Titres des soliloques



- Lieux-Ailleurs : le Petit Palais

- Choi, le Maître du Sténopé

- Débat sur l'Art, Richter

- Le beau est-il partout? Moto!

- Les repentirs de l'Art

- La fabrication de l'Art

 


Lieux-Ailleurs 2: Le Petit Palais

Lieux-Ailleurs de Paris : Le Petit Palais.

Le 4 novembre 2012

 

Le premier de la liste :le musée de la chasse.

 

Le deuxiéme : le Petit Palais.

 

Bizarre de prendre cette petite pâtisserie dans le genre gâteau viennois à la crème fouettée pour illustrer des Lieux-Ailleurs, ces lieux qui vous propulsent dans un au-delà, un « beyond », sans que vous vous en doutiez, sans un panneau d’avertissement à l’entrée. « Attention, vous pénétrez dans un « Lieu-Ailleurs » dangereux pour les âmes sensibles ; l’accès est absolument interdit aux personnes incapables de se déplacer en rêvant ; les risques de collision avec une émotion, un enthousiasme ou n’importe quoi d’autre qui est fragile, un sourire, un plaisir secret, sont élevés ; tout dommage causé serait à la charge du contrevenant ».

 

On ne se rend compte que l’on se trouve dans un Lieu-Ailleurs, qu’à une double condition : être prêt à « être ailleurs », ne pas en être conscient. C’est certainement ce qui explique que ces lieux ne sont pas bien répertoriés.

 

Donc, il faut revenir au Petit-Palais. A la crème fouettée et aux viennoiseries. J’aime sa kitschissime architecture. Exemple parfait de ces architectures à la Française, faites pour ne demeurer que l’instant d’une fête  et installées à jamais. Comme, il en fût du premier décor de théâtre du premier théâtre « à l’Italienne » , celui que conçut Palladio à Vicence. Une fois placé, il ne fut jamais déposé et cinq cents plus tard, il est toujours là ! Le Petit Palais, comme son grand voisin, le Grand palais, sont toujours frais et rose plus de cent ans après l’exposition dont ils devaient être les éphémères écrins.

 

J’aime l’énormité de son grand hall, parfaitement vide quand on le prend sur la droite, pour aller visiter les expositions temporaire. J’aime ses sous-sols où se promener parmi les chefs-d’œuvre de l’art déco et les icônes orthodoxes…. En été et fort tard dans l’automne, l’atrium est un moment de calme et de charme, loin des bruits de la circulation, tout chargé de réminiscences  vaguement pompéiennes. Prendre un livre ou un cahier, lire ou écrire, boire une bière très fraiche, la première, puis, la soif étanchée, une seconde, pour le plaisir disent les belges, pour rester plus longtemps et contempler les ombres qui passent avec la course du soleil.

 

C’est absolument ce qu’il faut faire, et ne faire que ça, sous les colonnes du portique en rotonde.

Et enfin, les collections de peinture….

 

Rien à voir avec le Musée d’Orsay pour ce qui touche au XIXème siècle. Rien à voir avec aucun autre musée parisien pour ce qui touche au XXème ! Ce n'est pas un grand musée de peinture. 

 

Beaucoup pourtant à voir, lentement, à savourer dans le calme d’un musée et d’une galerie de peinture à l’écart des grands mouvements des regardeurs. Il est vrai que les peintures accrochées paraissent à l’écart des courants. Graviers et galets, laissés sur le bord du torrent ? Pourtant, n’était-ce pas ces peintres-là, les Blanche, les Aman-Jean qui tenaient le haut du pavé. N’avaient-ils pas, les marchés officiels, les portraits des gens comme il faut, les faveurs des grandes actrices et des grandes cocottes ?  Ils étaient avant les autres, ceux qui firent la révolution de la "vision du monde". Ils en étaient aussi les contemporains. Quelques uns firent le coup de feu pour défendre les lois de la peinture et l’ordre esthétique.

 

Tous organisèrent la résistance du sujet en peinture. Adler, Pelez, Carrier-belleuse, on les nomma parfois réalistes, véristes, misérabilistes selon que les tableaux portaient des sentiments gris ou noirs, ou sombres, ou enragés. Ils voulaient que la vérité des choses, des hommes et de la société se voient. Montrer la réalité, au lieu de batifoler dans la prairie à coup de pinceaux et de coquelicots esquissés, au lieu de faire prendre une mare aux canards pour un univers de lumière magique. Ils se disaient peintres de la vraie vie : les Roll, les Pelez et les Clairin…

 

Elle est là aussi la merveilleuse, l’illustrissime Sarah Bernard, tout au bout d’une grande courbe de mousse et de tulle, vaporeuse et légère, déesse parmi les hommes ou brume nacrée prête à se dissoudre, reposant sur une pourpre sanglante, le regard acéré et charmeur. 

