Si prédateur qu’à 93 ans il persistait encore dans ses libidineuses entreprises. C’est le séisme le plus total. Comment peut-on imaginer qu’un homme aussi bon, si proche des miséreux, si totalement, absolument, désintéressé, fut un saligaud, toucheur de seins et introducteurs de langue dans la bouche d’assistantes, pures et honnêtes, mignonnes peut être et toutes, certainement, aspirant à faire le bien sous l’aile du héros.
Il a été dénoncé par trois associations qui portent son nom et celui de son entreprise. Elles sont probablement en concurrence dans le domaine de la bonté et de la générosité. On ne dit pas assez que le business de la charité est violent et que les coups bas ne sont pas rares pour attirer les sous des généreux donataires. Mais voilà que nos trois associations se sont associées pour dire une vérité sur un homme dont elles portent le nom. Elles se sont entendues pour tuer le père.
Que signifie « tuer le père » lorsque ces associations ne doivent leur existence qu’à son nom ? Celui d’un homme qui a porté le message de la générosité, qui s’est dévoué vis-à-vis des plus humbles et des démunis, qui a assez largement bousillé sa propre existence à leur service et même au service de tous les gens qui se sont réclamés de lui. Ne s’agit-il pas, pour ces associations, de se débarrasser d’un corps déclaré puant par une Eglise qui ne cesse de se découvrir pourrie de l’intérieur tout en s’assurant que ce nom si porteur sur le marché de la bonté restera dans leurs bilans ! (en tant qu’immobilisation incorporelle ? ).
N'oublions pas que le bon Abbé Pierre a connu tous les drames de la « starification ». Il est devenu non pas lui-même mais les autres. Il a été pris en main par tous ceux qui avaient découvert qu’il y avait là un filon. Il a été pris en charge parce qu’il ne fallait pas qu’il gâche ce qu’il avait lancé. Ça ne lui appartenait plus. Il était une enseigne, une marque, sur lesquels il n’avait pas d’autre droit que de répondre présent lorsqu’il fallait faire de la promo. Il a été l’outil du business de la générosité et des belles pensées beaucoup plus que l’acteur.
Et maintenant, on découvre qu’il était plongé dans le stupre et la fornication. « Humain, trop humain » ?
La vie des héros est un long supplice quand on la regarde de près. Elle s’apparente à la vie des créateurs, des artistes, des chercheurs, de tous ceux qui font naître des mondes auxquels leurs contemporains n’avaient pas pensé ou, pire, qui, les connaissant, avaient préféré ne pas y penser. La vie des créateurs est une longue lutte entre ce qui sort de leurs mains, leurs esprits, leurs âmes et ce qu’ils sont eux-mêmes : Heidegger ne disait-il pas que face à son œuvre, l’auteur n’a pas d’importance. L’abbé Pierre, inventeur de son œuvre et à elle soumis, fait partie de tous ceux qui ont vécu au risque de leur écrasement par cette dernière. La question n’est alors pas de savoir si l’auteur a été un salaud, un obsédé sexuel ou un esprit malfaisant. Elle est de savoir si œuvre il y a eu et si elle demeure inscrite dans le temps.
Les femmes qui le dénoncent comme n’étant qu’un pauvre type frustré sexuellement, qui s’auto-déclarent victimes, sont, pour certaines, à la veille de leurs morts. Elles proclament haut et fort que doit être dénoncé et puni celui, déjà mort, qui a sauvé des centaines de vie. Elles, bien vivantes, et sûrement bien nourries, mettent dans la balance leurs quelques existences en contrepartie de tous ceux qui avaient faim, qui avaient froid, qui avaient peur et de toutes ces vies qui ont été sauvées.
On les remerciera ! Grâce à elles plus aucun héros ne sera épargné. Leur sévérité conduira à regarder de plus près les fameux « Justes » que récompensent les juifs : parmi eux, qui ont parfois sauvé des centaines de personnes en mettant leur vie en risque, des prédateurs sexuels, des escrocs et des auteurs de violences conjugales. Il faudra s’interroger sur la vie, prétendument exemplaire de quelques soi-disant héros de la foi. Charles de Foucauld étais-tu vraiment isolé dans ton désert ? Moines de Tibhirine, n’étiez-vous pas les organisateurs de fêtes douteuses ? Stauffenberg, en t’en prenant à Hitler, n’as-tu pas cherché à faire pardonner des comportements sexuels douteux ? Verlaine, immonde "saturniste", ta poésie n’était rien d’autre qu’un ricanement lancé à la face de tes victimes.
A l’enquête ! A l’enquête ! Tous ces héros sentent le mal car tous les héros sont des truqueurs. Un homme innocent est un coupable qu’on n’a pas encore eu intérêt à reconnaître ! Peut-être faudrait-il remonter encore plus haut : on a jeté un voile pudique sur le Christ et ses relations féminines ? Quant à son disciple préféré, qu’en était-il vraiment ?
Allons ! Regardons les choses en face, le monde est plus souvent peuplé de Véronique Margron*, de Vychinski, de Fouquier-Tinville et de Torquemada que de héros. « Condamnez-les tous, Dieu reconnaitra les siens ! ». L’Eglise, qui s'est découverte repaire de prédateurs sexuels en tous genres, ne peut pas laisser trainer derrière elle des candidats à la sainteté. Imaginez, un peu : ce salaud d’Abbé Pierre aurait pu, pour services rendus à la France et à la cause humaine, se retrouver au Panthéon à Paris ! ou, comble de l’infamie, il était à deux doigts d'être appelé Saint parmi les Saints en « union au Christ à laquelle tous les baptisés sont appelés ».**
De cette courageuse accusation, il faut tirer une leçon immédiate : interdire aux associations qui se prévalent du nom de l’Abbé Pierre de continuer à user de ce nom honni et de son œuvre née dans le fumier.
De cette incroyable aventure, les chrétiens devront retenir qu’ils n’ont qu’à bien se tenir : l’Eglise a conservé les armes de l’Inquisition et nourrit en son sein de belles âmes prêtes à s’en servir.
* Présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France
**https://eglise.catholique.fr/glossaire/saintete/
NB : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
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