"D" comme déflation. C'est un sujet qui bouge ces derniers temps. Vous lirez dans cette rubrique, non seulement quelques définitions sur Déflation et Désinflation , mais aussi deux articles sur la destruction des dépôts par le remboursement des crédits. Nota, un article sur l'inverse, la création de monnaie par le crédit est disponible dans la rubrique "C" comme "Crédit". Enfin, on s'interroge sur le rôle déflationniste de la baisse des prix du pétrole. Déflation c'est presque synonyme de "Destruction". On lira sur ce thème: destruction de monnaie.
Contraire de l’inflation. (Voir ce mot). Souvent associé avec le mot « spectre ». C’est dire que ce terme n’est pas associé à des ondes positives ! La déflation, est, sans exagérer, le cauchemar des économistes et, des politiques, depuis qu’elle a été « découverte en action » lors de la grande Crise de 1929.
Aujourd’hui, pas un jour ne passe sans qu’un commentateur économique ou financier, « n’agite le spectre de la déflation ». La FED serait prête à inonder le marché des masses de dollar utiles à la lutte contre la déflation. preuve que les grands argentiers de ce monde prennent les risques de déflation au sérieux : il y a quelques années, son actuel Président, Bern Bernanke proposait aux autorités monétaires japonaises en lutte contre des tendances déflationnistes de plus en plus marquées, de précipiter des tonnes de billets de banques du haut d’hélicoptères survolant les grandes villes japonaises.
Les mouvements déflationnistes se traduisent concrètement par une baisse du niveau général des prix, à la production et à la consommation et des revenus. Conséquence d’un mouvement dépressif d’une économie particulière ou de l’économie mondiale dans son ensemble, les prix des biens et services stagnent voire régresse. L’économie française a connu des périodes déflationnistes plus ou moins longues, ainsi, le XVIIème siècle et, plus près de nous, la période 1930-1936. On devrait, par premier réflexe se réjouir de ce que les prix baissent. Le sens commun devrait insister sur le fait que le pouvoir d’achat s’en trouve accru ! Sauf qu’un vrai mouvement de déflation ne concerne pas que les prix, il concerne aussi les revenus !
La déflation est un processus qu’on qualifie en économie d’auto-entretenu et dans ce cas particulier a pour conséquence un blocage économique. En effet, les détenteurs d’encaisse liquide (voir ce mot), d’épargne, de liquidités en tous genres découvrent, en période de déflation que s’accroit le pouvoir d’achat de leurs liquidités. Ils ne sont donc pas incités à dépenser leurs ressources ni en investissement, ni en consommation. Différant leurs dépenses, ils contribuent à déprimer l’industrie, les commerces et les services. L’économie déflationniste voit le triomphe des rentiers et des propriétaires, tant qu’ils peuvent maintenir leurs rentes et leurs loyers au même niveau. Enrichissement finalement à courte vue, car les uns et les autres emportés dans ce mouvement en spirale à la Baisse, finissent par s’appauvrir. Les propriétaires perdent des locataires, sont à leur tour obligé de baisser leurs prix et les rentiers voient les revenus de leur épargne s’effondrer et tendre vers zéro.
Les raisonnements par l'absurde sont requis lorsque trop d'intelligences se contredisent sur un thème, un calcul ou une définition. Il faut se souvenir de ce dialogue où, à un esprit simple, on demande quelle question il faut poser pour s'assurer que son interlocuteur n'est pas un menteur. Il répond: "je lui demanderais s'il est une grenouille", bousculant la logique au profit du bon sens
Dans une entrée de l’Abécédaire, le dicton les « Crédits font les dépôts » a été explicité. Il est l’objet de discussions nombreuses, les uns contestant que les banques qui font les crédits puissent le faire au-delà des dépôts qui leur ont été confiées et puissent, par conséquent, créer de la monnaie, les autres s’appuyant sur l’idée que la monnaie est purement fiduciaire quelle qu’en soit la nature, prônant la thèse inverse et soutenant que les crédits font les dépôts, et que comme les dépôts sont les contreparties comptables de la monnaie en circulation…ils font la monnaie.