 

Ils sont là, tous ces peintres qui peignirent jusqu’au bout, comme jusqu’au bout combattirent les soldats du dernier carré de la Garde. Ils consommèrent la fin d’une peinture. Ils sont là, ceux-là aussi, qui par un glissement insidieux, creusèrent les premières sapes. Au Petit Palais on peut se recueillir devant les brûlots que lançait Courbet au nom de son "Vrai à lui" en peinture. Les deux belles dormeuses nues sont  les sœurs des demoiselles endormies au bord de l’eau. Elles ne sont plus les sujets d’une œuvre mais, absentes et assoupies, deviennent sans s’en rendre compte des objets de peinture au même titre que des potiches ou, beaucoup plus tard, au même titre qu’un carré noir.

 

Un Sisley à la peinture si paisible accroché aux cotés d’un Monet, mystérieux soleil couchant, effet d’hiver où seule la lumière subsiste, orangée, rouge, à reflets jaunes et bleus, donne les jalons d’une peinture en cours de reconstruction.  On y voit aussi, le mystère Cézanne déformer le monde en structures élémentaires, architecture complexe de formes géométriques qui s’emboîtent et se superposent. Un peu plus loin, Sérusier répond à Gauguin…

 

Et vous êtes seul, car il n’y a dans ces salons et ces halls-ci, personne pour troubler le charme de ce lieu.

 

Le Beau est-il partout? Motos

 

 

Est-il intrinsèque à l’Humanité, au fait d’être un Homme. Le beau serait-il à l’homme ce que lui sont l’air, l’eau ou la parole. Consubstantiel et indispensable. L’Homme produirait du beau comme il produit de la parole. Il serait peut-être aussi produit par la production du beau, comme la parole produit de l’ « être homme ».

 

Si, comme j’aime tant le faire, je vais dans Paris d’un point à un autre pour une raison quelconque, marchant ou emporté par une rame de métro ou un autobus, c’est un de ces thèmes qui viennent et m’emportent dans de longues discussions. En général, je me suis choisi un interlocuteur. Imaginaire ou réel. Parfois, je suis mon interlocuteur. La discussion se nourrit,     alors, des choses que je vois, des devantures qui s’étalent, des objets en tous genres, des visages aussi. N’importe quoi.

 

Et, le thème du beau, débarque. D’autres thèmes, bien entendu, peuvent faire acte de candidature ! Aujourd’hui ou hier, c’était le thème du Beau.

 

Il faut que je dise aussi: ces réflexions qui naissent ainsi du choc de mon regard avec ce qui m’entoure, défile, se dissout dans la foule ou flashe sur un trottoir, ne sont pas nécessairement sérieuses. Il y a des moments où sans y prendre garde, c’est un moment de dérision qui vient s’imposer. Alors la question du beau mutera peut-être en question sur le laid. Est-il intrinsèque à l’homme etc…

 

Hier ou aujourd’hui peu importe! C’est la situation qui compte. Je suis sur le Boulevard Beaumarchais. M’éloignant de la Bastille. Passant devant les boutiques d’instruments de musiques, devant le supermarché du piano, j’aime cette avenue et les promesses qui la jalonnent. Les panneaux qui  suggèrent de tourner à gauche vers la place des Vosges, celles qui recommandent un peu plus le loin le musée de la Chasse. Les boutiques aussi qui font de l’avenue un marché de l’instrument de photo, des boitiers d’occasion, des objectifs monstrueux, des développements argentiques «de qualité ».

 

Et, les boutiques de moto. Et là, des formes incroyables. Harley Davidson... Je ne suis pas un fan de moto mais il n’est pas nécessaire d’avoir envie de faire Marlon Brando dans un film culte pour se trouver sous le charme de ces engins. Les formes allant de la « petite » Harley, gracile et légère, à la spacieuse « grand tourisme », selle énorme, réservoir joufflu et débordant de rondeurs. S’agit-il de motos ou de prétextes à la mobilité, d’objets de dévotion ou de symboles de la domination tranquille ? Je suis subjugué par ces chromes kitschissimes et leurs vernis qui font éclater les formes: rouges vifs, mélanges audacieux d’étoiles, grèves marines par des ciels sans lune. Chaque réservoir est un tableau surprise, les casques sont assortis et annoncent que customisation va plus loin que personnalisation : il s’agirait de faire du motard, un appendice de sa moto et sont metteur en scène tout à la fois.

 

Je ne m’arrête jamais devant les devantures, ni devant les escouades de motos qui sont là, sagement à l’attente, moteurs éteints, l’air penché des gros cubes reposant sur les béquilles discrètes. Je veux être saisi par une image vive. Je n’ai pas envie de me demander s’il y a de la technique là-dessous, des performances et des accélérations. Je m’en moque. Et si les moteurs me fascinent peu importe que leur dimension et le nombre des cylindres soient insensés, bien vite, la fugitive vision, inscrite en moi, sera celle d’une sculpture, d’une œuvre d’art…. et l’idée de barguigner l’utilité ou l’abus de matière se sera évaporée.  Qui est donc allé débattre sur les tonnes de marbre malmenées par Michel Ange ? Qui est allé critiquer l’usage du dispendieux lapis-lazuli dans le bleu des manteaux de Marie. Je passe et laisse mes rêves aller. 

