaluation de la livre. Mais David Cameron est un fin politique : parler de changes qui se débinent et de banques qui pataugent risque de n'avoir aucun impact sur les masses laborieuses anglaises et même sur les classes moyennes.
Il aurait pu évoquer les vins français et italien ou espagnol devenus hors de prix à cause de
l'effondrement de la livre (on annonce 20%). Mais, dans un pays qui affiche des objectifs ambitieux en matière de tempérance, cela aurait été très mal vu. Il aurait pu annoncer que l'immobilier
anglais prendrait une claque. Cela a été dit. Mais dans un pays où l'immobilier ne vaut pas grand-chose en dehors de la mégapole financière et bancaire de Londres, l'argument tombe à plat. Au
contraire ! Pouvoir se payer, grâce à la chute des prix, autre chose qu'un condom de 40m2 sur trois étages dans un quartier pourri du Grand Londres, c'est un vrai bon point pour le Brexit.
La réponse donnée sera disruptive, quelle qu'elle soit
Les adversaires du Brexit, c'est-à-dire ceux qui ont lancé l'idée du référendum, s'efforcent d'affoler les populations en
dénonçant les risques de perte d'emploi et de baisse du PIB. 500.000 emplois disparaitraient ? Dont une bonne partie dans la banque et la finance londonienne? N'y-a-t-il pas de l'exagération ? Et
si les emplois perdus étaient concentrés dans l'industrie bancaire et financière ? Peut-être ces emplois « à perdre » sont-ils actuellement occupés par des ... Européens, des Français, des
Allemands, des Italiens dans la banque et les services financiers. Et si Londres était la seule vraie victime ? Et si, dans le reste de l'Angleterre, les conséquences n'étaient pas aussi
dramatiques qu'à Londres, n'y aurait-il pas là une bonne raison de souhaiter le Brexit ?
Décidément, les arguments des opposants au Brexit sont aussi douteux que ceux des partisans. L'affaire du Brexit parait nauséabonde finalement.
D'une part, les Européens sont mis devant des réalités dures à avaler. Réalité politique, celle de l'extrême mauvaise foi anglaise pendant près d'un demi-siècle, qui a consisté à jouer l'Europe
comme on joue au poker, à rafler les mises en usant de la tactique du revolver pointé sur la tempe, à tricher sur les chiffres, à truquer les bilans, à bidouiller le marché à l'anglo-saxonne ;
réalité économique, on l'a souligné dans une précédente chronique : les Européens se sont fait voler ( I want my money back) pendant des décennies par un pays qui disposaient de ressources
pétrolières considérables; la place financière de Londres, ne valait que par l'Europe et ne pouvait prétendre à aucun rayonnement sans l'Europe. A défaut de cette dernière, elle n'aurait été
qu'une place parmi les nombreuses places bancaires et financières, menacée plus que toute autre par la montée des places asiatiques ; réalité politique : la Grande-Bretagne n'a cessé de réduire
l'Europe à un rôle de gros marché, contribuant à vider le projet européen de son sens, en termes de valeurs et de projet de civilisation ; réalité finale, la Grande-Bretagne a bien manœuvré :
elle doit énormément à l'Europe, elle lui a fait croire le contraire !
D'autre part, quoiqu'il en soit du résultat du référendum, l'Angleterre va devoir faire face à ses propres
réalités. On ne déclinera pas les avantages mirifiques que mettent en valeur les partisans du Brexit, on soulignera cependant que le vote lui-même sera disruptif. Il est à peu près certain que
les Ecossais et les Gallois voteront massivement contre le Brexit. Dans le cas où celui-ci l'emporterait, il sera dramatique de constater que, d'un côté, les Anglais (le peuple «anglais»)
l'auront désiré et que, de l'autre, les «peuples périphériques» (écossais et gallois) l'auront rejeté, provoquant un clivage irrémédiable au sein d'un «soi-disant Royaume-Uni». Dans le cas où le
Brexit serait rejeté, le poids des «peuples périphériques» dans cette décision essentielle pour l'avenir de l'Angleterre aura été déterminant à un point tel que le clivage décrit plus haut sera
tout aussi grave et porteur de risque pour son intégrité. L'Angleterre se trouvera dans un débat du type «qui t'as fait roi?».
