Si on ajoute les touristes, les "SDF", tout ceux qui
viennent, et si on retire ceux qui partent, combien de parisiens restent-ils?
Beaucoup de choses ont
été dites sur le niveau intellectuel de la maire de Paris. On n’insistera donc pas, ce serait oublier que certains citoyens sont protégés non pas seulement pour
leurs fonctions et ce qu’elles ont de public mais aussi parce que tout le monde ne peut pas prétendre à réussir le concours de l’ENA ou même celui de polytechnique
et que ça, on ne s’en pas toujours compte, c’est une souffrance qui mérite, comme toutes les grandes douleurs, respect et compassion. Il faut se souvenir que
Bouvard et Pécuchet regrettaient amèrement de n’avoir pas pu consacrer le temps nécessaire à l’acquisition de connaissances scientifiques de haut niveau*.
Donc, nous ne ricanerons pas sur les manques de la maire de Paris. Elle nous a montré à de nombreuses reprises qu’elle faisait de son mieux : en témoignent
les édiles de Kiew à qui, dans le cas où ils envisageraient de reconstruire leur ville, la maire de Paris avait suggéré de concevoir très en avance la circulation
des vélos et des trottinettes.
Donc, nous nous interdirons de nous moquer de son projet de «dédensification» de la capitale. Tout d’abord, reconnaissons que dans le marais un peu glauque des
projets à visée sociale, celui-ci semble atteindre les objectifs fixés : la ville-lumière a en effet perdu plus de 120.000 habitants en dix ans selon l'Insee.
C'est une belle réussite qui répond à « une vraie nécessité, pour qu'on puisse mieux vivre à Paris ».
La maire de Paris, bien qu’ibérique de culture, a su se mobiliser de belles pages de la littérature française et y trouver des arguments en faveur de la
dédensification : installer les villes à la campagne fut une idée maîtresse d’un de nos grands auteurs. Que faire cependant si les villes ont déjà été
construites ? La réponse, notre Mairesse nous l’a apportée dans toute sa simplicité : on dédensifie.
Il est vrai que Paris est très densément peuplée : la plus belle ville du monde fait partie des 10 premières villes en tête du palmarès mondiale de la
densité. Et même, le XVIIème arrondissement aurait le privilège de faire partie des zones urbanisées les plus intensément habitées du monde, juste après Shangaï.
Je n’en suis pas peu fier, natif de cet arrondissement et y demeurant depuis, je me suis toujours considéré comme un paysan de Paris.
Dédensifier, certes, voilà le projet. Prenez garde à ne pas confondre avec le travail du plombier : dédensifier n’est pas déboucher. Pourtant, dans
l’idée de la maire de Paris, il s’agit pour le bien-être des parisiens, de dégorger leur surplus, de vidanger en quelque sorte et d’évacuer les résidus de cette
opération vers d’autres lieux en mal de densité (car, s’il y a des villes trop denses, d’autres ne le sont pas assez, que, pour cette raison, on nomme
villages).
On notera aussi que pour la mairesse de Paris, dédensifier c’est aussi trier et se débarrasser de ce qui bouche et de remplacer par ceux qui bougent. Dédensifier
c’est donc déboucher et enrichir Paris par l’arrivée de nouveaux parisiens. 110 nationalités sont maintenant présentes, diverses au point que le Suisse austère
côtoie l’Afghan compliqué.
Dédensifier serait-ce remplacer ? Oser cette question dénonce son auteur car, bien au contraire, la maire de Paris ne cesse de dénoncer les vidanges
excessives. Ces arrondissements du centre de la capitale, vidés de leur populations et remplacés par des habitants intérimaires, les « touristes » qui paient
le prix fort pour le plaisir de vivre au sein d’une ville si conviviale parce que si dense. Il n’est pas nécessaire de procéder à la vidange de ces parisiens à
temps partiel, le processus de dédensification est automatique et autonome. Ce qui est vrai au centre, ne l’est pas aux limites de la ville, porte de la Chapelle,
par exemple. On assiste ici et là, à des tentatives de redensification involontaire.
Autrefois, nos bons rois dans leur sagesse ne disaient-ils pas : qui vient paye un peu, qui reste paye beaucoup.
* Il (bouvard) déplora son ignorance et même regrettait de n’avoir pas été, dans sa jeunesse, à l’Ecole polytechnique.
|
|