Dans l’esprit d’un français, il est clair qu’il ne peut pas y avoir plusieurs monnaies, plusieurs banques d’émission, plusieurs statuts juridiques pour les billets de banque. « Cujus regio, ejus lingua et pecunia »….pourrait-on tenter de dire! En France, les choses sont simples, il y a une banque centrale, la Banque de France, une monnaie de compte, le Franc, un émetteur de monnaie de billets et un émetteur de monnaie divisionnaire. Les détenteurs de ces deux types de monnaies sont dans une situation juridique simple: le Franc a cours légal. Quand le cours légal ne suffit pas, on décrète le cours forcé ce qui n’est pas loin d’être la même chose.
Ce qui est clair et évident pour un esprit français serait-il une simplification abusive, un goût immodéré pour l’esprit de géométrie ? Aux Etats-Unis, par exemple, il y a bien un dollar, mais il y a plusieurs banques d’émission. Les Américains reviennent de loin puisqu’avant la création de la Federal Reserve en 1913, 7355 banques privées assuraient l’émission des billets de banque !
En Angleterre, il y a la Banque d’Angleterre. Elle émet les billets de Banques anglais. Jusque là rien d’original ! Ce qu’il faut bien comprendre ici, c’est que la Banque d’Angleterre n’émet que des billets anglais ! Elle n’émet donc pas les billets de banque écossais ou irlandais (du Nord). On remarquera au passage qu’il n’y a pas de billets de banque gallois (pas encore ?).
Donc, il y a des billets de banque écossais et des billets de banque irlandais, émis par des banques écossaises et irlandaises. Rassurons-nous immédiatement, la monnaie de compte utilisée dans les deux cas est la Livre ! Pour l’Angleterre, la Banque d’Angleterre a le monopole d’émission des billets de banque. En Ecosse c’est différent, les billets de banque ne sont pas émis par une seule banque qui aurait un privilège d’émission mais par trois banques, Bank of Scotland, Clydesdale Bank and The Royal Bank of Scotland. Les billets de banque écossais ne ressemblent pas aux billets anglais. Ni l’impression, leur dessin, leur gravure ni, bien entendu, les signatures apposées ont grand-chose à voir avec leurs homologues anglais. Les Ecossais sont assez fiers de cette particularité. Il suffit pour en être convaincu de lire les quelques mots ci-dessous extraits d’une brochure officielle des banques écossaises.
“In the first decade of the twenty first century, some three hundred years after its initiation, the Scottish banking system still retains many characteristics which mark it as distinct, and in some respects, unique”.
Est-ce à dire que les Ecossais bénéficient d’une totale indépendance monétaire? Le mot est peut-être un peu fort. Parlons d’autonomie. Les émissions de billets de banque Ecossais doivent être couvertes par des actifs définis selon les termes de la loi de 2009, une partie devant être déposée auprès de la Banque d’Angleterre. Les banques d’émission sont aussi dans l’obligation de conserver des dépôts sur les livres de la Banque d’Angleterre ou même sous forme de billets de banque anglais !!!
Une monnaie vaut pour autant qu’elle peut servir d’instrument de transaction et de règlement et qu’on ne peut ni n’est autorisé à la refuser. En Français, c’est la notion de cours légal… En Angleterre, c’est la notion de « legal tender ». Les billets de banque écossais, qui sont des « legal currency » au sens où leur émission est approuvée par le Parlement Anglais, ne sont cependant pas sous le régime du « legal tender », ils ont un statut, original pour des billets de banque, ce sont des promissory notes. C'est-à-dire des billets à ordre, des engagements de payer … A l’inverse, il faut reconnaître que les billets émis par la Banque d’Angleterre n’ont de « legal tender » qu’en Angleterre et dans le pays de Galles. Ce qui signifie qu’en Ecosse et en Irlande du Nord, ce sont des promissory notes. Sur le plan des principes, ce n’est pas du tout la même chose. Etre payé au moyen de promissory notes ne vaut pas règlement définitif. Il faut préalablement que les « notes » en question aient été honorées par la banque émettrice….
Ces subtilités sont sympathiques mais il n’y faut pas prendre trop garde, un gentleman agreement existe entre les banques anglaises, écossaises et irlandaises pour que les billets dans leur ensemble soient traités selon les dispositions « legal tender ». Ce qui signifie que déposer des billets de banque écossais sur son compte en Angleterre dans une banque anglaise se résoudra en un crédit en compte pur et simple comme s’il s’était agi d’un dépôt en Livres sterling.
Une question pratique peut surgir : un commerçant écossais aura-t-il le droit de refuser un paiement en billets de banque émis par la banque d’Angleterre ? On dira que, bien que ces derniers ne soient que des promissory notes en Ecosse, ils sont toujours acceptés…. Et à l’inverse, peut-on régler des achats fait en Angleterre au moyen de billets de banque écossais ? Là, les différents opuscules présentant la question à l’attention des touristes, insistent sur le fait que tout le monde en Angleterre n’est pas au fait des finesses du système monétaire du Royaume-Uni et que le porteur de billets de banques écossais qui souhaiterait utiliser ses billets de Banque écossais pour régler un achat dans le sud de l’Angleterre pourrait avoir une surprise !!!
Allons, le risque est quand même faible ! Les montants en jeu, de l’ordre de 3,5 milliards de livres, ne sont pas considérables !
Il vous suffira de tendre la main, vers les librairies du net,
Babelio, Amazon, Fnac, books.google, BOD librairie et l'éditeur: Arnaud Franel Editions
Panthéon au Carré est disponible aux éditions de la Route de la Soie.
Promotion est disponible chez Numeriklivre et dans toutes les librairies "digitales"
Au Pays de l'Eau et des Dieux est disponible chez Jacques Flament Editeur ainsi que
La Désillusion, le retour de l'Empire allemand, le Bunker et "Survivre dans un monde de Cons".
"La bataille mondiale des matières premières", "le crédit à moyen et long terme" et "Les multinationales contre les Etats" sont épuisés.
S'inscrire
chaque semaine "La" newsletter (tous les lundis)
et "Humeur" (tous les jeudis)
Il vous suffit de transmettre vos coordonnées "Mel" à l'adresse suivante
pordonneau@gmail.com