- Jean Yanne, reviens, on est devenus (trop) cons. Film documentaire.
- Faut-il s'attrister des jeunes talents foudroyés?
- la foire aux vieux meuble et à la peinture à la Bastille
Je l'ai vu.
Je l'ai aimé.
Excellent choix d'image.
Mise en page de qualité.
Le documentaire se déroule "sans couture", fluide, agréable, sans concession pour Jean Yanne, sans flatteries ni flagorneries post-mortem.
Très belle oeuvre pour faire connaître Jean Yanne ou se souvenir.
Se souvenir aussi d'amis qui aimaient Jean Yanne jusqu'à la vénération.
A voir sans hésitation.
Deux expositions, deux cas identiques : deux peintres foudroyés jeunes par une maladie ou un accident. L’un et l’autre ont peint pendant une dizaine d’années. Ils avaient des dons exceptionnels. Leurs travaux avaient ce temps d’avance qui fait de l’artiste un visionnaire, l’homme ou la femme qui voit ce que les autres n’ont pas encore vu, ni même pressenti.
10 ans de travail pour l’allemande Paula Modersohn-Becker et le portugais Amadeo de Souza-Cardoso. Ces destinées ne sont pas isolées. Quelques exemples très bien connus : Van Gogh, mort à 37 ans. Il aura révolutionné le regard en 10 ans. Modigliani est mort à 37 ans, de Stael, à 41 ans. Juan Gris, à 40. On pourrait multiplier les exemples et s’affliger.
Mais un autre regard conduit à nuancer ce propos. Parfois, le génie des premières années se délite, se répète et bégaie ! Une belle exposition avait comparé Van Gogh à Edvard Münch. Ils étaient quasi contemporains si ce n’est que Münch vécut un demi-siècle de plus. «Un demi-siècle de trop» si on veut bien regarder son œuvre de près ! Et Van Dongen, mort à 90 ans, sa peinture des bas-fonds, des bordels et des putains dans l’esprit «Fauve» puis expressionniste dériva en une peinture monétarisée et insipide des «haut-fonds» et des mondaines. 50 ans de trop.
Plus triste : Chirico, mort à 90 ans, renia 15 années de peintures exceptionnelles et se prit pour un peintre «grand art classique» pendant 50 ans. En cas de besoin, il refaisait du «jeune Chirico». Suivant devis, il n’hésitait pas à antidater.
Ainsi, devrait-on conclure qu’il n’est pas forcément tragique que les jeunes artistes meurent jeunes mais qu’en revanche la vieillesse peut-être leur naufrage ! Cette conclusion anti-vieux serait trop facile. Evidemment, ce ne serait pas vrai ! Etre artiste, vieux et «dans le coup» cela existe quoiqu’il en soit de l’opinion des regardeurs et des tendances de la mode.
Il y a quelques années, une belle exposition avait montré les œuvres de quelques artistes à la veille de leur mort. Il s’agissait d’œuvres de « grands artistes ». Toutes, très belles. Les aurait-on accrochées si elles ne l’avaient pas été ? Et si les artistes n’avaient pas été encore « grands », si tard, si près de la fin.
Les artistes «visionnaires» ne vieilliraient pas si mal ! Pensez à Monet qui, à 80 ans, travaillait encore à une des œuvres capitales du XXème siècle : les Nymphéas. Pensez à Matisse qui, infirme, invente une nouvelle façon de «voir». Pensez aussi à tous ces «vieux génies» : Vuillard, Bonnard, Bacon…
Non, décidément, «durer» n’est pas nécessairement synonyme d’incapacité progressive à rester debout, en avant, un temps en avance. En art, le défrichage de terres inconnues ne nécessite pas de ressources athlétiques du genre Marathon.
Quelle leçon? Peut-être, une vieille leçon : « l’âge ne fait rien à l’affaire » !!!
