- Maestro chronique d'un mauvais film
Moi-Président en a marre d’Elle-Chancelière. Il en a marre des conseils qui sont devenus des objurgations, des objurgations qui se sont transformés en invitations pressantes, lesquelles se changent vite en demandes impératives et, si on n’y met pas le « holà », deviennent des ordres purement et simplement.
Il faut remonter à quelques semaines : les bateaux russes. De vraies merveilles sur le plan technologique. Des machines énormes bourrées de toutes les sophistications les plus extraordinaires. Une belle affaire pour la France. Un beau contrat. Des emplois. Une vitrine à l’export. Pas de pot de vin. Tout propre. Des porte-hélicoptères. Peu de chance qu’ils aillent chatouiller les porte-avions américains.
Lorsque les Russes ont paru soutenir les Ukrainiens qui revendiquaient leur liberté au nom de la Russie éternelle, les Européens, suivant en cela Momoba la Gazouille (version française de son vrai titre «Talkative commander in second»), condamnèrent, menacèrent, dénoncèrent et firent les gros yeux. Ils auraient presque pu déclarer la guerre. Ils avaient été à deux doigts de considérer que le rattachement de la Crimée à la Russie n’était pas différent du rattachement du Koweït à l’Irak. On avait failli assister à d’héroïques batailles de chars, du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale ou les bords de l’Euphrate. L’Europe aurait déferlé sur les grandes plaines à blé ukrainiennes comme autrefois les cosaques, les hussards polonais, les chevaux légers suédois, les uhlans lituaniens, la Grande Armée, les chars d’assauts allemands, puis les chars Russes en sens inverse. (en fait tout le monde sauf les Anglais qui n’aiment pas ce qui est trop continental et les Ukrainiens qui, dans la réalité, sont une invention des Soviets).
Rien de ce genre ne se passa : les Européens ne se comportent pas comme de vulgaires djihadistes. Le PM anglais surnommé le Légionnaire (il porte le nom d’une hacienda célèbre pour des faits d’armes qui ont marqué l’histoire) ne pouvait plus compter sur la fidélité de ses troupes écossaises et sa flotte risquait d’être bloquée à Scapa flow par les indépendantistes. Un groupe d’industriels allemands avait pourtant insisté sur l’urgence d’une intervention: ils considéraient que le contrat de construction des porte-hélicoptères aurait dû revenir à l’Allemagne. Les Français sont des gens incompétents, autant en profiter pour obliger les Russes à restituer le contrat aux chantiers allemands. Finalement, on s’était contenté de sanctions économiques et de condamner. Et l’ancien chancelier d'Allemagne qui avait craint un moment de devoir pointer à l'ANPE, avait pu rester président des sociétés russes de transport de gaz. Puisqu'on n'avait pas déclaré la guerre à la Russie, on ne pouvait pas le traiter de collabo.
Il ne pouvait être question de renoncer à tout : Elle-Chancelière se lança dans de multiples menaces. Elle intima. Elle ordonna même : les bateaux vendus par les Français ne devaient pas être livrés. Et si, lui, Moi-Président passait outre, Elle-Chancelière saura lui faire comprendre de quel bois elle se chauffait. La question n’était pas encore à la déclaration de guerre mais….
C’est bien pourquoi, aujourd’hui Moi-Président en a marre d’Elle-chancelière dont le comportement est encore plus douteux que celui de David le Légionnaire. Moi-Président a convoqué son Etat-Major. Il veut savoir ce qu’on peut et ce qu’on ne peut pas faire. Il veut savoir ce que les Russes pourraient faire eux aussi. Les militaires sont formels : il faut livrer le bateau à ses acheteurs. Leurs confrères russes ont été clairs. Ils feraient de la non-livraison un casus-belli. Moi-Président avait sursauté. « Casus Belli ! Vous voulez dire qu’ils nous déclareraient la guerre ! ». Un silence gêné lui avait répondu.
Moi-Président a convoqué aussitôt son cabinet et aussi le Breton, le Mixerphore et Le Magnifique, et leur a annoncé : « 1. C’est une bonne chose qu’on ait décidé d’envoyer Moscovici à Bruxelles, on aurait pu nous suspecter de conflits d’intérêts avec les Russes. 2. Je suis socialiste mais pas anarchiste : un contrat est un contrat. On exécutera le contrat ».
