Article paru dans "le blog de la gestion du patrimoine"
La Libra serait devenue « Diem ». Comme autrefois les Assignats avaient muté en mandats territoriaux et les Reichsmarks en Rentenmarks avant de devenir des Marks tout courts ? L’essentiel n’est-il pas qu’on ait toujours le sentiment que Facebook et son gigantesque réseau soient encore là pour donner au moins l’impression qu’il y a quelque chose de fort derrière quelque chose qui est bien faible ?
(Au fait, on se demandera pourquoi « Diem » ? de quel verbe ce mot latin est-il l’accusatif ? De « carpe » ? » qui vient de "Carpe diem quam minimum credula postero »)
Les monnaies cryptées ne se cachent plus
Quelle importance attacher à ces manifestations monétaires d’un genre nouveau, à un moment où les vieilles monnaies sont sollicitées pour sortir le monde de l’ornière pandémique ? On entend ici et là les vieux crypto-lovers s’égosiller de joie en voyant leur or numérique flamber pendant que les « vieilles » sont à la peine. Il est vrai que personne ne risque de voir une crypto-monnaie partir au secours d’une économie mondiale en état de commotion violente. Les monnaies cryptées sont des jeux, à somme nulle au mieux, le tout étant de « pumper et dumper » aux dépens de quelques naïfs qui s’imaginent pouvoir devenir riches sans se fatiguer. Au pire, c’est un jeu à somme négative : l’électricité qui est gâchée dans ces jeux pour grands enfants vidéolâtres, aurait pu être employée à beaucoup de choses intelligentes.
Les monnaies « cryptées » se cachent de moins en moins. Elles s’annoncent à la fois comme des révolutions politiques et comme des révolutions technologiques. Elles vont changer le monde et ses citoyens. Elles vont casser toutes les barrières qui ruinaient les efforts du genre humain ! Les Etats se réveillent d’une torpeur rétrograde et constatent avec horreur que les cryptos progressent dans la tête et le porte-monnaie de nos contemporains. Tout à coup, les voilà qui investissent le domaine dans le désordre, maladroitement pour certains, sous la pression de quelques « exchanges » un peu malins pour d’autres.
Où est donc le débat, s’il n’est pas celui d’avoir à choisir entre foire aux illusions et privatisation du monde ; entre gros portefeuilles et respect humain.
Monnaies cryptées, monnaies souveraines, à la croisée des chemins
De fait, à la croisée des chemins, c’est le moment pour débattre de ce qui passait pour un curieux phénomène et qui tend maintenant à révéler une tentative de coup d’état monétaire. Faut-il que nous croyions possible que les Etats soient challengés en tant qu’artisan du bien-être collectif par des gens qui s’en moquent totalement ? Faut-il que nous pensions qu’elle est finie la façon convenue depuis des siècles d’échanger, stocker et étalonner la valeur ? Faut-il même imaginer que la monnaie est une marchandise comme les autres qui ne transporte plus rien et surtout pas de la valeur puisqu’elle-même est devenue la valeur.
C’est le bon moment parce que les cartes s’abattent sur la table et parce que les jeux sont loin d’être faits. Les crypto, prétendument porteuses d’idées libertaires se font contourner par un Etat, la Chine, que ces idées n’ont jamais beaucoup passionnée. C’est le bon moment parce que nombre d’initiatives étatiques s’attaquent à la question par le petit bout de la lorgnette. Celui de la défensive et non de l’offensive.
Le temps des confrontations est revenu entre les marchands et les souverains, entre l’entrepôt et le Palais : qui a inventé la monnaie ? Les marchands au nom de leurs intérêts ou les souverains au nom de leur puissance ? On sait par expérience que la puissance ne suffit pas : le rouble soviétique, monnaie d’un des deux Etats les plus puissants du monde en est l’exemple le plus caricatural. On sait aussi, par expérience, que la richesse ne suffit pas non plus : les templiers l’ont appris à leurs dépens.
Pourquoi opposer les marchands et les temples, l’argent et le pouvoir ? Parce que tels que nous voyons les premiers jeux, ils sont cardinaux. Au nom des libertés auto-proclamées, le maître-mot est devenu « décentraliser ». Décentraliser la monnaie est le premier pas, tant la question est essentielle et symbolique, vers d’autres décentralisations : la blockchain et l’intelligence artificielle se saisiront progressivement d’autres fonctions publiques, la santé, la justice et pourquoi, pas la police et l’armée.
Pour entrer dans le vif du débat qui vient, quelle pensée déployer ?
Nous sommes comme à l’orée d’un bois encombré d’arbres majestueux, de broussailles, des troncs effondrés et de jeunes pousses dont, la lumière étant rare, l’avenir n’est nullement assuré.
Nous avons à apporter nos étonnements, nos méfiances face au désordre de cette forêt. Certains chemins ne mènent nulle part, il faut les baliser quitte à décevoir. Certaines clairières sont des embûches. Et les outils usuels des forestiers sont de moins en moins pertinents : il va nous falloir écrire la carte des cheminements possibles et décrire des embranchements inconnus.
Ce qui est certain et pour l’immédiat, la question monétaire va occuper les esprits et les pouvoirs pendant quelques années. Et il faudra bien sortir du dilemme des nouvelles monnaies : entre l’entrepôt et le palais.
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