Le référendum, quel qu'en soit l'issue, comportera des
risques dramatiques, les arguments économiques se trouvant balayés par les conséquences sur l'unité du Royaume et les risques d'une dislocation.
Il est temps que Mr Cameron prenne des vacances. Avant le référendum, cela coûtera moins
cher.
Il faut revenir sur l’élection d’un maire Musulman à la Mairie de Londres. Les parisiens n’ont pas fait toute une histoire de l’élection d’une mairesse Espagnole ! Et puis, si on regarde les choses froidement, faut-il vraiment s’étonner ? Quand on sait le nombre de protestants qui ont envahi l’Angleterre tout laisse à penser que les changements de paradigmes sont dans l’ADN de nos voisins.
Il faut s’installer dans l’histoire longue et s’abstenir de réagir sur l’instant, sur l’élection de Monsieur Sadiq Khan, ici et maintenant, pour la dénoncer (de quel droit ?) ou pour s’en réjouir (à quel titre ?). L’histoire longue, au-delà des peuples et de leur tendance à la versatilité court-termiste, parle des grandes vagues sociétales et humaines. Elles déferlent sur notre planète dans le cours des siècles voire des millénaires.
L’histoire longue anglaise est très parlante, tous les demi-millénaires, il se passe quelque chose sur l’île britannique : les Romains débarquent au début de notre ère. Dans le courant des années 500, à la suite de l’invasion des tribus germaniques, l’île devient Anglo-Saxonne. Les liens avec le christianisme sont coupés. Au cours des années 1000, la civilisation fait son retour sur l’île avec les Français. 500 ans plus tard, Henri VIII coupe les ponts avec Rome. Encore un demi-millénaire et voilà qu’un nouveau paradigme s’installe.
Si nous voulons anticiper efficacement sur les changements à venir en Angleterre c’est à l’horizon de l’an 2500 qu’il faut se projeter. S’agiter aujourd'hui est bien trop tard. Ce qui est fait est fait.
Les discussions européennes sur la lutte contre le blanchiment de l’argent de la drogue, du grand banditisme et du terrorisme ont abouti.
Moi-Président avait sa tête épanouie des jours heureux. La conférence qui venait de se tenir au Ministère des Finances avait dépassé toutes ses espérances. Angela n’avait pas pu éviter ce scud-là. Les Allemands allaient se retrouver dans une gigantesque panade. Moi-Président, souriait en se rendant dans la salle de conférence de l’Elysée pour répondre aux questions de journalistes du monde entier.
Première question posée par un journaliste allemand : « Monsieur Moi-Président, on dit que les Français n’aiment pas le billet de banque ».
Moi-Président : « Je ne crois pas que les Français n’aiment pas les billets de banque. Je crois qu’après les expériences de Law, après celle des assignats et d’autres expériences de production massive de billets de banque, les Français ont moins d’enthousiasme que les Allemands pour le billet de banque.
Deuxième question posée par un journaliste néerlandais: «Monsieur Moi-Président, l’interdiction de payer en billet de banque, n’est-elle pas attentatoire à la liberté individuelle ? »
Moi-Président : « A cela je réponds très simplement que les Français seront toujours libres de choisir entre chèques, cartes, virements ou prélèvements. Il en sera de même pour les étrangers venant faire des achats en France ».
…Quatrième question posée par un journaliste allemand : « Monsieur Moi-Président, vous avez insisté sur la méfiance qu’éprouveraient les Français pour la monnaie-papier. N’est-ce pas le reflet de leur méfiance pour leurs gouvernements ? A l’inverse des Allemands qui apprécient les billets de banque parce qu’ils ont confiance en ceux qui les gouvernent ?
Moi-Président : « Cher monsieur, je vous sais gré d’avoir posé votre question avec ce sens de la délicatesse qui honore votre beau pays. Vous m’offrez la possibilité de parler sans détour. Les Allemands aimeraient leur monnaie pour témoigner de leur confiance envers leurs gouvernants ? C’est un peu vite dit ! C’est contraire à toutes les données de l’histoire. Vous le savez bien ! Les Allemands ont affreusement souffert de leur monnaie. Non, non, il faut me croire, les Allemands n’ont pas une idée aussi haute du billet de banque que vous semblez le laisser croire ».
