Galerie Vu
Hôtel Delaroche, - 58 rue Saint-Lazare - 75009 Paris
Jusqu'au 3 mars 2018
L’étrange ici, ce sont les allures « polaroïds », ce sont les couleurs fanées, estompées, affadies, comme perçues au travers d’une brume, un brouillard ou un voile ou une vitre dépolie. Les photos des deux artistes renvoient directement au rêve, au non-dit, au souvenir qui s’efface et dont on parvient à retenir, non pas des traits essentiels, mais des lambeaux, des raies, des traces.
Le travail photographique du couple Aline Diépois & Thomas Gizolme présenté par la galerie « Vu » se présente sous deux formes curieusement opposées : entre petits formats, très petits, précis, souvenirs arrachés à la volée, moments de la vie, et des formats plus grands ou très grands qui confinent l’abstraction la plus formelle.
Je ne suis jamais à l’aise face aux très petits formats exposés, sagement encadrés et juxtaposés dans un ordre qui donne une impression de mise au pas. J’ai toujours l’impression qu’on me vole quelque chose. Une intimité. Une lecture, face à face, regard du regardeur, seul à seul avec l’image qui n’est là, qui ne serait là, que pour lui, comme un livre ne s’offre qu’au regard du lecteur. Ce sont de beaux tirages. Ils complètent bien toute une autre série d’image, à taille « galerie », qui peuvent être regardés par des communautés, des collectivités de regardeurs, à distance, en prenant du recul et en procédant comme on fait devant des œuvres exposées : en avançant, en reculant, en stationnant….
Les photos dites grands formats, sont très belles et mystérieuses. Entre image réaliste du glacier qui s’écoule et dont le flux parait furieux et de splendides vues de plages où la mer jaillit. Ce réalisme-là, devrait-on le qualifier de « poétique », l’écume jaillissant blanche, crue, sur fonds de lumières pastel, comme saisie dans un élan et incrustée dans la pellicule.
Ou bien, une photo au cadrage très classique d’une grève qui forme une boucle, vue perspective où la mer, se détache péniblement du ciel lourd de nuages énormes : la lumière parait être le sujet principal de cette photo comme celui de deux ou trois photos exposées sur ce thème. Lumière qui ne s’exprime pas directement mais sous forme d’une luminosité, sous la forme aussi de contrastes entre des teintes qui se combinent et se combattent, sous la forme, une fois encore de l’opposition entre la mer, surface plane, et ici sans l’aspérité des vagues, et la masse des nuages, irrégulière, aléatoire, éclatante ou bleue sombre. Entre stabilité et fluctuations, entre plans et volumes, tranquillité et puissance .
Jusqu’à ce que la lumière se résolve en couleurs et dissipe les formes, les objets, les traces. De magnifiques photos viennent alors compléter les oppositions. Ce qu’on pouvait deviner de la lumière traversant des nuées ou des brumes en haut des montagnes ou à la jonction imaginaire des nuages et de la mer, le halo, le surgissement de la lumière seule, l’éblouissement, devient le sujet même de la prise de vue comme, dans certaines peintures, l’artiste ne peut plus se cacher que c’est de lumière qu’il s’agit et qu’il faut accepter ce bouleversement.
Ajoutons un très beau film et la boucle de la lumière et de l’illumination est bouclée.
Très belle exposition, très beaux artistes, à suivre de près.
GALERIE ARTPHOTOBY jusqu’au 17 mars 2018
40 rue de la Tour d'Auvergne - Paris 75009
Sophie Leiser qui dirige Artphotoby propose une belle exposition collective « asiatique ».
Deux artistes m’ont particulièrement touché YEONG JEA KIM et TAKESHI SHIKAMA Je chroniquerai ici Takeshi Shikama.
C’est un artiste accompli. Des photos magistralement prises. Une ligne directrice très forte et solide. Le Japonais fait partie de ces photographes qui vont chercher dans la nature, dans des scènes parfois extrêmement simples, parfois très complexes, une façon de retrouver des sentiments, des impressions, des rêves et peut-être aussi des peurs, anciennes ou incessantes.
Ses photos sont toutes prises dans un ton de grisaille où se succèdent des nuances sans que le noir vienne vraiment assombrir mais sans que jamais une clarté vienne alléger les sentiments qui s’expriment. Le regard s’interroge sur l’image. Est-elle voilée tant les détails sont fondus ? Est-elle entre le fameux « chien et loup » où on ne sait plus distinguer le ciel de la terre, la mer de la grève ? Est-ce le rendu de l’impression sur un papier particulier ? Peu importe, l’artiste a voulu qu’un léger brouillard perde les regards et les pousse à interroger l’image, à s’interroger eux-mêmes.
Les thèmes sont très classiques, des rivières qui s’écoulent, lentement, sillonnant dans un pays très plat, des estuaires ou des forêts. Passions pour l’eau qui se perd, mer qui disparaît dans une confusion entre ciel et horizon ou tout au bout d’un parcours paisible.
Les forêts sont très présentes et les arbres surtout. Une magnifique photo présente un arbre gigantesque : ses ramures et ses branches multipliées envahissent la photo et repousse le cadre. Est-il menaçant ou simplement imposant, évoque-t-il l’idée du multiple et du foisonnement ? La photo est impressionnante de force et de limpidité. A l’opposé de cette image solide et bien enracinée(!), la photo d’un arbre comme abandonné, lointain, laissé à tous vents, fétu exposé et penché comme une herbe. Image de la fragilité et de l’éloignement.
D’autres images viennent, des futaies sombres et hautaines comme des soldats déguenillés à la parade, des rochers qui affleurent sur une mer qui se perd au loin.
Une belle exposition, un artiste fort. A voir.
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