- Europe de Schengen: la revanche de l'Empire Ottoman (repris par le Huffington Post)
- Wolfgang Schäuble et sa grosse musique de jour
- Islamophobie ou germanophobie? (repris par le Huffington post)
Une nouveauté dans les rapports entre l'Allemagne et ses voisins : la germanophobie ne serait qu'une modalité de l'islamophobie et inversement ! Qui éprouve des réticences à l'égard des migrations, ne peut être qu'un islamophobe et, comme l'attitude de l'Allemagne a été très compassionnelle, la germanophobie vient d'ajouter l'islamophobie à ses causes premières.
Vous qui critiquez l'inconscience et l'unilatéralisme germanique, vous qui pensez qu'ouvrir les frontières de l'Europe devrait être du domaine des choix communautaires et non pas d'une lubie compassionnelle, vous n'êtes pas simplement des islamophobes, ce qui n'est pas bien, mais vous êtes aussi des germanophobes, ce qui n'est pas bien du tout.
Ou bien cela traduirait le sentiment croissant que de moins en moins de gens trouvent un modèle dans le système allemand. Et inversement, cela traduirait le sentiment des Allemands que leurs voisins (je n'ose plus dire associés dans l'UE ou la Zone Euro) n'ont pour idée communautaire que de piller leur trésor fruit des efforts solitaires du travailleur allemand et de la Veuve de Cologne.
Les Allemands qui sont des modèles seraient donc les incompris de l'Europe
On n'insistera pas sur quelques faits bien connus : une démographie en berne et qui risque de ravaler l'Allemagne au rang de la France dans un quart de siècle et la ranger derrière elle d'ici à 2060. On rappellera ce que les Allemands n'aiment pas dire, que ces risques démographiques à terme induisent des avantages compétitifs forts dans le court terme : contraintes budgétaires allégées en conséquence sur les plans de la politique familiale, de la santé, de l'éducation, de l'emploi et du chômage. S'y ajoute une politique étrangère fondée sur le parapluie américain et, en conséquence une totale incapacité à assumer des missions militaires d'une quelconque ampleur... et des économies budgétaires à l’avenant !
Nous n'aurions pas compris, et on nous accuserait de germanophobie, que l'Allemagne a décidé de s'ouvrir à l'immigration de masse parce qu'elle est un modèle dans ses rapports avec le reste de l'humanité. De même, en tant que modèle d'humanité, elle se devait d'ouvrir l'ensemble de l'Europe aux réfugiés d'un peu partout dans le Proche Orient sans avoir à demander leur opinion à ses « associés » dans l'UE. « Qui se pose s'expose » : l'Allemagne comme Saint Sébastien, percée de flèches par les germanophobes, qui sont aussi des islamophobes, des ennemis du genre humain etc...
Alors, il faut le répéter pour nos concitoyens dont beaucoup ont encore une sorte de vénération masochiste à l'égard de l'Allemagne : non, les Allemands ne sont pas un modèle ou alors on devrait dire que l'Italie du Sud avec ses mafias est un modèle, et la Grèce avec ses statistiques truquées pour rentrer dans la zone euro, et l'Angleterre qui a passé son temps à rouler ses « associés de l'UE » dans la farine.
Un modèle qui prend ses aises avec les réalités économiques et sociales
On ne peut pas dans un article aussi court passer en revue tous les éléments qui devraient faire douter du modèle et de ces attitudes admirables. L'auteur de ces lignes a écrit un livre entier pour dénoncer cet aveuglement. Contentons-nous, c'est pire, de saisir l'actualité et de relever les informations qui trahissent ici ou là le fabuleux modèle.
Commençons par ce que les uns trouvent simplement ridicules quand les autres s'étonnent, surpris par l'ampleur des anomalies.
Les statisticiens allemands sont ou bien totalement incompétents ou bien totalement fâchés avec l'éthique de leur métier. Ainsi, avait-on pointé, il y a deux ans, cette affaire étrange : la population allemande aurait été surestimée de 1,250 millions de personnes. Les explications s'étaient multipliées. Les Allemands ne sont pas très entraînés pour ce genre de statistiques. Ils se reposent sur des décomptes décentralisés, or, certaines villes ou communes, cherchant à maintenir un bon niveau de subvention calculées par tête de résidents, avaient omis de déduire les mouvements de populations vers d'autres villes allemandes.... Je vous laisse imaginer ce qui se passerait en France si on découvrait ce genre d'écart. Pour moi, tacitement, la chose a été mise sous le boisseau par l'ensemble des Allemands car sans ces fantômes statistiques, la population allemande serait repassée sous les 80 millions, seuil symbolique d'un déclin irrépressible.