Le Mixerphore, féru de technologie et de marine à voile, arborant le maillot qui l’avait rendu célèbre jusque dans l’île de Sein, se leva le regard fixé vers la ligne bleue que forment le ciel et la mer quand ils ne sont pas gênés par les Vosges. « Et si les Allemands s’opposent ? ».
Moi-Président était resté songeur, avait hésité et, devant l'aréopage de ses conseillers et de ses ministres, avait tonitrué : « la solution, valable pour les Allemands et pour les Anglais, je l’ai trouvée, elle est simple, le bateau sera conduit par les Russes. Un bataillon d’hommes de nos forces spéciales dissuadera les importuns. Et surtout, surtout, surtout, le pavillon français battra au plus haut des vergues, au-dessus même du drapeau russe. Cela, à soi seul, suffira à assurer la protection du navire. Qui, je vous le demande, qui osera s’en prendre à l’emblème national ? Même Albion la perfide y pensera à deux fois, quant au Prussien, il sait les volcans qu’il rallumerait ».
Moi-Président avait achevé sa péroraison. Le silence admiratif qui régnait fut rompu par l’applaudissement sincère du Mixerphore. Et chacun de retourner à ses occupations habituelles.
Quelques temps plus tard, le chef d’Etat-major de la Marine accompagné du Breton et du Magnifique sont installés dans des fauteuils Empire. Ils viennent annoncer à Moi-Président que « conformément à nos engagements » nonobstant les invectives de nos voisins, les navires ont bien largué les amarres dans les conditions prévues.
Les événements qui vont s’ensuivre ont, plus tard, paru si rocambolesques qu’on se demande encore comment leur déroulement a été possible.
Le départ de Brest s’était déroulé sans faste mais sans anicroche. Quelques navires anglais rôdaient dans les parages mais leurs canons n’étaient pas armés. Deux drapeaux français battaient joyeusement sur chacun des bateaux, l’un tout en haut du mât des télécommunications et l’autre, à l’arrière. Les Russes n’avaient pas émis d’objection et avaient même vu une preuve d’amitié dans cette manœuvre. Le Pas-de-Calais était en vue. La nuit allait tomber.
Et tout se déroula très vite.
Le bataillon français reçut d’un hélicoptère anglais amical quelques caisses de bière irlandaises, rien de bien dangereux même à haute dose. Ils les avaient donc éclusées d’un coup. Dans cet envoi sympathique se trouvaient des caisses de vodka pour les Russes. Méfiant à l’égard de la légendaire propension des slaves à absorber des litres de vodka même écossaise, ils avaient omis de la leur passer: ils conduisaient les bateaux ! Les Russes s’en aperçurent. Furieux à l'encontre de cette déplaisante discourtoisie, ils s’emparèrent du bataillon français, le poussant dans un canot de sauvetage qu'ils mirent aussitôt à la mer. Les Français n’offrirent pas de résistance : les Anglais avaient injecté une drogue dans la Bière. Il avait aussi drogué la vodka, mais les Russes qui sont des durs à cuire savent résister aux vodkas les plus frelatés.
Les bateaux continuèrent leur route en pilotage automatique, ce qui est plus prudent quand l'équipage est fin bourré. C'est alors qu' ils furent pris en chasse par deux Uboot. Ceux-ci lancèrent des signaux pour inviter les deux bateaux à détourner leur route vers Hambourg. Les Russes qui avaient liquidé toute la vodka comprirent que les Allemands leur disaient « bon vent ». Les bateaux n’ayant pas de voiles, ils conclurent que les Allemands étaient encore plus bourrés qu’eux-mêmes.
Ils continuèrent comme si de rien n’était.
Les Allemands, constatant que les porte-hélicoptères n’obtempéraient pas, lâchèrent deux torpilles à bout portant. Les navires, de bonne facture (française), n’explosèrent pas comme un vulgaire croiseur américain à Okinawa mais coulèrent avec une certaine lenteur élégante. Les marins allemands, impressionnés par la beauté du naufrage, se tinrent debout sur leurs sous-marins saluant la submersion des deux géants et l’accompagnant du célèbre hymne « Ich Hatte einen Kameraden ».
Le lendemain, le planton de service se précipita dans la chambre Moi-Présidentielle et tendit un télégramme à Moi-Président encore dans son lit. Les Russes déclaraient la guerre aux Allemands et aux Anglais.
Peu de temps après, le Magnifique, qui s’était fait tailler un uniforme de Hussard de la Garde (républicaine), déferlait dans un tintamarre d’éperons et de sabre « Nach Berlin » criait-il fortement et crânement.