 

Surtout, par pitié, ne comparez pas. Evitez les formules creuses où ces engins deviendraient des animaux modernes ou des temps modernes les modernes cavaliers… Ce ne sont pas des chevaux, ce ne sont pas des aigles, ni des faucons, ce sont de fantastiques objets sortis de l’imaginaire de l’homme, des sculptures et des installations tout à la fois. Les Harley sont belles et sont du genre baroque même lorsque, sage et discret, un amoureux de la moto a passé commande d’une belle, noire et grise parce que le noir est la couleur de l’élégance, vernis discrètement étoilé, chromes brillants dans une obscurité de pleine lune. 

 

Un peu plus loin. Autres motos. Autre genre. Triumph. L’Austérité rime avec la rigueur des formes. La moto devient volonté. Elle s’inscrit tout entière dans une tension où l’équilibre de la ligne doit dire le degré de puissance de l’engin. Equilibre architectonique. Ce que les mécanismes mettront en œuvre, les formes les annoncent. Il ne s’agit plus d’un baroque qui illustre et raconte, qui flatte et symbolise. Il y a là, du classicisme. Et je souris en me disant que dans le monde de la moto, on décrit aussi les hommes tels qu’ils sont ou tels qu’ils voudraient être. La moto serait un discours sur l’Homme….

 

Ce sont de ces moments qui disent que le beau est là, sous nos yeux, si nous voulons bien regarder. Pourvu que rien ne vienne troubler un moment de plaisir si fort.

 

 

L'Art dans ses états

L’Art toujours, l’Art avec un grand A, L’Art comme une médaille qu’on décerne. L’Art qui est méritant parce que l’Art, est fait par l’Artiste et l’Artiste n’est pas un être comme les autres. Il sent les choses. Il les voit. Il les traduit en peintures, sculptures, en musique, en gravures, en sérigraphie, en photographie, en bandes dessinées, en installation, en recettes de cuisines, en chaises de salle à manger, en aspirateurs, en timbre poste… l’art gastronomique pour le gastrique, l’art du parfum pour lutter contre le premier, l’art cynégétique pour fournir le gastrique, l’art canin pour que le cynégétique n’ait pas l’air idiot, l’art de la litote, du calembour et de la collection de boîtes de camembert, l’art religieux, l’art oriental, l’art moderne, l’art nègre….l’art de la Guerre. L’histoire de l’art.

 

Comment arriver à penser dans la submersion ? Il est des cas où l’Art a atteint des sommets avant de les disloquer. N’a-t-on pas parlé de la tentation artistique d’Al Qu’aida ? Peut-on parler de l’art du jardin ? Et du jardin des supplices où on pratique l’art de faire souffrir. Un mot là-dessus, pour être accompli dans l’art de faire souffrir, il faut par la douleur, ne pas provoquer de mort, il ne faut pas blesser au risque de tuer, il ne faut pas une souffrance à laquelle le bourreau et la victime s’habituent, il faut une souffrance qui donne envie de mourir jusqu’au moment où un espoir vient la rendre encore plus insupportable encore….A moi, Octave Mirbeau, deux maux. A moi, Bret Eston Ellis, découpe avec art, et quoique la victime en pense ! Les meurtriers en série ne sont-ils pas aussi les descendants du grand Andy, inventeur du Serial Artist qui produit du Serial Art, pour aboutir au Serial Killer. « L’ai-je bien descendu ? » ne se conçoit plus qu’au pluriel et si possible dans un laps de temps très court. Mais on pourrait aussi imaginer un serial killer de génie qui tuerait à petites doses, une vie durant, selon un protocole progressif dans son déroulement et de plus en complexe. Serait-ce de l’Art finalement ?

 

Ça foisonne, ça pousse, ça se pousse de tous cotés, sous toutes formes et devant tout public. Comment y voir clair ? Comment, dire, ici et maintenant, en face d’une œuvre, c’est de l’Art ? Comment être sûr et ne pas se sentir ridicule quand on, a un instant, douté de la nature artistique d’un truc artistique, c'est-à-dire en face d’un truc qui a été produit par un artiste.

 

 Ah ! Ah ! Je tiens enfin quelque chose. L’Art serait la production d’un artiste ! Donc ce serait beaucoup plus simple que je ne l’imaginais. Il suffit d’identifier l’artiste et une fois ce petit travail de policier abouti, suivre l’artiste, ses faits et donc ses œuvres. Une bonne idée ? Pas sûr ! Tout ce qui sort de l’artiste n’est pas nécessairement de l’Art. et puis, il y a les profiteurs. Les artistes qui vous retournent le compliment et vous montrant leurs fesses soutiennent qu’ils produisent de l’art par tous les bouts…

 

Au fait, qu’est-ce qui me prends. Pourquoi tant d'invectives ?

C’est que je sors presqu’à l’instant de deux expositions vues coup sur coup. (un billet groupé, de l’Art au prix de gros pour ainsi dire) au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. L’une sur Crumb. « Le » Crumb. Cet américain parfaitement américain qui s’est installé en France (il ne doit pas être totalement mauvais). L’autre, sur un type qui, américain, ne s’est pas encore délocalisé. Christopher Wool. C’est en sortant de ces deux expositions, que je me suis trouvé brutalement pris de vertige… le mot Art tournoyait dans le ciel et cherchais à se poser quelque part. Je voyais qu’il n’y parvenait pas. Je voyais aussi qu’il s’exaspérait, tentant tous les atterrissages et les ratant tous, mais laissant là où il avait cherché un havre ou un coin pour nidifier, des traces de son passage dont des artistes s’emparaient pour en faire des choses que la morale réprouve.

