Il y a quelques temps, on avait repris, en cœur avec Madame Hidalgo, ce célèbre dicton : « la tortilla, on la fait avec quoi ? » Equivalent ibérique de : « pour faire une omelette, il faut casser des œufs ». On avait insisté sur le sens du risque de la Maire de Paris. Enfermer dans une fan zone des milliers de gens, au risque des paniques, de ceintures explosives ou des camions 19 tonnes, c’est prendre des risques. Ne pas prendre de risques, n’est-ce pas le caractère premier d’une société bloquée, fermée, incapable d’ouvrir les fenêtres et de laisser le grand vent de la mondialisation pénétrer au plus profond des cœurs, des âmes et des corps ?
Anne vient de l’Espagne castagnante où dansent des femmes à la poitrine en cornes de taureau, où les hommes sont tous des hidalgos qui crient « viva la muerte »et tendent leurs torses secs et noueux comme des oliviers séculaires, afin que « no pasaran ». Anne, l’Espagnole a pris le risque et l’a gagné ! Elle a eu l’omelette et c’est à Nice que les œufs ont été cassés.
Aujourd’hui, avec Paris Plage, Anne rejoue et lance sur le tapis tous les gains d’image encaissés grâce à son audace du 14 juillet. Christophe Colomb, partant vers l’Inde aurait pu sombrer ! Anne partant pour la Présidence, atteindra le but. Elle ne perdra pas son pari de Paris-plage ! Elle joue pour gagner. Comme au loto : ceux qui ont gagné ne sont-ils pas ceux qui ont joué.
Allons, parions avec elle, claquons du talon en cadence. Frappons dans nos mains le rythme de la danse. Vibrons avec la guitare et le tambourin aigus : la Maire qui sait bien danser sur les volcans a toutes les chances. Elle aura l’omelette, bien baveuse, bien goûteuse. Les œufs, où les cassera-t-on cette fois-ci. C’est à Bordeaux qu’on cassera des œufs. Avec un peu de chance.
Olé, Hidalgo.
On va débattre de civilisation au sens le plus élevé du terme. Pour se maintenir à des altitudes qui décourageront certains, on commencera par cette très
belle notation de Kenneth Clark auteur d’un ouvrage iconique sur la représentation du « Nu ». Lucide, il constatait que « les femmes dont le corps évoque une pomme de terre sont
plus nombreuses que les Venus de Cnide ».
Cette lucidité ouvre le débat. Que veut-on voir vraiment ou, plus exactement, veut-on voir ? Les Grecs ont voulu la lumière. Ils nous ont appris à
« voir », à reléguer les devins aveugles dans les bas-fonds des temples. Inventant le regard, ils ont inventé le Nu qui n’est autre que le regard porté sur le corps humain. Ils ont
ainsi retrouvé l’Homme et l’ont réinventé. Ils l’ont prétendu beau et ont voulu le représenter selon cette exigence. Ils sont allés au-delà des apparences pour faire oublier la fatalité de la
pomme de terre, pour faire émerger la beauté dont sont porteurs l’homme et la femme. Qu’importe qu’une paysanne de l’Attique ne ressemble en rien à la Vénus de Praxitèle. Incarnant « L’Ouvert »,
la Beauté se donnant à voir porte révélation de l’Esprit.
Or, dès que les Dieux s’en mêlent, le clos triomphe. Le fermé l’emporte. Le refus de l’image revient très précisément à fermer les yeux. Le refus de la
représentation de l’Homme dessine la clôture. Que retirer du monde pour se soumettre aux Dieux, si ce n’est le regard ? Que retirer du regard pour qu’il s’abolisse : d’abord et avant
toute chose, les corps, à commencer par celui de la femme ? Toute civilisation qui refuse la représentation des corps, mâles ou femelles, quel qu’en soit le motif, contraint avant tout la
femme à se cacher. Y-a-t-il du beau lorsqu’il y a du mauvais ? Or la femme est mauvaise : il faut enfermer son corps, emprisonner son image, l’effacer de toute représentation et la
laisser revenir à son état naturel: celui d’une pomme de terre.
Alors, les pommes de terre peuvent vaquer à des occupations souterraines, les culs s’alourdir et les ventres bedonner. Le drap qui recouvre le corps de la
femme, devient à la fois prison et barrière. La femme ne sortira pas de l’ombre, elle ne le mérite pas. A la différence d’une paysanne de l’Attique, elle n’a aucun regard pour la sauver. On dit
aussi que dans l’espace du clos, dans l’enclos, le parc à femmes, si différent du parc humain, l’homme n’entrera qu’en tremblant ou en terrorisant, deux façons de vivre la peur «du
voir» : aveugle, il finira, lui aussi, domestiqué dans le clos.
L’ouvert soumet l’Homme au risque du "voir" (« Une pomme de terre », disait Kenneth Clark ?) quand le clos n’offre à voir que des rêves
de Paradis (immense enclos bourré de pommes de terre en livre service ?). Le clos ne donne qu'à imaginer des mirages où le regard se trompe et se perd.
Moi-Président en a marre d’Elle-Chancelière. Il en a marre des conseils qui sont devenus des objurgations, des objurgations qui se transforment en invitations pressantes et des invitations pressantes qui flirtent avec demandes impératives et instructions qui, si on n’y met pas le « holà », deviennent des ordres.
