Janvier 2017, Soliloques sur le Vaste Monde

- El Chapo et Donald Trump …

- Un monde de robots ou un monde sans foie gras

- Pourquoi le Brexit?

- Trump à nouveau, d'Ali-Baba à Aladin

- Avant l'Homme  dilué, l'Homme éclaté

- 2017, Une année "première"

- Avis aux candidats audacieux, il faut faire revivre l'Etat (paru dans le Huffington post)

Un monde de robots ou un monde sans foie gras

Les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, le big data, voilà les nouvelles Parques, les filles contemporaines des romaines, Nona, Decima et Morta. Elles forment la toile et tiennent en leur pouvoir le fil de nos vies. Inéluctablement, comme le temps s’écoule, Davos referens, ce pouvoir s’accroit.

Bientôt, même les intellectuels verront leurs métiers menacés. Ils devront se reconvertir. Ils devront changer de métier 10 fois dans leurs vies et, 10 fois, se découvriront pareils à des proies.

Dans 20 ans, juristes, médecins et même ingénieurs, et les autres aussi, erreront sans emploi, «jobless». On n’aura plus besoin d’eux. Leurs savoirs approximatifs, rarement «updatés», demeurant collés à des 2.1 quand il eût été nécessaire d’«upgrader» à 5.3, seront relégués dans des officines douteuses où le stylobille vivra encore quelques heures crachotantes.

La place de Grève retrouvera son animation d’autrefois. On pourra y trouver toutes sortes de compétences « uberisées ». Des cerveaux à louer pour dix minutes. Des mémoires à solliciter pour 0,020 centimes l’octet. Des talents interstitiels, des spécialisations minuscules, des restes de tâches complexes, à cinq sous ou payés d’un morceau de hamburger sans la sauce tomate.

Les robots sauront se réparer eux-mêmes mais sauront aussi faire leur marché : la traite des hommes reviendra et le saisonnier louera non pas ses bras mais ses neurones. Peut-être les branchera-t-on directement sur le robot mal en point ? Ainsi pluggé, son cerveau déversera quelques substances trop infimes pour qu’on s’ennuie à les synthétiser. On élèvera des humains, compétents et diplômés, on les mettra en batterie, pour y ponctionner ces petits riens sans lesquels un robot grince au moment de computer.

Ça, c’est ce qu’on dit à Davos: demain, l’homme sera remplacé par la machine, y compris dans les domaines les plus fins et les plus élevés de l’intelligence et de la pensée.

Ce qu’on ne dit pas : au moment où cette chronique est écrite, la conférence de Davos a été totalement virussée par des hackers orientaux, les discours réécrits et les prompteurs asservis.  Tous très occupés, trop dira-t-on, les VIP de Davos qui n’ont jamais écrit ce qu’ils racontent ont répété fidèlement ce que les prompteurs leur ont proposé, écouté ce que leurs oreillettes leur ont susurré et débité des fadaises truquées sans un instant de doute.

Alors, il faut rêver au moment où, panne de prompteur ou friture dans les oreillettes aidant, un VIP se rebiffera et s’exclamera : "Les nouveaux virus, qui s’en prennent aux nouvelles technologies, sont et seront toujours produits par des hommes. Nous n’aurons plus besoin d’hommes pour faire ce que feront les robots, mais nous en aurons besoin pour les surveiller; des hommes formés pour combattre d’autres hommes animés de mauvaises intentions. Compte tenu de ce que nous savons de la nature humaine, cela devrait se traduire par de nouveaux emplois en abondance".

"A défaut, les bienfaits du big data seront perdus de même que, faute d’avoir pensé à la sécurité des canards, les virus vont nous priver de foie gras".
 

