- Décrire l'avenir quand on ne comprend pas le passé?
- Marchés financiers: qui est irrationnel? (repris par le Courrier Financier)
- Migrants ou accueillants, qui doit-on enfermer?
- Peut-on supprimer le billet de 500 euros? (repris par le Huffington Post)
repris par le Huffington post
La suppression des billets de 500 euros n’est pas symbolique. C’est un vrai moyen pour lutter contre l’argent « sale ». Mais ce n’est pas si simple.
Le Billet de Banque, une passion allemande
La France est le pays d’Europe où le billet de banque est le moins utilisé. Payer en espèces y est perçu comme un aveu de fraude fiscale ou de collusion avec le grand banditisme ! Les Français ont une préférence pour les billets de 50 euros et en-dessous : petite économie, petits billets ? Et l’Allemagne : Grosse économie, gros billets, les Allemands préfèrent les billets de 200 euros et au-dessus et utilisent 35 fois plus de billets de 200-500 euros que les Français. Le billet de 500 euros leur rappelle le bon vieux billet de 1000 Dm.
Et les banques allemandes, il faut le reconnaître ne sont pas très rassurantes. Elles ont accumulé les pertes. Elles ont été mêlées à des scandales politico-économiques. Elles ont investi massivement dans les subprimes et elles ont coûté, entre 2008 et maintenant, de l’ordre de 250 milliards d’euros. Les récents « stress tests » ont tourné au détriment des banques allemandes. La plus privée d’entre elles souffre d’une insuffisance grave de fonds propres et n’a plus beaucoup de choix, ou bien elle réduit la taille de son bilan ou bien elle prend sa sébile et fait le tour des marchés financiers.
Plutôt que de laisser leur épargne sur leurs comptes en banques ou sur des livrets d’épargne et même plutôt que de profiter des coffres forts des banques, les Allemands préfèrent remiser leur épargne dans leurs caves à charbon ou des placards à balais lesquels ne sont pas extensibles à l’infini. Est-ce de cette contrainte que tient préférence allemande pour les gros billets de 500 euros qui prennent, c’est mathématique, 10 fois moins de place que ceux de 50 ? Le billet, c’est plus sûr qu’un compte en banque. C’est plus discret et moins lourd que l’or.
Mais voilà que maintenant on s’avise que les billets de 500 euros sont davantage utilisés pour les transactions illicites, achats d’armes, de drogues, grand banditisme etc. que pour acheter de grosses voitures et des instruments ménagers. La question devient sensible.
La veuve de Cologne va se lever d’un bond et s’opposer à cette mesure inique, preuve supplémentaire que les eurocrates ne sont que des sortes de soviétiques déguisés en libéraux.
Psychologie monétaire allemande
La psychologie monétaire allemande est complexe : le rapport des Allemands avec le billet de banque est trouble. On en viendrait à penser qu’elle est douteuse.
La veuve allemande devrait se souvenir du passé quand l’Allemagne fit de la monnaie table rase. Rappelons l’épisode Erhard : ministre des Finances de la reconstruction allemande, puis Vice-chancelier et Chancelier d’Allemagne de l’Ouest pendant 20 ans, voilà un homme qui a traité les billets comme n’importe quel gouvernant rêve de la traiter : en objet, en machin qui aura la valeur qu’on décidera. L’ancienne monnaie, le Reichsmark fut supprimé en une seule journée, le 20 juin 1948, et remplacé par le Deutschemark. En une journée, les Allemands virent leur monnaie perdre 90% de sa valeur.
Il y a bien pire si notre veuve fait remonter ses souvenirs à plus loin, à 1923, presque cent ans, lors de la fameuse hyperinflation. Ce mot est devenu l’équivalent du « ils ne passeront pas » appliqué à l’économie monétaire. Quand, la BCE prétend lâcher des euros pour faire repartir l’économie européenne, aussitôt, le Président de la Bundesbank se lève, pointe son doigt vers Mario Draghi et lance un « souviens-toi de l’hyperinflation ».