Pourquoi toujours se rendre dans les hauts lieux, les places où l’Art avec un grand « A » se montre sous son meilleur jour, là où il est bien encadré à tous les points de vue, mis en valeur dans des lieux d’exposition de rêve, posé au milieu de ses pairs en milliers, millions d’euros, dotés des « cadres » les plus valorisants, présentés par de belles jeunes femmes ou quelques garçons à tête de traders calmes ? Parce que c’est plus rassurant ? On y trouve l’argent propre avec des couleurs et quelques fois des audaces, parce que c’est moderne et c’est neuf. Même le vieux fait récent dans ces lieux d’exposition « triple A ». On sent que les vernis ont été rafraîchis. Les lampes à LED, à laser, directionnelles illuminent les œuvres et leur font cracher toutes les couleurs qu’elles ont dans le ventre. Parfois, il est préférable de venir regarder avec de vraies lunettes de soleil, (préférer les lunettes pour éclipse de soleil). Et puis, honnêtement de quoi parler dans un dîner en ville ou en prenant un pot dans un univers branchouillé, si ce n’est de ce qui se voit de mieux, là où c’est le mieux montré et où on peut rencontrer ce qu’il y a de mieux en termes de porte-monnaie ou de sac Hermès ?
Alors, j’ai décidé de faire l’inverse. Aller voir l’art où il atterrit parfois… je devrais dire souvent. Dans les foires aux vieux meubles et aux vieux tableaux. Les foires d’antiquaires et du foie gras. Celles où on patauge dans d’énormes flaques d’eau si on a mal calculé sa météo et si, en même temps qu’on visite, des trombes d’eau dégringole sur les regardeurs-chineurs.
Là, comme à la Bastille, on voit l’art dans un de ses états, le dernier ? pas nécessairement ! ce n’est pas encore un art « à la décharge » ou « avant l’incinérateur » : l’art est posé, accroché, suspendu, entassé dans des brics-à bracs incroyables. Les cadres sont encore là. Peut-être auraient-ils mieux fait d’aller prendre du repos, leur retraite ou de grandes vacances? Il arrive que les cadres aient d’ailleurs choisi cette option : il n’y en a plus. Peut-être n’y en a-t ’il jamais eu. Ici, on parle de tableaux. D’œuvres parfois écaillées. La vie dans les greniers n’est pas toujours paisible.
Toutes les œuvres ne sont pas des « remains of the days » qui se retrouveraient au milieu de vases chinois ébréchés et d’assiettes parlantes. Certains exposants sont des spécialistes de certaines périodes, certains styles et même parfois de thèmes. Ils sont à cet égard pareils à de nombreuses galeries qui ont pignons sur rues… sauf qu’ils n’ont pas de boutiques. Ils vont de foires en foires.
Certaines œuvres exposées viennent directement d’un fond d’atelier qu’on disperse. L’artiste en a eu ras-le-bol de ne pas vendre, de ne pas trouver son public, de ne surtout pas trouver de critiques, de n’avoir pas eu la sagesse de se trouver des copains « inspecteurs de la création au ministère », ou troisième conseiller d’un FRAC de province. Alors, il brade. Il ne veut plus voir toutes ces œuvres sur lesquelles il a souffert. Et même celles où il a trouvé des moments de bonheur. Ou bien, ce sont les familles qui n’ont pas le courage de « s’y mettre ». Elles n’y ont peut-être jamais cru. « L’oncle machin, on l’avait surnommé le barbouilleur». «Tu te rappelles, on lui mettait sous le nez les œuvres de lulu qui avait cinq ans». Ils ont vendu en bloc. Parfois ils ont même payé pour qu’on débarrasse le petit bouclard au fond du jardin où «il» entassait ses «œuvres».
Alors, il faut déambuler parmi les stands, laisser traîner son regard comme à la pêche en mer on laisse traîner des lignes. Il faut avoir envie de se laisser surprendre. Une couleur vous a fait de l’œil. Une forme est venue vous faire souvenir d’un moment muséal. Il faut s’arrêter, contourner des buffets Henri III ou des chaises à la Charlotte Perriand et regarder. Il ne faut pas oublier les odeurs qui accompagnent ce festin. Odeurs des vieilles choses, des vieilles malles, des greniers et des caves. Odeurs des choses remisées, oubliées, écartées.