Il faut remonter à quelques semaines : les bateaux russes, les Mistrals. De vraies merveilles technologiques. Des machines énormes bourrées de toutes les sophistications les plus extraordinaires. Un beau contrat. Des emplois. Une vitrine à l’export. Pas de pot de vin. Tout propre.
Lorsque les Russes ont décidé de soutenir les Ukrainiens qui revendiquaient leur liberté au nom de la Russie éternelle, les Européens condamnèrent, menacèrent, et dénoncèrent. Ils auraient presque pu déclarer la guerre. On faillit assister à d’héroïques batailles de chars. L’Europe aurait déferlé sur les grandes plaines à blé ukrainiennes comme autrefois les cosaques, les hussards polonais, les chevaux légers suédois, les uhlans lituaniens, la Grande Armée, les chars d’assauts allemands, puis, en sens inverse, les chars Russes. (En fait tout le monde sauf les Anglais qui n’aiment pas ce qui est trop continental et les Ukrainiens qui, dans la réalité, sont une invention des Soviets).
Rien de ce genre ne se passa : on se contenta de sanctions économiques.
Fureur de Elle-Chancelière qui lança de multiples menaces et ordonna même : les bateaux vendus par les Français ne devaient pas être livrés.
C’est pourquoi, aujourd’hui, plus encore qu’avant, Moi-Président en a marre d’Elle-chancelière.
Devant son cabinet, Moi-Président il annonce : « 1. C’est une bonne chose qu’on ait décidé d’envoyer Moscovici à Bruxelles, on aurait pu nous suspecter de conflits d’intérêts avec les Russes. 2. Je suis socialiste mais pas anarchiste : un contrat est un contrat. On exécutera le contrat ».
Une voix lance faiblement. « Et si les Allemands s’opposent? ». Moi-Président reste songeur, il hésite, le regard fixé vers la ligne bleue que forment le ciel et la mer quand ils ne sont pas gênés par les Vosges.
Enfin, il s’écrie : « la solution, valable pour les Allemands et pour les Anglais, je l’ai trouvée, elle est simple : le bateau sera conduit par les Russes. Un bataillon d’hommes de nos forces spéciales sera à bord pour dissuader les actes hostiles. Le pavillon français battra au plus haut des vergues, au-dessus même du drapeau russe. Cela, à soi seul, suffira à assurer la protection du navire. Qui, je vous le demande, qui osera s’en prendre à l’emblème national ? Même Albion la perfide y pensera à deux fois, quant au Prussien, il sait les volcans qu’il rallumerait ».
Plus tard, les événements qui vont s’ensuivre ont paru si rocambolesques qu’on se demande encore comment leur déroulement a été possible.
Conformément à nos engagements, nonobstant les invectives de nos voisins, les navires ont bien largué les amarres dans les conditions prévues. Le départ de Brest s’est déroulé sans faste mais sans anicroche. Le Pas de Calais était en vue. La nuit allait tomber.
Et tout se déroula très vite.
Un hélicoptère anglais, amical, avait largué quelques caisses de bière irlandaise à l’attention du bataillon français préposé à la défense des navires. Nos troupes avaient fait honneur aux cadeaux anglais sans se méfier (pourtant, on sait bien qu’Albion est perfide). Dans l’envoi se trouvaient des caisses de vodka. Bien que destinées aux Russes, les Français s’étaient abstenus de les leur passer pour le motif futile que les Russes conduisaient les bateaux ! Les Russes, furieux de cette discourtoisie s’étaient emparés des Français, les avaient mis à la mer dans un canot de sauvetage et avaient bu la vodka. Or, les Anglais (qui sont perfides) avaient injecté une drogue dans la Bière et la Vodka : les Français n’avaient donc pas résisté. Les Russes qui sont des durs à cuire et savent résister aux vodkas les plus frelatées avaient continué en direction de la mer Baltique.
Les deux bateaux furent pris en chasse par deux Uboot afin de les détourner vers Hambourg. Les Russes imbibés de vodka, continuèrent comme si de rien n’était. Ce que constatant, les Allemands lâchèrent deux torpilles à bout portant.
En pleine nuit, le planton de service s’est précipité dans la chambre Moi-Présidentielle, accompagné de deux ou trois ministres. Le télégramme qu’il tendit à Moi-Président, dans son lit, mal réveillé, l’informait que les Russes déclaraient la guerre aux Allemands et aux Anglais.
« Le drapeau ! » s’écria le Breton en entrant à son tour. « Quoi le Drapeau ? » hurla Moi-Président qui n’y comprenait plus rien mais, galant, tenait fermement sa couverture pour qu’on ne vit pas qui se trouvai(en)t dans son lit.
« Le drapeau, notre drapeau, l’emblème de la Nation, a sombré avec les navires russes » ! C’est la guerre : on s’est coordonné avec les Russes. Ils sont à Berlin. Nous sommes à Bonn. Elle-chancelière est en fuite.
Moi-Président versa aussitôt une larme : la rive gauche du Rhin, et la droite aussi, étaient enfin françaises.
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