 

De l’art gastronomique, de l’art boulimique, de l’art botulique, de l’art de boutique, de l’art sidéral, de l’art sidérant, de l’art sidéré…

 

Il faut maintenant se reposer. On traitera de Crumb et de Wool, un peu plus tard

 

Les repentirs dans l'Art

le 17 mais 2012

 

Les repentirs existent aussi en littérature...

Pas dans la vie.


Ou plus exactement, je livre ici une conviction compliquée: je ne crois pas au "et si j'avais, à un certain moment, dans de certaines circonstances, fait un autre choix, pris la voie de droite qui s'offrait à moi au lieu de la voie de gauche, renoncé à telle rencontre plutôt que d'approfondir telle autre?"....


Je n'y crois pas parce que je pense que c'est inutile d’essayer d’y croire: ce qui est fait, est fait, ce qui n'est pas fait, ne s'est pas fait, n'avait pas lieu d'être ou de se faire. Il n'y a pas de bifurcations possibles et les rêves qui tournent autour de l'occasion manquée, de l'autre choix possible et du départ qu'on aurait pu différer sont fondés sur des brouillards de pensée, des nuages de vie et des fumées d'enthousiasme. Les vies rêvées ne sont que des rêves.

 

On oublie trop qu'elles peuvent se fracasser encore plus durement que la vie qu'on a menée. Les "autres choix" se seraient peut-être révélés être des impasses ou se seraient, eux aussi, trouvés face à d'autres nouveaux choix à faire et ainsi de suite pour aboutir à la non-possibilité de toutes les vies et l'impossibilité même de les imaginer.


Pour autant, je ne crois pas au déterminisme, ni à la fatalité. Je pense que nous sommes libres de mener la vie que nous désirons et que nous ne cessons de formuler des orientations, d'exercer notre volonté et de dessiner notre avenir librement. Evidemment, me dira-t-on,  il est facile de tenir ce type de raisonnement quand on a le ventre bien rempli, qu'on n'est pas au fond d'une geôle ou en train de se faire torturer par des sadiques. Encore que...


Pourquoi je dis tout ceci ..... Parce que "annule et remplace le précédent" n'existe pas dans la vie....pas plus que « rewind » ou « backward » et …malheureusement pas davantage que « forward ».

La fabrication de l'Art

Je reprends ici, un échange que j’ai eu partant de mes remarques sur l’exposition d’Artemisia Gentileschi.

 

J’ai peut-être donné le sentiment qu’elle n’est, dans mon esprit, qu’un peintre secondaire, sans grand intérêt et qu’en dehors d’une vie mouvementée et romantique, elle n’est pas allée bien loin : au mieux une aimable égérie pour quelques grands peintres ou si on veut être négatif une fabricante de tableau de haut niveau. 

 

Ce n’est pas dans cet esprit que j’ai écrit mon article. Je pense en effet que l’italienne était dotée d’un immense talent, probablement d’une volonté de fer, certainement d’une ambition "forcenée" à faire, à marquer et à produire. Tout ceci l'a conduite à vouloir réussir (on ne glosera pas sur la sombre histoire de viol) et peut-être, pour réussir, à suivre les « grands peintres », à se poser comme référent de leur style et, surtout, de leur vision et, finalement, à ne pas suivre son propre génie. 

 

En revanche, suivant l’exposition, relevant quelques très beaux tableaux… mais pas plus, j’en suis venu à penser que sa notoriété était surtout intéressante si on la mettait en perspective dans le processus de création artistique en Italie à l'époque de la Renaissance et, évidemment,  longtemps après. Les grandes manufactures de tableaux qu'étaient les ateliers d'artistes réputés ou ceux des entrepreneurs en création artistique reconnus ont joué un rôle considérable jusqu’à une période récente. Notre vision de l'artiste maudit qui n'est compris par personne et qui travaille tout seul dans son coin à révolutionner l'art ; celui dont on découvre l’œuvre post-mortem, trop tard pour lui, assez tôt pour le monde, occulte complètement le mode "industriel" de la production artistique des périodes qui précèdent. Il occulte, d’ailleur,s le vrai sens de la production industrielle d’art telle qu’elle est mise en œuvre par des artistes contemporains dans des ateliers-fabriques ou par des artistes qui, maniant des œuvres pesant des dizaines de tonnes ne peuvent, ni les uns ni les autres, prendre des postures « murgeriennes ». Pour être pessimiste, il faut constater qu’il est fréquent de ne pas reconnaître une « vision artistique », une capacité de création originale,  à des individus qui manient des intrants complexes et qui créent en combinant d’autres talents et des facteurs technologiques ou matériels.