On entend quelque fois qu’une œuvre d’un peintre très connu, vient d’être redécouverte. On ne la connaissait pas. C’est de lui à n’en pas douter ce tableautin noirci à l’enduit crasseux, aux coulures de moisi; c’est un Courbet, un Cézanne, un tout ce que vous voulez. Franchement, le grand-père avait un peu trop rebattu les oreilles des gamins de son tableau que l’artiste lui avait refilé. On l’avait un peu trop vu ce bout de machin trop sombre pour une époque qui voulait tout colorer. Alors, direct à la cave ou au grenier quand le « papé » est décédé. Il est ressorti de son cachot quand il a fallu tout déménager une fois le pavillon vendu.
Hier, j’ai raté tous les tableaux historiques qui traînaient! Mais j’ai relevé des charmes, quelque fois mélancoliques, ceux d'œuvres qui avaient certainement raconté beaucoup de choses, il y a 20, 30 ou 50 ans ou même un siècle. J’ai vu de charmants tableaux faits par des Roumains, des Irlandais, des Tchèques et des Français. J’ai vu des noms qui ont connu leurs moments de gloire. Des tableaux qui ont, en leur temps, fait passer les idées et les formes des plus grands. Mais aussi, j’ai trouvé au milieu de quelques crobars et rogatons de grandes signatures, des tableaux bien faits d’une école de Paris que les Parisiens ont laissé couler.
Des noms, oui, je veux bien, en vrac, comme je les ai trouvés. Je n’ai pas cherché à vérifier leurs œuvres, leurs existences, leurs «cotes». J’ai noté. Souvent, ils ont capté un moment d’attention. Parfois, devant une œuvre solide, bien faite, j’ai pensé qu’il y avait là de quoi rendre heureux un collectionneur attentif, un amateur d’art tranquille ou un jeune couple qui «aime l’art mais n’a pas beaucoup de moyens». Ceux-là s’excuseront peut-être auprès de leurs amis. «C’était pas cher, une petite chose, dans une foire de l’art et du beaujolais. Mais voilà… on a craqué. On l’aime bien». Et ce sera le début d’une passion pour l’art et les artistes.
Au fait les noms ? Iliu qui est roumain, Picard Le Doux, qui est français, connu pour ses cartons de tapisseries, Brayer (mais ce n’est pas le Brayer de la Provence), Aschbascher (mais je ne suis pas sûr de l’orthographe) et puis Mignon, Herbor, Pierre Segogne surréaliste, Suzanne Ody dans le genre Vuillard, Carolyn Armington impressionniste anglaise, Dayez, Grundtvig, Debieve, Borsi, Hansen, Chambas, Brasilier, Lhote, Pignon, La Cerna, Othon Friesz.
Certains sont connus des connaisseurs. Pour d’autres, je pense qu’ils ne le sont plus depuis longtemps. … Jusqu’au moment où un acheteur les fera revenir parmi nous…
Il vous suffira de tendre la main, vers les librairies du net,
Babelio, Amazon, Fnac, books.google, BOD librairie et l'éditeur: Arnaud Franel Editions
Panthéon au Carré est disponible aux éditions de la Route de la Soie.
Promotion est disponible chez Numeriklivre et dans toutes les librairies "digitales"
Au Pays de l'Eau et des Dieux est disponible chez Jacques Flament Editeur ainsi que
La Désillusion, le retour de l'Empire allemand, le Bunker et "Survivre dans un monde de Cons".
"La bataille mondiale des matières premières", "le crédit à moyen et long terme" et "Les multinationales contre les Etats" sont épuisés.
S'inscrire
chaque semaine "La" newsletter (tous les lundis)
et "Humeur" (tous les jeudis)
Il vous suffit de transmettre vos coordonnées "Mel" à l'adresse suivante
pordonneau@gmail.com