Vous ne croyez pas au symbole ? Pourtant, un des points de satisfaction de l'Allemagne (de l'Ouest) dans le contexte de la réunification fut de mettre une belle distance entre sa population et celles de la France et de l'Angleterre.... Sans la fusion des deux Allemagnes, la population allemande (de l'Ouest) serait au troisième rang au sein de l'Europe de l'Ouest....
J'exagère ? Voici d'autres erreurs ou manipulations qui interpellent. La Bundesbank a bataillé longuement pour que les Banques allemandes soient « BCE proof ». Comment imaginer qu'une institution telle que la BCE, clone de la Bundesbank, ce modèle de banque centrale, se voit conférer un droit de contrôle sur les banques du "pays modèle". Au-delà d'un principe de « rang », la question était toute autre. Il fallait éviter que l'Europe aille jeter un coup d'œil sur les « bidouilles » de la banque Allemande. Sur les tricheries sur le Libor, sur l'Euribor, par exemple, conséquence de stratégies cyniques. Laisser la BCE s'occuper des banques allemandes aurait conduit (a conduit finalement) à mettre en valeur un manque très grave de fonds propres au regard des normes européennes (qui s'imposent même aux banques allemandes). Mais aux yeux des représentants du modèle allemand pouvait-on mettre en cause les banques de la grande Nation ?
Faut-il en rajouter ? Et reparler de VW et ses logiciels truqués. VW dont le statut demeure toujours hors de portée des condamnations de la Commission Européenne. Parler d'un autre constructeur allemand dont on soupçonne qu'il est allé prendre chez son concurrent de bonnes idées pour enfumer le consommateur. C'est une vertu des grandes entreprises allemandes et même des moins grandes que de savoir se rencontrer et s'accorder sur le partage des bonnes idées.
C'est trop de critiques ?
Alors on va raconter la triste histoire du billet de 500 euros ? Celui qui n'est produit que pour les Allemands. Celui qui est considéré par la quasi-totalité des pays européens comme le support du crime, de la drogue, du terrorisme et ...de la fraude fiscale. En Allemagne, pays modèle, les statistiques montrent que le billet de 500 euros ne concerne que la veuve de Cologne et son matelas, vieux souvenir d'un après-guerre difficile, et ne circule pas dans des univers frelatés et criminels. Décidément les Allemands ne sont pas amis des chiffres. Peut-être les voient-ils comme des instruments de la germanophobie ?
Ou bien de l'islamophobie ? Les décomptes des flux de population vers l'Allemagne ont de quoi s'inquiéter. Sur 82 millions d'Allemands, a-t-on rappelé, 1,25 millions avaient été perdus, soit environ 1,5% du total. Or, très récemment les Allemands auraient perdu 150000 migrants, essentiellement musulmans ! 12,5% du million qui est rentré en Allemagne à la suite de l'Appel d'Angela ! Une erreur dix fois plus importante. Une grosse erreur du pays modèle.
On a envie de dire : encore une erreur ! On a surtout envie de dire que ce pays qui se moque aussi ouvertement des autres n'est franchement pas un modèle, à moins de considérer que tricheries, tromperies, truquages et copinages soient des instruments incontournables de l'exemplarité.
Laissons parler le Président de la Bundesbank : « Based on certain assumptions regarding the birth rate, life expectancy and net immigration, the Federal Statistical Office predicts that, by 2060, Germany's population will shrink by up to 20% from today's figure. Although we know that Germany has become more attractive to immigrants since this study was published, we also know that immigration can only cushion the demographic process in Germany, not prevent it».
Je connaissais bien les idées de Jens Weidmann en matière démographique. Je ne pensais pas que l’histoire s’accélèrerait à ce point quand j’ai écrit les lignes qui suivent et qui se trouvent en fin de mon étude sur «l’Allemagne, le retour de l’empire ou le modèle imaginaire» : «Le modèle allemand, celui que l’Allemagne se propose de suivre et nous demande d’adopter, conduit à un univers de rentiers, détenant du capital financier, accumulé au dépens des autres pays européens… Le Modèle allemand ce sera aussi une procédure bien rodée d’importation de main d’œuvre étrangère choisie pour faire tourner les services publics hospitaliers, les maisons médicalisées de retraite et les services d’assistanat aux personnes handicapées, aux vieillards dépendants physiquement ou psychiquement. Les centaines d’usines déployées dans le monde grâce aux excédents commerciaux allemands apporteront des revenus pour un capital garant du niveau des retraites. Des milliers de retraités iront s’installer dans des pays à soleil garanti et main d’œuvre pas chère dont ils détourneront les services de santé… dès aujourd’hui, les entreprises allemandes peinent à recruter ingénieurs, informaticiens, médecins, infirmiers… ».