Trump à nouveau, D'Ali-baba à Aladin

On a décrit la primauté du Verbe chez Donald Trump. Et il est vrai qu’il le porte haut et fort. Il y a peu, on pouvait énoncer que le verbe trumpien était apparenté à celui du maitre quelconque d’un quelconque animal domestique. Aujourd’hui, les entrepreneurs américains cauchemardisent. Trump, tonitruant, trompetterait en tournant autour d’eux. Entre la Renommée et Jéricho, y-a-t-il un choix ? Trump devenu si audible n’a plus besoin de parler.

Comparez à notre Moi-Président, homme intelligent, qui, à l’inverse de Trump, a fait l’ENA . Aux antipodes du célèbre cow-boy, Moi-Président a inventé l’homme qui parle plus lentement que son ombre. Sans cesse, son verbe butte sur les mots. Ah ! ces satanés mots ! C’est qu’il faut être prudent : certains n’ont qu’un seul sens et veulent vraiment dire ce qu’ils signifient.  Et ces phrases où il faudrait mettre un point final…  (Pourquoi finir ? N’est-ce pas mourir un peu ?). Les points de suspension… c’est mieux…. Et ce ton en phrasé disruptif et syncopé qui décourage le verbe, lui fait renoncer au sujet et torpille les compléments d’objets. Il est vrai que les objets sont des objectifs en herbe. Impérieux et arrogants si on les laisse faire. Donc, dans la phrase, le moins d’objets possibles.

Comparez à François, le vrai, celui d’avant. Rappelez-vous comme ses battements de cils étaient éloquents. Souvenez-vous de son sourire qui savait dissoudre un mot un peu trop fort. Et de sa voix toute en musique, débarrassée de mots trop bavards. Souvenez-vous de ses mains,  comme elles assouplissaient le discours.

Comparez (c’est une vraie expérience de pensée) Trump et Castro, le mot qui s’étire en guimauve et le mot qui se concentre en balle blindée; différence entre un poste à galène et un smartphone. Trump réinvente une parole politique où les mots sont clairs, où les sons sont purs, où la gestuelle est directe. Trump, c’est la Révolution ?

Loin de là: du passé, il ne fait pas table rase.  L’ancien et le moderne sont réconciliés. Il y a du Robespierre chez cet homme, doigt pointé vers l’ennemi de la république et menace de couperet qui plane, du Fouquier-Thinville et du Vychinski qui savaient simplement, sans fioritures, vite, demander des têtes et les faire tomber. La petite Leonarda n’aurait pas tenu 30 secondes. Il y a aussi du «Chavez » et ses déclarations à l’emporte-pièce : « Les riches ? je les fais payer ! ». La ressemblance s’arrête là, Trump est un Chavez riche.  Lui, il ferait plutôt payer les pauvres !

Cessons de comparer et caractérisons. Avec Trump, on est entré dans l’ère de la modernité : celle de la commande verbale ! On ne tape plus ni du poing, ni sur les touches. On parle à l’ordi ou à n’importe quoi qui y ressemblerait. Au PDG d'Apple, par exemple. On lui dit « je veux… ».

Aladin et Ali-baba réunis ? Trump serait donc un de nos rêves d’enfant quand tout est possible si on y pense sincèrement.

Avant l'Homme  dilué, l'Homme éclaté

L’avenir est-il à nouveau dans l’éclatement de l’Homme ? Souvenez-vous de ces réquisitoires contre les tendances malsaines des années 70-90.

 

L’Homme éclaté. Écartelé entre les appels à la consommation et les appels à la participation. L’Homme qui était enjoint de consommer, environné de messages impératifs : tu consommeras, tu achèteras, tu iras dans les temples de la consommation, les super et les hyper, et puis les centres commerciaux et puis encore les cités commerciales… On pensait avoir eu raison de cette menace qui faisait de l’Homme le jouet des industries de tout et n’importe quoi.

 

Et puis non! L’homme unifié qui aurait une volonté, des désirs à lui, qui travaillerait pour lui et sa famille (ou ce qu’il en reste), vaguement hédoniste, voyageur et jogger, un peu gouailleur aussi et connaissant par cœur des dialogues réjouissants (« y a même de la pomme »), est en train de se fracasser contre les miracles des nouvelles technologies.

