- André Lundquist
- Astrid Waliszek
Galerie l’œil du Prince
Jusqu’au 18 octobre
Peintre Danois, André Lundquist fait partie de ces artistes qui contribuent au retour du figuratif. Il travaille dans une veine originale entre graphisme, influence japonaise et quelques rapports avec des peintres français. Je pense à Marc Desgrandchamps.
Technique de l’aplat. Pas de perspectives. Pas de recherches sur la profondeur. Pas même de suggestions dans cet ordre d’idée-là. Une œuvre en deux dimensions d’où ce rapport avec le graphisme que j’ai suggéré. Les thèmes tournent largement autour de la femme. Elle est pensive, tout sauf érotisée. Diaphane au sens propre, parce que sans épaisseur et presque transparente. Parfois, en un même personnage, on distingue les traits d’un autre, comme si, l’un était par nature multiple.
Peinture d’apaisement. Rien de violent dans les attitudes des sujets, rien non plus d’éclatant ou de flashant dans les couleurs qu’utilise l’artiste. Des tons pâles, des camaïeux de verts pâles, de bruns, des couleurs de terre, de couleurs de tous les jours. Parfois vient au regard une sorte de surimpression comme si plusieurs évènements se déroulaient en même temps. Sous un personnage, un autre et peut-être un autre encore qu’on dégagerait comme s’il y a avait des couches de peintures, en glacis, transparentes les unes aux autres. Comme si sur une œuvre antérieure s'était glissée une œuvre plus récente.
C’est peut-être ce qui convient le mieux à l’œuvre présentée par la Galerie : une peinture pour tous les jours qui se déroulerait doucement. Rien qui prête à rire ou à sourire, les femmes qui sont dépeintes sont sérieuses. Elles paraissent avoir quelque chose à faire. Rien d’important. Comme tous les jours. Elles sont saisies pensives, sur le point d’entreprendre une tâche, de concrétiser une intension, ou d’attendre. Elles ne sont pas vraiment là pour les regardeurs, mais pour elles-mêmes.
Ce sont des œuvres intéressantes. Elles attirent le regard et le captent dans un réseau de linéaments, de fils ou de contours, qui s’insèrent dans les personnages, les déstructurent et les animent.
A voir.
Un livre « Ombres nomades »
Astrid Walizsek
Jacques Flament éditeur
J’aime beaucoup l’idée des « ombres nomades ». J’aime cette aventure étrange de l’esprit, l’ombre se détachant délicatement, sans déchirer, sans fissurer, comme d’une séparation qui peut être douloureuse, mais paisible pourtant. Et elle s’en irait en avant. Ce serait un éclaireur. Elle tracerait le chemin et le débarrasserait de ses dangers.
Mais, ce n’est pas mon idée qu’il s’agit de chroniquer ici. C’est celle d’Astrid Waliszek qui en fait un livre de photo : les « Ombres nomades ». En fait, elle a fait un livre de photos et de textes, les uns succédant ou précédant les autres.
Les « Ombres Nomades » est un livre de méditation, de réflexion et de mise en cause. L’auteure se livre, se confie et aussi s’interpelle et prend à part des amis pour leur dire des amours et des désirs. Et des braises qui s’éteignent. « Lentement, nous sommes allés vers le silence ».
La photographie est censée montrer quelque chose. Ecrire avec la lumière. Astrid Waliszek écrit aussi avec l’ombre, les ombres. Elle photographie souvent l’absence, l’effacement, la dissolution. Personnage qui émerge de la brume ou qui s’y enfonce, ombre, qui se discerne au travers d’un store vénitien, dévoilement d’un corps nu où seul un sein se devine. « Il y a des mots de nuit ».
Ecrire avec la lumière que la lumière n’éclaire plus rien : une épaule qui disparait, un visage renversé, des cheveux en cerceaux. L’absence qui se noue, le retrait qui se déroule. Le regard s’était absenté ? Il serait revenu trop tard. Il n’y a plus rien à voir qu’une épaule, des cheveux qui s’étalent, un visage en abyme qui s’efface.
« C’est incroyable le temps qu’on passe, tous, à attendre que les nuages passent ».
J’aime ces livres où un auteur passe et laisse des traces de souvenirs, de regrets, d’attentes. « Ombres nomades » m’a renvoyé à des livres que je garde près de moi. « Je crois qu’un jour » de Fabrice Guénier. « Un jour on comprend brusquement quelque chose, et puis on l’oublie pour que rien ne change ». Je pense aussi à un livre que Jacques Flament a édité : « Chambre Sourde » de Thierry Baumgarten. Celui-là, sans texte pour l’accompagner, laisse le regardeur choisir les mots qui porteront son regard. Mais aussi, un petit livre de Bernard Rondeau « au bord de l’ombre » ou celui-là de Silvi Danès, « transmontanus ». Je pense aussi à des photos d’Alexia Monduit . Tous, comme l'auteure des « ombres nomades », font de la photo un instrument d’approfondissement et d’exploration de soit, et aussi, dans des cas extrêmes, des souffrances qu’on ne peut celer. Ils en font une forme d’exorcisme qui extrairait « le sombre de l’ombre ».
Ce n’est plus la photo qu’on montre : on ne montre pas une poésie, pas davantage une musique. Il y a des photos qu’il faut écouter ou lire, seul à seul, face à face avec la page, avec les noirs et les blancs, avec les grains de lumière et les poussières grisées. Une plongée de l’auteur qu’on accompagne, et son ombre qui nous précède. Allons, on est bien loin des tonitruances aguicheuses des Helmut Newton de tous les temps !
Avec Astrid Waliszek, une « petite musique » résonne, celle qu’on écoute pour mieux se ressentir. C’est une photographie de la recherche de soi, de la vérité de soi. Claude Cahun qui scrute, dédouble et détourne son visage et son regard. Deborah Turbeville, aux paysages effacés, aux visages scarifiés sur la pellicule, aux effacements de corps dans la clarté des brumes et l’obscurité d’escaliers infinis.
Se montrer, directement ou par le biais d’objets et de personnes aimées est-il impudique ou, au contraire, la preuve imposée aux regardeurs d’un amour de soi qui ne rencontre plus de limites ? Se poser ce type de questions revient à s’interroger sur la généalogie des œuvres, sur les conditions psychologiques de la création ou sur de soi-disants rapports sociaux, préférant le contexte au texte. Les photos d’Astrid Waliszek parlent d’elle évidemment. Peu importe! Elles viennent, parler à leurs regardeurs et ils comprennent ce qu’ils aiment y comprendre. Les plus belles œuvres n’ont pas d’auteur.
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