Eurostat (organe de statistiques de l’UE) a établi des projections démographiques jusqu'en 2080. En Allemagne, avec un taux de fécondité actuel à 1,4, et en l’absence d'apport migratoire, la population passerait d'un peu plus de 80 millions actuellement à 60 millions en 2060 puis à 50 millions en 2080. En 1939, la population allemande comptait 68,5 millions d’habitants.
Ce déclin démographique «allemand», les plus qualifiés des observateurs le voyaient comme une forme de tragédie : il y a moins de dix ans les propos de Vora Öger citée par Thilo Sarrazin résumaient l’avenir de l’Allemagne ainsi : «il y aura en 2100 environ 35 millions de turcs et à peu près 20 millions d’Allemands». L’opération en cours menée par Angela Merkel, autorise à penser qu’il faudrait ajouter aux 55 millions d’habitants en question, une dizaine de millions de Syriens, Irakiens et autres populations venant du Moyen-Orient et d’ailleurs, enfants de la deuxième et troisième générations de ceux que la Chancelière s’engage à importer.
Comme on l’a indiqué en exergue de cet article, le Président de la Bundesbank avait tiré la sonnette d’alarme. Le défi le plus important que l’Allemagne ne concernait pas seulement la population dans son ensemble mais aussi au déclin de la population active, à l’explosion de la part des seniors dans l’économie, à l’effondrement du marché intérieur allemand et des capacités de production même si quelques prévisionnistes évoquaient l’équipement des seniors en exosquelettes et le remplacement des usines par des imprimantes 3D. De leur côté, les patrons allemands allaient répétant que chaque année, le manque de main d’œuvre coûtait 30 milliards d’euros à l’économie allemande.
Ainsi, les prévisions catastrophistes se succédaient les unes aux autres. Comparant l’Allemagne au … Danemark, Thilo Sarrazin s’exclamait : « …D’autres se consolent en se disant que même un petit peuple peut vivre et survivre, prenant comme référence le Danemark avec ses cinq millions d’habitants. L’Allemagne aurait donc vocation à devenir un Danemark dans un territoire un peu plus vaste.»
L’attitude de la Chancelière Merkel à l’égard des Migrants de Syrie serait ainsi le fruit d’un calcul qui allie le sordide à la force du désespoir : le rendement d’un investissement en populations correctement formées ne peut qu’être excellent. Les Allemands ont expérimenté sur eux-mêmes le dynamisme des migrants : les populations germaniques de l’Union Soviétique, qu’il s’agisse des Allemands importés par Catherine II de Russie qui cherchaient à revenir dans leur «mère-patrie» ou les Allemands des Sudètes mis à la porte par la Tchéquie, ou encore les Allemands de l’Est fuyant le régime communiste, tous migrants et réfugiés fuyant vers l’Allemagne, ont montré acharnement au travail et discipline économique. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les Syriens.
Mais il en va aussi de la dignité allemande. Voilà qu’il serait inscrit dans des tables insolentes que la population française sera égale à la population allemande dans un quart de siècle, effaçant 200 ans de supériorité numérique. Voilà que les Allemands dans soixante ans seront moins nombreux que les Français en 1960… Voilà que l’Allemagne, la société, la civilisation allemande seraient menacés de disparition à relativement court terme, avec comme prélude l’effondrement économique et démographique des Länder de l’Est. L’Allemagne qui s’était difficultueusement constituée à coups de guerres mondiales aurait donc perdu son temps. Les millions d’Allemands morts pour une grande «Allemagne» auraient été sacrifiés en vain ?
La Chancelière se voit-elle comme celle par qui l’Allemagne maintiendra son lustre et sa supériorité en Europe et peut-être dans le monde? Alors, compassion et pitié pour les damnés de la terre mis à part, il faut ouvrir les vannes de l’immigration. Les malheurs des Syriens tombent bien. Une grande part de ceux qui ont les moyens de fuir la Syrie font partie des catégories supérieures. Formés et motivés, les 800 000 syriens devraient déclencher un choc salutaire et, par leur arrivée massive, retourner les tendances néfastes de la démographie et contredire les prévisions pessimistes des futurologues.