Moi-Président parût dépassé par les événements. En fait, il était fort ennuyé que tant de personnes se trouvassent dans sa chambre et, galant, s’efforçait de dissimuler qui se trouvai(en)t dans son lit.
« Le drapeau ! » s’écria le Breton en entrant à son tour. « Quoi le Drapeau ? » hurla Moi-Président qui n’y comprenait plus rien.
« Le drapeau, notre drapeau, l’emblème de la Nation, a sombré avec les navires russes » ! C’est donc la guerre: selon nos conventions militaires le pays qui provoque la chute du drapeau est déclaré ennemi de la Patrie ! La Constitution impose une déclaration de guerre dans l’heure qui suit. C’est fait. On s’est coordonné avec les Russes. Ils sont à Berlin. Nous sommes à Bonn. Elle-chancelière est en fuite.
Les personnes présentes, surprises, assistèrent à une scène incroyable: Moi-Président, levé, debout sur son lit répétait d'un air extatique et joyeux: la Rive gauche du Rhin est enfin française!". Écrasant une larme, on l'entendit murmurer: " Il aura fallu deux cents ans".
Dans une période de crise, on ne peut pas laisser passer l’occasion d’économiser ne serait-ce qu’un centime. Alors quand il s’agit d’une bonne dizaine d’euros par personne, on ne doit pas hésiter : si on connait l’occasion d’économie il faut la partager.
J’en ai une. Là, non seulement vous vous épargnerez une dépense inutile, mais en plus vous n’épuiserez pas votre tête en bâillements à répétition. Donc, le Conseil : ne pas aller voir Maestro. Il est coté 5 étoiles sur cinéfilm, ne cédez pas. C’est Nul, ARCHI-NUL. Je vous fais le synopsis : un vieil acteur (Michel Lonsdale) a besoin d’argent. Il trouve des copains pour penser au système d’aide au cinéma. En dessous d’un certain budget cela doit être automatique. Il émeut les populations cinéphiliques en leur disant que c’est une histoire vraie. Rohmer vieillissant qui aurait fait la leçon à un jeune acteur. Thème universel : le vieux con qui donne une leçon de connerie au jeune con. Et voilà qu’on nous propulse dans le merveilleux monde du cinéma, de ses prises de vue, de ses petits tracas, de gens qui sont gentils et des jeunes premières qui ont de jolies fesses et de jeunes premiers qui ont l’air de sortir d’un film des années cinquante quand Jean Marais jouait (acteur) encore en culottes courtes. Tout ça couche un peu ensemble. Tout ça joue à jouer. Et le système français du financement fournit un peu de sous à tout le monde, en respectant, je l’espère pour Michel Lonsdale, les règles de l’ancienneté.
Et tout ça se passe au milieu des merveilleux paysages de la Creuse. Je ne vous raconte pas les bonheurs qu’on y trouve encore dans les prés. Je ne vous dis pas Michel Lonsdale planté devant un merveilleux paysage à la française, rivière encore naturelle qu’on domine depuis une colline dans un soir d’été finissant. Je ne vous dis pas le « jeune » qui vient le retrouver et finit lui aussi dans la contemplation apaisée d’une nature paisible. Il y a des paysages-piège, des paysages qui arrachent des pensées même aux plus abrutis. Parmi eux on trouve le soleil qui finit sa course dans la mer tout au loin ou la lune qui blanchit un paysage nocturne devant une jeune vierge méditative. Dans ce film on vous la fait « totale » : la musique des petits ruisseaux, le vrombissement du bourdon sur un champ de coquelicot, les grains de lumière dorée d’un midi triomphant. Et le vieillard que la vie a bonifié.
Ah celui-là! Quels regards filiaux et admiratifs on lui jette! A une époque où les vieux pèsent, où le financement de la fin de vie des seniors jette une ombre sur la vie des juniors, les images de Lonsdale entouré, Lonsdale caressé, Lonsdale écouté, Lonsdale enseignant offrent un repos pour l’âme et un espoir pour demain. Il n’y a pas qu’Alzheimer dans la vie des vieux et si le Maestro éprouve quelques difficultés à se mouvoir on le mettra en balance avec sa vivacité d’esprit.
