Ici il s’agit de « collectivités », privées en général, qui se constituent pour investir dans « des situations spéciales ». On y a intégré les « Fonds Ethiques » par manière de contraste avec les « Fonds Vautour ». Rassurons-nous, tous les Fonds ne sont pas anti-éthiques et peuvent même être parfaitement dans les clous d’une bonne gouvernance et d’un comportement « correct » malgré ce qu’en laisserait supposer leurs qualificatifs.
Dans cette rubrique on trouvera : Fond Vautour, Fond de retournement, Fond Rabatteur, Fond Ethique...
Les fonds "Vautours" sont attirés par les risques élevés, les créances impayées et les actifs en déshérence. Ils peuvent faire de très gros profits parce qu'ils sont équipés pour les traiter. c'est néanmoins un petit marché hyperspécialisé.
Le rôle des animaux dans la finance n’est plus à démontrer. Il y a les « bulls » (taureau) et les «bears» (ours), il y a les prédateurs et les moutons, en général, les vaches à lait et les PIGS (cochons ou Portugal, Italy, Greece, Spain) et il y a les Vautours. Evidemment, les particuliers et entreprises qui se rassemblent dans des fonds d’investissement ne se qualifient jamais de «Vautour»! Ce sont les autres qui, selon la stratégie d’investissement suivie par les fonds concernés, les diront «Vautour» » et ajouteront qu’ils agissent comme des « prédateurs », pour bien montrer que rien n’est positif dans tout ceci.
Une chose
est donc certaine, personne n’a jamais créé un fonds «Vautour ». En revanche, les victimes de certains investissements audacieux qui en appellent à la justice, à l’équité, aux règles les plus
élémentaires de la politesse et de l’éthique dans la Finance et la Banque, crieront au prédateur, dénonceront les « Vautours », tous ces investisseurs qui cherchent à obtenir de la part des
débiteurs qu’ils paient leurs dettes et qui savent d’un mauvais placement en faire un bon.
Un fonds «Vautour», c’est donc un fonds qui ne fait pas plaisir lorsqu’il procède à des investissements. Mais, au nom de quoi, peut-on juger que son intervention est malsaine, dolosive et /ou
froidement guidée par un appât éhonté du gain?
Sur le plan des principes et de la pratique des fonds d’investissements, un Fonds «Vautour» » ne se différencie des autres fonds que par un goût prononcé pour les risques et une aptitude à les gérer afin d’en tirer un excellent rendement. D’aucuns iront en conclure que les fonds qui savent gérer leurs actifs et en tirer un excellent rendement sont des fonds «Vautour» ! Comme si un fonds éthique, un fonds respectueux de tout le monde et surtout des débiteurs, devrait ne présenter que des rendements misérables ou des pertes!
Pour exemple de l’ambigüité qui entoure les Fonds dits «Vautour» on peut donner l’exemple suivant: les fonds d’investissement en Private equity (voir ce terme) qui montent des opérations de LBO (voir ce terme) très classiques, qui recourent à l’expérience et à la compétence de professionnels reconnus et qui sont appuyées sur des effets de levier plus ou moins élevés sont parfois qualifiés de «Vautour» ». La raison ? Ils tirent de l’entreprise qu’ils acquièrent les moyens de rembourser les dettes qu’ils ont souscrites pour monter l’opération. Les profits et bénéfices distribués par celle-ci vont remonter vers les fonds d’investissement et leur permettre de payer leurs créanciers. Donc, ils vivent sur leur victime. Certains commentateurs, versés dans les sciences occultes, ajouteront qu’ils vampirisent la malheureuse entreprise ! Et ainsi, celle-ci, peu à peu vidée de sa substance pâlit, périclite et meurt ! Heureusement, un bon nombre d’entreprises « victimes » d’un LBO s’en sortent bien, ayant crû et embelli !
Donc c’est
un mauvais exemple ! Alors, il faut aller au plus loin possible de la désespérance : les fonds «Vautours » sont ces fonds qui, sous couleur d’investissements et de la recherche d’un profit juste
et mérité, se saisissent d’actifs en perdition, décotés dans des conditions dramatiques et, se retournant vers le marché, savent attendre la bonne occasion de vendre, ou, attaquant les débiteurs
défaillants, leur font rendre gorge, tirant de ces opérations des profits colossaux. Il n’est que de lire les annales du Groupe de la Banque Africaine de développement. (2010). « Les fonds
«Vautours » achètent des crédits, souvent à très bas prix, dans le but d'engager des poursuites contre le débiteur pour l'amener à rembourser intégralement sa dette».
