Soliloque sur le vaste monde, Janvier 2024

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse

 

Vivre dans un monde fracturé 

 

La carte n’est pas la population

 

La loi des corrélations inverses : une relation mathématique méconnue

 

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse


Il y a beaucoup à craindre des initiatives de la mairesse castagnette de Paris. On ne perdra pas de temps à rappeler son esthétique désastreuse, déjà dénoncée dans quelques Humeurs et newsletters de votre serviteur, l’atroce ensemble de fontaines au niveau de la place des Champs-Elysées, mais aussi, les menottes gigantesques et absurdes installées sur la place du Général Catroux…. Tout ceci destiné à la communication de la mairesse dont la solitude est poignante. Une belle illustration en est donnée par l’affiche, visible sur tous les abribus et les panneaux Decaux qui montre Anne Hidalgo, seule, au balcon d’un quelconque immeuble, face à une ville mutique, désertée et vide poussant à pleins poumons un cri « Bonne annééée !!! ». Tout au fond de l’image, impavide, se tient la tour Eiffel.

L’avantage de la formule de l’affichage est clair, par opposition à une communication télévisuelle : elle dure et s’impose, on passe à l’aller devant la fameuse affiche avec sa petite bonne femme qui crie dans le vide, on repasse, au retour, pour voir la même hurlant sans son. On finirait par méditer sur une citation détournée : « L’essentiel est inaudible pour les oreilles ».

Il est dommage qu’on ne puisse voir la Seine. Car, d’après les dernières informations, la mairesse à castagnette a bien l’intention d’en faire le décor d’une communication aux parisiens et au monde entier. 
Car, elle nous l’annonce: pour les jeux olympiques, elle ira plonger dans la Seine. Le trajet envisagé n’est pas encore connu. Sécurité oblige. Imaginez qu’un sniper la shoote du haut d’un des nombreux ponts de Paris. Imaginez qu’un « djeune » propulse un caddie du haut d’un parapet comme on le vit faire récemment en surplomb d’une autoroute, imaginez qu’un commando russe, l’attaque sous l’eau et l’emporte à l’est pour nager dans le Don aux côtés du Tsar de toutes les Russies…

Donc, si nous savons qu’elle ira nager dans la partie parisienne de la Seine, nous ne savons pas exactement où. Nous savons que de toute façon ce sera sous les projecteurs. Mais nous ne savons pas qui sera autorisé à l’assister dans son plongeon de départ, ni qui l’accompagnera. On peut être certains que ce seront des fidèles. Ils nageront éloignés les uns des autres pour faire en sorte que l’esprit de compétition sportive l’emporte sur celui de la compétition politique (mais, par souci de préséance, ils ne seront pas autorisés à dépasser la mairesse). A la sortie de son bain, les images seront issues d’un retraitement par IA (intelligence artificielle) de la célèbre sortie de l’onde d’Ursula Andress dans « James bond contre Docteur No ». Il n’est pas douteux que c’est un proche ( politiquement parlant : Ian Brossat ? ) qui lui tendra une serviette. Sera-t-elle parfumée en même temps que séchée. L’équipe municipale est divisée : la couvrir de senteurs laisserait à penser que la Seine n’a pas la bonne odeur fraîche et joyeuse rêvée par le regretté Jacques Chirac. Pour les mauvais esprits, cela donnerait à imaginer une scène d’embaumement, renvoyant à des exemples célèbres, Néfertiti, Cléopâtre, et anticipant sur les résultats des élections municipales à venir. Il est certain toutefois qu’on évitera absolument que son arrivée puisse faire penser à celle d’un migrant atterrissant à Lampedusa.

Ces considérations festives et quelque peu théâtrales, escamotent les risques de retombées dramatiques. La plongée dans la Seine d’une femme très engagée politiquement n’est pas un bon signe. Dans le monde instable qui est devenu le nôtre, se jeter à l’eau n’est plus le signe du dynamisme et de la prise de risque. Cela renvoie à des moments sinistres quand les fleuves français étaient devenus des moyens d’élimination des opposants politiques. A Nantes, au moment de la Révolution, Carrier économisa la poudre et l’échafaud par le recours aux noyades des contre-révolutionnaires.
Le pli était pris: depuis la Révolution jusqu’à nos jours, la Seine n’a pas été exempte de noyades politiques. Pourtant, il était interdit de s’y baigner.
 

