Quand on évoque le sujet des crypto-monnaies, le thème fort, celui qui retient l’attention des curieux comme des « fans », c’est d’abord celui de la liberté qui se résume à ceci que les opérations auxquelles vous vous livrez ne peuvent être ni surveillées, ni contrôlées, ni manipulées par des tiers et en particulier par ceux qui sont qualifiés de tiers de confiance, les banques , les institutions financières et bancaires à caractère public, les polices et contrôleurs de tous poils.
Vos opérations sont « anonymisées ». On ne peut savoir ni qui vous êtes, ni ce que vous faites. Les algorithmes vous protègent. La liberté, c’est pouvoir faire ce qu’on veut sans qu’on puisse être questionné, discuté ou empêché de le faire.
Et il en est de même sur les réseaux sociaux. La plupart des intervenants sont cryptés, anonymisés, cachés en d’autres termes. Ils veulent être libres de penser ce qu’ils veulent, comme ils veulent etc… ils injurient, menacent, lancent des informations tronquées, montrent des images truquées. On comprend comme l’anonymat est utile : garant d’une pensée vraie et libre.
Cet impératif d’anonymisation va encore plus loin quand la justice est concernée. Ici les commentaires de presse sont clairs et sans ambigüité : des « gens » ont massacrés à la hache, M. Machin, honorable employé des chemins de fer, père aimé de trois enfants, les petits (suivent leurs prénoms). Ou bien, trois jeunes, deux mineurs et un jeune adulte ont bousculé pour la voler madame truc, 72 ans, vivant dans la ville de… au numéro… elle en est morte. Monsieur le Maire de trucmuche sur machin, a voulu s’opposer à l’installation d’une dizaine de caravanes. Il s’est fait casser la figure au sens propre du terme, mâchoire, nez et cou par des « gens ayant fait montre d’une grande hostilité ».
Notez que c’est normal : on ne peut pas attribuer un méfait à quelqu’un tant que sa culpabilité n’est pas reconnue ! C’est très différent d’une victime. Celle-ci ne peut pas se plaindre d’avoir été nommée et identifiée et localisée. Elle n’avait qu’à pas être là et se faire taper dessus. La liberté et sa défense ne la concernent pas. A l’opposé le type qui en tabasse un autre est toujours anonyme.
Pourtant, il est dommage de ne pouvoir observer que les gens issus de Boulonie sont très souvent des voleurs et même des professionnels dans cette activité ; ou de relever qu’il vaut mieux éviter les adolescents du genre Gagamuche parce qu’ils ont été élevés dans des climats de très grande violence ou d’hostilité systématique à tous ceux qui ne leur ressemble pas. Cela éviterait des drames ? De même qu’un peu d’observation conduirait à la conclusion que les femmes ayant épousé un Tragall risquent d’être trucidées par leurs maris. Mais la question des femmes vaut-elle quand il est question de liberté et de justice ?
C’est comme sur les réseaux : imaginez ce qui se passerait si les anonymes, se livrant à insultes, menaces et autres calomnies étaient contraints à s’exprimer sous leurs noms propres ! Ce ne serait plus sans risque de réponses et d’appels à la justice.
Et finalement, c’est comme les échanges avec les monnaies cryptées. Une part très importante des transactions par le moyen de ces monnaies sont destinées à l’achat de drogues et tous genres de stupéfiants, à planquer l’argent du grand banditisme et du terrorisme. Demander aux gens qui usent de ces monnaies de le faire sans fard et sans cachoteries condamnerait ce mésusage. Peut-être déclinerait-il et peut-être pourrait-on ainsi se saisir plus souvent de ses auteurs.
La liberté profiterait-elle surtout à ses ennemis ?
Les Suédois réinventent de vieilles habitudes urbaines : l’agglomération d’Eskilstuna vient de recréer l’antique taxe ou patente sur les mendiants. Il faudra payer pour avoir le droit de mendier dans les rues pendant un laps de temps. Au bout de ce délai, il faudra la renouveler. Ce n’est pas exactement une patente, c’est tout au plus un droit temporaire d’occuper le domaine public pour mendier.