Ces deux thèses s’affrontent depuis que les banques ont été inventées et la monnaie avec elles.
Il est intéressant de se poser la question inverse : comment peut-on détruire de la monnaie ? Elle vaut d’être posée car elle est immédiatement corrélée avec un phénomène économique délétère : la déflation. On dit habituellement que trop de monnaie créée conduit à l’inflation et que l’inverse conduit à la déflation. Il est exact que l’insuffisance de numéraire dans les économies est souvent allée de pair avec une tendance des prix à stagner voire à baisser. Si on veut un instant se référer à l’histoire, il a été montré que l’insuffisance de numéraire dans le Royaume de France sous louis XIV s’était traduite par une baisse relative des prix et des revenus.
Si on veut prendre le problème par une forme de raisonnement logique on dira que l’inverse de l’adage « les crédits font les dépôts » serait « moins de crédit, moins de dépôts ». Cette formule, renvoie à une autre proposition : « diminuer la masse des crédits, c'est-à-dire les rembourser ou les annuler, revient à diminuer la masse des dépôts ». Si on continue dans cette voie-là, l’inversion de sens doit concerner aussi le mécanisme par lequel les dépôts crées sont un multiple des crédits distribués initialement : le multiplicateur des crédits. Alors l’adage deviendrait, « la diminution de la masse des crédits, se traduit par une diminution plus importante encore de la masse des dépôts ». Nous voilà devant une suite de propositions qui ont une forme de cohérence et dont il convient d’évaluer la pertinence.
De fait, lorsqu’est avancée l’idée que les « crédits font les dépôts » on devrait immédiatement énoncer une précaution logique : Il faut que la monnaie, concomitante aux crédits distribués ne « fuitent » pas sous forme d’une monnaie concurrente, ni ne se dissolvent dans un excès de remboursement. Le premier cas est connu sous l’expression de la trappe à liquidité ou des fuites de monnaie imaginées par Keynes : les fuites s’expriment en « monnaie fiduciaire » ou « monnaie métallique » qui réduisent l’expansion de la monnaie scripturale » et en « monnaie étrangère » s’il y a un déficit de la balance des paiements (fuite des épargnants et des investisseurs étrangers sur une autre devise ou déficit de la balance commerciale).
La seconde est que bien évidemment, les crédits en question doivent être en excès par rapport au montant remboursé des crédits encours. Elle est plus rarement commentée parce que moins fréquente. Or, c’est très exactement cette situation qui crée le risque déflationniste présenté en exergue.
L’exemple contemporain est utile pour approcher la compréhension de la question : l’excès de remboursement sur les crédits distribués détruit-il la monnaie ? Depuis que la crise de la dette souveraine a éclaté on a assisté à un double phénomène. L’un est la crainte que les pertes sur dettes se traduisent par la défaillance des banques prêteuses, il en est résulté une crise de liquidité. On l’exprime le plus souvent d’une façon assez simple : les banques créditrices (celles dont les ressources sont supérieures aux emplois) ne veulent plus prêter à celles qui sont dans la situation inverse. Elles déposent leurs fonds à la BCE si elles ne veulent pas prendre de risque de change, ou ailleurs, si elles les acceptent. L’autre est que les banques ne prêtant plus, et se contentant d’engranger les remboursements voient leur portefeuille se dégonfler.
La diminution de valeur du portefeuille de dettes vaut diminution de la taille du bilan et, par conséquent, par un effet mécanique, diminution des dépôts. De fait, le remboursement du crédit n’induisant aucune perte, les fonds propres ne sont pas touchés. Les emprunts à moyen et long terme de la Banque non plus qui n’ont rien à voir avec cette opération. Il en résulte que le seul poste du passif qui peut varier à la baisse pour équilibrer la baisse de la valeur du portefeuille de crédit, ce sont les dépôts des tiers y compris des Banques. Donc, la baisse du portefeuille de crédit par le simple jeu des remboursements, conduit à la baisse des dépôts, donc à la baisse de la masse monétaire….CQFD ?