C’est pourquoi la BCE y regarde à deux fois. Elle est responsable de l’émission monétaire. La signature de son président est apposée sur les billets. Mais, on le voit, le rapport entre les Allemands et leurs billets renvoie au syndrome de Stockholm : ils l’adorent alors qu’ils en ont tant souffert ! Supprimer une coupure, et surtout une grosse, n’est donc pas une mince affaire. Wolfgang Schäuble dit qu’il ne lui appartient pas de commenter les décisions de la BCE, mais s’il n’apprécie pas, il enverra Jens Weidmann, toujours prêt à traîner en justice Mario Draghi pour haute trahison monétaire et abus de pouvoir bancaire.
Le fétichisme monétaire des Allemands n’est pas une plaisanterie.
Que faire des billets de 500 euros ?
Mais il faut bien faire quelque chose contre les moyens de financement favoris du grand banditisme et de tous les terrorismes. Imaginons qu’on les supprime. Ce ne sera un coup dur pour à peu près personne en Europe, où ils ne jouent quasiment aucun rôle dans les transactions commerciales et financières. Sauf en Allemagne.
Donc, continuons à imaginer : les Allemands se rangeant à l’opinion commune acceptent la disparition du fameux billet. Plusieurs hypothèses se présentent : on arrête la production et on invite la population à changer selon son rythme ses billets dont on maintient le cours légal. Il faudra alors craindre une spéculation sur le billet de 500 euros. La bonne monnaie chassant la mauvaise, le billet de 500 euros, marqué du signe distinctif, le fameux X qui en fait une monnaie allemande, disparaîtrait et ferait l’objet d’une spéculation féroce. Ceux qui ne croient pas en l’euro, stockerait ce billet allemand. Ceux qui spécule de façon occulte, le spielerait et en feraient monter le cours. Il deviendrait comme une sorte de monnaie virtuelle, absente du marché mais présente dans les transactions souterraines.
Si on veut la disparition de cette coupure, il faut la faire disparaître aussitôt que décidé, quitte à être créatif. Par exemple, formule la plus simple, comme ce qui s’est passé dans le cas de l’euro, les détenteurs seraient invités à se rendre dans les banques de leur pays pour convertir leurs billets en coupures plus petites. Mais voilà où les choses prendraient une curieuse tournure : la veuve de Cologne qui arriverait avec un gros paquet de billets ne passerait pas inaperçue. Il faudrait alors lui promettre l’anonymat. Et aussi au trafiquant de drogue ? Or, on a dit que le billet de 500 euros était devenu un instrument de transactions douteuses. Difficile de protéger l’anonymat de la détention des billets.
Pour soutenir les banques allemandes qui ne vont pas bien, on pourrait décider que les billets seraient changés en monnaie scripturale et crédités au compte de leurs porteurs. Belle idée, mais quid à nouveau de l’anonymat ?
Pour pousser les détenteurs à changer leurs billets on pourrait décider que les billets de 500 euros ne seraient pas remboursés à 100% au-delà d’une certaine période de temps. Ou même, puisque leurs liens avec l’argent de la drogue et le terrorisme est très clair, on déciderait de n’accepter de changer de cette monnaie que sous contrôle judiciaire. Ou bien, pour que cet argent soit transformé en consommation et pour relancer l’économie allemande puis européenne, on imposerait la conversion des billets en dépenses de consommation.
On voit que le sujet est complexe et riche. De toutes les façons, des billets de ce genre, tout le monde le voit bien, doivent être supprimés. Il ne faudrait pas que les détenteurs mafieux ou terroristes des billets se voient faciliter leur change ou qu’on maintienne le billet pour ne pas chagriner la veuve.
Les livres sur la situation des villes et des citadins, ou pire des campagnes et des villages, lors des « grandes invasions » sont moins nombreux que ceux qui racontent les faits et gestes des Avares, Vandales, Alamans, Francs et autres Huns.