…Septième question, un journaliste italien: «Monsieur Moi-Président, on dit que vous ne seriez pas hostile à la suppression des billets de banque…»
Moi-Président (qui aime bien les petites blagues) : « et on les remplacerait par des pièces en or et en argent ? »
Rires dans la salle.
Moi-Président (en verve) : « C’est sûrement la raison qui a poussé le Président de la Bundesbank à rapatrier son or ? Il voudrait que l’Allemagne fasse les pièces en or, les machines-outils pour les pièces et les camions pour les transporter les pièces. Et elle vendrait le tout aux Européens ! »
Rires dans la salle, sauf les Allemands.
Neuvième question par un journaliste Français : «Si la limite fixée par Bruxelles est aussi basse, on devra s’y prendre à plusieurs reprises pour acheter une voiture allemande ! »
Sourire de Moi-Président.
Dixième question: un journaliste Luxembourgeois: «Monsieur Moi-Président, si on en empêche les paiements en cash au-dessus d’un certain montant à quoi pourront bien servir les grosses coupures ? »
Moi-Président : « Cher monsieur, je vous remercie de votre question. C’est une vraie question et un sujet très sensible qui risque à nouveau de mettre à rude épreuve nos rapports avec nos amis allemands. Nous devons éviter les fraudes et leur cortège de circuits souterrains. Quel est le vecteur de ces manipulations douteuses: les grosses coupures en euros. Nous avons, en Europe, les coupures les plus élevées du Monde. Les Etats-Unis n’ont pas l’équivalent de notre billet de 500 euros. Le billet de 200 euros fait figure d’animal étrange et douteux. En France, avant l’Euro, des coupures de ce genre n’existaient tout simplement pas. Elles n’étaient pas nécessaires, car payer avec des billets était considéré comme une preuve indirecte de fraude. C’est l’Allemagne qui a exigé des billets avec une valeur faciale aussi aberrante ! L’Allemagne, songez-y, avait des billets de 1000 Deutschemarks ! En valeur actualisée à aujourd’hui: près de 2000 ! L’amour des Allemands pour les gros billets, manifestation affectueuse de leur confiance dans leurs gouvernants ?
Pour moi, les grosses coupures, c’est pour la fraude fiscale au mieux et pour les sales combines, au pire. L’essentiel des grosses coupures se trouvent en Allemagne. Il y a des raisons. Elles ne sont pas nobles. Aussi ai-je proposé que les grosses coupures fussent supprimées. On commencera par les billets de 500 euros. Au plafond de paiement en liquide viendra s’ajouter, pour traquer l’argent sale, la suppression des billets de 500 euros. Ceux de 200 suivront un peu plus tard.
Moi-Président était content de son petit effet.
Moi-Président : « Allons, Messieurs les journalistes allemands ! Je vous laisse une question avant de nous quitter ».
L’un des journalistes se leva vivement : «Les billets de 500 euros… ils seront échangés… »
Moi-Président, l’interrompit gravement : «Non, cher Monsieur ! Non ! Ils ne seront pas échangés. Ils resteront des billets de 500 euros mais on n’en produira plus. Et les banques qui recevront pareils billets devront les remettre à leurs Banques centrales. Progressivement, les billets de 500 euros disparaîtront du marché. Et finalement, on peut penser qu’ils n’auront plus cours tout simplement. C’est l’argent de la fraude, n’est-ce pas ! »
La conférence était close.
Pourquoi n’avait-on procédé comme Ludwig Erhard en 1948 ? Pourquoi n’avoir pas décidé, une bonne fois pour toutes la démonétisation de ce billet avant que de procéder à celle du billet de 200 ? Les Allemands avaient voulu défendre par tous les moyens la veuve de Düsseldorf équivalent allemand de la veuve de Carpentras. Supprimer le billet de 500 euros, cela aurait eu un effet psychologique équivalent à celui de l’hyperinflation de 1923 et de la réforme de 1948. Une catastrophe potentielle, des milliers de veuves dans les rues. Sans compter une demande de billets de 200 euros qui aurait explosé. Sans compter les risques sur la parité dollar/euros. Sans compter les fuites de capitaux vers la Suisse qui chérit encore les gros billets.
