- Un supplément d’humanité, l'Utah s'est résolue à fusiller les condamnés à mort
- Retour sur les taux d’intérêts négatifs…
- Les taux d’intérêts négatifs ou la morale économique retrouvée
Les démocraties occidentales se préoccupent que, dans le moindre détail, la moindre différence, le moindre écart, les iniquités soient supprimées, les infériorités compensées et les handicaps effacés. Et c’est bien. Il y a peu, observant dans un bus parisien le déploiement de la passerelle pour fauteuil d’handicapé, je sentis un coup de chaud au cœur. C’est ça la France, c’est ça la démocratie ! Je me pris à sourire au malheureux pour les roues duquel cette rampe d’accès était déployée. Je rencontrai un regard désagréable et hostile ! Dans cet instant même, je crus voir le ministre allemand Wolfgang Schaüble. Lui aussi roule fauteuil d’infirme et n’hésite pas lancer regards et remarques désagréables. «La France serait contente que quelqu'un force le Parlement, mais c'est difficile, c'est la démocratie".
Vous seriez pied-bot, on vous balancerez l’histoire du diable boiteux, il vous faudrait prendre votre mal en patience : pas assez infirme pour qu’on en fasse tout un plat. En revanche, le fauteuil roulant de Wolfgang, il faut en tenir compte. Dans les démocraties modernes, on a le droit de dire des choses un peu dures, ironiques : caricaturer le prophète en lui prêtant une sale tête, de vilaines pensées (avec une sale tête, difficile d’avoir de belles pensées) etc. mais n’allez surtout pas vous en prendre à un handicapé. Dans un débat politique européen un peu animé, ne lancez pas que Wolfgang s’est pris les pieds dans le tapis (et encore moins les roues), ou qu’il marche à côté de ses pompes. Ne laissez pas tomber que ses derniers propos sur la France « vous ont scié » (les jambes bien entendu). Ça ne se fait pas. Wolfgang, en revanche, a le droit, de dire ce qu’il pense sans se gêner. Il est handicapé : il a le droit de compenser. Par exemple, il a droit de penser que «la France, ce qu’il lui faudrait, c’est un petit coup de Fûhrer Prinzip ». Et ne dites pas que c’est énorme. Il est victime d’un handicap : ce qu’il ne peut pas faire avec les pieds, il a le droit de le faire avec sa tête.
Ou bien, en vieillissant, Wolfgang Schaüble laisse revenir quelques atavismes germaniques et en vient à ressembler au docteur Folamour. La France serait « heureuse que quelqu’un force le parlement » pour prendre des réformes. Docteur Folamour, en fauteuil roulant souffrait de ce handicap et aussi d’un spasme du bras droit. Wolfgang, effets de l’âge probablement couplés aux séquelles secondaires de son infirmité, ne sent pas s’effondrer les barrières mentales que les Allemands se sont imposé depuis la fin de la 2ème Guerre Mondiale. Alors, il se lance : Quand un parlement est indocile, un bon führer Prinzip ne ferait pas de mal.
Ou bien grisé par la vitesse en faisant une course amicale avec Angela, et euphorique, il aurait laissé ses idées courir, elles aussi, libres et joyeuses : comme autrefois.
Je suis sûr que vous vous posez tous cette question, insensée il y a encore peu de temps: si l’Allemagne et la France et quelques autres trouvent le moyen d’emprunter à taux négatif, pourquoi pas moi ? Pourquoi n’aurais-je pas droit à des emprunts à taux zéro au moins et négatifs au mieux ? Pourquoi, si j’ai emprunté en taux variables, ne pourrais-je par demander une application intégrale de l’indexation pour qu’on me rende l’argent !!!
