Un de mes amis, passionné de monnaie, a eu l’amabilité de me faire cadeau d’une pièce de monnaie à l’allure simplissime, laide comme un jeton de téléphone, mais historiquement passionnante : il s’agissait d’une pièce de 2 francs dite « Philadelphie » pour la bonne et simple raison qu’elle avait été émise dans l’atelier de Philadelphie, aux Etats-Unis. On dit que le Général de Gaulle aurait donné son accord. Ce qui est sûr c’est qu’il fit ce qu’il fallait pour qu’elle ne circule pas et soit sortie rapidement de la circulation.
La Libération de la France est intéressante sur le plan monétaire. A plusieurs titres. Pourquoi les Américains se sont-ils lancés dans l’aventure de la création d’une piéce de monnaie, alors qu’en Algérie des ateliers de frappe existaient qui auraient pu faire l’affaire ? Leur objectif était très clair : les troupes de débarquement devaient pouvoir réaliser des transactions « locales » et donc disposer de numéraire. C’est ce qui explique qu’elle ait surtout circulé Algérie et en Provence, suivant les débarquements des troupes alliées.
Là où les choses se compliquent, c’est que dans l’esprit des « libérateurs » cette monnaie devait être aussi utilisée en tant que monnaie d’un pays passant sous administration américaine.il était donc prévu qu’elle puisse être utilisée par les Forces Françaises Libres ainsi que des "billets du débarquement. C’est que la question de l’Administration de la France était au centre du débat. Ou bien, la France était souveraine et elle traitait la question monétaire par elle-même ou bien elle ne l’était pas et dans ce cas, les Alliés prévoyaient de dupliquer le système dit (l’A.M.G.O.T., Allied Military Government of Occupied Territories), qui avait déjà fait ses preuves en Italie.
Cette émission fut validée par un arrêté français du 25 juin 1945.
La question de la souveraineté de la France ayant été réglée auparavant.
Pourtant, il ne faudrait pas réduire la problématique monétaire française à une pièce de deux francs. A la Libération, des monnaies très diverses circulaient dans un pays dévasté. Monnaies de l’avant-guerre, monnaie de la France de Vichy et même monnaie émises par l’occupant Allemand. Il faut rappeler à cet égard que la France était coupée en plusieurs zones administratives d’occupation : les unes parce qu’elles avaient été rattachées au Reich Allemand, en particulier l’Alsace, les autres parce qu’il était prévu par l’Allemagne hitlérienne de les rassembler en unités territoriales « protégées », Nord et une partie du Nord-est...etc. Plusieurs monnaies circulaient donc.
La masse monétaire était par ailleurs considérable et laissait planer un risque majeur d’explosion inflationniste. Eut lieu un débat crucial pour l’avenir de la France. Les partisans d’un réalisme austère (Mendes-France au Ministère des Finances) préconisaient, via une réforme monétaire, « d’éponger » une partie des liquidités en laissant entre les mains des détenteurs de monnaie fiduciaire et divisionnaire qu’une fraction de leurs avoirs (à cette époque, la monnaie de banque (dit scripturale) était peu répandue, les détenteurs de comptes en banque étant une minorité.) les partisans de la modération (René Pleven au Ministère de l’Economie) préféraient un changement monétaire dit du « un pour un » quitte à mettre en place des taxes élevées sur le capital, l’épargne etc…Ces derniers l’emportèrent. Mendes-France démissionna, René Pleven prit son portefeuille et enclencha la réforme monétaire « douce ». L’échange de billets se déroula entre le 4 et le 15 juin 1945 .Fin du premier acte…. Qui se termina en fait un peu plus tard par la première dévaluation de l’après-guerre. Le 25 décembre 1945, le taux de change du dollar était alors porté de 50 à 119 Francs.
En général, l’histoire s’arrête ici. La Libération monétaire est réalisée entre juin et décembre 1945. Il y a cependant une histoire dans l’histoire. Celle des francs dits CFA et CFP.
La situation économique dans les territoires d'outre-mer dont ceux du Pacifique n’avait été pas été touchée par la guerre. De mauvais esprits diront qu’à l’inverse… elle aurait été favorisée. Or, si le 25 décembre 1945, le mauvais état de l’économie métropolitaine était reflété par la dévaluation du Franc, le Franc ayant cours dans les colonies françaises du Pacifique maintenait la parité antérieure avec les monnaies anglo-saxonnes et se trouvait à la parité de 2.40 par rapport au Franc métropolitain ! Ailleurs, c'est-à-dire essentiellement en Afrique subsaharienne mais aussi à Saint-Pierre-et-Miquelon (en Amérique du Nord), le Franc CFA fut créé. La parité de cette monnaie est fixée à un taux intermédiaire de 85 francs CFA pour un dollar.
Ainsi, la France, pays souverain, vit apparaître sur son territoire, trois monnaies dites « Franc »… Le Franc CFP (Colonies Françaises du Pacifique) et le Franc des colonies françaises d’Afrique (CFA) nés le même jour que le Franc métropolitain était dévalué par rapport au dollar et à la livre.
Pour compliquer les choses, dès 1949, Djibouti (Côte Française des Somalis), qui était dans la zone du Franc CFA, la quitte pour le franc de Djibouti aligné sur le dollar !
Lors des dévaluations successives du Franc métropolitain la valeur des francs CFA et CFP, fut réévaluée dans la même proportion par rapport au Franc Français. Ce n’est qu’en 1949 que cette procédure fut supprimée, les Francs CFA et CFP étant liés à partir de ce moment au Franc Français.
Il est intéressant de relever que ce différentiel, conduisait à rendre les importations de produits en provenance des territoires africains et de l’océan pacifique moins onéreux pour la mère patrie et inversement pour le prix d’achat des denrées et produits importés de France.
En 1973, le Franc français remplace le Franc CFA à Saint-Pierre-et-Miquelon. (qui usait de billet dont les images étaient ceux de l’Afrique…) ; en1975, le Franc français remplace le Franc CFA à La Réunion ; aujourd’hui ils appartiennent à la zone Euro.
Le Franc CFA est resté la monnaie d’un certain nombre de pays d’Afrique. Le Franc CFP, est devenu le Franc Pacifique a toujours cours dans les collectivités françaises de l’océan Pacifique : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna.
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