 

Artemisia, c'est une question que je me pose, est-elle devenue progressivement un entrepreneur en Art, alors qu'un Cima, par exemple, serait demeuré un artiste entrepreneurial? Ce n'est pas un jeu de mots. Je propose l'idée qu'à la tête de ces fabriques, il y avait ces très grands artistes dont l'atelier démultipliait la puissance créatrice ou bien, il y avait des entrepreneurs à l'expertise, à la compétence et au talent reconnus qui savaient faire produire à grande échelle par d'autres talents des œuvres demandées par un marché mieux organisé qu'on le pense. Il faut rappeler que, plus tard, certaines "fabriques » d’œuvre d’art, celles de Guardi et,  mieux encore, celle de Canaletto" ont eu une réputation internationale. Il faut rappeler que Canaletto s’était même, un temps, « internationalisé », s’installant à Londres pour se rapprocher de sa clientèle !  Il faut aussi se rappeler que la peinture des grands flamands est souvent une combinaison originale des facteurs: les uns, très bons en visage, les autres en fleurs, les derniers excellents pour les fonds verdoyants, les vedutte et les villes imaginaires, l'artiste principal, titulaire du contrat, concevant le (les) tableau (x), comme de nos jours au cinéma, le réalisateur donne l'esprit de l'image, sa couleur, la lumière, les contrastes, toute la palette, etc. 

 

Donc, je ne doute en aucune façon des talents de l'italienne. Je suis bien d'accord pour considérer les très beaux tableaux, celui de Judith et Holopherne en particulier, qui démarrent l’exposition, comme des œuvres hors du commun. La jeunesse de l'artiste renforçant ce sentiment. En revanche, une bonne part de la production de l’italienne (attribuée à ) ne m'a pas fasciné. Ses vierges à l'enfant sont vraiment l'expression d'un travail industriel, à la chaîne si on veut. Enfin, et dans ma conception de l'art, il y a là quelque chose de déterminant, elle n'est porteuse que des bonnes idées des autres. C'est important pour un créateur que ce qu'il voit soit relayé par des "passeurs". C'est ce que Daniel Arasse disait fort joliment de Masolino qu’il voyait comme un "passeur" de Masaccio. Après, les "passeurs" viennent les "suiveurs" : les idées nouvelles sont passées, le marché est ouvert, les demandeurs d’œuvres d’art sont acclimatés, la production artistique peut s’installer dans une routine commode. C’est à ce moment que les regardeurs écrasent une larme qui, subrepticement, leur est venue à l’occasion d’une pensée sur « ces auteurs qui étaient en avance, mais personne n’a rien vu, rien compris et on est passé à côté ».  

 

Le cycle est achevé avec les "copieurs". Par exemple ceux qui continuent à "faire de l'impressionnisme" 150 ans après qu'il ait été inventé!!! Il faut aller se promener sur la  Marne ou sur les rives de la Seine. On rencontre encore des artistes qui cherchent à retrouver l’ « Emotion » qui vous fait peintre comme Monet ou Renoir !

 

L’exposition du Musée Maillol, n’était pas passionnante. Elle était instructive.

Paris le 21 juin 2012.

Choi, le maître du Sténopé

12. 11.04 Charmes : les sténopés de Choi à la MEP,

 

La Maison Européenne de la Photographie avait laissé à Choi, artiste en sténopé, une salle entière pour y montrer le résultat d’un travail savant et inspiré.

 

On devrait commencer comme une lettre de Madame de Sévigné : savez-vous ce que c’est que le Sténopé ? Les photos de Choi à la Maison européenne de la photo m’ont permis de comprendre… Sténopé : du Grec « stenos » : étroit, serré, et « ôps » : œil. C’est dire que sur le plan technique le sténopé, c’est le petit trou qui fait d’une boîte noire un appareil photographique. Grâce à ce petit trou, l’image du monde extérieur vient se plaquer sur la face intérieure de la boite noire opposée à celle qui est percée. Après tout, jusqu’ici, on décrit la Camera Obscura. La différence tient au fait que, dans le Sténopé, la face opposée mentionnée ci-dessus est recouverte d’une matière photosensible. Ainsi passe-t-on de la Camera Obscura au Sténopé, qui, de petit trou est devenu par extension l’appareil lui-même qui permet de produire une image stable et permanente.

 

Si les modalités de prise de vue sont très simples, les temps d’exposition sont très lents , le rendu photographique suit la variété des supports, des moyens photosensibles, de la dimension de la boîte etc.

 

Comme le temps d’exposition est long, les manipulations de la boîte, déplacement instantané ou progressif ou les mouvements du sujet sont « reproduits » dans des configurations qui peuvent être étranges.  Comme l’image se forme sur le fond de la boîte, si le fonds de la boîte n’est pas plan, mais objet de toutes sortes de déformations, de courbures, de ruptures ou de cassures l’image obtenue s’en trouve modifiée, complexifiée.

