Soliloque sur le Vaste Monde, juillet 2024

Donc l’Abbé Pierre était un prédateur sexuel

Quand l’ombre vaut mieux que la proie

Quand cela ne vaut rien, il y a quand même de la valeur qui traîne

Donc l’Abbé Pierre était un prédateur sexuel

 

 

Si prédateur qu’à 93 ans il persistait encore dans ses libidineuses entreprises. C’est le séisme le plus total. Comment peut-on imaginer qu’un homme aussi bon, si proche des miséreux, si totalement, absolument, désintéressé, fut un saligaud, toucheur de seins et introducteurs de langue dans la bouche d’assistantes, pures et honnêtes, mignonnes peut être et toutes, certainement, aspirant à faire le bien sous l’aile du héros.

 

Il a été dénoncé par trois associations qui portent son nom et celui de son entreprise. Elles sont probablement en concurrence dans le domaine de la bonté et de la générosité. On ne dit pas assez que le business de la charité est violent et que les coups bas ne sont pas rares pour attirer les sous des généreux donataires. Mais voilà que nos trois associations se sont associées pour dire une vérité sur un homme dont elles portent le nom. Elles se sont entendues pour tuer le père.

 

Que signifie « tuer le père » lorsque ces associations ne doivent leur existence qu’à son nom ?  Celui d’un homme qui a porté le message de la générosité, qui s’est dévoué vis-à-vis des plus humbles et des démunis, qui a assez largement bousillé sa propre existence à leur service et même au service de tous les gens qui se sont réclamés de lui. Ne s’agit-il pas, pour ces associations, de se débarrasser d’un corps déclaré puant par une Eglise qui ne cesse de se découvrir pourrie de l’intérieur tout en s’assurant que ce nom si porteur sur le marché de la bonté restera dans leurs bilans ! (en tant qu’immobilisation incorporelle ? ).

 

N'oublions pas que le bon Abbé Pierre a connu tous les drames de la « starification ». Il est devenu non pas lui-même mais les autres. Il a été pris en main par tous ceux qui avaient découvert qu’il y avait là un filon. Il a été pris en charge parce qu’il ne fallait pas qu’il gâche ce qu’il avait lancé. Ça ne lui appartenait plus. Il était une enseigne, une marque, sur lesquels il n’avait pas d’autre droit que de répondre présent lorsqu’il fallait faire de la promo. Il a été l’outil du business de la générosité et des belles pensées beaucoup plus que l’acteur.

 

Et maintenant, on découvre qu’il était plongé dans le stupre et la fornication. « Humain, trop humain » ?

 

La vie des héros est un long supplice quand on la regarde de près. Elle s’apparente à la vie des créateurs, des artistes, des chercheurs, de tous ceux qui font naître des mondes auxquels leurs contemporains n’avaient pas pensé ou, pire, qui, les connaissant, avaient préféré ne pas y penser. La vie des créateurs est une longue lutte entre ce qui sort de leurs mains, leurs esprits, leurs âmes et ce qu’ils sont eux-mêmes : Heidegger ne disait-il pas que face à son œuvre, l’auteur n’a pas d’importance. L’abbé Pierre, inventeur de son œuvre et à elle soumis, fait partie de tous ceux qui ont vécu au risque de leur écrasement par cette dernière. La question n’est alors pas de savoir si l’auteur a été un salaud, un obsédé sexuel ou un esprit malfaisant. Elle est de savoir si œuvre il y a eu et si elle demeure inscrite dans le temps. 

 

Les femmes qui le dénoncent comme n’étant qu’un pauvre type frustré sexuellement, qui s’auto-déclarent victimes, sont, pour certaines, à la veille de leurs morts. Elles proclament haut et fort que doit être dénoncé et puni celui, déjà mort, qui a sauvé des centaines de vie. Elles, bien vivantes, et sûrement bien nourries, mettent dans la balance leurs quelques existences en contrepartie de tous ceux qui avaient faim, qui avaient froid, qui avaient peur et de toutes ces vies qui ont été sauvées.

