- Vivre riches seuls au milieu des pauvres, dans le Huffington Post, le Huffington Post Canada Québec et le Courrier Financier
- Nice, le retour d'Erostrate
- Big data et délinquants fiscaux
- Outsider: le film sur l'affaire Kerviel
- Une pathologie douloureuse : la régression infantile des Nations. Dans le Courrier Financier
- L'Allemagne coupable du Brexit. Dans le Huffington Post et dans le Huffington Post Canada Québec
- Brexit: Quand la reine dit "Ha!"
- Les enfants des Allemands. Dans le Huffington Post.
Je le répète : je ne fais de critiques cinématographiques que très rarement. C’est pour une bonne cause que je romps l’engagement et la trêve et me livre brièvement à une chronique et pas à une critique cinématographique.
Outsider : il faut aller voir ce film avec Arthur Dupont, François-Xavier Demaison, Sabrina Ouazani.
D’abord, grande satisfaction. C’est un très bon film …Français ! Cocorico. En général, ces films sur la banque et la finance sont américains. Ils sont bons. Ils sont bien ficelés. Et là, c’est un film français. Il est bon et il est bien ficelé.
C’est une histoire récente et vraie. L’histoire de Jérôme Kerviel. Tout le monde la connaît. Histoire de l’homme qui a failli couler la Société Générale. L’homme qui a été condamné pour avoir commis moultes infractions parmi lesquelles ne pas avoir respecté le règlement intérieur des salles de marché de la Générale et, ce n’est pas rien, l’homme qui a été condamné à plusieurs milliards d’Euro de dédommagements à l’égard de la Société Générale pour avoir failli à tous ses devoirs.
L’histoire est connue. Le dénouement est connu. Et aussi, entre le début et la fin, la vie dans les salles de marché, la pression, la testostérone, les types qui déconnent, le fric qu’ils ramassent, les gains qu’on planque et les paumes qu’on ne parvient plus à cacher.
Histoire d’un petit bonhomme plongé dans un monde qu’on ne décrira pas violent tant l’univers des traders a été transformé en une version trash de Scarface ! La montée au sommet puis la chute du petit trader qui s’est mal pris au jeu sont rigoureusement mis en scène. Tout évolue comme « on pouvait s’y attendre » (de toute façon, puisqu’on connaît l’histoire, il ne pouvait pas y avoir de surprises…).
Elles sont peut-être à venir les surprises, mais elles n’auront rien à voir avec la vie des salles de marché.
Donc, aller voir. On ne s’ennuie pas. On ne nous ennuie pas avec de longs exposés sur les « spiels » des salles de marché. On ne nous fait pas la morale en nous exposant longuement que dans les salles de marchés « comme partout » il y a des gars qui sont border lines.
On voit un vraiment bon film.
Donc, il faut y aller.
Le Brexit n’est pas à proprement parler une affaire européenne. C’est pire. C’est une vraie affaire anglaise. Il serait commode de renvoyer la Grande-Bretagne à ses doutes, incertitudes et fractures sans passer un peu de temps à se demander si l’Europe n’a pas ajouté du piment sur quelques plaies. Europe ? Elle a encore bon dos, l’Europe ! Evoquons le rôle de l’Allemagne tout simplement.
Angela ou la revanche des Ossis
Il fallait être ou aveugle ou délibérément provocateur pour lancer la sinistre affaire du million de réfugiés. Les années à venir seront l’occasion d’exégèses multiples pour comprendre comment les Allemands en sont venus à poser, seuls contre tous, l’Europe comme terre d’exil par excellence.
L’attitude d’Angela Merkel, agissant sans concertation, est en elle-même une sorte de mystère. Fille de pasteur, ont dit les uns, elle aurait voulu aller aussi loin dans la charité chrétienne que son père. Fille de l’Est, disent les autres, elle aurait su ce qu’accueil veut ou ne veut pas dire quand les barrières sont tombées, quand la réunification a pu avoir lieu et quand les « vieux allemands », tous ceux qui s’étaient installés dans les pays de l’Est au XVIIIème siècle ont voulu revenir dans une mère-patrie culturelle. Fille de l’Allemagne : elle aurait voulu que l’accueil qu’on lui réservât, en tant qu’Ossi, les Allemands le réserve aux autres, aux Syriens, aux Kurdes victimes des fous de l’Islam.