Deux objections seront immédiatement émises qui, disons-le immédiatement, ne tiennent pas ! Si le montant des remboursements vient de nouveaux crédits octroyés par d’autres banques, alors, la perte de dépôts ne se passe pas dans l’ensemble du système mais seulement dans l’un de ses composants. De fait rien n’est changé parce que le montant des crédits est identique ! Si la banque créancière conserve le produit du remboursement dans ses livres, substituant un actif (liquide) à un autre actif (les créances remboursées) le « mécanisme automatique » ne devrait pas jouer pas la taille du bilan, ne bougeant pas. Cette façon de considérer le processus du remboursement serait plutôt curieuse et méconnaîtrait que la question des dépôts et des crédits ne se déroule pas dans l’huis-clos d’une banque mais dans un ensemble de banques interconnectées entre elles qui se nomme « système bancaire ».
Si on admet que le remboursement du crédit ne se fait pas par le moyen d’un nouveau crédit, ni par destruction, c'est-à-dire par annulation de la dette, il y a bien diminution des dépôts dans le système. Le plus simple : les créanciers entretiennent des dépôts dans la banque qui est leur créancière et emploient ces dépôts à la désintéresser…. La baisse du volume des crédits s’accompagne donc bien de la baisse du volume des dépôts dans une proportion identique. Plus compliqué : ils entretiennent des dépôts dans une autre banque. Ils en emploient une partie à apurer leur dette. La diminution du portefeuille de l’une a bien pour contrepartie la baisse de dépôts chez l’autre. Chez cette dernière, la baisse des dépôts… vaudra contraction de son bilan. Elle devra donc compenser cette perte de passif, ou bien en demandant à ses clients le remboursement de leurs dettes, ou bien en augmentant ses fonds propres. Dans le premier cas ; les déposants iront piocher dans leurs dépôts chez leurs autres banques…. et donc réduiront les dépôts. Dans le deuxième cas, les dépôts sont aussi touchés. Voir dans les lignes qui suivent. En tète de cette entrée on avait évoqué un multiplicateur de crédit. Voici donc son opposé : le déflateur de crédit.
Il est deux cas que n’ont pas été abordés : celui de la vente des créances en-dessous du pair et celle de l’annulation de dettes partiellement ou totalement. Ces deux processus, sont en fait les deux faces d’une même question : quel rôle jouent les fonds propres des banques.
Dans un premier temps, nous imaginons ici que la banque veut se débarrasser à « tout prix » d’une partie de ses créances. Elle les vend au dessous du pair, à 60% par exemple (et si on suit les évènements récents… elle se dit que cela aurait pu être pire !). Son portefeuille sera réduit de 100. Donc son passif, de 40 en moins par rapport au passif. Les dépôts n’ont donc été touchés que de 60. Une aubaine ! Pour autant l’histoire n’est pas finie : il faut bien traiter ces 40 ! Ils viennent sous forme de pertes évidemment impacter les fonds propres. Ainsi, le bilan se contracte-t-il bien de 100. Les dépôts dans le système ont-ils été protégés ? Hélas non ! Car s’il si la banque veut reconstituer ses fonds propres et si ses actionnaires veulent retrouver leur valeur de portefeuille avant pertes, il leur faudra mettre la main à la poche, c'est-à-dire dans leurs dépôts, pour y souscrire. Et si ce n’est pas eux, ce seront d’autres épargnants ! Donc, les dépôts de l’ensemble ont bien régressé et le mécanisme déflateur qu’on a mis en valeur a bien été enclenché. Dernier cas, qui est le plus simple : la banque décide d’effacer la dette ! Le mécanisme de reconstitution décrit plus haut joue de la même façon.