Vous n’êtes pas seuls à vous interroger : d’autres aussi s’interrogent, les clients des banques, nécessairement. Ils n’ont pas tort pour deux raisons au moins : la première réside dans le fait que certaines banques dans certains pays ont commencé à taxer les dépôts à vue. Des banques suisses, mais aussi allemandes et luxembourgeoises, qui, en général, visent les dépôts « au-dessus d’un certain montant » pour montrer qu’elles ne cherchent ni la petite bête, ni le petit épargnant et qu’elles ne font que « sanctionner » les gens qui n’investissent pas leur cash ; la seconde raison on la trouve dans le fait que les taux indexés, peu prisés en France, sont très usités chez nos voisins de la zone euro et dans les pays anglo-saxons. Qui dit taux indexé, dit hausse quand l’index monte (le plus souvent, c’est le libor à 3 ou 6 mois de la monnaie de référence) et baisse quand l’index descend.
Le « hic » : si, souvent, un plafond à la hausse est prévu, il arrive qu’un plafond à la baisse ne le soit pas ! On ne débattra pas ici de l’illogisme de cette « asymétrie », on relèvera qu’elle existe. Le résultat : certains prêts à la consommation ou à l’habitat, ont vu leurs rémunérations passer à zéro, la marge sur l’index ayant été « annulée » par l’effondrement de sa valeur ; c’est arrivé en Suisse et en Allemagne. Il est même advenu que cette baisse ait produit des taux négatifs. Conséquence : la banque devrait payer des intérêts à son client!
On peut donc imaginer que les banques en viennent à proposer de payer les emprunteurs… mais elles se « vengeront » en faisant payer leurs fournisseurs de capitaux : leurs déposants particuliers ou entreprises parmi d’autres apporteurs de fonds. Les taux négatifs ne vaudraient alors que pour les emprunteurs nets. La compétition entre banques prendraient des allures étranges :elles chercheraient à faire payer le plus cher possible leurs déposants pour pouvoir rembourser le plus d’intérêts possibles à leurs emprunteurs. Je recommande de répéter cette dernière phrase plusieurs fois et de la méditer. Tout le charme de l’économie est là !
Rassurons-nous, les banques centrales ont fait une enquête : elles n’ont pas encore constaté de prêts à taux négatifs en faveur des entreprises et des particuliers…Et puis, la FED nous l’annonce toutes les semaines : elle va relever les taux d’intérêts.
Si la morale et aussi les bonnes mœurs ont encore une place en économie, on s’offusquera de ce concept nouveau : le taux d’intérêt négatif ! Résumons la « chose » en quelques mots et l’indécence de la proposition vous sautera aux yeux.
Les intérêts négatifs sont des prix négatifs. Quand les taux d’intérêts sont négatifs, les créanciers paient les débiteurs. C’est le seul moyen pour qu’ils acceptent d’emprunter de l’art! L’intérêt étant le prix de l’argent, la nouvelle économie est là : on ne paye plus pour consommer, on nous paye pour le faire. N’est-ce pas logique dans un univers où, la gratuité, s’insinuant partout, personne ne paie plus le juste prix, ni le juste intérêt.
Imaginez que Casino vous subventionne chaque fois qu’il vous prend de consommer, le nom du distributeur serait mérité: mieux que la roulette puisqu’on gagnerait à tous les coups. Imaginez que votre banque vous demande de la payer quand vous lui laissez vos économies sur ses livres. Imaginez-la vous expliquer que si vous n’êtes pas content, il vous reste les coffres : leurs loyers ne sont-ils pas une sorte d’intérêt négatifs ? Pour conserver vos sous en toute sécurité, trois méthodes possibles : le matelas (gratuit), le coffre à la banque (payant mais à vos risques), le compte en banque (payant au risque de la banque)? Vous auriez le front de barguigner et de soutenir que la banque fait « tourner votre argent » ? On vous rétorquerait que la banque n’a pas envie de verser des taux d’intérêts positifs aux épargnants pour le prêter à taux d’intérêts négatifs. Rien que du bon sens !!!
Tout devient donc à l’envers? Ou, au contraire, on reviendrait au commencement de la pensée économique quand on pensait « juste prix » et non pas « algorithmes endiablés » ? Aristote disant que l’argent ne peut pas faire de petits avait posé ce principe pour près d’un millénaire que le prêt d’argent ne pouvait donner lieu à rémunération. Les anciens pensaient que les Dieux et non l’Homme étaient maîtres du temps. Payer le temps pour un homme comme Aristote ne pouvait se concevoir que sous la forme d’offrandes, de sacrifices ou de sanctuaires, toutes dépenses des hommes et des collectivités pour obtenir des dieux des temps propices, heureux et profitables. On ne charmait pas les Dieux à coups d’intérêts, de puts ou de calls, ni de dérivés de crédits.