Il est vrai que de nombreux fonds constitués dans la foulée des grandes crises de la dette privée ou publique, se firent, et se font toujours, une spécialité dans le rachat de dettes en
déshérence et dévalorisées (les créanciers ayant été emportés dans la tourmente) ou de dettes et d’actifs décotés (les créanciers ou les investisseurs touchés par de graves pertes cherchant à
s'en débarrasser à n’importe quel prix). En revanche, il est toujours savoureux de lire ou d’entendre que ces fonds sont scandaleux, car ils veulent « amener le débiteur à rembourser
intégralement sa dette, etc. ».
Revenons en
arrière un instant : voici un pays qui a lancé un programme d’investissements. Il a obtenu de banques ou de fonds d’investissements des crédits pour le financer. Tout tourne mal et il s’ensuit
que les prêts ne sont plus remboursés dans les délais, puis le débiteur annonce qu’il suspend ses paiements. Du coup, les créanciers sont obligés de constater qu’un de leurs actifs n’est plus
performant. Selon les normes comptables IFRS, ils doivent le provisionner ou le décoter, très fortement, de 90% par exemple. Voici qu'un des préteurs, pour des raisons de présentation de bilan,
ne veut pas conserver ce crédit dans son bilan ou, plus simplement, parce qu’il n’est pas équipé pour engager des poursuites en recouvrement. Le plus simple serait de tirer un trait et de
constater une perte. Mais, s’il est possible de vendre cette opération qui est manifestement encalminée, il sautera sur l’occasion, et par exemple, revendra ses créances!
C’est ainsi qu’un fonds d’investissements deviendra propriétaire d’une créance de 100 qu’il aura payés 10. Si ses équipes talentueuses et entraînées arrivent à recouvrer la créance, le fonds aura
gagné …90. Si, sur les dix que le fonds a investis, 9 ont été empruntés, les investisseurs n’auront donc apporté que 1 pour gagner 90….
On comprend
que ce genre de rendement puisse énerver ! Alors, on qualifie ces fonds de "Vautour". Ainsi le Monde du 12.04.06 s’indignait : « …ils se nourrissent du malheur des autres : les fonds «Vautours »
s'enrichissent grâce aux entreprises au bord de la faillite ou aux Etats en difficulté, comme l'Argentine » ! On ne reviendra pas sur l’indécence qu’il y a, lorsqu’on est débiteur à se plaindre
que quelqu’un vienne réclamer ce qui est dû. Il se trouve que toute crise s’accompagne de situations de ce genre et que chaque fois que des actifs paraissent décotés, il est des « preneurs de
risque » pour les traiter. La crise de l’immobilier, en France, à la fin des années 80, s’était traduite par des milliers de m2 en perdition, les organismes qui les avaient financés ayant déposé
leurs bilans ou cherchant à vendre par tous les moyens, à n’importe quel prix, pour reconstituer des trésoreries en complète déconfiture. Des dizaines de fonds s’étaient alors constitués pour
racheter ces actifs et travailler à leur valorisation. La même chose s’est produite aux USA lors de la faillite d’Enron et de World com.
Il y a fort à parier que les fonds «Vautours» sauront reconnaître de nouvelles sources de profit dans la crise de la dette souveraine en Europe.
Au fait, de quel poids en dollars investis pèsent ces fonds «Vautours » qui font régulièrement couler de l’encre ? Pas grand-chose ! Le montant total des fonds investis représenterait, selon
certains calculs, environ 5% des fonds investis par les Hedge Funds.
La finance a ses mots chocs. Elle n’en est pas toujours l’inventeur. La presse, les hommes politiques savent trouver, pour les banques et la finance les mots qui frappent, à défaut de tuer. Il y a ainsi les fonds Vautours et il y a les fonds Rabatteurs. On imagine facilement que ce terme n’est pas employé dans la finance sérieuse. Cela sentirait trop son recrutement de soldats, à l’ancienne, à base de bocks de bière et d’eau de vie généreusement distribuée. Le terme a pourtant connu son heure de gloire, récemment, avec l’affaire Madoff. Ce dernier n’aurait jamais pu, tout seul, collecter les milliards de dollars qui se sont, malheureusement, trouvés investis dans ses fonds. Un nombre respectable de ces milliards lui était venu de ces fameux fonds rabatteurs.