Ainsi, l’excès de remboursement de crédit sur l’octroi de crédit contribue bien à réduire les dépôts, c'est-à-dire la masse monétaire. Ce mécanisme une fois enclenché est relayé et amplifié par un déflateur de crédit. Il ne serait pas illogique de penser que le jeu « mécanique » de ce déflateur est amplifié par le climat « déflationniste » qui accompagne cette série d’événements. L’impact sur l’économie générale d’un mouvement déflationniste est tel que le goût de prêter qui suppose confiance et croyance, se trouve très affaibli pour dire le moins. Le déflateur s’accompagne d’une « décélarateur de crédits » par lequel un mouvement déflationniste s’auto-entretient.
On voit donc ainsi qu’il y a bien, entre crédits, dépôts et monnaie un lien consubstantiel. Les premiers créent bien les seconds de qui dépend le niveau de la troisième. En tout cas, dans le sens inverse, lorsque les crédits se contractent, les dépôts suivent et la monnaie avec.
La déflation, est-elle devenue la nouvelle hydre ? Quand on se pique d’histoire économique, quand on veut parler des monstruosités en matière de prix, en matière de monnaie, en matière de marché, on a un choix abondant : l’horreur de la spéculation sur la Tulipe, l’abomination des assignats et la destruction massive des classes moyennes allemandes par l’hyperinflation. On sait dire combien de malheureux ont payé de leur vie l’inflation du prix du blé, de la farine et même des brioches. Les argentins savent ce que production monétaire veut dire et comment les prix valsent.
La valse des étiquettes…
En fait, dans l’esprit du public les étiquettes, ne valsent que dans un sens, celui de la montée. Les prix ne peuvent s’exclamer : « l’ai-je bien descendu ?» ou bien c’est tellement rare qu’on préfère ne pas le mentionner. Ou c’est tellement catastrophique qu’on préfère l’oublier.
Les prix qui se cassent la figure sont souvent ceux des actions. Pour le coup, ces prix-là, on a le sentiment qu’ils ne descendent pas, ils dégringolent, ils s’effondrent selon que l’on est un gros porteur de valeurs mobilières ou non. « C’est la bourse, monsieur ! » qui est incapable de s’arrêter à la vraie valeur des choses. C’est la bourse qui fait tomber les prix des actions après les avoir portées aux nues. Et puis, ce sont les bourses de matières premières qui jouent avec les malheurs des anciens pays en voie de développement et de la veuve de Carpentras. Les premiers parce que le cacao s’effondre, la seconde parce que l’or a divisé son cours par deux. Les prix qui baissent seraient donc des débuts de catastrophes économiques ?
Il faut bien admettre que les prix qui baissent ne sont pas porteurs de bonnes nouvelles. Lorsqu’il s’agit du prix de vente des producteurs, les prix qui baissent ne sont pas autre chose que des bénéfices qui disparaissent ou, ce qui est bien pire, des revenus. En effet, les prix qui baissent ne sont pas accompagnés immédiatement de coûts qui baissent. Lorsque les coûts sont constitués de salaires, les baisses de salaires ou bien ne sont pas immédiates ou bien si elles le sont, créent immédiatement des anticipations et des pratiques déflationnistes : consommation en baisse, travail en baisse, propension économiques de toutes natures en baisse.
La déflation exprime la valeur de l’avenir.
La déflation, est caractérisée non pas par la baisse des prix mais par le retournement des anticipations. La déflation n’est pas une espèce de déplacement désagréable du point de rencontre de l’offre et la demande, mais, plus gravement, le déplacement vers le bas d’une seule courbe, celle de l’espoir, celle qui investit l’avenir de potentiels riches et positifs. Les prix qui baissent, si on veut revenir sur les grands schémas classiques, disent que l’offre et la demande ne sont plus ce qu’ils étaient : ou bien, il y a trop d’offre, on ne produit donc pas ce qui est demandé, les prix baissent et ne créent pas chez les demandeurs de désirs supplémentaires. Il se forme une sorte de grève des consommateurs. On leur donne trop de ce qui ne les intéresse plus et rien de ce qui les intéressera, dont ils ne sont pas encore conscients. Ou bien il n’y a pas assez de demande, parce que les prix sont trop élevés rapportés à une trop faible utilité marginale des biens et services mis sur le marché.