D’autres disent que c’est justement la mauvaise expérience qu’elle aurait vécue lors de la réunification qui l’aurait conduite à lancer un pavé dans la mare. On sait maintenant que les Allemands de l’Est, une fois réunifiés, étaient devenus des citoyens de seconde zone. La preuve en fut administrée par la mise en faillite de l’ensemble des activités économiques est-allemandes, de l’ensemble des services sociaux et des services culturels. Le résultat fut un chômage massif doublé de drames immobiliers dont on ne parle plus : occupants est-allemands expulsés de leurs appartements en raison du retour des propriétaires légitimes. Le résultat de cette magnifique opération nationale et humanitaire fut la mise au rebut d’une génération d’Allemands qui avaient eu le malheur de ne pas naître au bon endroit.
On dit qu’Angela Merkel aurait voulu que les riches Allemands, les länder de l’Ouest, fortunés et repus soient mis en face des réalités, eux qui avaient vécu dans le confort de la couveuse européenne. Le sauvetage des Syriens de la Chancelière devenait la revanche des Ossis.
L’ouverture ou la refondation de l’Allemagne
Mais aussi, Angela Merkel n’a-t-elle pas cédé à la pression qu’on évoquait plus haut, celle qui vient du déclin démographique de l’Allemagne et de la tendance naturelle qui s’inscrit depuis un quart de siècle : la montée en force des minorités d’origine turques et kurdes, de confession musulmane. Enquêtes, études, livres de vulgarisation de toutes sortes se sont succédés depuis un quart de siècle pour annoncer, puis dénoncer, la montée régulière, presque implacable des « gastarbeiter » puis de leurs enfants et, maintenant, de leurs petits-enfants dans la population allemande totale.
On a montré dans le précédent article qu’un frémissement du taux de natalité allemande avait été salué par la presse. L’Allemagne, enfin, faisait des enfants, si ce n’est que la part des « hôtes » et de leur descendance dans les naissances est devenue pratiquement à parité… alors qu’ils sont encore fortement minoritaires.
Dans ces conditions où se trouve le calcul d’Angela Merkel ? La part de plus en plus importante des « hôtes » puis des Allemands d’obédience musulmane dans la population n’aurait-elle pas dû pousser la chancelière à favoriser l’arrivée massive de populations moins « diverses ». Hélas, l’urgence démographique était là : une population active en régression, des industriels qui ne trouvent plus les ouvriers qui leur sont nécessaires mais aussi, le risque d’être tributaire de la Turquie pour l’approvisionnement en ressources humaines et celui d’importer ses conflits internes, les Kurdes en particulier.
Les Syriens, malheureux et souffrants devenaient une sorte d’aubaine : l’Allemagne se montrait à la fois capable d’écouter la souffrance du monde et de capable d’accueillir des populations pour rééquilibrer la structure des populations « hôtes ».
Essayons d’être futurologues et de nous mettre dans les pensées d’Angela Merkel : ne vise-t-elle pas très loin, plus loin que le seul souci de voir l’Allemagne des Allemands rayée de la carte ? N’y-a-il pas de sa part une sorte de lucidité à très long terme : puisque les Allemands vont manquer à l’Allemagne, ne peut-on pas essayer de sauver l’Allemagne en la confiant à d’autres hommes venus d’autres lieux. Il s’agirait dans l’esprit de la Chancelière ni plus ni moins de réinventer une Allemagne : elle ne serait plus peuple mais pensée, culture, civilisation.
Refondation ou passoire
Doit-on revenir au passé d’Angela Merkel et à sa formation « protestante » pour comprendre que ce projet ne saurait être le projet de la seule Allemagne ? L’Allemagne moderne, on le sent bien depuis que la crise a éclaté, depuis que l’économie allemande s’est rétablie, est à la tête de l’Europe. Pourquoi n’en serait-elle pas la tête pensante ? Elle a les moyens des ambitions européennes. Le trio Merkel-Schäuble-Weidmann marche bien. Il y a ici et là des zones de résistance : la BCE par exemple. Mais ce n’est qu’une taupinière. Et sûrement bientôt, un Allemand en prendra la direction.
Pourtant, la beauté des raisonnements et la pureté des intentions allemandes n’ont pas été compris. Les processions de migrants venant du Sud pour se diriger vers le nord et s’arrêtant parfois en chemin n’ont eu pour effet que déclencher hostilités et désordres.
