Un photographe coréen. Il invite les regardeurs à renouveler cette question : que voir ? qu’y-a-t-il à voir ? et s’il y a quelque chose à voir peut-on le montrer ?
Tout de noir et blanc… et aussi tout de noir et de gris… argent et charbon… et tout ceci mélangé pour que des fantômes émergent, des paysages se dissolvent et des fractures se comblent.
C’est une photographie de la disparition ? ou bien, est-ce une photographie de l’émergence ? Venant de rien, des eaux viendraient, des arbres croîtraient, des corps se matérialiseraient.
Tout est loin, tout est proche, sauf peut-être ces "nues" qui ne se laissent pas saisir et ne laissent d’elles que des écoulements de poussière argentique et des seins charbonneux. Elles paraissent si fluides, si liquides, si lointaines et irréelles. Byunghun MIN les fait-il apparaître, venant de nulle part ou, au contraire, s’éloignent-elles ? A moins que les images soient troublées par les yeux même du regardeur, ses désirs et ses rêves. L'artiste aurait en vérité photographié ces filtres qui corrigent le regard des regardeurs et amplifient ou contrarient ce que leurs yeux essaient de leur apporter.
Et parfois, en effet, le photographe donne le sentiment qu’il montre des rêves, humides et troubles. Des paysages se laissent deviner, mais c’est pour mieux dire qu’ils se sont évanouis et que le regardeur n’est pas confronté à leur image mais à un souvenir d’une image ou d’une autre qui sont les mêmes ou qui, si floues, se ressemblent sans raison. Une photo montre au-dessus d’une mer trop blanche, pour être faite d’eau, l’apparition d’une montagne, ou d’un volcan, trop flous pour être vrais ! ou bien, un rameau de feuillage, très clairement représenté, délicat, fragile et fin, serait un rempart face à la disparition du monde, dans le lointain.
Monet est-il invoqué pour témoigner de la fragilité des apparences et de la réalité des reflets ? On en a bien l’impression dans une photo qui convoque et dédouble "impression soleil levant" : disque flou et froid, le soleil se dédouble dans l’eau, impossible à délier du ciel. Où est le haut, où est le bas ?
On peut se promener dans les rêves, Byunghun le montre. On peut s’y perdre et encore rêver.
Film ou pensée d’un film ? Histoire ou pensée d’une histoire ?
« Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l’abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d’une éternelle cause,
Le Temps scintille et le Songe est savoir. »
Isadora Duncan, avait perdu, dans un accident, ses deux enfants. Un jour, elle se délivra de ce cauchemar par le moyen de ce qu’elle savait faire : danser et créer des danses.
Les enfants morts, tués, disparus ont tous des mères.
Une danseuse, retrouve la chorégraphie d’Isadora, « la mère », et redonne vie à des gestes essentiels, ceux d’une mère qui a perdu ses enfants, ceux d’une femme qui rêve ses enfants, les gestes essentiels d’une femme, quelle qu’elle soit.
Pensée d’un film ?
Le temps vient-il de ralentir ? Ce film vient-il d’un temps où le temps avait une épaisseur. Où la durée durait et, à force de labourer l’esprit, tranquillement, méthodiquement, s’inscrivait dans les esprits et les corps. Comment peut-on avoir le courage de partir à l’encontre de notre temps, le temps moderne, qui n’est plus qu’un présent « baudruche », prêt à péter dès que le présent suivant vient s’imposer. En principe, un film est une succession d’images. Et par leur succession, une inscription dans un temps. Les enfants d’Isadora abolissent, ce déroulement, la lenteur s’oppose à la multiplicité des images. En trois volets, en trois photos, le film donne à penser qu’il n’est pas un film, qu’il n’est pas une danse, qu’il n’est pas non plus une histoire...
Mais peut-être la pensée d’une histoire qui la structure et la condense en trois temps, émergence, éclosion, épanouissement. Émergence du geste, celui que la danseuse retrouve et réinvente. Appris tout d’abord, compris et enfin, tel qu’Isadora l’avait dansé, issu de son esprit et de son corps, au moment où c’était nécessaire et accompli. Compris et traduit, ensuite, par le jeu dérangeant et très puissant, d’une danse, renvoyée à l’essentiel. Si la danse est ultimement un envol, la danse de la jeune femme handicapée montre que l’envol est bien loin de n’être qu’une métaphore. Immanent et accompli enfin, dans cette femme énorme et épuisée, qui, tous les soirs fait face à la douleur d’Isadora et qui chemine, lentement tout un soir, après le spectacle où « la mère » vient d'être dansée, vers la découverte de sa douleur d’avoir été mère et de l’être sans cesse, en dépit du temps passé.
Images sans concession, dans un temps lent, sans concession pour les spectateurs, « qui n’aime pas s’en aille », film qui n’est pas à voir mais à laisser venir, aussi lentement qu’il se déroule, aussi fortement qu’on s’en souvient.
Image photographique où le temps se concentre pour avoir plus de force, où le regardeur voit apparaître une pensée qu'il ne connaissait pas.
Ce serait un travail de gravure quand l’artiste, coupe et cisaille, lentement ce qui va former image.
Institut culturel du Mexique
119 rue Vieille du Temple, 75003
Lorena Velasquez n’est pas seulement une photographe, elle ne fait pas seulement avec ses photos, des livres. Elle fait des livres où les photos participent aux textes et pourtant ne les illustrent pas. Les textes d’ailleurs vivent leur vie sans que, nécessairement, les photos soient là pour en éclairer le sens.
Les feuilles d’un livre sur l’envol des oiseaux flottent et se déforment comme autant d’ailes « littéraires », comme si le livre allait poursuivre lui aussi la course des oiseaux et le battement de leurs ailes.
En revanche, les feuilles d’un livre sur la disparition de 43 jeunes gens au Mexique, sont tracées de rouge, leurs photos d’identité maculées de sang, pas ou peu de mots pour dire l’indicible d’une mort invisible.
Les photographies de Lorena Velazquez parlent aussi bien d’un monde si facile, celui de la Bretagne que de personnages qui s’éloignent dans l’ombre ou d’ombres qui se détachent en pleine lumières. Magie ou exorcisme?
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