NB sur le proverbe cité en exergue : il serait d’un goût douteux de remplacer « cruche » par un nom de personne espagnol, « eau » par Seine, « se casse », par « s’en va ».

La loi des corrélations inverses : une relation mathématique méconnue



Dans un pays, comme le nôtre, où l’enseignement des mathématiques s’est effondré, le goût pour les graphiques, avec leurs « montagnes », leurs montées, les « courbes qui ne montent pas jusqu’au ciel », ne se dément pourtant pas. Voilà des causalités faciles à comprendre. Pas besoin de maîtriser les algorithmes, ni les asymptotes et toutes ces choses qui n’ont pas grand-chose à voir avec le monde réel. Du premier coup d’œil sur les deux courbes, l’évidence saute aux yeux.

Peut-être cela correspond-il à la tendance qu’on observe depuis longtemps, le recul de la lecture et la préférence croissante pour l’image. Mieux encore, on peut animer les courbes et dans de courtes vidéos les faire monter ou descendre. Et on peut aussi, judicieusement s’entend, les marier. C’est alors qu’on obtient une image formées par deux courbes qui ravit par sa simplicité. Idéalement, c’est lorsque, l’une descend alors que l’autre monte que l’effet scientifique est le plus fort. Nos concitoyens adorent car voilà des images qui parlent.

Un exemple : les deux courbes, l’une descendante, celle de la consommation d’alcool et l’autre, montante, celle de la consommation de drogue. Seul un farfelu matheux et boutonneux ne sera pas capable de voir, que ces deux courbes rassemblées sur une même feuille de calcul, parlent de la même chose. Qui ne voit pas l’une est le décalque inverse de l’autre. Ces images parlent toutes seules d’un grave phénomène de société : quand une addiction tant à disparaître, une autre vient prendre le relai. Il n’est point besoin de savants commentaires.

Prenons un peu de temps pour parler d’un autre croisement de courbes, un autre qui éclairera si bien nos réflexions : la courbe qui montre l’effondrement de la natalité en France et celle qui montre l’explosion des divorces. Ce sont des courbes qui sollicitent l’intelligence. On doit les interpréter car elles ne sont pas indemnes de manipulations. C’est un fait que la seconde a fait l’objet d’attaques régulières. Les lois se sont multipliées, pour en limiter la progression (que quelques matheux auraient qualifiée d’exponentielle). On a vu des commentateurs s’exclamer « cachez ce divorce… ».

On a vu le Parlement inventer des mariages sans cérémonie et des cérémonies sans mariages pour éviter que la courbe ascendante des divorces ne devienne le ferment d’un délitement de la société. On a préféré organiser des « séparations » permettant à la courbe des divorces de s’assagir et à la société de respirer. Pour que la vieille et noble cérémonie du mariage ne soit détournée, on a inventé les mariages « canada dry » : ils ont tout d’un mariage mais ne sont que des pactes. En diminuant le nombre des mariages, on en venait à imaginer que le nombre des divorces se contracterait et en retardant ce qu’on pensait être le pire, on espérait revenir aux bonnes vieilles réalités d’autrefois. Et parmi celles-ci : la courbe de natalité quand elle était ascendante.

C’était demander un peu trop aux images. La courbe de natalité est vraiment engagée dans la pente descendante. Et, tristement, il faut bien admettre qu’elle a pour « courbe sœur », la courbe des divorces, corrigée de ses retraitements, qui est ascendante. On notera que ce sont finalement des vérités mathématiques incontournables : à chaque courbe qui descend, une courbe qui monte (et réciproquement). Une question agite le monde des courbes : peut-on dire qu’une courbe descendante doit être appariée avec une courbe montante et une seule comme on dit que par un point on peut faire passer une droite parallèle à une autre droite et une seule.

Or, une sorte de singularité a été relevée : la courbe des féminicides est ascendante.  Peut-on, sans risque, l’apparier avec la courbe des divorces. On doit s’interroger : sa contrepartie descendante n’a peut-être pas encore été mise à jour.  

Pour conclure sur un plan scientifique : le principe de dualité des courbes statistiques de sens différents est un instrument puissant pour la compréhension du monde.

Par exemple : La décroissance de la population russe a pour courbe complémentaire l’accroissement de l’agressivité de Vladimir Poutine. L’accroissement chez les Ukrainiens de la peur du Russe a pour contrepartie, la diminution de la natalité etc.
 