L’attitude anticipatrice d’Angela Merkel a eu pour résultat que l’espace Schengen a explosé et que l’édifice européen vacille. Les chocs migratoires ont été autant de coups de boutoirs. La première muraille qui est tombée est celle de la nation la moins qui s’est le moins impliquée dans le mouvement de fondation européenne.
Il faut quand même, au-delà de la terminologie employée, se souvenir que c’est d’un pays qui n’était ni dans « Schengen » ni dans l’Euro que vient la menace la plus foudroyante. Le Brexit c’est le départ d’un non-membre de l’Union Européenne.
Mais dans le même temps c’est un message fort à l’Europe dont l’Allemagne s’efforce de faire sa « chose ». L’Allemagne, et la transformation de l’Europe en passoire, l’Allemagne et sa doctrine « regardez-moi qui suis si impeccable et propre sur moi, faites la même chose et ne discutez pas » ; l’Allemagne, incapable de mettre son économie dans une position contributive ; L’Allemagne est directement responsable du départ de l’Angleterre.
Chacun pourra commenter le Brexit en expliquant qu’il est le fruit de l’irresponsabilité des élites anglaises, de l’aveuglement qui consiste à laisser le champ libre à l’enrichissement des riches et l’appauvrissement des pauvres, de l’obsession du Grand Londres, place financière internationale, avec ses gratte-ciels superstars et ses traders à bonus.
On ne dira pas assez que le Brexit est aussi la conséquence d’une sorte de peur au ventre, celle qui prend les gens penchés à leurs fenêtres et qui voient dans le lointain s’approcher des hordes de malheureux. On ne dira pas assez que la combinaison funeste d’arrogance politico-économique et de prétention civilisationnelle venue d’Allemagne a joué le rôle de l’allumette. Bien sûr les Allemands ne sont pas responsables du remugle explosif que les Anglais ont adoré laisser décanter comme on fait vieillir un vieux « blend ». Mais, ils ont tellement adoré montrer aux Européens que les anciens vaincus étaient finalement vainqueurs qu’ils ont brandi leurs allumettes sans conscience des risques attachés.
Et cela a donné le Brexit.
La reine Elizabeth est une reine exceptionnelle. Elle est insubmersible, qualificatif qui a un sens fort pour un Anglais. Elle a aussi un cœur. On a fait un beau film pour montrer que sous la couenne austère se cachent des trésors de sensibilité et qu’elle sait en user avec finesse pour manifester une opinion (ce qu’elle n’a pas le droit de faire) ou pour manipuler celle des autres (ce qui ne lui est pas interdit) : une fleur blanche ramassée dans le silence d’une foule médusée ; une formule qui fleure bon la vieille encaustique « We are not amused » ; des démonstrations de culture générale : « Annus horribilis ».
La reine Elizabeth porte sa couronne avec la même élégance que ses chapeaux de toutes les couleurs. Royaume-Uni, couleurs multiples, le royaume n’est-il pas celui de la diversité ? Parmi les divers, il y a les Ecossais, les Gallois et les Irlandais. La reine elle-même n’est-elle pas d’origine allemande ? Il y a aussi d’autres divers mais comme ils viennent d’arriver, ils n’ont pas encore de territoires. La France se contente de mettre des espagnols ici et là pour faire divers quand les Anglais savent convaincre un Pakistanais de se poser en plein Londres.
Et voilà le Brexit ! Et la diversité qui en prend un coup ! La reine se réfugie en Irlande du Nord. Et là, elle s’exprime de façon parfaitement insignifiante comme il se doit :
« Bonjour. Comment allez-vous ?», demande le vice-Premier ministre d'Irlande du Nord à la reine. « Je suis toujours en vie, ha !», plaisante-t-elle.
Il faut se souvenir que les commentaires insignifiants ne sont pas une exclusivité royale anglaise : Louis XVI n’écrit-il pas « Rien » dans son agenda quand la révolution française éclate. De grands intellectuels ont aimé écrire « Rien ». Je pense à Kafka, le jour où la guerre de 14 est déclarée.
Il faut maintenant interpréter : la reine a dit « pour moi ça va ». Et elle a ajouté « Ha ! ». Combien de nos ainées, (et les ainés aussi) vers 90-100 ans, se laissent-elles aller à pousser un soupir (« Ha ! ») de soulagement quand on leur annonce une disparition (d’une cadette idéalement) ? Combien de ces belles têtes blanches ont souri de satisfaction en pensant sûrement que dans la course de la vie, elles ne sont pas les premières à franchir la ligne d’arrivée ? « Ha ! » se traduit en français par « Et pan ! ».