 

Tout ceci constitue une vaste palette de possibilités à la disposition d’un artiste. Choi ne s’en est pas privé qui livre des monstres par élongations, des drames par défigurations, des animaux étranges ou des masses de gélatine en voie de décomposition. Le résultat est étrange, troublant, parfois très beau et toujours mystérieux. Que voir sinon des transformations ? Que comprendre, si n’est qu’un démiurge a déstabilisé l’image ou qu’un artiste maîtrisant cet outil surprenant en tire une vision du monde comme  il le ferait malaxant un argile ou mélangeant des tubes de couleurs.  


 

Débats sur l'art: Gerhard Richter

DEBAT SUR RICHTER

 

En matière d'art tout est possible, tout est « debatable », tous les arguments sont valables. C'est donc une activité hautement humaine. Si l’emphase me prenait (ce qu’à Dieu ne plaise), je dirais de l’art que c’est l’activité humaine par excellence et que, partout où il y a de l’homme (même mauvais), il y a de l’art. Si la méchanceté me prenait (ce qu’au Diable ne plaise), j’ajouterais que ce n’est pas parce qu’il y a de l’homme bon qu’il y a du bon art. Donc l’art n’est pas une occupation innocente, un passe-temps, une façon de se réjouir l’œil, de se rappeler de bons souvenirs. L’art n’est définitivement pas le registre des formes dont nous avons pris l’habitude. L’homme fait de l’art pour se créer et pour se rapprocher du mystère de l’Etre. A ce titre, l’art doit être mis au rang du langage.

 

Comme il n’est pas dans mon intention de lancer un exposé théorique,  j'ai voulu utiliser une controverse pour illustrer un peu plus avant mon propos. Cette controverse je l'ai trouvée dans la reprise d’un commentaire bloguiste très laudateur sur Gerhard Richter. En gros, il exprimait en positif ce que j'exprimais en négatif. Il est intéressant d’y revenir.

 

 

Liberté de l’artiste.

 

Le blogueur admiratif nous dit qu’il a ressenti ce cri profond « Li-ber-té » (version « art », du cri de Tarzan dans la Jungle « Jane ! », qu'est censé avoir poussé GR. Au moins, cela confirmerait que l’artiste GR a passé quelques années dans l'univers soviétique (qui n'était pas un enfer contrairement à ce qu'on pourrait penser - Angela Dixit).

 

Il y aurait appris la peinture. Il aurait même exercé. Il aurait, disent les biographes peint des murs de cantine qui, depuis, ont été recouvert à la chaux. En fait, il a appris son métier de peintre là-bas et il est allé l’exercer ici. Le blogueur, fort ému à l’idée de ce cri, en fait de longues phrases fortes. Je pensons que cela ne prouve rien. Même dans les pays libres, les artistes sont des spécialistes de ce cri. Et, plus le pays est libre, plus le cri est fort et porte loin et assourdit tout le monde. C'est vraiment dans les pays libres qu'on peut hurler à l'absence de liberté, qu'on peut revendiquer d'être libre et d'écrire sur les murs "liberté chérie" et faire des chaînes humaines sous la protection de la police. Notre blogueur doit être un peu blagueur, car, en vrai, c’est en regardant les œuvres de GR, c'est-à-dire des travaux d’après la vie à l’Est, qu’il constate la vigueur du cri ! En d’autres termes, GR, a attendu d’être libre pour en appeler à la liberté. A ce titre, ce serait un consommateur de liberté et non un producteur. Il faudra s’en souvenir. Une bonne partie de GR tient dans cette opposition. Reconnaissons cependant que celui qui viendrait à crier "liberté" dans un pays "pas libre" serait immédiatement flanqué en taule. Du coup, on ne l'entendrait plus.

 

Le peintre qui dit qu'il est libre et que « c'est comme ça » est sûrement un homme libre ! Le peintre qui déclame que, quand il le voudra, il fera abstrait et puis, il fera de la peinture de photo floutée et puis, il copiera les anciens et puis, il revisitera tout ce qui a été fait, est sûrement un homme libre. Ce n’est sûrement pas un original et cela ne garantit rien de bon ! Chirico aussi était libre quand il a décidé de laisser tomber son « ancienne manière » et de faire « maniériste » à la manière des anciens. Van Dongen, qui était un des peintres "fauves" les plus doués de sa génération, était libre quand il s'est livré à sa production « people ». Libre. Libre de faire de la peinture en vrac. Le prix du pouce carré étant fixé sur les marchés des mondaines et des demi-mondaines. Tous les peintres sont libres de peindre des mondaines. Libres de revisiter Rembrandt. Libres de se figer dans une technique parce que « ça marche ». Libres de s’essayer à toutes les techniques parce que, « Picasso, n’est-ce pas, ce génie, n’est-ce pas, il a tâté de tout ». GR est libre de déployer toute son énergie et toute sa capacité à faire des tableaux sans aucun intérêt. En revanche, ce n'est pas parce que l'individu fait n'importe quoi sous différentes formes et modes d'expression, ce n’est pas parce qu’il se déclame libre ou qu’un critique, les yeux et la tête tourneboulés par cette fantastique capacité à passer d’une technique à une autre, le proclame plus libre que tous, que nous le dirons artiste, grand, créateur. 