Aussi ne doit-on pas se laisser circonvenir ou attendrir par Andrea Nahles, ministre de l’emploi et des affaires sociales quand il se lance dans des déclarations compassionnelles du genre humide : «que les gens qui arrivent chez nous comme réfugiés deviennent rapidement des voisins et des collègues». Ne rions pas trop vite des envolées lyriques dans le style du sociologue Heinz Bude: «Nous sommes les Américains de l’Europe, que nous le voulions ou non ». Il ne se rend peut-être pas compte que si l’Europe est ce beau territoire vierge, avec le vide de l’Allemagne au milieu, si les migrants sont les frères spirituels des Allemands qui fuyaient en masse leur pays pour aller tenter leur chance en Amérique du nord, la question deviendra bientôt : «qui sont les indigènes, qui sont les indiens de l’Europe?». Vont-ils subir le sort que les ancêtres de Monsieur Bude ont réservé aux autochtones d’Amérique du Nord lors de leur conquête de l’Ouest?
Et si l’intention des Allemands est de faire venir 800 000 migrants tous les ans, comme on l’a entendu, on pourra s’interroger sur leur implantation. Seront-ils installés à l’Est pour repeupler des territoires sans habitants? Ce qui ravira Polonais, Slovaques et Autrichiens ! Seront-ils plutôt installés dans les territoires industriels du Sud? Il est vrai que les industries de pointe bavaroises manquent désespérément de personnel. Sans apport migratoire nouveau, la population d’origine étrangère en Allemagne s’élevait déjà, en 2009, à 19,6 % de la population totale du pays. Ce taux était de 33 % pour la population de 0 à 5 ans (plus de 50% pour cette tranche d’âge dans certaines zones de l’ex-Allemagne de l’Est). Au rythme que madame Merkel veut imprimer à l’immigration, il ne restera bientôt pas grand-chose d’allemand en Allemagne.
Avant même que cela arrive, il sera bon de se pencher sur une curieuse et bien nouvelle question : «Qui seront notre voisins, de l’autre côté du Rhin, dans une génération?»
En moins de 350 ans, la revanche Turque est totale. L’espace Schengen est pulvérisé. Les Turcs sont appelés à la rescousse. Il faut qu’ils se positionnent devant Vienne ou un peu plus au Sud afin que soient contenues les invasions que les occidentaux, européens et américains pêle-mêle ont déclenché par leurs politiques irresponsables, par le déferlement de kilomètres de guimauve sentimentale et les petits calculs d’une Allemagne qui s’acharne à essayer d’enrayer un déclin que les démographes pensent irréversible.
Progressivement, l’Allemagne d’Angela Merkel a tout lâché.
Son âme. Sa politique. Une vision politique. Combattant « l’envahisseur russe » en Ukraine pour mieux prendre le contrôle de son économie, elle n’est pas offusquée que l’ancien Chancelier Gehrard Schröder soit toujours, malgré la Crimée, malgré le Dombass un des intimes du Président russe, un acteur clef des relations entre l’Allemagne et la Russie et le patron indéboulonnable du consortium chargé du projet de gazoduc Nord Stream en mer Baltique. Imaginez que Nicolas Sarkozy ait pris la tête d’une des plus grandes banques russes ou d’un groupe russe de construction aérospatiale sous le prétexte que la France et la Russie y développent des synergies… Ne dites pas « bizarre », vous seriez taxé d’étroitesse d’esprit et de germanophobie.
Il est vrai qu’Angela Merkel parle russe couramment et que Vladimir Poutine aime s’entretenir avec elle. La chancelière n’est-elle pas un pur produit de l’éducation soviétique ? Qui plus est, n’a-t-elle pas été élevée dans un milieu qui prônait le respect des valeurs luthériennes, celles qui appellent les peuples au respect des princes ? Ecouterons-nous ces voix qui laissent entendre que le père de la chancelière n’était pas un ennemi des princes soviétiques. Tout au plus retenons que, par son éducation, Angela Merkel n’est pas une « amie de la liberté » au sens où elle aurait risqué sa peau pour elle ! Pourquoi, revenir sur un « profiling » que nous avions détaillé dans des publications antérieures ? Parce que tout est ambigu dans l’attitude politique de la Chancelière !