Lewis Carroll, pour qui la vraie mémoire rapporte les souvenirs de demain, a beaucoup écrit sur la « reine rouge ». Il a fait dire à un de ses serviteurs au sujet du Brexit : « Le point de vue du bourreau, c’était que l’on ne pouvait trancher une tête en l’absence d’un corps, d’où l’on pût la détacher ».
Il aurait dû imaginer cette question : trancher un corps en l’absence d’une tête, d’où l’on pût le détacher ?
« Promenons-nous dans les bois ». Les erreurs de jugement commencent toujours par une euphorie, un moment de bonheur, un plaisir arraché aux méchants et aux malins.
Promenons-nous …
La chanson sait bien que ce moment là ne durera pas. Le loup est là, dès le commencement de la promenade. Dans une heure, dans un jour, dans dix ans, il faudra payer pour cet instant de bonheur
Payer ? Pourquoi payer ? Et que payer ?
Et si être riche, ce n’était pas si cher que çà ?
Qui parle de loup ?
Venez donc au Maroc, à Marrakech, voir ces Ryad achetés dix francs six sous. Là-bas, on peut être riche pour trois fois rien. Avec une bonne retraite de cadre on fait un nabab. Bâtir un petit palais dans le style local, c’est possible.
Et Madame a enfin du service !
Un peu plus au sud, sur la côte, il y a ces petits villages.
La mer en plus ! Les levers de soleil… Et ces filets de pêcheurs que les hommes reprisent avec la lenteur des sages.
Et toute une population si charmante. Il n’y a pas de ces jalousies là-bas. Les riches sont riches et les pauvres sont pauvres. Un ordre naturel que le rythme des siècles n’est jamais venu troubler.
On peut se promener sans frais excessifs. Le loup n’y est pas !
Bien sûr, dans les pays riches être riche c’est plus cher.
D’ailleurs, il y a des pauvres dans les pays riches, des gens qui n’arrivent pas à atteindre au moins la richesse moyenne…. La richesse par tête en moyenne aux Etats Unis ? 120 dollars par jour ! Un pauvre américain, n’a pas beaucoup d’argent, mais il en a beaucoup plus qu’un libérien, pas même pauvre ! La richesse moyenne par tête aux Libéria ? … 1 dollar par jour ! Au Libéria, franchement, ça ne coûte pas cher d’être riche !
Dans la forêt, les promeneurs américains côtoient-ils les promeneurs libériens, comme si de rien n’était ?
Et si, le loup rôdait tout à côté ?
Et si le loup y était ?
Un instant de bonheur, dans un monde déchiré, violemment inégal peut-il être gratuit ? La prétention à être heureux est-elle simplement pensable quand le malheur est à la porte d’à coté ?
Le loup qui rode dans les bois ? Tous ces gens qui ont faim ? Ils devraient se tenir à distance et supporter la promenade des obèses ? Le loup, un animal efflanqué et galeux comme ces pauvres, ces malades, ces crève-la faim qui écoutent prostrés le chant des mandibules des promeneurs au fond des palmeraies… ?
Ou bien le loup serait ces gens qui, de temps à autre, déferlent en violences pures de haine et de meurtre pour bouffer les consommateurs, jouir des jouisseurs, détruire les palais et en faire des masures. De temps à autre.
Autrefois, le temps pour arriver jusqu’aux promeneurs était très long. On crevait de faim avant de les atteindre… Le plus souvent, on ne partait jamais sachant le chemin impraticable et bien défendu par les distances et le relief. Parfois, le loup, sous-informé, ne savait même pas qu’il y avait des promeneurs dans la forêt. Il était aussi arrivé qu’il ne sache pas ce qu’était un promeneur !
Le loup n’a jamais cessé de roder mais, autrefois, il était loin. On avait le temps de s’éparpiller lorsqu’il jaillissait.
Les temps modernes sont arrivés. Le loup est toujours là et, chose nouvelle, il sait ce qu’est un promeneur.
Maintenant, lui aussi profite des progrès de la science et des techniques. Il a appris que les Ryad restaurés sont des vitrines, que la vraie richesse est là-bas, plus au nord. Il sait que les chemins sont goudronnés, que les montagnes sont franchissables et qu’ont peut traverser les mers.