Décidément, Moi-Président y repensait, on ne pouvait pas faire autrement.
Et puis, se disait Moi-Président: «ils disparaîtront avec le temps» et il se répéta, «il faut donner le temps au temps». Il sourit. Trop vite. Il n’aurait pas dû.
Le lendemain, les journaux annonçaient que le cours du billet de 500 euros avait explosé et particulièrement le cours des billets marqués X, les billets « allemands ». La demande de billets de 500 euros n’avait pas faibli mais devant le risque de pénurie, de nombreux Allemands s’étaient précipités. Ils achetaient du billet par précaution. Les crédits par découvert et les crédits de trésorerie en faveur des particuliers explosèrent. Au début, on ne comprit pas cet engouement des ménages allemands pour l’endettement. Ce n’est qu’avec le triplement de la valeur des billets de 500 euros qu’on comprit enfin.
Pendant ce temps-là, les prix de la drogue et de toutes les substances illicites avaient triplé….
Moi-Président s’était réjoui trop tôt.
Il y a quelques années, en visitant des appartements, je tombai sur un très bel exemplaire de logement familial comme les architectes de l’Entre-Deux Guerres savaient les imaginer. Il était posé dans le XVIème arrondissement, non loin du Trocadéro, dans une rue tranquille, bordée de bâtiments cossus et élégants. L’appartement qu’on me proposait avait du charme, une vue dégagée, un plan, bien conçu pour la vie familiale. Toutes ces qualités en faisaient un "produit" séduisant.
Les propriétaires n’avaient pas eu d’enfants. C’était, outre les charmes et avantages décrits plus haut, ce qui les avait conduits dans cet appartement, précisément. Sans progénitures, ils ne pouvaient pas supporter les cris et trépidations de celles des autres. Or, cet immeuble était interdit aux chiens et aux enfants ! C’était inscrit dans le marbre du règlement intérieur de la société qui l’avait bâti.
Interdit aux chiens, je n’avais pas eu de mal à l’admettre. Mais aux enfants ? Dans quel monde avait-il, un jour, été possible d’interdire les naissances, les joies de la maternité, de l’éducation, des réunions de famille ? C’était en France ! à Paris !
L’affaire ne se fit pas, mais l’histoire resta solidement ancrée dans mon esprit jusqu’à ce moment où, au début du mois d’Avril 2016, je tombai sur cette information surprenante : « L'Hexagone compterait seulement trois hôtels interdits aux enfants ».
Cela conduisait à penser que, dans d’autres pays, il existât une hôtellerie « children proof » ou des résidences KK « KeineKindern ». Je découvris qu’elle existait en effet et que fleurissait aussi une offre de logements «sans enfants» dans des ensembles immobiliers «sans enfants» et que des tours operators proposaient aujourd’hui des destinations «sans enfants» et des voyages «sans enfants».
Preuve, une fois de plus, du retard français dans un grand nombre de secteurs économiques, l’offre de logements et d’hôtels "sans enfants", protégeant les «grands» contre les cris et hurlements des «petits», est dramatiquement insuffisante. C’est très dommage car les demandeurs de ce type d’hébergement sont dans leur écrasante majorité des seniors venant de pays à très hauts revenus : des Allemands, tout particulièrement. On comprend les exigences de ces derniers. Ils ne font plus d’enfants depuis un demi-siècle, ce n’est pas pour supporter les cris de ceux des autres nations et surtout les cris des enfants Français (qui ne savent pas se contrôler, comme d’habitude).
Tant pis pour la France, on peut, sans difficulté, contenter les Allemands en Espagne, au Portugal, en Grèce aussi et en Turquie. Pour ceux qui aiment paix et tranquillité, des packages sont proposés à des tarifs évidemment un peu supérieurs aux autres car le monde a changé: aujourd’hui, Prévert ne pourrait plus nous faire croire que
"Pour chasser l’enfant,
Pas besoin de permis",
De fait, pour éviter que les enfants ne s’introduisent malgré les interdictions, les hôtels doivent mettre en place des équipements, barrières électrifiées, chiens de garde, tapettes à enfants et tout un personnel hautement spécialisés.