L’expression, caricaturale, a été utilisée pour donner à l’escroquerie de Bernard Madoff, un aspect général glauque. Elle qualifiait des fonds d’investissements dont la seule mission avait été de recevoir des capitaux en provenance d’investisseurs privés ou institutionnels et de les placer dans le fonds d’investissement que dirigeaient Bernard Madoff lequel était censé les investir dans des valeurs ou des produits financiers de toute nature. Ils furent qualifié « rabatteurs » car leur seule raison d’être était de procéder à cette collecte de fonds et de l’orienter vers Bernie et ses opérations. De là à penser qu’ils faisaient partie d’un plan organisé dans l’escroquerie est abusif, même si le liquidateur des affaires Madoff s’est efforcé et s’efforce toujours d’impliquer lesdits fonds « rabatteur » dans la chaine des responsabilités et le processus qui a conduit à l’escroquerie.
A ce stade, deux observations : les fonds rabatteurs n’existent pas en tant que catégorie d’OPCVM (organisme de placement des valeurs mobilières). En revanche, il existe bien des fonds dont la mission est de collecter auprès de personnes physiques ou d’institutionnels des capitaux qu’ils ne géreront pas mais dont ils confieront la gestion à d’autres fonds. Ces fonds ont un nom plus amène : ce sont des Fonds Nourriciers ou Feeder Funds. Ceux qui vont recevoir ensuite les capitaux pour les gérer sont nommés Fonds Maîtres. Non seulement ils existent, aux Etats-Unis par exemple, mais, aussi, en fait dans tous les pays du monde. Dans l’Union Européenne où tout ne vient que par et dans des directives, les Feeders funds et les fonds maîtres sont régis par des règles qui, et récemment encore, évoluent
Tout d’abord, une Directive de Juillet 2009, a posé qu’un fonds nourricier se définissait comme la structure qui place au moins 85% de ses actifs dans un autre OPCVM. Le taux de concentration toléré par la Directive est élevé et représente une exception aux règles de division de risque imposées par la réglementation européenne à la gestion des capitaux confiés aux fonds de placement (OPCVM).
Au fait, pourquoi un fonds rabatteur… pardon, Nourricier et un fonds maître ? Quel avantage confère le fonds nourricier par opposition à un investissement direct dans le fonds maître. Se peut-il qu’il y ait là un moyen de se dissimuler. En français, ce serait un biais utilisable pour le blanchiment de l’argent sale ? La question de l’argent douteux est apparue dans l’affaire Madoff, via des investisseurs sud-américains demeurés très discrets sur leurs pertes ! Il faut écarter d’emblée cette hypothèse : il s’agit d’une directive européenne !
L’intérêt pour la technique Nourricier Maître est multiforme. Il y a la motivation la plus simple : certains fonds maîtres n’acceptent pas les petits investisseurs. Les tickets d’entrée sont donc très élevés. Les fonds nourriciers, rassemblant plusieurs investisseurs, peuvent, par la masse de capitaux collectés, accéder aux fonds maître et aux tickets d’entrée requis. Les fonds nourriciers constitués pour les résidents d’un pays, donc soumis à une fiscalité locale, peuvent les faire accéder à un fonds maitre basé dans un autre pays européen, soumis à une autre fiscalité. Les arguments fiscaux sont à l’origine de nombreux feeder funds aux Etats-Unis.
Les directives européennes, encadrent strictement l’association : nourricier / maître. (feeder / master) et posent des règles draconiennes pour ce qui touche à l’évaluation des actifs via la mise en œuvre des règles UCITs.
Les affaires Madoff auront-elles un effet sur le développement de la technique en question ? il est clair que le vrai sujet pour les gens qui veulent la développer sera de rassurer les investisseurs sur la façon dont le fonds nourricier veille sur les capitaux qu’il a placés dans le fonds maître, sur la solidité de l’actionnariat de ce dernier et surtout sur la confiance qu’on peut mettre dans ses comptes et sa gouvernance.