 

 

Le sentiment du geste, du mouvement…(Killy, c'est bon, c'est bon, c'est tout bon)

 

Il y a chez les regardeurs une tendance assez amusante : voir dans la peinture l’homme en mouvement. De plus en plus de regardeurs rêvent devant la trace d’un pinceau, médite sur ce qu’a été sa trajectoire et l’inscrivent dans un grand plan cosmique. S’il y a plus d’un coup de pinceau (et quand le tableau fait 4m X 6, il y a des chances pour qu’il y en ait eu quelques uns) ce n’est plus une méditation sur la courbe, la puissance du coup et l’accélération du mouvement au moment critique du déposé de la couleur sur le panneau, le morceau de tôle ou le morceau de toile  qui se déploie, c’est une jubilation qui veut s’imposer.

 

Le peintre n’a pas tracé, il a dansé. On l’imagine devant sa toile, après quelques exercices de musculation et d’échauffement, prendre un pinceau, le couvrir de peinture et foncer sur la toile, sauter aussi, parce qu’elle est gigantesque, la jeter à plat, et de ses pieds nus la fouler, tout en usant du balai à peinture des grands fresquistes. Les termes employés vont, lorsque l’exercice est solitaire, de ceux des compétitions de golf à la phraséologie ritualiste du commentateur de danse classique et contemporaine, lorsque l’exercice suppose, une scène, des caméras et des figurants.  

 

Danser la peinture ! Le blogueur énamouré qui découvre que GR, s’épanouit en s’éclatant  me fait penser à ce bon George Mathieu qui, au début, des années soixante avait réussi à troubler un grand, très grand artiste, André Malraux. Je me souviens de l'époque de la télé en noir et blanc où la culture commençait à suinter derrière la « petite lucarne » . Je vois encore G. Mathieu qui se lançait dans un combat corps à corps avec la toile, la couvrant de ses signes, lui imposant ses traits, ses traces, ses griffures. Je vois encore les bonds de cabri du Maître. Je me souviens aussi des élans de l’inoubliable Klein quand il se jetait par les fenêtres dans le vide. Voilà un artiste libre qui prenait des risques calculés : le vide était préalablement rempli par des copains qui l’accueillaient comme la poire mûre qui choit entre des mains attentives. Il était libre lui aussi et dansait la création. Je me souviens aussi qu’il était maître de ballet, envoyant ses modèles à poil et recouvertes de peinture bleue se frotter sur des toiles vierges. (Ô, cette idée venue tout droit de la pensée Jungienne : Vierges qui viennent teindre de bleu les toiles immaculées ! Elles font venir sous l’œil et le doigt d’un artiste angélique, une œuvre pure, le produit d’une conception artistique sans tâche, sans accouplement avec l’argent ou le pouvoir ou tout ce qu’on veut).

 

Ce geste de l’artiste chanté par le blogueur, me fait penser à ces courbes simples et si fortement efficaces d’un artiste des années soixante, dans la lignée des Hartung et Soulages. Il dansait son art et, de son corps, des grandes planches accrochées à ses pieds, dessinait sur les montagnes, inscrivant sa trajectoire dans un désir de dépassement absolu. Killy. C’est bien lui, l’artiste qui danse. Pas GR. 

 

 

Effacer l’acte subjectif du peintre au moyen d’une technique structurante.

 

Quand on me dit « structurant » je n’y peux rien, je pense « cru et cuit », et j’entends les Bororo me dire qu’ils ont aussi des Araras . Il faut résister et revenir au sens simple du blogueur qui nous livre ses tripes en les accommodant avec ce qu’il a sous la main.

 

On ne doit jamais protester contre les mots du discours et c’est un contre-sens que d’énoncer qu’il faut réfléchir avant d’écrire et tourner son crayon sept fois entre ses doigts. Pourtant, la fascination pour la technique est le type même du processus de soumission individuelle et collective mis en application dans les sociétés humaines modernes.

 

La réaction normale d’un regardeur normal en face d’une œuvre incompréhensible tourne toujours autour de la productibilité de l’œuvre. L’exclamation classique: « tu aurais pu en faire un comme ça » a pour but de dire de l’artiste qu’il n’est pas même à part à raison de la maîtrise d’une bonne et solide technique. Le pire étant: « Même un enfant aurait pu…. ». Quand un début de compétence pratique met l’artiste un peu plus à l’abri, le regardeur use de l’expression très bien analysée par Daniel Arasse : « ça ne veut rien dire ». Si, très pratiquement, l’œuvre est d’une productibilité de niveau 3, alors, les regardeurs, blogueurs ou non, s’exclament, admiratifs « il faut le faire quand même » qui est souvent tempéré par un dubitatif « où est-ce qu’ils vont chercher tout ça ? ».

 

Il faut reconnaître que la technique ne sauve pas l’art et que le niveau 3 ne dit rien de la qualité artistique d’une production du même nom. Les œuvres où on revisite l’antique, où on pictorialise sans pellicule, où on copie des photos pour les flouter, sont très franchement aussi évoluées que ces peintures « peint avec les pieds » où on est confondu par la performance et la maestria techniques de gens que la nature a oubliés ou que les dieux ont puni pour des fautes non commises. Etre capable de faire une peinture portant une bougie floutée est tout simplement plus répandu qu’on ne l’imagine. Un gamin de sept ans, anglais si mon souvenir est bon,  a réussi à vendre des peintures de facture impressionniste. Il a « fait » un million d’Euros. Il n’est pas sûr qu’il ait le temps d’en produire autant qu’il souhaiterait: L’Ecole, les leçons de choses, les maths etc. (Si Mozart avait été traité de la sorte….).