Un atout pour cette offre originale : très peu de pédophiles y souscriraient.
L’économie est une science dangereuse. Quant aux pratiques économiques, elles virent très vite « potion magique » et « jus de toile d’araignée » à la première occasion. En témoigne une information récente : les Allemands ont été appelés à se montrer citoyens et à consommer de l’électricité produite en trop. Les pouvoirs publics ou les compagnies de production d’électricité ont proposé aux utilisateurs de les indemniser à due concurrence de leur consommation d’électricité pendant une période déterminée. Il faut noter cela : le consommateur est rémunéré pour sa consommation.
Tu seras payé pour ce que tu auras consommé
Est-ce une nouveauté ou une tendance profonde des économies modernes ? Le producteur qui paie pour qu’on consomme est-il pour surprendre les observateurs ? En fait, c’est vieux comme les surplus ou les politiques agricoles, ou le sauvetage des constructeurs automobiles. Cela se nomme en général « subvention», ou « soutien des cours » ou « prime». Dans ces cas-là : ou bien les producteurs détruisent leurs productions, ou bien on paye les consommateurs en espérant qu’ils accepteront de consommer des choux fleurs, des artichauts, du porc, du bœuf etc… Dans le cas de l’automobile, on dit primes mais aussi « bonus » et « super-bonus », pour ne pas donner l’impression qu’il s’agit de subventions contraires à l’esprit du marché européen. Le tout est justifié par le souci de l’environnement. Dans le cas de la banque et de la finance, on dit « intérêts négatifs ».
Dans tous les cas, il y a abondance de biens et de services, plus exactement, il y a trop d’abondance. Quand il y a abondance, en économie classique, les prix ne jouent plus leur rôle : tout le monde pouvant consommer puisqu’il y en a pour tout le monde, il n’est pas utile d’exclure des consommateurs, ce qui est justement la mission des prix. Quand ils montent, le nombre des consommateurs qui peuvent rester sur la « scène », se réduit, et inversement quand ils diminuent. L’abondance tue les prix à ce point qu’ils peuvent devenir négatifs.
Bien sûr on objectera les coûts de production. Comment les « couvrir » si on vend « sans prix » c’est-à-dire, sans conteste possible, en dessous du prix de revient ! A moins d’imaginer que l’abondance règne en maîtresse dans le domaine de l’emploi cela ne devrait pas être possible. Quant aux biens intermédiaires et aux équipements, il faudrait qu’ils soient eux-aussi « atteints par l’abondance » comme on peut l’être par la grâce ou la peste.
Or, puisqu’on a évoqué « la science économique », cette fameuse abondance n’existe pas. On ne fera pas le procès de ces agricultures européennes qui oublient qu’abondance et surplus n’ont rien à voir, et encore moins, abondance et destruction de production invendue. On remarquera aussi que les aventures électriques de nos voisins relèvent de l’exception et non pas de la norme. On a bien vu les prix du pétrole et du gaz s’effondrer. On n’a pas encore vu des prix « zéro » et des « prix négatifs » sur ces marchés-là. Ils sont bas mais ils ne sont pas nuls. Apparemment, les facteurs de production du pétrole ne sont pas abondants : il faut les rémunérer.
Pour une économie politique du Paradis
Une société d’abondance au sens paradisiaque du terme est une société du non-coût. Il faut prendre l’exemple du Paradis justement. Tout y était en abondance. Tout y était sans prix, les coûts de production comme les produits eux-mêmes. Il n’y avait ni stocks, ni par conséquent ruptures de stocks, ni aussi invendus. Même le soleil était fourni gratuitement de telle sorte que les habitants pouvaient se promener dans le plus simple appareil. Il ne faisait ni chaud ni froid. C’est évidemment un résumé sommaire car l’économie politique du Paradis n’a pas donné lieu à beaucoup d’études. On peut l’imaginer à grands traits en se reportant vers ces fameuses comparaisons qu’affectionnaient les théoriciens de la micro-économie aux débuts de la science économique : parce qu’ils sont abondants, l’eau et l’air n’ont pas de prix alors que leur valeur est infinie. Ils sont disponibles pour le consommateur sans avoir besoin d’être produit. Résumons la situation au Paradis : puisqu’il ne coûte rien de produire, les produits sont fournis pour rien et leur consommation est ajustée à ce qui est nécessaire pour chacun. (Peut-être tout n’est-il pas parfait au Paradis, peut-être y-a-t ’il aussi, comme chez nous, des obèses, des gens qui abusent de l’abondance ?)