 

En un temps où la mondialisation, ce mouvement qui dilatait la conscience humaine au niveau de la planète et (du moins en rêvait-on) de la Lune et de Mars, en prend plein la figure : l’Homme Ecartelé revient sur le devant de la scène anthropique. L’Homme moderne ne se répand plus partout n’importe comment, à base de bateaux de croisières, de rave parties ou de facebooks en tous genres. L’Homme moderne ne s’éclate plus, on l’éclate.

 

Souhaite-t-il être lui-même, c’est-à-dire, un, unique, pensant et souffrant en tant qu’individu, bien individualisé ? Désire-t-il quelque chose d’utile, d’intéressant ou tout simplement d’agréable ? Voilà bien des idées anciennes ! Ses désirs ne sont plus des ordres mais des informations auxquelles il sera prié de complaire. Il est appelé à partager. Il est invité à ne plus se satisfaire de lui-même, mais à en faire profiter les autres. Son autocuiseur sert-il vraiment tous les jours ? Sa perceuse et son appartement, quand ils ne sont pas mobilisés par la satisfaction immédiate de ses besoins, ne méritent-ils pas mieux que d’être laissés vacants ? Le « CO » vient tancer le « Particulier » et lui imposer l’éthique de la mise en commun.

 

Il voudrait travailler et même disposer en contrepartie d’un salaire ? Il voudrait se simplifier la vie ? Aujourd’hui, travail unique, employeur unique, salaire unique sont des manifestations sociales iniques. Le CO arrive et avec lui le COworking, le COllaboratif, le COopératif. Tu « COopéreras » pour « COproduire » et COconsommer ». Eclaté entre plusieurs tâches, plusieurs jobs, plusieurs intérêts, un nouvel homme est sur le point de naître : l’Homme COllectif. L’Homme nouveau sera éclaté puis, dilué : les réseaux se saisiront des parties de cet ancien tout qu’on nommait "Individu" et les relieront à un « Sur-Tout », le « CO » où plus rien ne sera abusivement inoccupé, plus rien ne sera égoïstement approprié, où tout ce qui n’est pas utilisé sera remis en COmmun.

 

Les biens, les choses, les services, les hommes, les enfants et aussi les femmes seront COmmuns dès que disponibles.  

2017, Une année "première"

 

C’est la nouvelle année. On souhaite à tous ceux qu’on aime que le bon, le beau et le bien surgiront. Pourtant, c’est vain : ils sont posés à l’horizon, ligne imaginaire qui recule au fur et à mesure qu’on avance.


2017 est notre nouvelle année en suite d’une série déjà impressionnante de nouvelles années. Serait-ce la dernière ? Ayant atteint, malgré beaucoup de difficultés, l’année 2017, on peut préjuger que cela devrait continuer. Sinon, on aurait perdu beaucoup de temps.

Une remarque importante : 2017 est une année première car 2017 est un nombre premier. Peu de gens s’en sont fait la remarque, mais c’est comme ça : les faits sont obstinés disait le président Adams, un nombre premier, n’est pas second, ni troisième. Il doit s’accepter tel qu’il est : premier. 2017 est donc première.

Peut-on tirer une leçon de cette singularité mathématique ? Ce n’est pas certain. Il y aura beaucoup plus de nombres premiers après 2017 qu’avant. On pourrait s’en attrister et penser à Sisyphe. Ce serait à tort : on a un peu avancé ! 2017, c’est un nombre premier de moins, comme on peut dire qu’aujourd’hui il y a moins d’avenir qu’autrefois.

Cependant, 2017 peut nous faire redouter : une année nombre premier annonce nombrilisme, égocentrisme et confinement sur soi-même. Un nombre premier ne se divise que par lui-même, il n’accepte que le «un», il n’admet ni la diversité, ni l’ouverture aux autres diviseurs.