On les remerciera ! Grâce à elles plus aucun héros ne sera épargné. Leur sévérité conduira à regarder de plus près les fameux « Justes » que récompensent les juifs : parmi eux, qui ont parfois sauvé des centaines de personnes en mettant leur vie en risque, des prédateurs sexuels, des escrocs et des auteurs de violences conjugales. Il faudra s’interroger sur la vie, prétendument exemplaire de quelques soi-disant héros de la foi. Charles de Foucauld étais-tu vraiment isolé dans ton désert ? Moines de Tibhirine, n’étiez-vous pas les organisateurs de fêtes douteuses ? Stauffenberg, en t’en prenant à Hitler, n’as-tu pas cherché à faire pardonner des comportements sexuels douteux ?  Verlaine, immonde "saturniste", ta poésie n’était rien d’autre qu’un ricanement lancé à la face de tes victimes.

 

A l’enquête ! A l’enquête ! Tous ces héros sentent le mal car tous les héros sont des truqueurs. Un homme innocent est un coupable qu’on n’a pas encore eu intérêt à reconnaître ! Peut-être faudrait-il remonter encore plus haut : on a jeté un voile pudique sur le Christ et ses relations féminines ? Quant à son disciple préféré, qu’en était-il vraiment ?

 

Allons ! Regardons les choses en face, le monde est plus souvent peuplé de Véronique Margron*, de Vychinski, de Fouquier-Tinville et de Torquemada que de héros. « Condamnez-les tous, Dieu reconnaitra les siens ! ». L’Eglise, qui s'est découverte repaire de prédateurs sexuels en tous genres, ne peut pas laisser trainer derrière elle des candidats à la sainteté. Imaginez, un peu : ce salaud d’Abbé Pierre aurait pu, pour services rendus à la France et à la cause humaine, se retrouver au Panthéon à Paris ! ou, comble de l’infamie, il était à deux doigts d'être appelé Saint parmi les Saints en « union au Christ à laquelle tous les baptisés sont appelés ».**

 

De cette courageuse accusation, il faut tirer une leçon immédiate : interdire aux associations qui se prévalent du nom de l’Abbé Pierre de continuer à user de ce nom honni et de son œuvre née dans le fumier.

De cette incroyable aventure, les chrétiens devront retenir qu’ils n’ont qu’à bien se tenir : l’Eglise a conservé les armes de l’Inquisition et nourrit en son sein de belles âmes prêtes à s’en servir.

 

* Présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France

**https://eglise.catholique.fr/glossaire/saintete/

 

NB : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »

Quand l’ombre vaut mieux que la proie

Voyage infortuné ! Rivage malheureux !
Fallait-il approcher de tes bords dangereux?


Quand le « bashing » de la France et de ses idées ne vient pas de l’étranger, les « smart people » français s’acharnent à s’y coller et se livrent à un grand concours de connaissances littéraires, psychanalytiques et culturelles à la seule fin de dire tout le mal possible d’une réalisation française.

Peut-être faut-il y voir, ce vieux reste d’admiration des élites de notre pays, toutes catégories et opinions politiques confondues, pour les réalisations allemandes. Reconnaissons qu’à Berlin, l’ouverture des jeux olympiques, en 1936, cela avait de la gueule, c'était presque aussi bien que les grandes réunions de Nuremberg. Il devint vite évident que les jeux devaient être ouverts avec parade genre militaire, pom-pom girls et hymnes martiaux.

Quelqu’un aurait même dit « le sport ne ment pas » montrant par là qu’à condition de bien défiler, les meilleurs pourraient gagner !

Mais voilà que des farfelus français ont proposé d’introduire du nouveau dans le grand défilé des délégations : une forme de carnaval, de successions d’histoires et de prestations, les unes exceptionnelles, les autres banales. La France a voulu éviter les flon-flon para-militaristes en optant pour le baroque, le rococo et l’étrange. Humain, trop humain?

J’ai vu se succéder les tableaux et j’ai trouvé beaucoup plus de choses sympathiques que de manifestations douteuses, beaucoup de gens impliqués, livrant leurs prestations coûte que coûte malgré des conditions très difficiles. Et finalement, je me sens progressivement bien seul au milieu de l'immense cohorte des gens surdiplômés et politiquement corrects. Peut-être ai-je eu tort de tout regarder comme une histoire étonnante qu’on me racontait ? Pour cette seule raison, je n’ai pas vu les allusions perfides, les moqueries indécentes et les déviations insupportables.