Tout est ambigu car elle n’a jamais partagé les valeurs qui ont fondé tous les combats des Européens contre la dictature et les monstruosités allemandes du régime nazi. Tout est ambigu car, au nom d’une real-politik singulière Angela Merkel accepte de discuter en tête-à-tête, excluant au besoin les autres européens, avec un Président Turc qui la méprise cordialement et qui considère l’Europe comme « géant au pied d’argile ». A raison ! Ne serait-ce que parce que le grand pays européen, l’Allemagne, est capable « d’oublier » les avanies turques.
« L’assimilation est un crime contre l’humanité » déclarait Erdogan à Cologne en 2008. Et devant un public de 16000 personnes dont la majorité étaient des immigrés turcs, il appelait à la création d’école de langue turque en Allemagne. Quelques commentateurs allemands, sans craindre le risque de passer pour des turcophobes (une version subreptice de l’Islamophobie) avaient aussitôt dénoncé la création d’une «mini-Turquie» en Allemagne !
Hélas pour l’Allemagne, le temps n’est plus au « lebensraum » et, dans quelques temps, les seules légions qu’elle pourra lever seront constituées de vieillards au bras un peu flasques. Hélas pour l’Allemagne, les besoins en main d’œuvre seront considérables dans les années à venir. D’ores et déjà, l’immigration turque… et Kurde se traduit par la présence dans les écoles d’une part de plus en plus importante d’enfants de seconde génération (50% des naissances). Hélas, encore, cela ne suffit plus. Il faut faire venir davantage de travailleurs. D’où l’appel de la Chancelière aux réfugiés syriens. Un million. Davantage encore, très probablement. L’Allemagne attire par son marché du travail tendu, par son niveau de vie, par ses belles villes et l’image de liberté qu’elle a su présenter au monde entier. Angela Merkel ne pouvait pas passer à côté de cette opportunité.
La tête des Turcs est toujours bonne.
Et s’il faut se faire violence, la Chancelière s’écrasera une fois de plus, elle en a pris l’habitude, et ne s’émeut pas quand le Président Erdogan lance : "Dans un système unitaire (comme la Turquie) un système présidentiel peut parfaitement exister… Vous en verrez l'exemple dans l'Allemagne d'Hitler". C’était un 31 décembre 2015. Angela Merkel doit penser que cette opinion ne concerne que la Turquie et l’organisation de l’Etat turc, affaires intérieures par excellence. La Chancelière s’est souvenue des leçons paternelles sur l’autre joue qu’on tend. Donc, elle tend toutes les joues qu’elle a !
La Turquie doit être ménagée pour sa capacité à empêcher les moyen-orientaux de tous poils de répondre à l’appel mal calculé de la Chancelière. Ils se sont lancés sur les routes pareil à la croisade des pauvres gens qu’un illuminé déclencha et qui vit partir, en sens inverse des dizaines de milliers de malheureux, pour bouter le musulman hors de la sainte ville de Jérusalem. Dès qu’on annonce du beau, du bon et du bien, des milliers de gens se précipitent. C’est humain. Mais c’est encombrant. Au XIème siècle, on étripait, on exterminait, on massacrait et la procession perdait en masse et en intensité. Dix siècles plus tard, on s’est civilisé. On ne peut plus terroriser les foules pour les empêcher de se déplacer. Il faut faire autre chose.
Les Turcs, voilà la solution. Angela est allée demander à la Sublime Porte de fermer quelques battants et clore ses frontières aux moyen-orientaux qui, pour des raisons pas toujours très nettes, veulent quitter leurs pays pour l’Allemagne de cocagne. Il faut dire que pour passer de la Turquie à l’Allemagne, il faut essuyer ses pieds sur quelques confettis d’Etats, du genre Hongrie, Autriche, Tchéquie, Slovaquie, Macédoine. Mais on dit qu’ils en ont assez d’être considérés comme les paillassons de l’Allemagne.
Alors on négocie. Les Turcs avisés, se sont avisés que l’Allemagne était riche et qu’elle appartenait à un ensemble de pays nommé par dérision « Union européenne » eux aussi riches, pas autant que l’Allemagne mais plus que la Turquie. Donc, la Turquie a demandé (ou exigé, on ne sait plus) que lui fussent versés des milliards d’euros et puis, à y réfléchir de plus près quelques autres milliards pour compléter. Et puis, les Turcs ont aussi fait une demande un peu moins monétaire, un peu plus humaine, politique même, avec ce soupçon de passéisme qui va bien à ce beau pays.