Un paradoxe mathématique : en 2018, on dira que 2017 c’était l’année dernière…

 

El Chapo et Donald Trump …


Aux Etats-Unis, deux événements sans lien apparent auront marqué le 20 janvier 2017. Le premier, c’est l’arrivée d’El Chapo dans une maison d’arrêt, le second, l'arrivée de Donald Trump dans la Maison Blanche. Quels liens entre ces deux événements ?

Les méchants diront qu’ils se ressemblent :  ils sont riches tous les deux et on sait que de l’autre côté de l’Amérique où l’argent n’a pas d’odeur l’accumulation de dollars n’a aucun effet sur la qualité de l’air qu’on respire.

C’est trop vite dit !

Il y a des différences! Ils ne sont comparables ni au mental, ni au physique. L’un est protestant et sait qu’il sera jugé sur ses œuvres quand, l’autre, catholique se fait pardonner à confesse.  L’un est blond comme les blés et rougeaud comme une tranche de roast-beef, l’autre est noir comme un taureau « miura » mais pâle comme une cellule de prison. L’un a été choisi par tout un peuple comme, sur internet on achète une bagnole rutilante et connectée, l’autre, rejeté par son pays, a été livré comme un morceau de bidoche avariée.

Donc, rien de commun entre les deux hommes ! C’est par hasard que, le même jour, l’Amérique les a tous deux accueillis. Insister sur ce hasard n’est-ce pas provocation pure ou, pire, une perte de temps alors qu’il y a de vrais sujets de méditation. Par exemple, on dit que les primates auront bientôt disparu . La vraie question: qu’en sera-t-il d’El Chapo et de Donald Trump ?

 

Pourquoi le Brexit ?

 

Hier, je regardais un épisode de Downton Abbey. J’observais comme était magnifiquement réglée la chorégraphie entre les maîtres dans leurs salons, bibliothèques, salle à manger et les serviteurs dans leurs sous-sols, garages et réfectoire. Les gens du sous-sol, si attachés à leur maison et à leurs maîtres, avec quelques idées sur leur avenir et quelques regards sur le vaste monde, heureux de leur sort et désireux de ne voir rien trop changer. Les maîtres, absolument convaincus qu’il n’y a rien de passionnant dans le monde qu’eux-mêmes, occupés à plein temps à vivre la vie d’aujourd’hui comme on vivait la vie d’antan. Et très attachés à leur petit personnel.

Les Anglais ont adoré cette série,

Mais voilà où le drame se noue. Les Anglais, regardant à la télévision vivre ce petit monde, ont découvert que dans Downton Abbey tout le monde était anglais (sauf le chauffeur irlandais). Anglais et heureux. Même au sous-sol. Alors, les Anglais se sont regardés. Au sous-sol, maintenant, c’est bourré de polonais (sauf le chauffeur qui est pakistanais). Et les maîtres ? Ils sont de moins en moins anglais. Des Chinois, des Arabes et même des Russes, un demi-monde de parvenus apatrides et de ploutocrates.

Un Downton Abbey où mêmes les serviteurs ne seraient plus britanniques ? Les Anglais ont dit « Brexit !». Cela voulait dire « back home !» : on retourne à Downton Abbey. Au sous-sol ? Mais avec des maîtres comme autrefois, des gentlemen. Les « Gentlemen » sont devenus rares ? Le Brexit va être dur.

 

 

Trump entre Médor et Jéricho


Donald Trump rend au verbe toute la force qui lui avait été donnée il y a si longtemps, au début des temps, car « au début était le verbe ». Ce n’est pas un bavard pourtant. Il tweete avec sobriété. Phrases courtes, comme celles d’un militaire. Phrases simples, comme celle d’un chef. De la vraie simplicité. Pas de la simplicité crafouilleuse comme « Tous les bororos sont des araras ».

