Marina Gadonneix, la beauté de l’invisible

Au centre Pompidou

J’aime à détourner la célèbre formule de Saint Exupéry, « l’essentiel est invisible pour les yeux ». Mais pas pour les artistes qui,  par musique, lettres ou images interposées font justement que  « l’essentiel » soit contraint de quitter son invisibilité, son inaudibilité et son inexpressivité.

La visibilité est une tension permanente qui pèse et motive les peintres ou photographes. Rendre l’essentiel visible pour les yeux et l’esprit est bien dans leur mission quitte à aller le chercher au plus loin, au plus profond ou au plus complexe.

Le travail de photographe de Marina Gadonneix est tout entier empreint de cette tension : montrer en images ce qu’on ne voit pas, donner une mesure claire à l’incommensurable, faire venir à la conscience des formes inconcevables : ce que l’esprit conçoit, le montrer à ce moment où l’esprit fait parler la matière, s’y introduit et en interrompt la course.

Certains photographes ont choisi les espaces intersidéraux et usent des photos de satellites d’observation pour donner une image de ce à quoi peut ressembler l’infiniment grand. Les photos de Marina Gadonneix conduisent vers l’infiniment petit des corps et des forces. Elle offre au regardeur une possibilité de familiarité faisant accéder au monde de notre sensibilité, notre monde tel qu’il s’en échappait encore.