 

Et GR, dans cette histoire? C’est tout simplement un faiseur dans le domaine technique. L’avantage de la formation dans les pays de l’Est tenait à son goût, sa prédilection pour les fabricants, pour les gens qui font des choses avec leurs mains, qui ne sont pas loin de l’artisan et du bon ouvrier. C’est de là que vient GR.  Cela le conduit tout naturellement à fabriquer du Théodore Rousseau flouté. Ce qui pourrait n’être qu’une faute contre le bon goût est porté au nues par notre blogueur. Sa révérence à l’égard de la technique qui évite la frivolité de l’acte subjectif vient directement de cette culture de l’objectif, du réel, de la confrontation entre le bien et le mal, les riches et les pauvres. Peut-être le blogueur vient-il lui aussi de l’Est, à l’époque où c’était un bloc ?  Ne pas être troublé quand GR refait du pictorialisme, le mode d’expression photographique le plus techniquement abouti au service d’une vision purement et simplement retardataire, montre jusqu’où l’amour de la technique peut conduire des individus dont nous n’avons pas de raison de penser qu’ils sont insanes.

 

 

En vrac et au hasard 

 

Notre blogueur, qui tombe en panne sèche d’idées et d’écriture, décide à la fin de son petit poulet de livrer de la pensée en vrac, et au hasard. Dans le genre « je vous balance des trucs, et des noms pour être sûr que je n’oublie rien, débrouillez-vous avec ! ». Cela donne une succession de poncifs et d’approximations : « Richter explore tous les formats, des plus petits (commentaire PO : même les plus petits ! Le grand homme est capable de se laisser descendre de l’arbre)  jusqu’à des dimensions qui rappellent les toiles de Rothko. ( commentaire PO : s’il y a bien quelqu’un à qui GR ne semble avoir rien piqué c’est Rothko ! )

« Gerhard Richter, synthèse de Manet, de Picasso », (il y a comme ça, chez les regardeurs, des désirs d’accouplement monstrueux, des ambitions de voyeurs de l’étrange et du sensationnel)  évoque aussi le geste de peintres contemporains tels que Pierre Soulages ou Albert Irvin. (le pire de toutes les comparaisons : Soulages qui, lui, ne s’est pas amusé à passer de l’abstrait à l’ancien revisité, de la photo pictorialiste à la transposition floutée de photos ratées).

ET de clore dans le sublime : « Richter artiste vivant qui tient en haute estime la peinture »

Phrase de méditation transcendantale.

 

En résumé

 

Notre blogueur, nous a fait son flush : il a été vachement émotionné par un grand artiste vivant. Monsieur Gerhard Richter. « C’est un grand Monsieur » comme aurait dit Jacques Martin, si GR avait eu le temps de passer à Dimanche Martin. « Un artiste comme on aimerait en voir plus souvent. Un artiste sans qui l’art ne serait pas ce qu’il est. Il fait des peintures vivantes comme on n’a pas idée. C’est vrai aussi qu’il a peut-être moins de mérite que Manet par exemple. GR est vivant alors que Manet est mort. Mais on ne boudera pas son plaisir. Quand on a un grand artiste qui nous est venu du froid, on ne le lâche pas ».

« Et on dit à Monsieur GR, un grand Merci. Et un grand merci aussi à Hughes Auffray, à Sylvie Vartan et à Richard Anthony qui ont bien voulu participer à l’émission…. »

 

 

 

Abstraction, abstraction chérie.

 

 

 

On dira quelques mots de l’abstraction « revisitée », elle aussi, par GR. Notre blogueur la chante (mais il faut dire qu’il a du recevoir une solide formation dans ce domaine car, dans son blogue consacré à GR, il ne cesse de chanter). Pourtant, en fait d’abstraction, l’œuvre de GR est d’une pauvreté rare. J’aurais la cruauté de rappeler que Pollock avait vingt ans de moins que lui ! Les grands de la peinture Cobra dont l’abstraction est mise au service de l’expression, Asger Jorns, Karel Appel ont peint 30 ans avant lui. Quant à la diversité des modes d’expression, Dubuffet a encore des leçons posthumes à donner à GR.

 

En fait, GR n’est pas tombé dans la marmite à potion abstraite quand il était tout petit! Alors, pour se donner des forces une fois qu’il s’est décidé à quitter l’Est, il en a pris, par petites cuillérées quand il en avait l’opportunité ou les moyens. C’est pour cette raison qu’il tente tout et touche à toutes les techniques. Il chasse l’occasion. Il teste le marché. Il renifle les tendances, ce qui marche ! Il est à la traîne alors qu’il devrait, s’il était grand, s’il était artiste tout simplement, être devant et nous entraîner. 


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