S’il pouvait parler en faisant de petits dessins comme les Chinois, Trump dessinerait. Ce serait plus simple qu’un discours court.  Mais comme personne n’a lancé « au début était le dessin », il s’en tient au verbe.

On peut dire de Donald Trump qu’il est un authentique verbo-moteur : ses phrases, claquent sur le web, comme au vent les oriflammes du temps jadis. « M. Ford, tes usines. Tu sais où tu les mets ? En Amérique mon vieux ! Ne me réponds pas. Je sais que tu as compris ». Et aussitôt, on apprend que M. Ford a reçu 5/5. « M. Sprint, tes usines. Tu sais où tu les mets ! ».

Le prochain tweet devrait être plus court encore : « M. Apple ! ». Et M. Apple comprendra.
Car Trump, c’est la démocratie, version Médor. « M. Ford, aux pieds ». Bien dressé, Médor vient tout de suite. Le défaut ? C’est Médor qui vient. Tout seul.

En France, le Président dira : « ENA ». Et, lui, il aura plein de Médor aux pieds.

Avis aux candidats audacieux, il faut faire revivre l'Etat

 

C'est le moment pour, lisant et relisant les nombreux débats et propositions qui se multiplient au fur et à mesure qu'approche l'élection présidentielle, soulever des questions sur ce qu'on peut attendre de l'Etat, de ses Agents et de leur place dans la société française.

En écoutant, en comparant les apports des uns et des autres sur l'Etat et son rôle, j'en suis venu à ces quelques questions.

 

1)   La pensée économique

 

Organisant ma documentation pour l'écriture d'un livre : je suis tombé sur des ouvrages antiques et au style très daté, très français d'une époque à laquelle on ne veut plus penser. Ecrits par Perroux, Boudeville, De Jouvenelle, Massé, Aron et tant d'autres, ils avaient pour ambition de fournir à l'Etat et à ses agents, des clefs et des concepts économiques : théorie des espaces économiques, de leur déformation, de l'information, de l'innovation, de la domination, de la concurrence imparfaite. L'anglo-saxonisation de la pensée économique et le libéralisme absolument triomphants sont venus à bout de ces idées. L'échec du libéralisme absolu doit donner une chance pour la formulation d'une pensée économique française riche et inspirée.

 

2)   Les idées sur l'Etat

 

On voit de plus en plus revenir les méditations sur les origines de la France Moderne et tout particulièrement celles qui ont trait à l'Etat. De tous temps, il a impulsé le meilleur et provoqué quelques catastrophes. Colbert réinventant la forêt française pour une construction navale de qualité, n'imaginait pas que 200 ans après... les chênes des forêts domaniales ne seraient plus d'une grande utilité. On aurait aussi pu s'étonner du plan Freycinet qui n'avait pas vu arriver l'automobile ou du plan de Constantine qui n'avait pas intégré l'hypothèse de l'indépendance algérienne. On ne souvient pas des plans pour le développement de l'Afrique francophone, largement inspirés par la pensée économique mentionnée plus haut. L'Etat, tout particulièrement là où il est puissant, comme en France, est-il inapte à moderniser, anticiper, innover ? On en discutera encore longtemps. Mais comme l'Etat est un élément constitutif de la pensée sociale et politique française, il vaut mieux penser à ce qui peut l'améliorer...

 

3)   La pratique politicienne

 

Si l'Etat est consubstantiel au "mental Français", l'Administration qui "le sert" l'est tout autant. Encore Bachelier, je voyais les hauts fonctionnaires comme les soldats d'élite d'un Etat qui entreprenait dans tous les domaines, aviation, nucléaire, aménagement du territoire, réforme de l'Agriculture (Larousse 1947 à l'article France : "la France est un grand pays agricole") etc... Peut-on aujourd'hui penser que les serviteurs de l'Etat ont tendance à se servir plutôt qu'à le servir ? Doit-on dater cette inversion des mentalités à la dramatique période des nationalisations "Mitterrand" qui vit les meilleurs de la "haute administration" partir diriger des grands groupes financiers et industriels au mépris des compétences et des expériences professionnelles ? La formation des "serviteurs de l'Etat" n'a cessé de s'améliorer, comme se sont renforcées et diversifiées celles des "grands managers". Faut-il imaginer que ces compétences renforcées sont inopérantes parce que viciées ?

