Art Paris, 2018, 20 ans déjà.
Allons ! Vite ! qu’en penser ? Vite, dire quelque chose ! tu y es allé ? Alors ?
On passera sur les commentaires people, les gens qu’on a rencontrés, ceux qu’on aurait pu rencontrer (trop bête, on s’est croisé !), ceux qu’on n’a vraiment pas cherché à rencontrer, (ou bien ce sont eux qui ont réussi à nous éviter) … on ne racontera pas la comédie humaine… et c’est bien dommage car il y a du comique et des comédiens dans Art Paris comme dans toutes les autres foires, fêtes, et autres exhibitions.
On ne dira donc rien du monde des regardeurs et des montreurs. On n’évoquera qu’incidemment quelques éléments d’économie politique de l’art.
L’intérêt d’une foire de ce genre réside dans sa capacité à attirer de très nombreuses galeries et à leur faire penser qu’elles pourront faire des affaires. Un marché est toujours conçu pour que la demande et l’offre se rejoigne. Ensuite, les prix du marché exécutent leurs danses et remplissent leurs missions : un prix n’est pas fait pour dire la valeur contrairement à ce qu’un vain peuple continue à penser ; un prix a pour mission soit de repousser soit d’attirer. Un prix élevé fait fuir une partie de la demande et abolit ses illusions, un prix bas, élimine l’offre et la fait se ratatiner par terre. C’est tout.
Et ici, dans Art Paris, les prix ont-ils joué leur rôle ? On ne sait pas. On n’a pas demandé « et cette petite pièce, c’est combien ? », ni « il est vraiment bien ce grand Atlan, vous en voulez combien ? », on n’a pas même fait le coup du « et on peut négocier ? » et pas davantage « je fais un tour, je reviens et je vous dis ». On s’est contenté de regarder et de piquer de la doc ici et là. Ou plutôt : là où il y avait de la doc sur des artistes intéressants. C’est moins encombrant et plus léger que de rassembler toute la doc possible comme au salon de l’auto ou à celui des arts ménagers.
On digresse, on digresse, il est temps de « dire quelque chose ».
J’ai pensé pendant toute ma traversée des coursives, des allées, des espaces d’exposition, à ce commentaire que Kafka avait apposé sur son journal intime lorsque la 1ère guerre mondiale a éclaté « l’Allemagne a déclaré la guerre à la Russie. Cet après-midi, piscine. » Pour moi, il n’ y avait pas piscine. Il y avait un acte courageux : la plongée dans l’art contemporain, et une certitude : ce n’est pas demain que l’Allemagne va déclarer la guerre à la Russie.
Je continue à digresser. Il faut en venir sinon aux faits ou, au moins aux opinions. Qu’est-ce que j’ai donc pensé de tout ce déballage de l’art en dehors du fait que sous les verrières du Grand Palais, c’est plus confortable que dans les foires à tout en province quand il pleut ou sous les cimaises de l’espace Champerret, sombre, sans soleil, tendance gaines d’aération-art brut ?
Pour se résumer : il y avait effectivement un grand déballage d’art marchand. Celui qui se vend, idéalement, celui qui se vend sans qu’on se perde en longs commentaires sur l’auteur, l’œuvre et les goûts de l’acheteur éventuel. Il y avait des « choses » qu’on peut vendre en un battement de cil. De l’art qui ne dérange pas. Il a été déjà estampillé « art qu’il faut avoir », même sous forme d’une feuille de papier canson blanche pourvu qu’elle soit bien signée. Il y avait des Hartung et même des Viallat (celui qui ne cesse de ronger ses osselets), il y avait Erro radotant et même Tapies (qui ne faisait pas tapisserie, cf les points rouge), des espagnols sympathiques dans le genre Saura (ne me demandez pas de faire la différence entre un espagnol et un catalan : ils se ressemblent comme des frères, ils ont le même soleil, on bronze idiot de la même façon et leurs plages sont aussi dramatiquement bétonnées les unes que les autres). Il y avait de Stael, Léger, Calder, Le Corbusier….
Aucun intérêt. Si ce n’est celui de se faire une petite révision de « son » art contemporain et de se rassurer, « on en connaît un sacré bout ».
Donc rien ?
Il y avait quand même quelque chose.
Je parie toujours avec moi-même que dans ce genre de foire, on peut trouver 1% d’artistes de qualité, d’espoirs, de gens qui portent leur regard assez loin et qui vous proposent des questions intelligentes, pas seulement des réponses toutes faites sorties de la nuit des temps des arts contemporains.
Alors, les voià et quelques exemples de leurs images.
- Mohamed Lakmi
- Li Chevalier
- Brian Harte
- Wang Yuping
- Blexck le Rat
- Leonardo Cremonini
Quand je revois leurs images, je relève qu’ils sont tous peu ou prou des figuratifs. Cela me trahit évidemment. Le choix que je propose serait donc influencé par une détestation progressive de tous les arts abstraits ? Je pense qu’il est fini le temps du monde général et idéal, celui où se déroulait sans obstacle le décoratif, le commode (pour habiller une grande surface, un mur de hall d’entrée d’une grande banque, le salon de madame avec 5m de hauteur sous plafond ou l’open space de la boîte. Les américains avaient su promouvoir le grand format et les œuvres vite faites (voir Wool version tranquille de Twombly, et Twombly, version troublée de Frank Stella), le coup de brosse approximativement génial, les constructions pures et dures, surtout dures, les adeptes du mono-chrome (c’est moins cher ; ça permet de ne pas se disperser et Bayer fait des prix de gros si on achète des quantités importantes) et finalement tout ce qui permettait de s’abstenir de penser et garantissait que la consommations serait paisible. Le monde a dû changer, ce vieil art, qui ne disait rien parce que quand on a la paix on se concentre sur l’essentiel, une vie de tous les jours sereine et paisible, est en passe de quitter le devant de la scène.
Les artistes que j’ai choisis, parlent de l’homme, de là où il est, et de là d’où il va disparaître. Ils sont de toutes nations. Il y a même un Français. Je ne commente pas. Regardez les images. Allez voir sur place, s’ils ont vraiment leur place. Regardez-le reste, il faut être impartial, parfois. Et dites-moi, une fois !
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