 


Vivre dans un monde fracturé 

 
Il fut un temps, très lointain, où, empêchés de naviguer à leur guise, quelques armateurs, portugais le plus souvent, décidèrent de chercher des routes et d’éviter les méfaits des pirates en tous genres qui sillonnaient la Méditerranée. Ils en trouvèrent. Contournant l’Afrique puis, plus tard, l’Amérique du Sud, trouvant des passages pour entrer dans la fameuse mer de Chine, relayés ensuite par les autres nations du monde occidental, ils firent du monde une huitre merveilleuse ouverte à tous les commerces, aux industries et à la circulation des idées.

Le monde devint sans limite. On y ajouta un peu plus tard l’unité universelle par le moyen des routes aériennes et des communications sans fils . Tout était devenu possible. Le genre humain, qui avait été inventé en des temps antiques quand les hommes avaient bien du mal à se rencontrer, était devenu une réalité.

Les attaques de bateaux circulant au large des côtes du Yémen, délivrent un autre message. Ce n’est plus celui, élégant, de Valery, nous annonçant que le temps du monde fini arrive, c’est celui de la science-fiction post apocalyptique, le temps des mondes morcelés. Ce temps-là, fut longtemps regardé avec une sorte d’attention navrée. Les désirs de dislocation des grands ensembles politiques, désirs d’indépendance de petites communautés, souhaits de retrait, les fameux « xit » qui prétendaient rompre avec des organisations jugées trop vastes, se multipliaient. On vit même des Allemands récemment réunifiés se prendre à rêver de l’ancien temps communiste. En vérité, rien de bien novateur. Ce n’est pas d’aujourd’hui que les Ecossais rêvent du bon vieux temps de leurs rois et de leurs lois, ni que les Bavarois regardent leurs concitoyens « allemands » du haut de leur bocks de bière.

Oublions-les. Il y aura toujours des corses qui se rêveront esclaves débandés et des Inuits prêts à vendre tous leurs plats d’yeux de phoques pour récupérer de la souveraineté sur leur « Groenland ». En revanche, regardons de plus près la multiplication des bancs d’huitres.  La fameuse formule qui ouvrait le monde aux ambitieux : « Le monde est notre huitre » est en perdition. Le monde se divise en bancs d’huitres plus ou moins grands, plus ou moins sécurisés. Les ambitieux vont s’y télescoper, voire se voler les uns les autres, ou, s’ils n’y parviennent pas, empêcher les autres d’avancer.

Cela commence par la mise en cause et l’obstruction des grandes voies navigables. Les attaques lancées par les houthis contre les navires en mer Rouge sont un début de la dislocation des grandes routes commerciales. Appuyée sur les innovations technologiques dans le domaine de l’armement : drones, missiles, obus dirigés etc, la tactique utilisée combine les nouvelles procédures de combat avec les vieilles méthodes comme celles de l’abordage. Aujourd’hui, il est aisé de lancer des missiles à longue portée. Interceptables ? Pour le moment ! Mais, dont le nombre et les améliorations en feront des menaces de plus en plus pesantes et redoutables et conduiront à une réduction de la navigabilité des anciennes grandes routes.

Bientôt ce sera le canal de Panama qui verra se multiplier les menaces et les chantages. Les narco-états y chercheront des sources de revenus considérables. Les compagnies maritimes renonceront bien vite à utiliser cette voie de communication. On se rabattra sur les routes de l’Arctique ? Mais elles longent les côtes de la Sibérie, entre les mains d’un Etat voyou, fermement décidé à se réserver les bénéfices de ce circuit. Toutes ces routes perdront en sécurité et ne seront plus que marginalement empruntées.

Faut-il penser à d’autres menaces ? Les voies aériennes sont-elles si sûres ? Les progrès de la technologie ont rendu très accessible la fabrication des armes anti-aériennes. Descendre un avion convoyant deux cents ou trois cents personnes coûtera de moins en moins cher. La menace de le faire sera de plus en plus rentable.
Le mouvement est lancé. La fracturation du monde entamée. Il ne sera bientôt l’huitre que d’Etats voyous ou de bandes de trafiquants qu’il sera trop coûteux d’expulser ou d’empêcher de nuire.

 

La carte n’est pas la population

 

Il n’est pas de journal d’information sans plateaux télé consistant à étaler autour d’une table, un nombre indéterminé de sachants à qui il est demandé de fabriquer de l’information en « live ». Le sachant de plateau télé a cet avantage sur le journaliste de terrain : il n’est pas influencé par les événements bruts. Il sait prendre ses distances et s’exprimer objectivement sur des choses dont, parfois, il vient de découvrir l’existence.