On a vu un peu plus haut que si, par moment, dans des situations exceptionnelles, les prix disparaissent du paysage économique, les coûts eux n’en subsistent pas moins : on n’est pas au paradis. Rien n’est finalement donné. En tout cas, rien n’est donné très longtemps dans notre bas monde. Sauf l’argent.
Pour le coup, voilà une nouveauté ! Qui aurait pu penser que l’argent ne vaudrait tellement rien ? Qui aurait pu imaginer qu’il est si abondant qu’on en vienne à supplier le consommateur de le prendre à tout prix, qu’on en vienne même à rémunérer l’emprunteur pour avoir l’amabilité d’emprunter.
Il serait logique d’appliquer à l’argent ce qu’on a appliqué aux biens et services en arguant que les coûts de production sont les juges de paix, qu’il faut bien les honorer et que, par conséquent, la gratuité ou même les prix négatifs ne peuvent s’appliquer sur des trop longues durées. Mais serait-ce bien logique ? Il faut considérer les coûts que représentent les banques centrales, leurs dirigeants et salariés bien payés, leurs somptueux locaux…et les rapporter aux milliards d’euros et de dollars qu’elles sont capables de produire. Le résultat de la comparaison ? les coûts sont infinitésimaux. Cela ne leur coûte rien de produire de l’argent. Cela ne coûte que de la bonne volonté.
Au paradis de l’argent, y-a-t’il trop d’abondance ?
On dit que les Banques centrales « prêtent sur leur bilan ». C’est dire qu’elles prêtent sur elles-mêmes. Et comme cela ne coûte rien, elles peuvent pratiquer l’abondance sans risquer d’en subir les conséquences sur leurs comptes d’exploitation. Comme au paradis : pas de coût, pas de rareté, pas de prix. Et, pourquoi pas, des prix négatifs. Car dans le paradis des monnaies, il ne peut être question d’une abondance « petit bras » comme dans le paradis classique. Dans ce dernier, l’industrie textile ne trouve pas sa place puisqu’on se promène dans le plus simple appareil. C’est dire que l’abondance est qualifiée par les besoins. Dans le paradis de l’argent, l’abondance n’est qualifiée par personne. L’abondance n’est pas un état de grâce ! Elle est le fruit d’une volonté, d’une action.
Ce qui entraîne nécessairement qu’on ne peut pas exclure que l’abondance soit excessive. Il y aurait trop d’abondance de monnaie ? Ce trop de monnaie n’a aucune raison de s’arrêter : la contrainte des coûts comme au Paradis n’existe pas et moins encore la limitation qui tiendrait à la satisfaction des besoins. Au Paradis il y a de l’abondance mais juste ce qu’il faut. Pour les banques centrales, l’abondance se définit parce qu’elles ont décidé, indépendamment des besoins.
Nous ne sommes pas au paradis. L’électricité a un coût. Les consommateurs allemands le savent bien. Même la production agricole des paysans bretons a un coût. Ils jettent leur lait dans les ruisseaux, signe symbolique de l’abondance qui renvoie aux rivières de lait du paradis, et pourtant leur sort n’a rien de paradisiaque et leur abondance de lait ou de tout autre produit n’est qu’un vulgaire surplus. Nous ne sommes pas au paradis sauf les banques et spécialement les banques centrales.
Si c’est vraiment le cas, ne sommes-nous pas très proche de l’enfer ?
L'élection d'un pakistanais musulman à la mairie de Londres tient-elle de la tectonique des nations ou n'est-elle que la manifestation la plus récente d'un grand moment de "l'histoire longue" anglaise?