Reportons un instant notre intérêt sur le sédentaire de base vivant dans ces époques troublées : son premier réflexe a été d’ériger des murailles autour de ses lieux de vie pour se protéger. Pourquoi mettre en valeur ce trait de caractère plutôt réactif ? Il s’agit de comparer avec la situation actuelle de l’Europe.
Les grandes étendues de tentes ou de baraquements protégées contre la méchanceté humaine par des fils de fer barbelés ou des murs en parpaing ne sont plus d’actualité. Les migrants s’en sont allés vers la liberté. On ne peut la faire coexister avec des barbelés. Si on n’enferme pas les migrants, ce sont les résidents qu’on doit enfermer. Comme à la fin de l’Empire Romain. Je l’avais déjà évoqué pour Calais avec l’idée complémentaire d’empêcher les résidents de sortir pour aller « casser du migrant ».
La solution du « containment » des résidents n’a pas encore été totalement théorisée. En revanche, l’expérimentation progresse à grande vitesse. Les Allemands sont en avance sur tout le monde. Les événements de Cologne ont fait avancer les idées à une vitesse vertigineuse.
Cologne à nouveau va être sur la sellette avec son Carnaval. Pour comprendre la vie allemande on peut zapper Heidegger mais pas le Carnaval de Cologne. Or, les migrants doivent s’imprégner de la culture locale. Hors de question de les éloigner du Carnaval et de ses joies. Mais, il y a les filles allemandes qui s’habillent légèrement « pour la joie ». Et comme participer aux défilés c’est gratuit et que, idem, partager la joie avec les filles ne coûte rien, ce sera vraiment la fête à Cologne.
Les autorités locales ont distribué des tracts pour expliquer aux migrants les bonnes façons avec les joyeuses allemandes. Elles ont aussi prévu des enclos pour les filles qui ne savent pas rire. Si un migrant veut faire la fête avec des « revêches », celles-ci pourront aller s’installer dans un enclos dit « de protection » gardé par la police.
Cette organisation de l’enfermement des résidentes ne plait pas à tout le monde : Wolfgang Schäuble, ministre des Finances, ne peut admettre que les coûts soient supportés par les budgets publics. Défenseur intraitable de la rigueur budgétaire, il a déclaré qu’il fallait des recettes en face de ces dépenses.
Les uns, simplistes, ont proposé que les filles attristantes paient leur entrée dans les enclos de protection. D’autres, au fait des notions économiques ont imaginé que le tarif serait proportionnel au temps passé dans l’enclos.
Les plus créatifs sont allés plus loin dans l’économie du système : ils ont demandé pourquoi seules les filles paieraient. On pourrait faire payer les migrants. Ceux qui voudraient entrer, par exemple. Et pour eux aussi, les tarifs pourraient dépendre du temps passé.
Pour Wendel Wallach, un éthicien de l'Université de Yale, face à l’irrésistible ascension des robots l’enjeu du futur "est de s'assurer que la technologie demeure un bon serviteur et ne devienne pas un maître dangereux".
L’histoire de l’Humanité est pleine de ces obscurs, ces sans-grades, les grenadiers « Flambeau » de l’économie, de la sociologie etc, qui se lèvent, lâchent des préceptes bien sentis et s’en retournent dans leurs échoppes comme hier le bon artisan menuisier du faubourg Saint Antoine ou le trappeur patient au fond des Montagnes Rocheuses.
Où veux-je en venir ? En fait, ce ne sont pas tant les robots qui m’intéressent que ceux qui s’y intéressent !