Traquer les promeneurs n’est plus insurmontable. Il sait qui ils sont et où ils sont. A portée de bateau, d’avions ou de camions.
Le loup rôde de plus en plus près des riches, tenir le loup à l’écart coûterait une fortune ? Cela coûte de plus en plus cher de se promener dans les bois.
Loup y-es-tu ? Pas encore ! Mais pas loin.
Si on n’y prenait garde, arrivant de partout, il s’infiltrerait et viendrait se servir.
Et si, on proposait aux loups de venir se promener ?
On peut tenter les réponses classiques : la police, les répressions militaires. De la violence contrôlée menée par des gens payés pas trop cher, surtout s’il s’agit de conscrits. On peut essayer de tout repenser.
Transformer les promeneurs en chasseurs ? Sur un plan court-termiste, l’idée ne manque pas d’être séduisante. Les promeneurs profiteraient toujours de la forêt, on leur fournirait une prestation en plus, la chasse au loup. On les équiperait en conséquence et on les lancerait dans la nature. Un risque pourtant : Un promeneur n’est pas nécessairement un bon chasseur-traqueur de loup. Ils pourraient bien rater les loups et se faire boulotter !
Une autre version serait de chercher à diminuer la combativité des loups : les romains appelaient çà « panem et circenses ». Leur expérience a été positive mais a vite rencontré des limites. A la longue çà coûte une fortune en installations et en fournitures diverses et çà revient à traiter les effets en espérant régler les causes. En tout cas ça n’a pas du tout diminué le nombre des loups. Au contraire…et cela a fini par mettre les finances de l’Empire à l’envers et les loups de plus en plus nombreux débarquaient avec leurs écuelles.
Il faut penser plus loin, plus révolutionnaire, plus logique surtout.
C’est cette idée d’empire Romain qui y fait penser.
« Panem et circenses » n’est pas un bon truc puisque cela consiste à dire au loup de manger ce qu’on lui donne. Il perd sa liberté.
Ecoutons Bill Gates. « Je crois que les grandes fortunes doivent aller des plus riches vers les plus pauvres ».
Sympa Bill Gates.
Genre Saint Martin !
Il risque d’être bien seul ! Et ses copains vont aller suggérer qu’il ne va pas très bien dans sa tête ! La preuve, il se prend pour Saint Martin !
Un promeneur éclairé devrait raisonner différemment.
Il se dirait que se promener tout seul en faisant comme s’il n’y avait pas de loup est une sottise. Il en viendrait à ce constat que, pour se promener en toute tranquillité, les riches font des guerres qui coûtent cher….
Prenons l’Irak, par hasard, 2000 milliards de dollars.
Il s’inquiéterait de la dérive des prix dans ce domaine : plus on avance dans le temps, plus c’est cher. On ne peut pas comparer le bricolage pas cher, « copain-copain », des franco-britanniques à Suez en 1956 avec la première guerre d’Irak !
Il se dirait alors que les riches seraient bien avisés de se rapprocher des loups et de les convertir en promeneurs…il se dirait qu’à défaut, les obstacles naturels étant devenus des passoires, les forêts pourraient bien devenir des coupe-gorges.
Il reprendrait la formule de Bill Gates, avec quelques changements. On ajouterait « pays », ou « nations », ou « peuples », peu importe, devant « riches » et « pauvres » et çà commencerait à donner quelque chose.
Évalué en 2008, 2000 milliards de dollars pour la guerre d’Irak.
Le PIB du Niger, 9 milliards,
Celui du Togo, 5…
Le Bangladesh (ils sont plus riches) 200 milliards.
Et si les promeneurs cessaient de gâcher les milliards ?
Il y a très longtemps, un chercheur en choses étranges se lança dans une étude approfondie de la guérite de garde républicain attaché au Palais de l’Elysée. Il fit une recension exhaustive de ses mensurations. Il les mit en rapport les unes avec les autres. Quelle ne fut pas sa stupeur lorsqu’il découvrit qu’elles reproduisaient presque parfaitement les grandes dimensions de l’univers.
Il y a moins longtemps, on me montrât ainsi qu’à une assistance éberluée, que suivant les lois inflexibles du Big Data, le taux de divorce dans le New jersey était étroitement corrélé à l’absorption de corps gras.
Les statistiques c’est comme ça, le Big data aussi, les causes s’effacent devant les effets, l’univers est un grand plan qui se répète d’échelles macroscopiques en fractales microniques.