Une étude un peu ancienne, par Maxime Du Camp, rappelait une disposition du code pénal français dans un article 274 : «toute personne qui aura été trouvée mendiant dans un lieu pour lequel il existera un établissement public afin d’obvier à la mendicité sera punie de trois à six mois d’emprisonnement, et sera, après l’expiration de sa peine, conduite au dépôt de mendicité. »
Je recommande la lecture de ce vieux « papier » paru dans la revue des Deux Mondes en 1870 sur La Mendicité à Paris. Je suppose que vous n’avez pas conservé toute la collection de cette remarquable revue . Suivez ce lien et vous saurez tout de la question (jusqu’en 1870)
Il faut remercier nos amis américains pour la fantastique performance des réseaux sociaux. Il en était de la démocratie dans les pays européens comme il en était de la télé et de ses journaux d’information : une bande de bronzés oligarchiques daignaient délivrer des messages de presse. Ils régnaient sur les tubes cathodiques. Ils nous parlaient à nous qui ne pouvions rien dire. Nous avions le choix entre tel tube et tel autre, tel gourou de l’info ou telle (rarement) autre. Mais nous n’avions surement pas le droit de leur dire ce que nous pensions.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les réseaux sont passés par là qui ont libéré la parole. Dans le même mouvement, l’absence de pensée, elle aussi, a été libérée : l’envie de dire ce qu’on pense et le droit de ne pas penser ont été libérés de leur geôles respectives, le respect et la compétence.
Mais alors que dit-on si on ne pense pas ?
Relevons tout de suite que, pour beaucoup, parler n’est pas nécessairement penser et que penser n’est pas parler.
On entend même dire que l’exigence de penser avant de parler est une des techniques utilisée pour brider la parole. La pensée ne s’allie à la parole que pour la maîtriser et à la dominer. Si on réservait la parole à la pensée, on l’interdirait à la grande majorité des gens que les réseaux ont libérés.
Vous voyez la contradiction : quand les réseaux libèrent la parole on enfermerait cette liberté dans une contrainte de pensée. Or, la liberté des réseaux c’est la liberté pure, pas une liberté conditionnelle ; c’est la liberté de dire, de s’exprimer… et si on n’a pas les mots qui forment parole, et si on n’a pas les idées qui s’inscrivent dans les mots, on a de toutes les façons la ressource du langage de tous les jours, celui qui n’a pas besoin de la pensée, celui qui vient tout seul, pour dire ce qu’il y a à dire, avec les accents et les mots de la rue, du boulot, de la fête et des défilés.
Ce sont les mots avant les coups, les gifles, les battes de base-ball et le couteau de cuisine. Les mots du mauvais regard, du « j’ai pas le temps d’attendre connard », de ceux qui cherchent le point sensible « t’as une gueule de pute » , « tu ferais mieux de soigner tes artères », de ceux qui ne cherchent rien qu’à déverser un trop plein de matière fécale mentale.
Ce sont les mots crachats, qu’on assemble ou qu’on livre directs ou en formules imagées, ou qu’on verse dans les réseaux à l’état pur, originel, sans fard comme il y a de l’eau usée et de l’eau d'égouts.
La pensée crachat est faite des mots des réseaux, mots en toute franchise, mots libres pour les éructations libérées. Les mots des réseaux sont puissants: ils ont conquis Trump qui a pu inonder de mépris une « prix Nobel de la Paix », les Boris Johnson de tous poils qui dégainent de libres insanités diffusées à les millions d’exemplaires. Ils ont conquis le pouvoir au Brésil qui en a donné une belle image récemment. Elle a conquis la populace des ronds-points.
Il n’est plus interdit de cracher sur les trottoirs, ni sur les gens : le crachat a conquis ses lettres de noblesse ; bientôt, à la Sorbonne on enseignera la théorie politique du crachat.
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Je me souviens… des dessins de Reiser dans Pilote Magazine. Je me souviens des histoires qu’il racontait au sujet du lancement des essais de Concorde, fierté nationale d’un moment.