La déflation dit que rien ne paraît plus bouger : les structures demeurent fortement ancrées, les modes de consommation paraissent inchangés. La valeur des biens désirés baisse et conduit à leur banalisation. Une forme de déflation dont on n’a pas encore vraiment compris la portée s’est installée durant les vingt dernières années, celle qui s’est concrétisée par la baisse des prix des produits finis importés, produits technologiques, ou de certains services, transports, hôtellerie, tourisme en général.
Dans la déflation tout serait bon ?
Ici des boucliers vont se lever ! Qu’y a-t-il de déflationniste dans les améliorations technologiques ? Comment peut-on avancer l’idée que la baisse des prix peut être négative quand justement elle permet à un nombre plus grand, voire au plus grand nombre, d’accéder à certains produits et marchés ? Ne pas voir que la baisse des prix est au contraire une opportunité est un paradoxe douteux. La baisse des prix accroit le pouvoir d’achat et, diminuant les coûts de production, favorise l’amélioration des marges. On devrait donc clamer qu’elle est bonne et que la BCE au lieu d’une norme à respecter en matière d’inflation devrait avoir un objectif de déflation. Quand on y réfléchit bien : la déflation profite au rentier, au retraité. La déflation est pain bénit pour un pays en contraction démographique, elle garantit que les seniors ne seront pas les oubliés de l’histoire. L’Allemagne à ce titre est le pays par excellence où la déflation est bonne, à une limite près : quand la déflation touche les taux d’intérêts. Alors, le rendement des obligations chutant, les rendements des fonds de retraites sont malmenés.
Comment alors arriver à démêler cet écheveau-là ? D’un côté ? On dit que la baisse des prix qui caractérise la déflation est bonne pour le pouvoir d’achat qu’elle restaure, de l’autre, on soutient que la déflation exprime surtout la déprime d’une société et de ses agents économiques ? D’un côté, il est bien triste de ne plus voir les prix de l’immobilier augmenter ce qui démontre à l’envi que personne ne veut plus rien faire, de l’autre il est fort agréable de montrer à ceux qui ne sont pas propriétaires de leurs logements que les loyers ne vont pas monter !!!
Le pétrole qui baisse : bonne ou mauvaise déflation ?
On va faire « comme si… » ! En la circonstance : « comme si, le prix du pétrole baissait durablement ». Plus haut on évoquait le pain bénit de la déflation. La baisse des prix du pétrole, voilà qui est pain bénit. Ce sont les réservoirs à mazout des maisons, des immeubles qui deviennent d’un coup moins coûteux à remplir et peut-être deviendront encore moins cher dans les mois qui viennent. Ce sont les réservoirs des voitures, des avions, des bateaux, des camions qui se remplissent dans des conditions plus économiques. Les voyages qui coûtent moins cher…
La fabrication d’énergie qui s’en trouve allégée. Tous les biens intermédiaires à base d’hydrocarbures. Les jouets, les chaussures, les ustensiles de ménage en plastiques, tout ce qui contient des dérivés du pétrole….
Qui va donc s’en plaindre ? Tout moins cher, qui trouvera à critiquer ? Déjà, on commente les économies qu’Air France va faire. Déjà, on sait que le consommateur va voir son pouvoir d’achat regonfler. On se dit que d’une certaine façon, ce qui va se retrouver dans la poches des entreprises est à peu près équivalent aux stimulations fiscales mises en place depuis 2012.
Alors, la déflation, n’est-ce pas tout bon ? N’est-ce pas de la relance qui ne dit pas son nom ? On rappelle que le pouvoir d’achat « restitué aux Français » ne sera pas loin de cinquante milliards : ces fameux cinquante milliards qu’on implorait les Allemands de réinjecter dans leur économie !
Oui, certes, mais la déflation n’est pas la baisse des prix ! C’est un état d’esprit, une paresse de la volonté des agents économiques ! Grève de l’esprit d’entreprendre parce qu’on ne voit pas bien où seront les profits, même les profits fictifs de l’augmentation des prix nominaux ? Grève des consommateurs qui ne veulent plus anticiper quoi que ce soit.