Pourquoi enfoncer des portes aussi largement ouvertes ? La raison en est que ces faits, ces données, ces chiffres ont une telle puissance qu’elles font peur et engendrent des comportements contradictoires. Exemples :
La police suédoise en rébellion contre la «data» a, pendant quelques mois, refusé d’enregistrer les plaintes pour viol émanant de jeunes suédoises. Les policiers s’étaient aperçus que s’ils les enregistraient on découvrirait que les auteurs des méfaits n’étaient pas des suédois. Ils craignaient qu’on stigmatise des populations méritantes parce que malheureuses. Il fallait échapper au démon de la corrélation.
Les Allemands, qui n’ont pas d’état d’âmes de type suédois, ont calculé des corrélations entre augmentation du nombre de viols et augmentation du nombre des migrants. Evidemment, ils ont été traités de sales nazis. La vérité scientifique est à ce prix. Souvenez-vous de Galilée.
Donc, lutter contre les bouffées de «data», lutter contre la collecte de «data», lutter contre les algorithmes qu’on nourrit de «data»… ou ne pas lutter ? Hamlet, à ce compte, serait toujours en train de contempler le crâne de Yorick.
Les défenseurs des libertés individuelles et publiques se sont élevés contre ces dérives. Par exemple : les instances européennes voulant lutter contre l’argent sale et la fraude fiscale, une directive appelle les gens qui ont connaissance de ces agissements à les dénoncer. Mais voilà où le bât blesse : plus il y aura de dénonciations, plus il y aura de délinquants ! Un avocat opposant au big data n’a pas hésité à brandir l’étendard de la révolte : «Elle est belle cette directive qui multiplie le nombre de délinquants». Ajoutant : «Elle est belle cette directive qui, multipliant les délinquants, n’est même pas capable de lutter contre leur prospérité !».
Curieusement, cet avocat ne s’est pas intéressé à une apparente incohérence des datas: la multiplication des délinquants n’a pas fait exploser les honoraires de ses confrères ! En revanche, grâce au big data on voit que l’augmentation du nombre de «repentis fiscaux» et l’augmentation des actions en justice contre les avocats spécialistes sont de même ampleur.
Des études ont été lancées sur ces «data». Il y aurait des corrélations entre mauvais conseils des professionnels et fureurs de leurs clients.
Si je me laissais aller à des émotions « vieux Français », si, enfin, je me sentais en droit de profiter d’un bon coup de British bashing, si, finalement je me comportais comme un europhobe de base, je me réjouirais à cette idée amusante des Écossais : quitter le Royaume-Uni.
Je suis sûr que la Reine ferait un autre « Ha ! » et ferait vite une demande de visa pour ses longs week-ends à Balmoral.
Mais comme je ne suis en rien, ni un républicain coupeur de tête de reine (et puis Lewis Carroll, pour le citer à nouveau, n’a-t-il pas dit qu’il faut qu’il y ait une tête si on veut la couper ?), ni un obsessionnel de la bataille d’Hastings, je veux qu’il soit dit et redit que l’éclatement des Nations est une imbécillité au moins aussi gigantesque que les prétentions au repli national. Je ne répéterai pas ce que je trouve de malsain dans le mental des partisans de la veillée autour du Cantou. Je voudrais dire qu’il y a des raisons très objectives pour s’opposer à ces régressions.
Si l’objectif d’une institution politique est de faire en sorte d’accroître le bonheur des individus qui la composent, de s’assurer que la production de ce bonheur sera durable et qu’il sera protégé contre les formes d’agression intérieures et extérieures, on doit discuter des moyens à déployer pour atteindre ces objectifs.
On découvre alors qu’il est plus difficile pour un ensemble de 300 000 habitants de mettre en œuvre la base de la base de la durabilité du bonheur : la sécurité intérieure. A moins de s’exiler vers le nord comme l’Islande.
On découvre aussi, qu’il n’est pas imaginable de mettre en place des structures d’enseignement supérieur et de recherche fondamentale dans des ensembles humains de 3 000 000 de citoyens. N’oublions pas la sécurité extérieure : il est patent que les beaux pays qui composent l’Europe pour prendre cet exemple limité, les Pays-Bas, la Tchéquie ou la Pologne ne pourraient faire face par eux-mêmes à des menaces extérieures basiques, c’est-à-dire conventionnelles. Alors une menace nucléaire !!!