Les fonds de retournement prennent la forme d’OPCVM, de Fonds commun à risque (FCPR), voire de sociétés financières fermées. Dans l’univers français ces fonds sont considérés par l’AMF comme risqués et doivent se présenter comme tels dans leurs prospectus, de même, comme c’est le cas pour tout OPCVM, doivent-ils indiquer les supports et les objets de leurs investissements. Bien souvent présentés comme intervenant vis-à-vis d’entreprises, les fonds de retournement s’attachent en réalité à toutes formes d’actifs dont la valorisation est affaiblie ou menacée ou victime de circonstances particulières.
Spécialisés dans le retournement d’actifs, ils identifient des obligations décotées et des actions victimes de « situations spéciales » et parient sur la compétence qu’ils peuvent déployer pour revaloriser ces actifs. Lorsqu’ils interviennent en retournement d’entreprises, les fonds prennent le contrôle d’une entreprise en difficulté plus ou moins grave ou plus ou moins immédiate. Ils y déploient alors des équipes pour mettre en valeur ses points forts, ses ressources et ses compétences technologiques. Ils investissent aussi dans des entreprises qui sans être en difficulté, ne sont plus en ligne avec la stratégie de développement du groupe auquel elles appartiennent. Ce cas est plus fréquent qu’on imagine.
Fonds de retournement et spin-offs
Tous les très grands groupes ont mené des politiques d’acquisitions d’entreprises. La stratégie de développement changeant, ces acquisitions peuvent être remises en cause. Alors vient une période de désinvestissement où il s’agit de trouver des acheteurs par d’autres entreprises ou par des fonds d’investissements. Ce peut-être aussi le cas, d’entreprises, la plupart du temps de grandes tailles qui veulent se séparer d’une activité économique déclinante ou devenue secondaire dans le contexte d’une nouvelle orientation de marché, de fabrication , de technologies etc.… pourquoi utiliser le mot « retournement » ? La cession n’est pas liée nécessairement aux déficits de leur exploitation. Lorsque une filiale ou une activité devient périphérique à l’activité générale du groupe à laquelle elle appartient, elle est moins suivie, ses budgets sont laissés à l’activité courante, on ne lui donne plus d’objectifs ambitieux, en d’autres termes on n’investit plus. Si cela a duré, l’entreprise ou l’activité on perdu du ressort, de l’allant, de l’acquis technologique, elle a peut-être même été dépassée. Les nouveaux investisseurs s’appuient sur la perception qu’ils ont des effets d’une nouvelle stratégie. Leur investissement consistera non seulement à l’acquérir pour la remettre à niveau mais aussi pour la doter en équipes managériales plus toniques ou plus mordantes. Le fonds de retournement a donc pour objectif de renverser une tendance, pour l’impulsion nouvelle ayant donné ses fruits la revendre revalorisée.
Fonds de retournement et actifs sous-cotés
Lancé en mars 2008 par Delta Alternative Management, le fonds Delta Prime, un fonds de droit français, est qualifié par ses promoteurs : « European Special Situations Fund ». « Situation spéciale » est le mot qu’il faut retenir dans l’univers du « retournement » : entreprise en difficulté ou créances « distressed » ou faillite ne sont pas des expressions qu’on utilise ! Dans le cas de ce fonds particulier l’objectif est de traiter les instruments de crédit « décotés » (des obligations) émis par des sociétés européennes. La stratégie est dite « événementielle » et repose sur les risques que les équipes de gestion peuvent identifier et qui auront des effets adverses sur la valorisation de ces obligations et des autres titres émis. Les équipes gérant ce fonds « special situation » affirmaient «L'originalité de notre approche réside en partie dans le fait que nous ne sommes pas limités dans le choix des dossiers au seul critère 'distressed' »
M&G European Special Situations Fund investit dans des entreprises européennes. « Le gérant recherche les sociétés sous-évaluées capables de profiter de cette sous-valorisation pour apporter des modifications positives au sein de l’entreprise ». La crise de 2008 s’est traduite par une impressionnante dévalorisation des entreprises cotées ou non. Certains fonds se sont mis en chasse des opportunités résultant de la montée de la crainte pour l’avenir des investisseurs qu’ils s’agissent de fonds de placement, des actionnaires ou des fondateurs eux-mêmes.