Reiser avait drolatiquement dessiné les essais au sol de notre supersonique national avec pour titre: « Concorde, l’avion qui roule le plus vite du monde » !!! Et ses lecteurs de s’écrouler de rire, parce que le propos était drôle et parce que les dessins étaient fabuleux.
Et puis Concorde s’est envolé. Et puis, les Américains ont opportunément exhumé une réglementation qui ne lui permettait pas d’atterrir à New York. Et puis, ce fut tout. Boeing l’avait emporté aux points.
C’était l’époque où on pouvait être fier de la France sans paraître ringard : tout de même Concorde, c’était une sacrée aventure.
Aujourd’hui, Reiser continuerait à dessiner de plus belle : pour nous faire rire, il illustrerait quelques particularités des Airbus. Ainsi : il nous montrerait l’Airbus en phase d’aquaplanning sur le Potomac. «Airbus, l’avion qui va plus vite que les planches à voile ». Mieux encore, il aurait représenté, Airbus, l’avion qui fait mieux qu’un planeur en balsa, a battu le record de vol plané pour avion à réaction : 20 minutes pour atterrir entre Toronto et le cap ; et aussi, « Airbus, un service des agriculteurs », capable d’atterrir sur des pistes improvisées et de faucher des champs de maïs.
Reiser nous ferait rire et nous serions fiers d’exploits aussi incroyables. Ne faudrait-il pas s’attendre à une réaction violente du Président Trump ? Ne fustigerait-il pas ce qui pour lui ne seraient que mises en scène douteuses, des « Fake events » donnant lieu à « des « fake news » à la gloire de la prétendue expertise aéronautique française. Ne dénoncera-t-il pas le cynisme hexagonal, une attitude ignoble qui se complet à monter des opérations catastrophe bidons en se servant de passagers innocents pris dans un piège publicitaire du plus bas niveau.
Car il faudra bien sauver le soldat « Boeing » tombé depuis quelques temps dans le piège d’un infect complot anti-américain. C’est à suivre de près.
Peut-on esquisser une observation général à partir de quelques événements particuliers ? Aux Etats-Unis, on supprime les contrôles à priori. On libère l’initiative privée. On lui évite les contraintes paralysantes. C’est le règne de l’expérience : on peut en tirer des leçons. Un avion tombe, ce n’est pas probant. Deux avions tombent ? Il faut voir ça de près, cela tient peut-être à une difficulté à voler. En France, c’est le règne de l’hypothèse préalable: prouvez que votre avion vole, avant de faire monter des passagers dedans.
Voilà pourquoi, Facebook ne pouvait pas survenir en France : il aurait fallu, préalablement à son lancement, démontrer que ce système était compatible avec les règles relatives à la confidentialité et à la protection de la vie privée. Aux Etats-Unis, ce n’est pas nécessaire : tant que personne ne se plaint, toute entreprise est permise.
Boeing n’a pas eu de chances, simplement.
Le Président Macron en appelle à la réconciliation des Français. Il a raison. Plus on va et plus le sentiment prédomine que rien n’est plus divisée que la Nation française. Il faut se souvenir d’un auteur « « engagé », Henri Rochefort, qui lançait au milieu du XIXème siècle : la France contient 36 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement. Ce mot a été fréquemment repris.
Pour ce qui est de l’actualité, j’ai fait le pari que je ne trouverai dans aucun quotidien, un mot positif sur la France et les Français. Globalement et dans le détail, tout est raté ou va le devenir. Et ça fait longtemps que ça rate, mais ces derniers temps ça rate un peu plus !
Un exemple (monstrueux de sottise) : Libération commentait la diminution du chômage en ces termes « mais, cela ne s’accompagne-t-il pas d’une augmentation des emplois précaires», plutôt que de relever « ouf, les gars, il y a moins de gens sans boulot ». Suivons le même chemin que Libération : « le pire c’est quand le précaire se sédentarise : il devient esclave… pardon, CDI !»
Il vous suffira de tendre la main, vers les librairies du net,
Babelio, Amazon, Fnac, books.google, BOD librairie et l'éditeur: Arnaud Franel Editions
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