Ils ont demandé que les Turcs bénéficient des avantages de la bonne Europe : Schengen pour tous les Turcs sans restriction. Autrefois, on évoquait l’octroi du statut de « francs bonshommes ». Aujourd’hui, on dit simplement «Schengen». Donc les Turcs pourraient recevoir la permission de sentir chez eux en Europe comme Allah en Allemagne.
Le 12 septembre 1683, sur la colline du Kahlenberg, fut mis fin au second siège de Vienne par les Turcs. La bataille fut un théâtre de gloire pour un célèbre Polonais : le roi Jean Sobiesky.
On lit dans Wikipédia que cette défaite décisive des Ottomans mit fin à la menace qu’ils faisaient peser sur l’Europe centrale. Le déclin ottoman débutait. Il ne faudra qu’un peu plus de deux siècles pour réduire l’empire.
En 2016, Angela Merkel, rompt enfin la malédiction : la défaite ottomane ne sera plus qu’un souvenir. En 1683, les Allemands du Nord n’avait rien fait pour défendre Vienne et l’Occident et les Allemands de l’Est encore moins et Vienne avait été sauvée par un Polonais. En 2016, la frontière européenne est ouverte aux Turcs par une Allemande venue de l’Est avec la complicité d’un Président Polonais.
Le Ministre des Finances préféré de la Chancelière, l’inoxydable Wolfgang Schäuble, n’est pas un spécialiste de la pensée délicate et de l’Europe consensuelle.
Pourtant maniaque d’une Union Européenne sous la formule « un pour un c’est déjà beaucoup », il a récemment proposé une mesure étrange : la prise en charge des migrants arrivés en Allemagne par les pays de l’Union.
Le mécanisme, grossièrement parlant (mais peut-on faire autrement quand on voit à quel point la proposition est choquante ?) consiste en une taxe européenne sur l’essence. Le diesel est-il exclu (on sait que VW a demandé qu’on parle moins de ce carburant-là) ? Peu importe : il reste que Wolfgang met les pieds, ou les roues, dans le plat.
Ce plat c’est celui de la solidarité européenne: l’Allemagne, pour qui la fameuse règle d’or de l’équilibre budgétaire s’impose sans conteste possible à chaque membre de l’Union et surtout de la Zone Euro, ne veut pas de solidarité européenne, ni budgétaire, ni financière. Il y a deux ou trois ans, quelques esprits (latins) avaient imaginé de mutualiser les dettes européennes. Certains esprits (faux) commençaient à penser que le respect de la règle d’or risquait d’avoir des effets déflationnistes. Ils avaient imaginé que la solidarité européenne épargnerait ce danger à certains pays très touchés par la récession.
Pour Wolfgang Schäuble pareilles propositions étaient impensables et insensées. L’Allemagne n’a donc pas cessé de combattre cette hérésie budgétaire doublée d’une menace gravement hyper-inflationniste « à la » 1923.
« Appuyez-vous sur les principes, ils finiront par céder». On sait que les Allemands entrés en plein hiver démographique ont besoin de main d’œuvre pour un très proche avenir. Plutôt que de monter des usines en Europe dans les pays qui ont des taux de chômage élevés, ils ont choisi de faire monter des migrants. Et la Chancelière a lancé un appel aux malheureux de la terre. Elle a dit, en allemand, «nous pouvons le faire» à la façon d’une cantate de Bach. Et ils l’ont crue. Et ils sont venus. Et voilà que ça coûte. Au début Wolfgang pensait qu’avec 25 milliards d’euro tout serait ficelé. Las, ce serait plutôt du côté de 50 milliards. Peut-être même plus! Le Budget Allemand prendrait un sérieux coup dans l’aile.
Alors, Wolfgang s’est mis à la flûte. Il a appelé ses confrères européens. Il leur a expliqué que les migrants étaient venus massivement en Allemagne sans qu’on sache trop bien pourquoi. Et il a développé une belle argumentation humanitaire : les malheurs du monde doivent être pris en charge par l’Union: elle est dédiée, c’est normal, aux belles et grandes idées. Pendant ce temps, VW et les autres se chargeront d’employer les malheureux qui ont atterris par hasard en Allemagne.
Globalement l’idée serait : les coûts pour l’Europe, les bénéfices pour l’Allemagne. Et une bonne petite taxe européenne pour que tout le monde en Europe soit solidaire avec l’Allemagne. L’Union à la Wolfgang, c’est « Tous pour un ! ».
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