Certaines présentations sont moins affirmées que ce qui vient d’être cité : c’est ainsi qu’on pouvait lire que « Le fonds Schroder ISF European Special Situations est un fonds d’actions européennes géré selon une approche de sélection de valeurs de type bottom up », suivait toute une série de commentaires qu’on aurait pu appliquer à n’importe quel fonds investissant dans le capital d’entreprises !!!
Fonds de retournement et entreprises en difficulté.
Les fonds de retournement « purs et durs » sont ceux qui vont intervenir dans les entreprises en « situations spéciales ». Elles ne sont pas nécessairement en difficulté au sens légal du terme. Elles n’ont peut-être pas fait de déclaration de cessation de paiement (La DCP qui en termes plus direct signifie « dépôt de bilan »). Sur le plan de leur exploitation et, progressivement, sur celui de leur trésorerie, elles peuvent très déficitaires. Une étape dans la dégradation de la situation de ces entreprises est franchie quand, étant passées par tous les stades des procédures relatives aux entreprises, elles ne peuvent que se mettre « sous la protection de la Justice », au risque de voir la liquidation immédiatement prononcée.
Certains fonds se sont faits une spécialité dans ces cas qu’ils n’estiment pas « désespérés » puisqu’ils vont y investir les capitaux qui leur ont été confiés. En règle générale, ils procèdent à des investigations très complètes et nomment des équipes managériales dont ils connaissent bien l’efficacité et la capacité à intervenir dans des situations sociales, commerciales et industrielles complexes.
Pourquoi petits et discrets ? Ce n’est pas la taille des investissements qui induit une petite taille des fonds, c’est surtout le fait que les entreprises en redressement qui portent en elles un vrai potentiel de retour à meilleure fortune ne sont pas nombreuses. Le processus de détérioration d’une entreprise est souvent destructeur des liens sociaux entre les salariés, des rapports avec les clients, la qualité des fabrications souffre de la perte des meilleurs collaborateurs, qui quittent l’entreprise les premiers, la facturation n’est plus aussi pointue…les rapports avec les banques se dégradent…..c’est donc un flot négatif qu’il faut remonter. La confiance doit être réinstaurée.
Quand à la contrainte de discrétion, elle est évidente, la fragilité de l’entreprise et les tensions qu’elle traverse font de la publicité autour de sa situation un élément de fragilisation supplémentaire.
Fonds de retournement, « fonds vautour » et « asset stripping » ?
On a tendance à considérer, dans des contextes économiques et sociaux difficiles que les fonds de retournement sont des « fonds vautour ». L’entreprise avait des difficultés, les « fonds vautour » vont œuvrer pour qu’on comprenne qu’il s’agit de catastrophe. Cette vision est simpliste : on dira simplement que le travail de redressement d’une entreprise s’appuie sur une mise de fonds risquée et non sur des dés lancés sur un tapis vert. Le fonds de retournement s’inscrit nécessairement dans la durée et par la réalisation rapide d’actifs à liquider.
Et « l’asset stripping ? »…. Les fonds de redressement ont parfois été accusés de vendre des actifs pour récupérer une partie de leur mise de fonds. Sur le plan des principes il serait plus juste de dire que l’ « asset stripping » revient à considérer l’activité de l’entreprise comme un actif parmi d’autres et peut-être pas le plus important, à l’opposé, les fonds de retournement d’entreprises n’agissent que si l’activité de l’entreprise est prometteuse et repose sur que si des compétences humaines, techniques et économiques solides et durables.
Pourrait-on dire d’un fonds éthique qu’il n’investit pas uniquement pour le « pognon » ? Ou que le rendement du capital lui importe peu, ce qui est important c’est qu’il ait un effet positif sur la Société, les gens et les générations futures ? La finance islamique n’est-elle pas essentiellement ordonnancée autour de l’éthique ? La notion d’investissement éthique se heurte-t-elle avec celle de l’investissement responsable, avec l’investissement vert, avec l’investissement sans carbone… ?
Ces notions d’investissements qui ne sont pas guidés que par l’esprit de lucre pur et dur, tout simplement énoncent qu’un investisseur ne peut pas fonctionner avec des œillères, qu’il doit, s’il veut être sûr de conserver son capital, ne pas se désintéresser de ce qu’il finance, dans quel contexte, avec quelles conséquences. Les premiers fonds qui se voulurent éthiques étaient des fonds d’exclusion, pas très différents dans leur fondement des obligations morales qui interdisent certains types de financement dans la Finance Islamique et surtout certains objets d’investissements. En revanche, telle que pratiquée à ses débuts, la notion de financement éthique proposait à l’investisseur de s’assigner à lui-même ses propres règles morales d’investissement et de choisir ce qu’il trouvait conforme.
