C’était il y a un siècle, nous venions de découvrir qu'un Premier Ministre Anglais « faisait sergent recruteur ». La nouvelle version de « I want my money back » avait pris la forme et l’expression : « laissez venir à moi les entreprises françaises !». L’Angleterre, chantre du libéralisme, banquier du monde et cette mégapole, Londres dirigée par tant d’anciens élèves d’Eton épataient. Mais pour les Anglais, l’Union Européenne n’était qu’un rêve : les rêves sont aux dépens des rêveurs. Les Anglais avaient cultivé l’art de l’insomnie.
Maintenant que les Anglais veulent « my country back », il n’est pas inutile de rappeler que la meilleure politique de développement communautaire des Anglais a consisté à faire les poches de leurs voisins. La fameuse « Union Européenne » n’était qu’un gâteau dont on peut se servir de larges tranches aux dépens de peuples béats d’admiration
Une chance pour les Français ?
Le plus triste dans cette histoire ne résidait pas dans une attitude désagréable des gouvernants et de l’opinion anglaise menée par ses directeurs de conscience : les tabloïds ! L’anglomanie française faisait plus de mal. Depuis que les Merveilleux l’avaient mise à la mode, pour de nombreux Français, l’Angleterre était devenue un havre de liberté et de vie d’entreprise. L’Angleterre, Londres surtout, parées de tous les mérites avaient provoqué l’apparition d’un nouveau mental de déni français. Quelques commentateurs y voyaient même une reviviscence de l’esprit « colloborationniste » fondé sur l’adhésion aveugle au « nouvel ordre » et en retour nourri d’un profond mépris à l’égard d’une mère patrie, handicapée, lourdingue et souffreteuse.
Et voilà que l’Angleterre a décidé de s’en aller ? N’est-ce pas enfin la chance d’en finir avec cette admiration abêtissante qui pousse les Français à baver devant les merveilleuses fabriques (Oxbrigde, Eton) où se domestiquent les futures élites, comme on produit dans les haras, les chevaux de course. L’Angleterre s’en va ! Peut-on en espérer la disparition du french bashing ?
Il n’a pas disparu mais il prend une nouvelle tournure. La City de Londres lance les tabloïds à l’assaut d’une France « mauvaise joueuse », une France qui « voudrait en profiter », une France qui n’a pas d’autre objectif que de rabaisser un peu plus une Angleterre, à terre et souffrante.
Le 16 juillet dernier, dans le « Mail on Sunday », les accusations de trahison, de mauvais esprit et de comportement « pas fair-play du tout » abondaient. La France ne cacherait pas son désir d’utiliser le Brexit pour affaiblir le Royaume-Uni et « poursuivre la détérioration de la position de la City de Londres". Poursuivre ? Serait-ce un aveu ou un lapsus linguae ? Les Français voudraient détruire les belles anglaises. La belle finance. Les belles banques ?
La crise européenne est née en Angleterre
Les Anglais préfèrent oublier que c’est par elles que la crise a débuté en 2008 en Europe ! Une banque Anglaise, Northern Rock, spécialisée dans l'immobilier s’apprêtait à défaillir dans l’indifférence de la Banque D’Angleterre qui non seulement n’y croyait pas vraiment, mais en plus ne pensait pas qu’il était dans ses attributions de sauver une banque en déroute. Peut-être aurait-il pu penser à réunir un club informel de banquiers formés dans les mêmes écoles et capables de se comprendre sans long discours, ni bargains inutiles et de penser qu’il fallait peut-être faire quelque chose. Le Résultat est connu, en dehors de Chypre, la course aux dépôts (Bank run) n’a pas été plus caricaturale et désastreuse pour l’image des banques qu’en Angleterre. Les conséquences européennes ont été catastrophiques bien que l’Angleterre ne fût pas membre de la monnaie unique.
Aux faillites de banques de crédit à l’immobilier et à la consommation ont immédiatement succédé les quasi-faillites de banques généralistes ! Bradford & Bingley suivait Northern Rock, puis HBOS qui, pour la sauver, fut un temps mariée à Lloyds TSB, l’entraînant un peu plus tard dans sa chute et provoquant la nationalisation de l’ensemble !!! Banques d’affaires ou de dépôts, les plus grandes n’ont dû et ne doivent toujours leur survie qu’à leur nationalisation partielle ou totale. La grande Angleterre libérale, celle du « laisser faire, laisser passer », qui supprime toute aide sociale au nom de la liberté individuelle : « les pauvres sont pauvres parce qu’ils le méritent », a rejoint les irlandais, islandais, les espagnols et chypriotes. « il faut sauver les riches » ! A un moment, on a pu se demander s’il n’y avait pas un peu de Grèce chez les Anglais !
Sept ans pour remonter, un mois pour retomber
Allons, ce n’est que mauvais esprit. On a fait tout une histoire d’un malheureux et infortuné problème de trésorerie. Avec un peu de temps pour gérer les actifs des banques en perdition sur une base liquidative tout aurait dû rentrer dans l’ordre. Les pouvoirs publics auraient été désintéressés avec profit. Une question de mois. Cela fait dix ans que c’est une question de mois. Royal Bank of Scotland et Lloyds Bank ont échappé au pire et sont toujours entre les mains de leur sauveur quatre ans après !!! Sans beaucoup d’espoir de pouvoir en sortir par elle-même…
L’Angleterre, pourtant, avait relevé la tête appelant les bons entrepreneurs français à faire confiance à l’Angleterre : ils seraient accueillis sur la terre de la Liberté. On leur déroulerait le tapis rouge. Et ce ne serait que justice : tous les tabloïds le disaient, la France n’était qu’une nation de ratés, ruinés, réactionnaires.
Aujourd’hui, nos voisins sont saisis d’un grand froid. Ils menacent : par exemple, pendant quelques semaines, ils ont promis que, faute d’un comportement collaboratif de la part des Européens en général et des Français en particulier, il n’y aurait plus de lutte conjointe contre le terrorisme. On connait la suite. Et puis, ils feraient en sorte que les Français en Angleterre se sentent chez eux… temporairement ! C’est douloureux mais, allez donc expliquer aux tabloïds que de nombreux Français se sont glissés à la tête de banques anglaises et même de la bourse, et surtout dans les postes de stratégie « digitales ». Les tabloïds ne le croiraient pas. Les tabloîds ne veulent pas entendre parler de cette invasion interlope, plus sournoise que les migrants de Calais.
Les tabloïds sauront un jour que les Français, « veulent des perturbations. Ils cherchent activement la désagrégation des services financiers ». Le pire est qu’ils "sont ouvertement heureux de voir des effets préjudiciables à la City de Londres même si Paris n'en bénéficie pas" ! Que feront-ils ? quelle justice demanderont-ils ?
Personne n’aurait rien à gagner à voir l’Angleterre couler ou se transformer en Islande ! Peut-être le Brexit va-t-il conduire quelques hommes et femmes d’influence à regarder l’Angleterre en face, comme une nation de taille très moyenne ? Ce serait espérer que « humour » et « fair play », les deux célèbres produits que les Anglais réservent à l’usage exclusif des non-anglais, deviennent des articles de consommation courante sur le marché anglais, même à Londres.
Peut-être, alors, les tabloïds concentreront leur production intellectuelle sur l’Angleterre et feront bouger les idées !
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