Les désirs d’entre-soi, de repli dans le cottage ou de fêtes sympathiques dans des collectivités fraternelles appartiennent à des niveaux plus ou moins graves d’infantilisation collective ou à la ferme conviction que « les autres » prendront soin des accidents et des menaces. La petite collectivité prétend se spécialiser dans un aspect restreint de sa production de bonheur. Il faut alors comprendre qu’elle délègue le reste, sous forme de sous-traitance officielle (merci le parapluie américain) ou officieuse (mafias, je vous laisse tranquille sur le marché de la drogue).
Combien de micro-états sont purement et simplement dirigés par des mafias. S’il n’y a pas d’OTAN, que valent les indépendances des pays baltes face à la Russie ?
Le Brexit de l’Angleterre, la séparation régionaliste, Catalogne, Flandres, Ecosse, qui cherchent à retrouver la douceur du foyer familial où les enfants laissent aux parents le soin de faire le reste, c’est-à-dire l’essentiel, sont de dangereuses régressions. Malgré le plaisir de voir l'Angleterre patauger, pas "d'Ecosse libre", c'est aussi bête que la Catalogne indépendante.
Ils refont des bébés! Rectifions, elles refont des bébés! Qui ça? Les Allemandes! On a envie de continuer comme dans la chanson de Jacques Brel "Les Zallemandes, les Zallemandes, les Za, les Za, les Zallemandes!". La nouvelle croît, s'amplifie, s'embellit. On n'y croyait plus. On pensait que c'était fini, la race ne voulait plus croître, le déclin était annoncé et accepté. Il n'y aurait bientôt plus d'Allemands à l'est du Rhin.
Le peuple allemand croît-il?
D'où vient cet espèce de délire journalistique? Tout droit de l'office fédéral des statistiques (allemandes); il a recensé 738.000 naissance en 2015, soit une hausse de 3,2% par rapport à l'année précédente. Le plus haut chiffre depuis 15 ans. Il y aurait même une tendance. L'indice de fécondité est revenu au niveau de ce qu'il était lors de la réunification: 1,47 enfant par femme en âge de procréer (contre 1,42 en 2013). La "grève des ventres" serait donc terminée. Il est sûr que 1,47 ne suffit pas pour faire une démographie enthousiasmante. Mais, c'est mieux que 1,4, pas vrai?
En fait, cela ne résout pas le problème de base: avec 1,47 on est loin du minimum nécessaire à la reconstitution de la population (2,1). D'ailleurs, si on compare les décès et les naissances, l'avantage est aux morts: 925.000 décès contre 738.000 naissances... 200. 000 de déficit. En principe cela doit s'accélérer. Schade!: En 2040, il y aura autant d'Allemands que de Français et les Allemands ne pourront plus puiser dans les stocks d'Allemands de l'Est au sens général du terme. Souvenons-nous que l'Allemagne a bénéficié d'un "arrivage" de 2, 5 millions de "Vieux Allemands", les descendants de ceux qui avaient émigré au XVIIIe siècle dans des pays qui avaient besoin de travailleurs solides et industrieux). Il y aurait bien ceux des Etats-Unis (la première population d'émigrants avant les Italiens et les Irlandais)... mais ils ne veulent plus bouger.
Une hirondelle ne fera pas le printemps des peuples allemands et n'éclaircira pas le ciel démographique de l'Allemagne, assombri depuis longtemps par le vol des mères corbeaux. Les Allemandes, éduquées et issues de milieux allemands évolués, quand on les interroge sur la maternité, regrettent d'avoir eu des enfants. De fait, elles se voient reprocher de vouloir continuer à travailler. Les "mères corbeaux", ce sont ces femmes qui font des enfants et se préoccupent plus de leur carrière que d'élever leurs bambins: elles mettent en cause le fameux KKK, (Kindern, Kirche, Küche).
Mais, alors si les Allemandes ne veulent pas passer pour des mères corbeaux, si elles ne veulent plus faire d'enfants, qui donc arrive à faire progresser la natalité allemande dans des conditions aussi impressionnantes? L'office allemand des statistiques est très clair sur ce point: les femmes "étrangères" ont un indice de fécondité plus élevé que "celui des femmes détenant la nationalité allemande". Les arrivées massives de migrants devraient donc donner un coup de fouet à la démographie allemande. On parle de 1 millions de migrants pour 2016 et puis autant pendant les deux années qui suivront...
Préparer un avenir économique régressif...