Je n’ai pas su voir avec de bons yeux ! La preuve ? Un des tableaux de cette manifestation m’est apparu comme un rappel assez bien fait à de grands auteurs cinématographiques, particulièrement à Fellini : personnages grotesques, enflés, caricaturaux. Et pan ! raté ! Les vrais intellectuels et l’épiscopat français m’ont montré que je n’avais pas vu comme il fallait voir, c’est-à-dire comme eux : ce que je prenais innocemment pour une scène baroque imitée de « Fellini, Roma » ou du « Satyricon », était une caricature de la cène (pour ceux qui ont raté l’enseignement catholique, la cène, c’est le dernier repas de Jésus, avant sa crucifixion). Caricature horrifique d’un moment hautement symbolique devant plus d’un milliard de spectateurs qui, dans leur grande majorité n’en avait jamais entendu parler. Horreur supplémentaire: un individu déguisé en schtroumpf bleu habillé d’un slip en fleurs, symbolisait le roi de cette bacchanale, certainement une allusion à Jésus ????

L’épiscopat français n’en a pas fini avec les renoncements et les trahisons : l’église catholique, après avoir canonisé le pape le plus absent et le plus mutique de l’histoire du monde, après avoir, post mortem, abandonné aux chiens, l’Abbé Pierre, l’un de ses représentants les plus emblématiques, dénonce un prétendu détournement horrible. On imagine sans peine, Torquemada, le grand inquisiteur espagnol mandaté par le pape, pointant son doigt vers l’ignoble orgie et appelant à l’érection d’un bûcher.

Ainsi donc, quand des gens baroquement vêtus sont alignés, en rang, d’un seul côté, il ne peut s’agir que de la cène. Il ne peut s’agir que d’un ricanement affreux adressé à l’église catholique. Même le député Mélanchon s’en est dit surpris voire indigné quoiqu’il n’ait, (chose étrange) rien dit sur les sabotages dont la SNCF et ses usagers ont été victimes le même jour.

Parmi les commentateurs les plus pathétiques (il a même battu Mélanchon et obtenu la médaille d'or du ridicule) : le Duc d'Anjou (je ne le présente pas, tout le monde connait) qui s'est dit horrifié que tant de têtes couronnées, imprudemment invitées par le président français, aient du supporter le spectacle d'une Marie-Antoinette ététée. 

C’est donc à un beau concours d’hypocrisie à un niveau olympique dont nous sommes témoin depuis que la fête est finie : on pourra généraliser ces propos et leurs intentions en revoyant la plupart des « tableaux » montés pour agrémenter et enrichir l’ouverture des jeux. On y trouvera ce qu’il faut pour générer de louables indignations : faire danser la musique de la garde républicaine sur un rythme sauvage avec l’académie française pour toile de fond et Aya Nakamura comme sa représentante . (Une honte! Elle ne parle pas bien le français et on ridiculise l’armée française) etc

L’ouverture « à la française » de ces jeux va sûrement changer quelque chose pour l’avenir. Elle aura stimulée la fidélité des élites françaises à leur tradition d’auto-dérision. Elle aura aussi déclenché des réactions dont la nocivité n’aura eu d’égal que la bêtise. Tristement, je suis sûr qu’à San Francisco, les élites de notre beau pays sauront applaudir à ce qu’ils ont prétendu détester à Paris.

En conclusion, il faut toujours se souvenir des tristes paroles de Chateaubriand : "Le suprême bon ton était d'être américain à la ville, Anglais à la cour, Prussien à l'armée; d'être tout, excepté Français".


