Si on voulait se livrer à une analyse purement sociétale de l’œuvre de cet artiste américain, on soutiendrait qu’il est, en tant qu’artiste, la conséquence du gigantisme des lobbies, des halls etc dans les gratte-ciels américains. La nature a horreur du vide. La nature architecturale ne peut quand elle a été saisie par le gigantisme, accepter que le vide s’installe ou plus exactement, que l’absence de quelque chose révèle la vacuité des espaces architecturaux intérieurs.
En d’autres termes : quand vos murs sont si vastes que vous avez tant de place, il vous faut, ou bien beaucoup d’œuvres pour les habiller, ou bien des œuvres gigantesques qui font le travail d’un seul coup.
C’est, au lendemain de la seconde guerre mondiale qu’a émergé cette dimension nouvelle de l’art et qu’ont surgi de gigantesques tableaux. Le travail minutieux des fourmis européennes ne satisfaisant pas les besoins de remplissage des surfaces de halls, salles de conférence, espaces de travail, une nouvelle peinture a surgi évitant raffinements et délicatesses, ne sacrifiant surtout pas à des références culturelles. Il fallait occuper le terrain et non se faire plaisir en rappelant au public averti l’épopée passée des grandes cultures européennes.
Cette nouvelle peinture à qui la devons-nous, matériellement ? on sait ce que la peinture du XIXème siècle doit à la science et à l’industrie. Les couleurs devenues des produits industriels, se sont multipliées, celles qui étaient inaccessibles en raison des coûts de production ou de leur instabilité, sont devenues communes. On les a mises dans des tubes, leur transport étant facilité, on a pu peindre dans n'importe quel endroit. Enfin, les peintres ont pu challenger la nature. Enfin, ont-ils pu lui voler ses couleurs subtiles.
La peinture occidentale de l’après seconde guerre mondiale, a profité de l’industrialisation de la couleur, c’est-à-dire de l’effondrement des prix ; les coûts du m2 couvert sont devenus tels qu’un tableau monocolore de 30m2 devenait accessible. Les peintres abstraits américains se sont précipités et, soutenus par un véritable chauvinisme artistique, ont commencé à couvrir les murs du monde libéré de grandes fresques monochromes.
Ellsworth Kelly en est un prolixe représentant. Ce qu’on voit à la fondation LVMH, est exactement la manifestation de la conquête de l’espace par la peinture et le triomphe de l’industrie chimique. On pourrait même ajouter parmi ces industriels de la couleur, les industriels du cadre et de l’entoilage gigantesques et résistants à toutes les déclinaisons géométriques. Ronds, carrés, rectangles, moitiés de tout ça etc etc…
Il n’est pas à l’affiche de la Fondation.
Pourtant, une seule œuvre et tout est bousculé. C’est une œuvre simple, dans laquelle on entre. Qu’on peut contempler comme si on lui était extérieur, mais on est dedans. Comme c’est le cas de tout ce qui ressort au land art sauf que ce n’est pas du land art, puisqu’on est à l’intérieur d’un bâtiment !
Cette œuvre joue sur les miroirs scandés comme des colonnes, rythmées par des panneaux colorés d’un jaune de souffre, le tout reflété dans des plans d’eaux et animé par une cascade sans fin.
L’effet est fantastique.
Etrangement, l’atmosphère ainsi créée m’a renvoyé à certaines images de blade runner 2 quand la lumière semble consubstantielle aux décors, ne venant de nulle part et semblant se substituer à l’air.
A voir absolument.
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