 

4)   Le détournement de l'Etat

 

Les poissons pourrissent par la tête. Le mésusage de l'Etat est suivi par le mé-comportement de ses agents. Il en est dans les Administrations comme il en est dans les entreprises et, plus généralement, comme il en est dans tous les groupes sociaux : le détournement par les chefs de la vocation de l'institution (entreprise, administration ou association) donne le ton. Attribuer des cadeaux la veille d'élection, annuler pour des raisons politiciennes les lois d'un gouvernement précédent, contourner "parce que c'est juste" les institutions et la gouvernance qui leur a été imposée sont autant de signes donnés aux petits chefs et à leurs supérieurs. Un Etat qui ne se contraint pas lui-même ne peut rien imposer. Faut-il, pour revenir sur ses dévoiements et les prévenir, définir une gouvernance d’Etat ?

 

5)   L'injustice sociale

 

Pour satisfaire l'électeur, faiseur de rois, le rendre créancier de tout et faire de la société le débiteur par nature, conduit à l'impossibilité pour cette dernière de décider du bon usage de l'Etat, de son Administration et de garantir le contexte dans lequel les acteurs économiques et sociaux déploient leur gestion, formulent leurs prévisions et décident de leurs investissements. Le citoyen, ni les groupes de citoyens ne sont des créanciers absolus et permanents de la société et de ses agents. S'ils doivent se voir reconnaître une créance pour quelque raison que ce soit, ne doit-on pas garder en tête que l'irresponsabilité sociale des uns est la source la plus évidente de l'injustice ressentie par les autres ?

 

6)   L'ordre du monde

 

Évoquer le rôle de l'Etat et son rôle dans la vie et l'histoire de la France doit aussi conduire à réfléchir sur ce que cette notion a d'avenir en elle. Or, il faut relever que les Etats, quelles qu'en soient la conception sont tous contraints par ce qu'on pourrait nommer "taille critique". Dans cet esprit, la dislocation des Etats est une menace aussi grave que la dislocation des Unions. Pour être petit et à l'abri, il faut être dans le cercle arctique ou proche du pôle Sud. Les fonctions de sécurité intérieure et extérieure sont les premières victimes des indépendances romantiques ou égoïstes. Nous pouvons débattre de l'Etat, de son Administration, et de ses Agents, ces débats n'ont aucun sens si nous n'avons pas défini ce que "souveraineté" veut dire et quels moyens sont incontournables pour que cette définition ne soit pas un pur artifice de rhétorique.

 

Il y a lieu d'être optimiste ?

 

Si l'ensemble des observations critiques entourant le fonctionnement de l'Etat et la contribution de ses agents ne me réjouis pas, j'y lis cependant un message d'espoir. Ce que j'entends par l'ensemble des candidats à la fonction suprême sous des formes évidemment modernes et s'appuyant sur des faits contemporains, m'a fait beaucoup penser à ces critiques, acerbes, virulentes et amères, à l'égard de l'Etat, de l'Administration et de la Société en général qui, en France, caractérisaient la production d'ouvrages d'économie théorique et pratique au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.

 

Ces critiques étaient le fait d'hommes lucides et volontaristes, jeunes et dévoués à la cause d'une France, détruite militairement, économiquement et socialement. Ils avaient la conviction qu'elle pouvait et devait rebondir.

 

Le résultat est là, qu'on le critique ou non: en 70 ans de travail sur elle-même, 1945-2015, la France a su effacer les 70 années affreuses de la période antérieure 1870-1945.

 


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