Dans ces conditions, la baisse du prix du pétrole pourrait être une bien mauvaise nouvelle : imaginons que les fameux gains de pouvoir d’achat se traduisent par une préférence accrue pour la liquidité, imaginons que ces liquidités supplémentaires se limitent à réduire l’endettement des entreprises, c’est-à-dire à contracter la masse monétaire en circulation, imaginons que les ménages consacrent leurs gains en importations de voitures allemandes, en électronique coréenne ou en télévisions japonaises…. Et contribuent à relancer les économies allemandes, coréennes ou japonaises ?
Alors, on verra en effet que la baisse des prix du pétrole peut contribuer de son côté à l’amplification d’une spirale déflationniste et non l’inverse.
Cet article est paru dans le Huffington Post du 08/07/2015
Le refus de prêter est la marque principale (on a envie de dire « de fabrique ») de la déflation. Or, nous sommes actuellement dans un univers où les organismes de crédit, contestés dans leurs prises de risques antérieures, impactés par des pertes sur crédits et menacés par les régulateurs au nom des ratios de fonds propres, sont enclins à réduire leurs portefeuilles de crédit et par conséquent leur offre de nouveaux crédits. S’y ajoutent, les situations de type « grec » quand un pays surendetté ne présente plus, aux yeux des prêteurs, de suffisantes garanties de sécurité.
Multiplicateur et décélérateur de crédit.
Le multiplicateur de crédit est exogène au système bancaire, il est la conséquence de la montée en force du multiplicateur d’investissement. Les crédits produits par le système bancaire créent des dépôts pour autant qu’il n’y ait pas de « fuites » dans le système. D’où vient que les crédits se multiplient? Du multiplicateur d’investissement! La multiplication des investissements ne conduit pas à une génération spontanée de nouveaux investissements sur le terreau d’une économie enfin fertilisée. Il y faut du crédit : les entreprises qui répondent à la sollicitation de la demande induite par l’augmentation des investissements se reportent donc vers le système bancaire pour qu’il augmente son offre de crédit.
A l’inverse existe-t-il un « décélérateur » de crédit ? On devra éviter l’idée qu’il puisse exister un « diviseur » du crédit qui serait un inverse logique (d’une étrange logique) du multiplicateur ! Pour que se manifeste un décélérateur, il faut admettre un cas particulier : la trappe à liquidité s’ouvre en grand. Il s’ensuit que l’effet « multiplicateur » des investissements est compensé, et au-delà, par le détournement de l’épargne et sa stérilisation. Le processus s’appuie bien sur la « raison suffisante» de la création monétaire, sauf que l’inversion du sens d’un de ses éléments conduit à un blocage pur et simple de son jeu et des effets qui en dérivaient. Il faut ajouter, toujours sur un plan conceptuel que le multiplicateur impliquait la durée (le temps dans la théorie Keynésienne est un acteur déterminant du fonctionnement des mécanismes économiques) produisant ses effets par étapes successives et cumulatives. La trappe à liquidité, quant à elle, fonctionne en une seule fois, ou au mieux, dans des délais bien plus courts : l’épargne « thésaurisée » (ou « fuitée ») bloque le mécanisme multiplicateur comme si le temps s’était arrêté.
Pas de crédits, pas de monnaie ?
Les effets sur le long terme sont maintenant bien connus : les liquidités en excès partent vers d’autres horizons (dans d’autres devises, par exemple). Les intermédiaires financiers n’équilibrent plus leurs comptes (de bilan) et disparaissent les uns après les autres. Il faut un peu de temps, mais le résultat sur la longue durée, c’est que la monnaie finit par disparaître.
