Je ne sais plus s’il s’intitule lui-même « premier salon international d’art contemporain » ! La vérité est qu’une version bordelaise de ce salon est dénommée « 2ème foire internationale d’art contemporain ». Et puis, d’autres villes seront concernées, Nice, Mulhouse, etc…
Il y avait une version un peu plus « artisanale » de cette exposition d’art contemporain à la Bastille. Elle s’étendait de part et d’autres du bassin. On s’y pressait beaucoup. Les allées étaient étroites, les stands minuscules…
Art 3f, tout à l’inverse, s’étale spacieusement dans un magnifique espace, sorte de hangar gigantesque des temps modernes, place de la porte de la Villette. On peut respirer, on n’est pas oppressé par l’étroitesse des lieux, les galeries, les lieux d’exposition ne ressemblent plus à des cellules de moine ou à des espaces carcéraux.
Tant mieux ! Le regardeur peut regarder et le collectionneur rêver d’un jeune talent qui émerge, d’une bonne pioche qui remplira, plus tard, les poches et du plaisir d’avoir fait venir à la lumière un artiste qui végétait dans la déprime.
Quant à regarder, dénicher et faire des rencontres du type « Courbet et Alfred Bruyas », il faudra, pour le collectionneur, l’amateur, voire le spéculateur franchir beaucoup d’étapes et d’obstacles. L’art qui se fait, c’est comme les jeunes entreprises, les essais sont nombreux, les échecs aussi. Une différence cependant : s’il n’est pas interdit pour une jeune entreprise de copier le modèle de ses voisines (dans les limites légales s’entend), il n’est pas toujours bon pour un jeune artiste de reproduire fidèlement la manière et les sujets d’un illustre prédécesseur. Le temps des copistes est révolu. Si un bourgeois de Naples pouvait au XVIIème siècle se contenter d’une copie « d’un Raphaël », un bourgeois de Paris fera décidément plouc à se payer un pseudo-Picasso.
Et c’est là que le bât blesse. Les artistes représentés dans cette exhibition ne se sont pas tous affranchis des influences des grands maîtres. On en reconnait les styles à ce point qu’on se demande si justement, il ne s’agit pas de copies. C’est dire que créer est rien moins que simple. C’est dire que s’il est vrai que l’art dialogue avec l’art, il se peut aussi qu’il bégaie. C’est dire que vivre de sa peinture, cela signifie la vendre et que pour vendre, parfois, l’artiste peut avoir le sentiment qu’il faut se courber devant les exigences des regardeurs. Ce sont les acheteurs. Ils ont le droit d’avoir une idée de ce qu’ils veulent accrocher à leur mur. Autant dans ces conditions, leur fournir ce qu’ils attendent. Si cela implique qu’il faut se rapprocher dangereusement de Picasso, on en prendra le risque…
C’est ainsi qu’on peut voir des neo-Erro, des Sam Francis, des Marfaing, des Kijno…
On n’ira pas plus loin car ce ne serait pas très gentil. C’est décidément un univers très difficile que celui de l’art et plus encore, l’art qui se fait. Prise de risque maximum dans un univers d’acheteurs qui n’aiment pas souvent prendre de risques.
Dans ce type d’exposition, je me rends avec cette pensée : il n’y aurait que 1 % d’artistes qui me plaisent, je serais très content. Je n’ai pas compté le nombre d’artistes mais, j’ai trouvé des artistes qui m’ont bien plu.
Tout d’abord des artistes que j’avais déjà rencontrés. C’était il y a très longtemps. Des artistes dont j’ai acquis des œuvres. François Houtin, dont j’ai tant aimé les gravures et qui poursuit cette même passion des univers végétaux, riches, baroques, luxuriants et parfois un peu inquiétants. Il œuvre maintenant à l’encre de chine et réalise des paysages ou des objets de jardins d’une finesse rare.
J’ai retrouvé Frédéric Lange dont j’ai acquis des sculptures il y a quelques années ; proches encore du métal pur en fusion tel qu’il aurait coulé dans le sable et le charbon de bois. Grandes formes filiformes, totems de bronze qui allient des coulures de qualité complexes ou le cuivre se verdit et le bois se mêle au bronze doré. Des personnages issus des brasiers de l’artiste paraissent émerger de la gangue du métal.
Et d’autres artistes qui ont attiré mon regard. Difficile à faire lorsque tant de couleurs vous entourent et tant de formes cherchent à s’imposer. Florent Touchot par exemple dont la technique mêlant photo et sérigraphie donne des œuvres riches en couleurs et en perspectives. (Bear Galerie).
Laura Len s’inscrit dans un mouvement de mise en scène photographique, entre surréalisme et réalité augmentée. Grandes photos, pleines d’histoires, de rêveries et d’appel à des souvenirs en forme de brouillards et de nuages.
J’ai beaucoup aimé le travail de la sculpteuse, (sculptrice ?), Véronique Choppinet. Un très beau travail de bronze. Une splendide inscription dans l’espace. Des formes dures, coupées au ciseau. L’artiste travaille aussi la pierre. Ses formes en viennent, difficiles et sans concessions. Très beau travail.
D’autres œuvres m’ont étonné. Positivement. Des travaux qui vont dans mon sens. On ne regarde pas sans arrière-regard ! On ne voit le plus souvent que ce qu’on s’est habitué à voir. Ce qu’on aime voir. Certaines peintures ou photographies charrient des questions, des discussions, des dialogues où on se sent bien, ce sont vers eux qu’on s’attend à être emportés. On s’est peut-être habitué. Avant de nouvelles recherches, avant d’avoir reconnu l’émergence de nouvelles questions, de nouvelles discussions ou de nouveaux dialogues.
C’est ainsi que j’ai reconnu des formes que j’aime bien : Samet et Patrick Nupert. Univers informulés, entre écritures, griffures et peinture. Est-on en face d’une sorte d’académisme de la violence ? au confluent des grands courants de l’Europe du Nord que sont le mouvement Cobra et l'expressionnisme allemand, des grandes questions soulevés par les Kieffer et Dubuffet.
Un cas à part, Eva Klötgen..si proche de Per Kirkeby
Mon regard n’est pas celui des autres….
Il faut aller voir et regarder. Ne jamais penser pépite. Ça ne sert qu’à brouiller la vue.
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