NB : la cène est admirablement évoquée dans un film des Monty Python. https://www.dailymotion.com/video/x81thx

 

PS: notes (qui montreront que le français est une langue subtile pour dire le moins)

*       la pèche à la senne: technique de pêche
**     à la seine: idem (autre orthographe possible)
***    la Seine : le fleuve qui traverse Paris
****   dans la Senne : le fleuve qui traverse Bruxelles

Quand cela ne vaut rien, il y a quand même de la valeur qui traîne

 La monnaie, telle vénus sortant de l’onde

 

La nouvelle vient de tomber. Ne vous trompez pas de discours cependant. La nouvelle nous dit que quand une chose ne vaut rien, elle a quand même de la valeur. Ce n’est pas une plaisanterie de mauvais goût dont les anti-économistes se régalent. Ce n’est pas non plus quelque chose de crypto comme ce bon vieux bitcoin. C’est devenu une banalité que de présenter le bitcoin comme une création intellectuelle où l’absence de valeur se traduit pourtant par de la valeur. Le bitcoin n’est pas le seul de son genre : toutes les monnaies dites cryptées qui sont nées de rien ne valent pas rien. Nées de la soupe de 0 et des 1, avant même que le calcul quantique s’impose, hors donc de toute intrication, les monnaies cryptées ont pris de la valeur. D’aucuns disent qu’elles ont même pris de l’embonpoint. Songez seulement que la monnaie cryptée reine, le bitcoin est annoncé valoir plus de 100 000 euros à la fin de l’année. Il n’y a pas si longtemps ses porteurs désespéraient de le voir dépasser 5000 euros.
 
On voit bien que tout espoir n’est pas perdu et qu’une monnaie qui n’a pas de valeur aujourd’hui, peut, opération miraculeuse de la rencontre entre l’offre et la demande aidant, valoir quelque chose plus tard. Les vulgaires diront qu’elle a un prix. Les passionnés d’histoire rappelleront qu’en Italie, il y a bien longtemps, une valeur monétaire avait été conférée au caramel mou.
 
Cet exposé ne vaudrait que comme une sorte de rappel après que tant et tant a été écrit sur la valeur ou la non-valeur du bitcoin. Rien de nouveau sous le soleil me reprocherez-vous !
 
Sauf que vous auriez tort de renvoyer dans les poubelles de l’histoire économique ce débat sur la faculté de l’esprit humain de créer quelque chose à partir de rien. On dira dans le monde civilisé des universités d’économie politique que cela montre qu’il y a du démiurgique dans le fonctionnement des économies monétaires. On en reviendra à cette assertion qui relève au mieux de la théologie, au pire des amoureux de blagues de comptoir : à partir de rien, on peut faire quelque chose.

Donc, la question n’est pas morte, loin de là et elle ne trouve pas son expression dans la bouche et l’esprit d’un théologien dérangé ni d’un humoriste en panne d’histoires drôles. Il n’y a pas si longtemps, en effet, était annoncé le lancement d’une nouvelle coupure de la monnaie européenne : elle portera la contre-valeur de « zéro euro ». Sa mise en circulation sera réalisée en juillet 2024. 3 000 coupures vont être numérotées, d’une valeur marchande nulle, non destinées aux échanges commerciaux. Ils seront émis dans le cadre du 80e anniversaire du débarquement de Normandie, le 6 juin 1944.

Ces billets seront imprimés en usant des techniques les plus modernes : encre spéciale, fils de sécurité etc. Les coupures seront frappées de la mention « Honneur aux hommes et aux femmes de toutes nations qui se sont unis pour libérer notre pays ».

Soudain, vient la question qui ne peut que faire du mal : quel est le prix de vente d’un billet dont la contre-valeur est de Zéro Euro ? Vous n’en croyez pas vos yeux et pourtant vous avez bien lu: ce dont on discute ici est le prix de vente d’un billet qui ne vaut rien. Cette incroyable situation n’est semble-t-il pas nouvelle : une émission du même genre avait été proposée en début 2024 au prix de 3 euros, la coupure. Mieux encore, en 2015 des billets portant monuments historiques et sites touristiques, édités dans les même conditions avaient battus tous les records de prix sur le marché secondaire.

On découvre ainsi, qu’il en va de la monnaie comme il en va des Non fungible tokens : la série des Singes ennuyés ( Bored Apes) n’a-t-elle pas atteint des sommets sur le marché. 1000 000 de dollars et plus.
 
Et c’est bien là que réside le miracle de la monnaie : la monnaie de singe ou les singes sur la monnaie, c’est toujours de la monnaie.
 

 

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