Revenons sur les manifestations qui annoncent la fin dramatique du drame. Le « cas grec » est clair. On sait que la BCE, malgré tous les mauvais sentiments des grecs à son égard et malgré les critiques qui lui ont été adressées par les autres membres de la zone euro, a fourni et continue à fournir des subsides aux banques Grecques. Motif : leur liquidité s’est réduite comme peau de chagrin. Pour protéger leur liquidité, les banques grecques ne prêtent plus et, au surplus, sont prises dans un vrai « corner » tel qu’on n’en trouve que dans l’univers bancaire : la monnaie scripturale ou bien s’évapore sous la forme de conversion en monnaie fiduciaire (en billets de banque euros émis sous la responsabilité de la BCE), ou bien les capitaux grecs vont se réfugier sous d’autres horizons, dans des banques allemandes par exemple, (plus de 100 milliards d’euros dit-on) qui se trouvent alors créancières des banques grecques, ce dont elles ne veulent absolument pas. C’est la deuxième cause du recours à la BCE. La fin de ce soutien signifierait, faute d’autres sources de crédit, la fin des banques Grecques. Et par voie de conséquence la fin de la participation de la Grèce à la Zone euro.
La fin de la monnaie
Il n’y a pas de diviseur de crédit, inverse du multiplicateur car l’économie n’y a pas dans l’économie de mécanismes de type « boîte de vitesse », avec une marche avant qui aurait un inverse absolu, la marche arrière. Le déflateur, c’est la mise en rade du multiplicateur lequel ne fonctionne plus, faute de matière première: le crédit. La contraction des crédits prend la forme d’un excès des remboursements de crédits sur l’octroi de nouveaux crédits. Ce « déficit » en crédits contribue à réduire les dépôts, c'est-à-dire la masse monétaire, ses effets sont amplifiés par le biais d’un « déflateur de crédit » dont la force dérive de la puissance du climat «déflationniste» (économique, social, politique) dans lequel on se place de toute évidence. C’est ainsi que s’illustre cette autre proposition: «la réduction des crédits entraîne la réduction des dépôts, donc de la monnaie».
A ce compte, la monnaie finit par disparaître et les passifs perdent tous sous-jacents. Dans les temps anciens, le pays victime de ce genre de situation avait de forte chance d’être préempté par un créancier voisin! Dans les temps modernes, si un pays n’accepte pas la réalité que dénonce le déflateur, son risque consiste à battre des records d’inflation. L’exemple des pays d’Amérique Latine est là pour montrer que ce n’est pas une vaine menace.
Dans le cas de la Grèce, trois voies sont maintenant ouvertes.
La pire serait celle de l’exil monétaire qui conduirait directement soit à une inflation dans l’esprit du Zimbabwe, soit à une oligarchisation de l’économie et de la société grecques.
Deuxième voie, la plus délicate: procéder, dans un pied de nez à Keynes, à l’euthanasie des créanciers. La Grèce est surendettée, tout le monde le sait. Elle l’est depuis longtemps, ce que les bons conseillers de la Zone Euro ont fait semblant de découvrir récemment. Les banquiers qui ont trop prêté sont complices de l’endettement. Il serait de bonne guerre que de proclamer : « Trop de dettes devraient tuer la dette plutôt que l’endetté ». Le retour à une liquidité exemplaire inverserait le « déflateur de crédit» et renverserait les anticipations des investisseurs. La monnaie retrouverait son statut antérieur, les dépôts seraient rapatriés etc…
Troisième voie, l’Allemande. En Allemagne, après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la réforme monétaire du « docteur Erhard » a consister à créer une nouvelle monnaie dont une des mesures « symbole » fut que chaque Allemand recevrait 40 DM payables en main propre, et 20 DM sur son compte. Evidemment, on résume abusivement!
Les situations monétaires dramatiques n’existent pas par elles-mêmes : elles sont la conséquence directe d’une situation dramatique, sociale, économique, politique, voire culturelle. La Grèce a devant elle le choix de procéder à une saignée à l’ancienne dans le grand style des médecins de Molière ou, au contraire de se confier à la coopération des membres de la zone euro. Dans tous les cas, la destruction de la monnaie si elle n’est pas interrompue, détruira la société.