Avant de s'interroger sur le fait qu'un musulman soit élu à la tête d'une des plus grandes villes de l'occident, il n'est pas inutile de se souvenir du raz-de-marée protestant qu'a connu l'Angleterre, pays de longue tradition catholique, au XVIème siècle. Serait-il surprenant qu'à nouveau, un demi-millénaire plus tard, se profile un nouveau changement de paradigme religieux?
Le changement de paradigme tous les 500 ans serait-il dans l'ADN anglais?
Devenus Français à partir de 1066, ils étaient devenus protestants au XVIème siècle, aujourd'hui, ils deviennent musulmans. Bien sûr cela prendra un peu de temps. Peut-être assisterons-nous à une autre guerre des deux roses? Ou bien verra-t-on la périphérie (l'Ecosse par exemple) se liguer avec des puissances étrangères pour bouter hors d'Albion le mauresque et sa religion. Peu importe, le fait est là, il fait partie de l'histoire longue anglaise: nos voisins changent de conviction deux fois par millénaire. On ne peut pas qualifier cela d'inconsistance et d'instabilité. Un demi-millénaire est une belle unité de durée.
Les circonstances ne sont pas différentes d'un demi-millénaire à l'autre. On pourrait esquisser qu'elles présentent d'étranges similitudes! Henri VIII a pris le prétexte d'une attitude un peu cassante de la papauté et de la hiérarchie catholique pour couper les ponts. Ce n'était pas une question d'affaires conjugales: une bonne rupture avec Rome promettait de bonnes affaires. Le Royaume économiserait sur le tribut ou le "denier du pape" à verser en monnaie sonnante et trébuchante. Ce n'était ni plus ni moins que la version ancienne du moderne "I want my money back" que l'Angleterre n'a cessé d'opposer aux "étrangers".
Aujourd'hui, voici l'Europe qui ne veut plus reconnaître la légitimité de ce "retour de l'argent". Pire, l'Europe régente tout et voudrait soumettre la finance anglaise. Encore pire, au nom de la transparence et d'une conception de l'Europe qui confine à l'Inquisition, l'UE prétend que le Royaume-Uni doit renoncer à ses paradis fiscaux, à ces restes d'Empire qui permettent à ceux que le souci de la discrétion taraude, de faire leurs affaires entre eux sans que les indiscrets s'en mêlent.
L'annonce d'un Brexit à venir?
De quoi parle-t-on? L'Angleterre ne se voudrait plus européenne? Cette élection montrerait que les espoirs et le cœur des britanniques ne vont sûrement pas vers l'Europe. Comme la rupture qu'avait provoquée Henri VIII en se détachant de la papauté, autorité suprême de l'époque, cette élection municipale dit combien les Anglais en ont assez de l'Europe et de ses exigences, de son esprit tatillon et de ses règles iniques. Cette élection à la mairie de Londres ressemble à un "premier tour" avant le referendum. Ce serait l'annonce d'un "Brexit" à venir. Élire un non-européen à la tête d'une des principales capitales du monde occidentale et de l'Europe ce n'est plus tirer un coup de semonce, c'est couper les amarres. Le référendum, s'il va dans cette voie, est joué.
Pourtant, un musulman à la tête de la cité la plus financière du monde, cela revient à jeter la perle de l'économie anglaise dans les bras de ses ennemis les plus impitoyables, avec toutes les conséquences dramatiques qui en résulteraient sur le plan de l'emploi, de la réputation et de la confiance des investisseurs étrangers. Car enfin, la charia existe. Comment les Anglais vont-ils parvenir à concilier l'interdiction du prêt à intérêt, marque distinctive de la finance islamique, et la survie de leurs banques, et celle de la place financière de Londres?
Et si les Anglais étaient en avance?
Revenons à nouveau vers la tectonique des sociétés et des idées. Les Anglais ne seraient-ils pas en avance de quelques coudées sur la perception des changements qui s'accumulent dans le monde? Qui, en ces moments de crise économique, n'a pas entendu parler des taux d'intérêts nuls ou même négatifs? La charia interdit le prêt à intérêt. Mais qu'est-ce que l'intérêt d'un prêt quand il est nul? L'octroi d'un prêt est-il intéressant quand l'intérêt pratiqué est négatif?