Résumons : les robots arrivent. Pas ceux des films de science-fiction. Les vrais robots ! Ceux qui pensent. Qui battent les « Zumains » aux Echecs. Ceux qui pulvérisent les Chinois au jeu de go. Ils manient le big data. Ils fonctionnent en réseau. Ils utilisent des blocks chains. Ils sauront se réparer tout seuls. Ils nous feront la cuisine selon les informations sur nos goûts et régimes diététiques qu’ils auront recueillis via le « big data ». Ils nous conduiront sur les autoroutes, les rues et les routes et même sur le bon chemin. Et surtout, ils seront plus intelligents que nous.
Là où le bât blesse : comment arrive-t-on à émettre des prévisions aussi radicales pour les 30 années qui viennent quand le passé nous paraît si obscur. Par passé vous avez bien compris qu’il ne s’agit pas de savoir si Louis XIV avait de solides raisons pour embastiller Fouquet. Il s’agit d’un vrai passé. Celui qui vient de se passer. Celui des huit ou dix dernières années.
L’avenir est clair : pleins de robots vont prendre tous nos emplois et particulièrement les emplois de la classe moyenne, celle qui croyait encore dans un ascenseur social à base d’éducation. Google et ses émules sont en passe d’envoyer à la poubelle ce qui nous rendait la vie agréable : l’employé de banque, le concierge, l’adjoint au chargé de bureau à la préfecture et son chef même, le médecin avec son stéthoscope, l’avocat avec son code…. La précédente révolution avait tué l’ouvrier, celle-ci, désintégrerait le cadre et même les chefs. Dur comme fer: on va perdre 50 millions d’emplois bruts, 25 nets.
Dans 25-30 ans, c'est clair, les robots seront là.
En même temps, personne ne comprend pourquoi il y a une crise, ni pourquoi on n’arrive pas à en sortir. Prévoir ce qui va se passer dans 24 heures ? Vous n’y pensez pas ! C’est très difficile : la bourse est si volatile. Elle est Imprévisible, fantasque et sujette à des peurs irrationnelles. Pourquoi, les intérêts sur les emprunts sont-ils devenus négatifs ? Et pourquoi cette chienne d’inflation se refuse-t-elle à réapparaître. Prévoir le futur proche ? Vous plaisantez ! Autant prévoir les numéros gagnants du Loto !
Prévisionniste célèbre, Tirésias était aveugle. Monsieur Wallach et ses collègues sont clairvoyants : l’avenir ce n’est pas demain. C’est dans 30 ans. C’est moins risqué.
repris par le courrier financier
Les marchés dévissent. Quand ils partent en vrille et s’effondrent on découvre toujours de nombreuses notions essentielles pour la vie économique envoyées au tapis.
Un grand économiste ne déclarait-il pas, la semaine dernière : « la baisse des marchés est irrationnelle ». « Irrationnel » ! Un autre commentateur soutenait qu’un marché qui s’effondre, c’est un marché animé de peurs irrationnelles. A cet instant, il faut revoir les quelques notions d’économie qui paraissaient acquises. Un marché où les prix quittent les plus hauts est un marché déraisonnable. Etait-il déraisonnable quand il caracolait vers les sommets ? S’il y a des peurs irrationnelles ne faut-il pas penser aussi à des joies irrationnelles ? Celles qui feraient des bulles. Il ne faudrait plus croire que les rouages des marchés fonctionnent purs de tout sentiment irrationnel.
Quelques commentateurs voient dans l’effondrement des marchés un don des dieux car ils auraient été trahis par les « Bulls ». Le marché ne serait pas ce lieu neutre et aseptisé où naissent les prix. Au contraire. Ils y seraient manipulés. Les marchés seraient devenus un outil destiné à faire monter les prix. En voilà une idée vicieuse ! Les prix ne seraient absolument pas une information pure et parfaite sur l’état de l’économie, son passé et son futur. Ils seraient parfaitement et purement irrationnels. Les rapports des courbes de l’offre et de la demande seraient donc aussi irrationnels que les amours humaines ? Les prix en seraient les fruits irrationnels ? Mais si les marchés sont irrationnels, que dire des commentaires sur les marchés ?
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