Un de ces plateaux télé était organisé autour du thème du jour : comment aider nos nouveaux amis, les Ukrainiens, dans leur combat démocratique contre la Russie totalitaire. Les sachants du moment y allèrent de leurs conseils, invectives, requêtes, inquiétudes quand le haut gradé militaire de service profita d’un moment de silence pour, de la voix claire et forte d’un commandant d’active, formuler une étrange remarque : « Soyons lucides : les frontières de l’Ukraine ont connu d’amples fluctuations ! ».

Stupéfait, le journaliste présidant le plateau se reprit rapidement mais ne se hasarda pas à faire confirmer l’information par le ministère des Armées. Il se contenta d’un « Et ? » pas trop impliquant, invitant le militaire à approfondir sa pensée. Le militaire prit un air malin, « Les frontières ? Essayer donc de borner et délimiter de la gelée anglaise… ». Le plateau devint silencieux d’un de ces silences que les journalistes qualifient finement d’« assourdissants ».

On passa à la météo. C’était plus sûr. Sauf que, pour des raisons obscures, la météo commença par la tempête qui, ces derniers jours, balayait les plaines polonaises. C’est alors que l’improbable devint certain : sur l’écran, les frontières de la Pologne ne cessaient de bouger ; elles disparaissaient, réapparaissaient, se divisaient. La Pologne se déplaçait vers la Russie, lui piquant des bouts de territoires et revenait ensuite vers l’Ouest au détriment de l’Allemagne. Sûrement un saboteur avait voulu marquer que les frontières de l’Ukraine, comme celles de la Pologne, étaient fluctuantes pour dire le moins, et celle de l’Allemagne aurait-on pu continuer en pensant à son cheminement chaotique vers l’Ouest. On crut même entendre un propos innommable : « Depuis quand l’Alsace Lorraine … » ! Le saboteur (ce ne pouvait être qu’un Russe) ayant lancé son brûlot, aurait ajouté, ironique, « Et le comté de Nice… ».

« Je croyais, lança, timidement un des sachants, quand la météo eut quitté l’écran, que les frontières ne se discutaient plus ». Les autres, acquis au militaire, par complaisance, par manque d’imagination et surtout, par respect pour l’uniforme, se gaussèrent. Il vint même à la bouche de l’un d’entre eux que les frontières importaient peu, l’essentiel résidant dans les populations contenues. « Rappelez-vous l’Anschluss » ajouta-t-il en prenant un air entendu : « Le Donetsk n’est qu’une plaisanterie à côté ». A nouveau pris de court, le président du plateau télé hésita quelques instants avant de regretter qu’il fût trop tard pour interroger le ministère des Affaires Etrangères.

Le militaire qui n’avait pas envie qu’on lui vole la vedette rappela que la Hongrie avait quelques raisons d’être mécontente d’un traité de Trianon qui l’avait écartée de centaines de milliers de compatriotes aléatoirement et déraisonnablement dispersés entre Roumanie, Serbie, la Croatie et même un peu de Pologne….

Il posa un principe, comme on installe une batterie de canons Caesar : « Les peuples sont incontournables et les frontières ne sont là que pour ratifier leurs mouvements ». Décidé à ne pas cacher la réalité, il continua son exposé en proposant une sorte de vision futuriste du monde. Il commença par des détails, les Falkland ne seraient-elles pas plus logiquement argentines que britanniques. Les Etats-Unis, très largement peuplés de Mexicains, devraient être prêts à en tirer les conséquences et, tenant conférence à Alamo, rendre au Mexique ce qui était sien jusqu’au mitan du XIXème siècle.

Puis, ménageant un silence comme les grands stratèges savent ménager des espaces libres avant les charges de cavalerie, il continua : « Considérez, messieurs, le Sud de notre pays, de plus en plus peuplé de populations provenant d’Algérie. Ne devons-nous pas nous attendre qu’à un moment, certains groupes politiques, mal intentionnés pour les uns ou cherchant la vérité géographique pour les autres, en viendront à réclamer leur rattachement à leur pays d’origine ? ».

Une sorte de sidération avait condamné les autres sachants au silence. Le Président du plateau, face à l’effondrement mental des participants, hésita sur une conclusion et, finalement, s’abstint.
En voix off, on crut entendre : « Il n’y a pas que la guerre qu’on ne devrait pas confier aux militaires ».

 

 

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