Le financement éthique a beaucoup évolué depuis les premiers pas. Il est devenu une des branches d’une pratique de l’investissement et de gestion.
Les fonds Ethiques privilégient certains comportements, présumant qu’ils auront nécessairement pour conséquence la réalisation d’une économie centrée sur l’homme et non plus réductrice à une marchandisation généralisée où le profit est l’essentiel et les moyens de l’atteindre seconds ! Ils insistent sur des prises de position et des engagements managériaux relatifs à la gouvernance, aux relations sociales, au respect de l’environnement, à la protection des handicapés etc.… L’investissement socialement responsable (ISR) qui s’appuie sur une vision collective du bonheur et des moyens de l’atteindre dépasserait cette notion de morale solitaire en posant que même dans les manifestations « éthiques », il y a des choix à faire et des priorités à poser. Les critères d’investissement deviendraient alors sociaux et collectifs et non plus individuels.
Quittant le domaine moral et social, la notion de développement durable et sa conséquence « l’investissement durable » engagerait l’investisseur dans un raisonnement de type objectif. Il ne s’agit plus d’engagements moraux, destinés à assurer une harmonie entre le statut d’épargnant ou d’investisseur et l’acte d’investir. Il ne s’agit plus d’inviter le détenteur de capitaux à rechercher une forme d’absolution de son statut de détenteur de liquidités et d’épargne, il s’agit de parler à un investisseur pour l’engager dans une stratégie d’investissement « robuste » appuyée sur des arguments économiques actuels et prospectifs solides.
Dans tous les cas de figure, le développement des fonds Ethiques ou socialement responsable ou d’investissement durable est très récent. Les premiers fonds de ce genre ont été lancés dans le courant des années 1980 et ce mode de recrutement de l’épargne a pris rapidement son essor. Le mouvement d’investissement français est cependant fort en retard par rapport à certains pays développés dont le Canada. Il n’est pas non plus dénué d’ambigüités. C’est ainsi que les débats sur ce qui est éthique ou durable, qui l’est et qui ne l’est pas donne parfois lieu à des sortes de guerres de religion. Une organisation "les Amis de la Terre » ayant lancé une étude sur les fonds labellisés ISR en 2009 dénonçait un abus dans les bonnes notes concédées. « Parmi les 89 fonds analysés, pas moins de 71 contiennent dans leurs portefeuilles d'actifs au moins une des 15 entreprises controversées sélectionnées par les Amis de la Terre pour leurs pratiques sociales et environnementales critiquables ».
Pour être noté AAA, dans l’univers du « socialement responsable », de « l’éthique » et du « développement durable », il faut des agences de notation ! On sait les débats qui entourent ces dernières. On voit bien qu’ici le choix des critères, celui des méthodologies, les options à prendre entre idéalisme et réalisme, les combats à couleur politique entre le « tout, tout de suite » et le « laissons le temps au temps » créent des problématiques rien moins que simples. Alors, des agences de notation au milieu de tout çà ! Il n’est déjà pas simple pour l’investisseur de base de se retrouver dans la jungle des recommandations, des opinions, des graphes et des charts, il ne pourra pas se sentir davantage conforté si les conseils mutent en exhortations, prêches et appels à la guerre sainte.
Il faut aussi reconnaître que la veuve de Carpentras, si elle souhaite profondément que son argent soit utile, n’a sûrement pas envie d’échanger ses revenus contre une satisfaction morale ! On pourrait répondre à cette objection par des avantages fiscaux. Ce ne serait qu’allonger une liste déjà longue et critiquable de privilèges. Enfin, il faut aussi considérer que pour fournir à l’épargne des supports lui ouvrant des possibilités de rendement satisfaisants, l’investissement durable ne suffit pas. Il faut « fournir » l’épargnant en placements de court et de long terme en quantité et en qualité suffisante. Pendant un certain temps, les bonnes vieilles sociétés que d’aucuns considèrent « critiquables » seront indispensables pour que l’épargne trouve de la place pour s’installer et des rendements pour se valoriser.
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