Les commentateurs disent toutefois que cela ne fera que retarder un déclin inéluctable avec son cortège de drames, de remises en question et de reniements. Ce sont ceux-là qu'il faut évoquer. La situation que l'Allemagne et ses dirigeants sont en train d'installer interpelle l'Europe. Elle n'est pas étrangère au Brexit.
L'Allemagne vit actuellement sur un mode dont j'ai mis en valeur la dangerosité dans quelques chroniques antérieures. Avant que d'aborder l'aspect qualitatif de la démographie, il faut s'attacher à quelques manifestations économiques qui en viennent. L'évolution démographique allemande comporte à terme deux conséquences lourdes en matière économique: le rétrécissement du marché et la contrainte des pensions.
La première tombe sous le sens: la population allemande diminue et vieillit. Le marché allemand dans tous les domaines sera donc beaucoup moins porteur que le marché français, par exemple, engagé dans un mouvement inverse. En d'autres termes, les industries allemandes pourront aller chercher de la croissance en France... et l'inverse ne sera pas vrai pour les entreprises françaises. On peut même dire que la réussite pour les Français sur le marché de leur voisin sera plus difficile que l'inverse.
La demande de cette population vieillie ne sera pas la même que lorsqu'il s'agissait de "jeunes actifs" ! les seniors allemands seront demandeurs de prestations de services, de soins à domicile, de maisons de retraite médicalisées et non pas d'automobiles ou de matériels du genre ordinateurs et smartphones etc...La propension à importer des seniors s'ajustera sur la propension à consommer: elle diminuera.
Selon les règles Keynésiennes, la régression de la consommation et des importations entraînant les marchés vers le bas, une tendance permanente à la déflation s'installera. Elle est déjà là, elle sera plus forte encore.
La deuxième conséquence qui peut paraître moins évidente, tient à l'évolution même des besoins de la population et de son niveau de ressources. La politique de désendettement de l'Allemagne est exactement sur cette ligne. Il s'agit, coûte que coûte d'ajuster les dépenses futures sur les recettes futures. Or, dans le futur, en raison de la régression de la population, la capacité à financer le remboursement de la dette publique (c'est-à-dire à épargner au niveau de l'Etat) va diminuer. Maintenir un déficit budgétaire dans le seul but de favoriser la relance des économies européennes et de faire plaisir aux Européens, serait un non-sens pour les générations à venir: insuffisamment nombreuses, la charge de remboursement leur serait de plus en plus lourde.
Il en résulte que l'épargne publique doit être stimulée au moment même où les ménages allemands, qui voient bien quel type de société se profile dans les trente années prochaines, ont tendance à épargner davantage. Cette tendance est elle-même renforcée par l'évolution des taux d'intérêts: plus bas ils sont, plus bas le rendement des placements des fonds de pension, plus basses les pensions à venir. Le paradoxe étant que les taux européens sont bas malgré l'abondance des liquidités par le fait même de l'accentuation de la propension à épargner de pays riches comme l'Allemagne.
Dernier point: l'épargne allemande reçoit un renfort déterminant en raison de la situation de la balance commerciale. En bonne logique keynésienne cet excédent qui dépasse 7% du PIB devrait se transformer en investissement et, par le jeu du multiplicateur, créer davantage de richesses. Mais il se trouve que ces excédents considérables ne sont pas réinvestis en Europe. Les grandes firmes allemandes, spécialement les firmes automobiles, préfèrent investir dans le monde entier plutôt qu'en Europe. S'il faut y trouver une logique, on se retournera vers le souci manifesté par les fonds de pension allemands investisseurs dans leur capital, de constituer des ressources complémentaires et de bâtir des portefeuilles d'investissements à l'abri du déclin programmé de la population et du marché allemands. Souci parfaitement en ligne avec celui des grandes entreprises qui ne pourront plus compter sur leur marché intérieur.
Cette situation d'ensemble a-t-elle eu un impact sur la vote en faveur du Brexit? Cela peut paraître éloigné. La décision anglaise ne devrait pas être connectée sur l'attitude allemande. Pourtant, cette connexion existe. L'oublier pourrait conduire à ce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. L'Allemagne placée par hasard au milieu des jeux européens peut par un comportement inapproprié favoriser la diffusion de l'esprit brexit.
Ce sera le thème de la prochaine chronique: L'Europe de la peur entre aveuglement allemand et craintes démographiques.
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