Car, il a de l’esprit et puis un regard. Un regard si malicieux! Gros plan sur les étincelles de malices. Dans le cas de Lonsdale ce type de gros plan n’est pas commode, paupière qui tombe, sourcils broussailleux, envie de dormir permanente. Il faut vraiment un bon professionnel pour saisir l’étincelle. Ou des effets spéciaux. Mais du solide. Fin du ban.
On ajoutera encore quelques clichés aux clichés: l’appartement du maître tout encombré de bouquins, « l’antre », comme on dit, d’une icône. Le Maestro est un homme d’une culture époustouflante. Il a même lu l’Astrée. Il veut la mettre en images. L’Astrée c’est toute sa jeunesse. Celle de l’agreg. C’était il y a plus d’un demi-siècle ? Que sont donc cinquante années devant l’éternité de l’art et de la pensée ? Ce vieil homme est jeune au-delà de toutes apparences. Jeune dans sa tête évidemment. Tout au fond. Parce que quand on voit celle de Michel Lonsdale on est ramené à la réalité : ce vieux-là a une tête de vieux et les idées qui s’y trouvent ont dépassé leur date de péremption depuis longtemps. Non seulement on nous a servi les paysages-poncifs, mais en plus on nous ressert le vieillard malicieux des pub pour « préparer votre retraite ». En moins souple.
Au fait, fatigue, laisser-aller, décrochage de mâchoire ? Pour une fois la diction de Michel Lonsdale n’est pas trop patateuse. Il aurait retiré le truc qui le gênait pour parler ?
Donc, si vous ne l’avez pas saisi du premier coup, mon conseil est : à éviter absolument.
« On ne peut pas être et avoir été » : le cas finlandais
Que n’a-t-on pas entendu depuis le début de la crise économique en 2007-2008 de la part de ce pays pourtant membre fondateur de la Zone euro. Il faut se souvenir de déclarations tonitruantes sur le théme de la dramatique incompétence des pays « du sud », France comprise, dans la gestion de leurs finances et dans les menaces qu’ils faisaient peser sur la « monnaie commune ». Les Finlandais en étaient même à regretter d’avoir intégré la Zone Euro où sévissaient trop de mauvais et de nuls quand, eux Finlandais, excellaient partout : ils étaient des Allemands en mieux.
Comme les Allemands leur économie tournait à plus de 40% pour l’exportation. Comme les Allemands, leurs excédents commerciaux étaient exceptionnels. Mieux que les Allemands, ils avaient trouvé la pierre philosphale budgétaire et respectaient les régles d’or énoncées par les pays vertueux du Nord. Ils étaient presque meilleurs que les meilleurs. Quant au taux de chômage, il était infinitésimal. Comme en Allemagne. La Finlande fière de ses performances et peu soucieuse d’être assimilée à des nuls n’hésitait pas à déclarer par la voix de sa ministre des Finances Finlandaise Jutta Urpilainen: «La Finlande préfère se préparer à sortir de l'euro plutôt qu'à payer les dettes des autres pays de la zone euro». Son pays avait été un des plus durs dans les négociations relatives à la dette grecque et avait aussi montré un esprit fort peu coopératif pour le cas de l’Espagne : la Finlande avait un peu oublié qu’elle faisait partie d’une Union et avait négocié des garanties de son côté !
Quatre ans après les sonneries triomphantes ce brio économique a perdu de son brillant. « Effondrement de tout » pourrait qualifier ce que devient la Finlande : on avait oublié que la brillante économie exportatrice reposait sur deux piliers, le bois et la téléphonie (Nokia) entre autres. L’un et l’autre se sont effondrés en raison d’un manque d’adaptation, l’un aux violences des révolutions technologiques, l’autre à l’idée de protection de la nature et à la concurrence des autres producteurs. Le Premier ministre finlandais, Alexander Stubb, en est même venu à accuser Steve Jobs d’avoir, avec son entreprise, d’avoir détruit le marché du travail de la Finlande ! On n’enfoncera pas le couteau trop loin dans la plaie mais quand même, on relèvera que tout ceci met en valeur que l’arrogance de la réussite ne conduit qu’à l’aveuglement et à l’incapacité de scruter l’avenir.
La Finlande est-elle le modèle réduit de l’Allemagne ?