L’hérétique qui imaginait des produits financiers nommés prêts à intérêt ou prêts usuraires (ce qui était la même chose)…n’était qu’un criminel comme celui qui achetait la récolte à venir ou celui qui stockait les ressources alimentaires s’imaginant que le temps leur ajouterait de la valeur.
La loi de l’éternel retour de la pensée antique vient à s’appliquer: la crise a fait revenir les penseurs grecs sur le devant de la scène… Paradoxe ! Le "grexit financier" survient au moment où s’impose le "grexin philosophique!"
Quelques idées sur les taux d’intérêts sont disponibles dans les mots de l’économie en suivant le lien suivant.
Et si la monnaie vous passionne n’oubliez pas dans les mêmes mots les liens « monnaie » et « billets de banque ».
J’ai un livre à la fois amusant et très instructif sur les « métiers de Paris », disparus il y à peine un siècle. En l’ouvrant, je crois entendre le rémouleur appelant à faire aiguiser couteaux et ciseaux. Et le marchand de glaçons, ses pains de glace installés sur de la paille dans une charrette. Et le rempailleur…
Vous allez penser que je regrette un vieux Paris humain et paisible. Mais non ! Je voudrais ici qu’on retienne la dimension humaine de ces petits métiers. Le rémouleur qui aiguisait les couteaux n’effrayait pas les enfants, bien au contraire. Le vendeur de mort aux rats n’était pas un tortionnaire d’espèces animales en danger, c’était un type utile pour la ménagère soucieuse de propreté et de salubrité.
L’industrialisation a fait disparaître beaucoup de la façon humaine de faire. On peut dire qu’à peu près partout, l’humanité des prestations à déserté. Aux Etats-Unis, pour prendre ce champion de l’industrialisation, la déshumanisation est allée très, très loin ! La dérive d’une mission ultime, celle de l’administration de la «peine capitale», qui aurait dû conserver une forte composante compassionnelle, illustre dramatiquement l’échec de la société industrielle.
L’horreur y est devenue absolue ! On injecte des poisons dans les veines des condamnés et deux heures après, la mort n’est pas venue et les souffrances sont atroces alors que le procédé garantissait l’inverse. Ou bien, les grèves d’employés des sociétés d’électricité survenant inopinément, le courant tombant, la procédure de l’électrocution s’étale sur plusieurs heures. Pour faire face à ces monstruosités, des idées fusent : en Utah on fusillerait, ailleurs on précipiterait dans le vide du haut d’une falaise ou, dans les grandes plaines, les condamnés seraient placés sur le passage des bisons…mais l’humain est toujours absent.
Revenons à l’exemple de nos métiers de Paris. Proposons une procédure du type « rémouleur ». Un bon artisan irait de prison en prison, colportant une bonne vieille technique rapide et sans douleur. Il y aurait un peu de modernisme, un smartphone pour recevoir les appels des prisons «allo, bonjour, nous avons un candidat, ce serait pour le… à telle heure»; un pick-up à l’américaine pour se déplacer, commode, costaud, adapté à la tâche.
Sur le pick-up, une guillotine avec son panier et sa lame bien affûtée. Un instrument manuel qui a fait ses preuves, qui ne s’est jamais bloqué à mi-cou par exemple. L’artisan nommé le «Guillotin» passerait dans les villes en actionnant une cloche installée sur le toit de son pick-up : on saurait que le Guillotin vient d’arriver. Les enfants accourraient pour voir sa drôle de machine. Les gardiens de prison l’accueilleraient en souriant, confiants dans sa manière de faire, entièrement à la main, empreinte d’humanité. Le condamné lui-même, convaincu qu’enfin cette fois-ci on ne traînerait pas, donnerait un coup de main pour installer la machine, un peu comme un voisin serviable.
Il faut penser à réhumaniser nos sociétés.
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