On voit qu'avant d'invoquer une incohérence, il serait raisonnable de considérer les faits économiques et les conditions de leur théorisation. Faut-il en rajouter? Pour beaucoup, l'interdiction du prêt à intérêt serait une des nombreuses particularités économiques de la charia. Cette dénonciation est un peu rapide: la condamnation nous vient d'Aristote. Loin d'être une grande idée musulmane, elle fut longtemps une idée chrétienne: Thomas d'Aquin, le Docteur Angélique, ne prônait pas autre chose! Il faudra attendre l'arrivée des Allemands et de leurs docteurs en protestantisme pour que le temps devienne de l'argent et les banques des entreprises respectables!
Donc pas autant d'incohérences qu'on pourrait le penser. Allons plus loin: les banques anglaises sont-elles des institutions si respectables? Hélas, elles ont failli s'effondrer comme de vulgaires "Lehman" et n'ont dû leur sauvegarde, pour une grande part d'entre elles, qu'à leur nationalisation (cocasse dans un pays ultra libéral!). Et depuis... malgré des efforts considérables pour les faire revenir au secteur privé, rien n'y fait. Un musulman aux manettes de la City? Les banques anglaises n'ont rien à dire de pertinent sur la question.
Beaucoup à perdre? Il vaudrait mieux rappeler que la place de Londres s'efforce de devenir une place-clé de la finance islamique. Les techniques de financement "charia compatibles" s'y affinent et trouvent dans les intermédiaires anglais des interlocuteurs complaisants et attentifs. Les fonds islamiques de toutes natures et de toutes origines savaient, avant même qu'un Pakistanais musulman ne devienne maire de Londres, qu'ils seraient accueillis sur un tapis rouge à Londres. L'ambiance de ces affaires-là n'en sera que plus positif avec un maire musulman et pakistanais.
Tectonique des plaques géopolitiques: deux stratégies, l'anglaise et l'allemande
La tectonique des plaques géopolitiques donne en Europe diverses stratégies. Deux politiques se mettent en place pour faire face aux défis du monde de demain. L'une
consiste à procéder par le haut, en intégrant les élites des nouveaux mondes dans les élites dirigeantes du Royaume-Uni, c'est l'anglaise. Elle se porte vers des mondes dont les populations se
développent à grande vitesse. L'autre, procède par le bas, en important massivement des populations en souffrance, pour compenser les faiblesses du "Volk", c'est la stratégie
allemande.
Deux attitudes apparemment diamétralement opposées mais dont on peut anticiper que, dans le long terme, les résultats seront les mêmes. En rompant avec Rome, Henri
VIII a instauré un Etat protestant: révolution par le haut à laquelle adhéra l'ensemble de la population (sauf les Écossais). A l'opposé, en inventant la doctrine réformée, c'est par le bas que
Calvin et Luther ont promu leur "révolution" des idées. Ils s'adressaient aux peuples et les incitaient à faire pression sur leurs souverains.
On remarquera qu'à court terme, ces deux stratégies donnent à peu près le même résultat sur le plan de la sécurité intérieure: ni le Royaume-Uni ni l'Allemagne n'ont eu à déplorer récemment d'attentats qui vaillent la peine d'en parler.
Sur un plan immédiat, que peut-on attendre de cette "révolution Londonienne"? Des chances plus fortes pour le Brexit viendront des ambiguïtés de l'élection londonienne.
Pour les uns, un musulman à la tête de Londres est la conséquence incontestable de la perversité de l'ouverture européenne; en conséquence de quoi partir le plus vite possible s'impose. Pour les autres, se débarrasser de l'Europe serait enfin l'occasion de s'occuper sérieusement des mondes nouveaux et de l'essentiel: les richesses qui en viendront.
L'élection à la mairie de Londres serait le premier pas du Royaume-Uni vers la sortie de l'Union européenne.
Je ne me lasse jamais de ce dérangement des mots. En Anglais, en Français, ils donnent à voir comment le cerveau fonctionne et de quoi le langage est fait.
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