La Finlande serait-elle, y compris sur le plan démographique, un modèle réduit de l’Allemagne? La concentration des exportations allemandes tant sur le plan géographique que sur le plan industriel constitue une faiblesse. Rappelons que la construction automobile fournit 40 % des exportations allemandes. Un salarié sur sept travaille dans ce secteur. Rappelons aussi que les exportations allemandes se portent massivement vers l’Europe. Récemment encore, en janvier 2014, on relevait qu’elles avaient surtout profité des marchés des membres de l'Union européenne « hors zone euro ». Or, l’évolution économique des membres de l’Union Européenne paraît de plus en plus marquée par la stagnation et la déflation : il n’y a pas de locomotive en Europe et l’Allemagne a vu son PIB stagner voire regresser. Quand à l’efficacité industrielle de l’Allemagne, elle est contestée par ses marchés d’exportation eux-mêmes. Sur le plus important d’entre eux, le marché chinois, les nuages s’amoncellent : l’attention que portent les autorités de la concurrence chinois aux conditions de prix pratiquées par les industriels allemands de l’automobile ne laissent pas d’inquièter. Ces derniers sont, à l’instar d’autres industriels étrangers, accusés de comportements monopolistiques. Les prix pratiqués sur les livraisons d’automobiles et surtout de pièces détachées seraient excessifs. Les accusations chinoises ont déjà eu des effets : la plupart des industriels allemands ont baissé leur prix, allant jusqu’à des réductions de plus de 40%. D’autres ont accepté de payer des amendes avant que les autorités chinoises ne les défèrent à la justice locale. Dans le même temps, les constructeurs chinois prennent leur essor. Quelques ricanements se font entendre sur la qualité de leur production, de même que sur l’industrie naissante du smartphone en Chine. Il faut se rappeler que ces même ricanements avaient accompagné la naissance de l’industrie japonaise de la montre, de la photo et de l’automobile, puis de l’électronique pour ne citer que ces industries. Il ne leur avait pas fallu plus d’une dizaine d’années pour qu’ils éliminent leurs concurrents européens et américains…
L’Allemagne est-elle un trou noir monétaire et économique ? Il faut craindre et les conséquences de l’arrogance d’un pays qui croit avoir réussi et l’aveuglement qui l’accompagne. Un trou noir en physique, non seulement aspire toute la matière qui se trouve dans sa proximité, mais aussi l’anéantit. Il est donc naturel de s’interroger face au trou noir qu’est devenue l’Allemagne: flux monétaires détruits ou détournés au sens le plus simple du terme, flux économiques dont la permanence est constestable, flux démographiques gravement déséquilibrés, faux succés qui contribuent à une incapacité dramatique à jouer un rôle constructif et contributif dans l’Union Européenne. Poids lourd qui tourne au poids mort. Le trou noir deviendra-t-il un tombeau pour l’Europe ?
Il y a quelques temps on s’était intrerrogé sur le point de savoir si l’Allemagne avait les caractéristiques d’un trou noir dans la sphère monétaire ? Siphonnait-elle tous les flux et particules monétaires qui viennent à l’approcher? Et surtout, les ayant siphonnés, les fait-elle disparaître? La monnaie aspirée ne se retrouverait plus nulle part et, en tout cas, pas chez ses voisins et associés dans l’UE et dans la Zone Euro.
Cette question doit être maintenant généralisée. Ce n’est plus seulement l’aspect monétaire de l’économie qui doit être investigué mais l’ensemble des ressources et des forces économiques.
L’Allemagne vit dans un état d’arrogance et d’inconscience de plus en plus surprenant et inquiétant. Le relever, le révéler n’est pas une tâche simple tant est incrustée l’idée qu’on ne saurait lui reprocher ses « succès », tant il devrait être évident qu’ils ne sont dus qu’à ses « forces », ses « talents » et ceux de sa population. Cette évidence tourne comme souvent à la facilité de pensée. L’objet de cet article, qui vient en avance sur la parution d’un livre traitant du « modéle imaginaire » allemand, est d’avancer quelques chemins de reflexions, entre une Allemagne « trou noir » et une Allemagne « poids mort ».
L’argent disparait
Revenons sur les faits. Enquêtons. Il y aurait donc de l’argent qui aurait été attiré par l’Allemagne et qui aurait disparu !
- La première, la plus évidente, tient à la balance commerciale de l’Allemagne. Les Allemands sont les champions d’Europe, et parmi les champions du monde, des exportations. La machine à exporter qui a toussoté en 2008 et 2009 s’est remise en marche et fabrique de l’excédent commercial à tour de bras. Preuve que l’Allemagne est très forte ? Pas vraiment ! Preuve surtout que ses voisins ne le sont pas puisque l’Allemagne réalise 80% de son excédent commercial sur ses amis de l’Union Européenne. Ne concluons pas tout de suite. Constatons.
- La deuxième, moins facile à comprendre, tient aux réserves de devises en Euro. L’Euro est partagé par 17 pays indépendants. Monnaie de la première zone économique mondiale, l’Euro est nécessairement une monnaie de réserve. Les banques centrales étrangères en accumulent pour assurer et faciliter le commerce et les investissements de leurs ressortissants avec la zone euro et procèdent à des achats de créances «euro» sous forme de dépôts, d’obligations et de titres privés et souverains. Dans la vraie vie, celle de tous les jours, ce sont les obligations d’Etat allemandes qui ont la préférence ! C’est dire que la banque centrale d’un pays hors zone euro dont le commerce serait essentiellement constitué de flux d’importations et d’exportations vers l’Italie, par exemple, maintiendra des réserves en Euro via l’achat de titres allemands ! Plus le commerce avec l’Italie se développera, plus la demande de titres allemands s’élèvera ! (et plus les taux d’intérêts allemands baisseront !!!)
- La troisième disparition est la version « intérieure (à la zone Euro) » de la seconde. Sous les effets de la crise, l’espace monétaire Euro a subi de très profondes distorsions. L’espace monétaire qui devrait être unique s’est fragmenté : les flux interbancaires, « la liquidité », finit par se retrouver dans les circuits bancaires allemands et ultima ratio dans les comptes de la Bundesbank qui paraissent plus sûrs que les autres.
Les Allemands entre arrogance et cécité
Ces trois causes de disparition de la monnaie commune pourraient être prises comme on a tendance à le faire depuis qu’il est du plus grand chic d’être germanolâtre : les Allemands sont très bons, tant pis pour les minus d’à côté. Les meilleurs gagnent et les conséquences sont normales : c’est à eux que vont tous les flux monétaires. En langage de trader de base : ils raflent la mise !
Ce serait vrai si le PIB allemand était bondissant et si les exportations allemandes étaient sécurisées. Or ce n’est pas le cas et, caricaturalement, plus on avance dans le temps et plus c’est l’inverse.
Côté exportations, si on se laisse aller à quelques critiques, les germanolâtres auront beau jeu de rappeler le fantastique succès de la machine allemande à exporter : ils diront que la preuve de la supériorité de l’économie allemande se montre dans ce seul chiffre, 40% du PIB de notre voisin est maintenant destiné à l’exportation. C’est dire à quel point l’économie allemande est brillante, efficace et «meilleure». Bien sûr, la majeure partie des exportations allemandes est constituée de voitures. Prés d’un tiers de l’emploi industriel allemand y est consacré. Encore une fois, quand on est excellent quelque part, on en tire toujours profit ! Et puis en deuxième rang n’y a-t-il pas les machines outils ? Celles-là même qui font l’efficacité des fabricants de voitures.
L’excédent de la balance commerciale allemande a longtemps fourni à l’Allemagne des ressources quasi-keynésiennes aux frais de ses voisins. Or, ça ne marche plus! Le solde de la balance commerciale allemande ne se retrouve pas en enrichissement des Allemands, ni en pouvoir d’achat, ni en croissance économique. Les derniers chiffres allemands sont tout sauf admirables, même si c’est mieux que dans les autres pays de la zone Euro.
Les performances de l’économie allemande sont de plus en plus médiocres. Elles confinent même à la déflation et à la décroissance. Y aurait-il quelque chose de grippé ? Quelque chose qui aurait échappé aux yeux affutés du sémillant Président de la Bundesbank. Quelque chose que même la Chancelière et le père « l’Austérité », son ministre de l’économie, n’auraient pas vu quand ils disaient au Président français que les Français n’apportaient rien de nouveau sous entendu, ils sont toujours aussi incompétents en économie et traînards dans leurs réformes ? Doit-on s’attendre dans les mois qui viennent à ce que les autorités économiques et industrielles allemandes accusent la France de compromettre l’essor allemand et d’en contrarier la croissance ?
Avant même de commenter ce qui apparaît de plus en plus comme un indice grave d’incapacité à prévoir, à projeter et agir pour créer de la valeur sociale et économique, il est intéressant de se reporter sur l’exemple d’un pays dont on peut dire qu’il a eu absolument tout faux ces dernières années dans ses conceptions et déclarations économiques et financières : la Finlande.
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