Tout le monde est d’accord sur ce mot : la désinflation correspond à la baisse du taux d'inflation et non pas à une baisse du niveau des prix. Elle ne doit donc pas être confondue avec « la Déflation », (voir ce terme). La désinflation s’observe lorsque le taux d’inflation se réduit. Elle est achevée lorsque le taux d’inflation est revenu à zéro.
Tous les pays atteints par l’inflation s’efforcent de mettre en place les politiques qui, à défaut de la supprimer, permettront de la contenir. Il leur faut, dans ce but, enclencher un processus de désinflation qui n’est pas nécessairement global, s’efforçant de contrôler le rythme de progression des prix dans leur ensemble. Certaines politiques de désinflation ont les coûts de production pour objectif, recourant pour l’atteindre à une politique de désinflation des salaires
Cette politique qui passe par la compression des coûts salariaux, voire leur baisse relative, porte un nom qui a laissé un mauvais souvenir en France, selon Pierre Héritier et Joël Maurice (in les Echos opinions du 2 avril 2010): la désinflation compétitive…
Il est intéressant de relever que cette politique a été menée en France après l’échec de trois dévaluations qualifiées à une époque de « dévaluation compétitive » ! La désinflation compétitive de la France entre 1983 et 1997, s’était assigné d’aligner le taux d’inflation français sur celui de l’Allemagne ; la « désinflation compétitive » mise en œuvre par l’Allemagne pendant une grande partie des années 2000 avait très exactement le même objectif.
Cette dernière s’est attachée à rompre avec un certain nombre de facteurs d’inflation et à promouvoir tous les moyens pour que le rythme de hausse des prix soit contenu en dessous du niveau moyen Européen et, surtout, de ses principaux clients européens, dont la France. Cette politique s’est largement appuyée sur le blocage de la progression des salaires.
Elle a été couronnée de succès comme en témoignent les remarquables performances de l’Allemagne à l’exportation, tant vis-à-vis de ses clients traditionnels, les pays européens, que vers les nouveaux marchés émergents.
On a pu dire à l’occasion de l’analyse de ce succès que l’Allemagne avait réussi une sorte de dévaluation dans le cadre d’une monnaie unique, c'est-à-dire dans un cadre qui ne peut donner lieu à une manipulation des cours de change !
Lorsqu'il n’y a plus de crédits, y-a-t-il encore de la monnaie? L'entrée intitulée: "Rembourser les crédits tue-t-il les dépôts" a suscité de nombreux commentaires. Certains aspects étaient sûrement esquissés et pouvaient donner lieu à interprétations multiples. Voici quelques éclaircissements.
André-Jacques Holbecq commentant l’entrée de l’Abécédaire « rembourser les crédits tuent-ils les dépôts », en critique une proposition en particulier dont les termes étaient les suivants « Alors l’adage deviendrait, ‘la diminution de la masse des crédits, se traduit par une diminution plus importante encore de la masse des dépôts’».
Mon contradicteur indique « Je pense que vous faites une erreur dans votre raisonnement et c'est apparent lorsque vous écrivez en faisant intervenir le multiplicateur des crédits //Alors l’adage deviendrait, « la diminution de la masse des crédits, se traduit par une diminution plus importante encore de la masse des dépôts ». //
Il expose les raisons de sa critique en ces termes :
« Bien évidemment que non: le multiplicateur de crédit est simplement le rapport possible ou constaté) entre la monnaie scripturale (monnaie secondaire émise par les banques commerciales) et la base monétaire (monnaie de banque centrale dont doit disposer le système bancaire pour faire face aux "fuites" que sont la demande de billets et les réserves obligatoires), et non pas une multiplication "par rapport aux dépôts antérieurs".
Bien sur qu'une diminution de la masse des crédits, se traduit par une diminution de la masse des dépôts", mais elle est identique, pas "plus importante"
Je ne veux pas ici « critiquer la critique », d’autant que les propos d’André-Jacques Holbecq ne sont pas contradictoires avec les miens. Avant de rentrer plus avant dans ce phénomène un peu étrange de la destruction de monnaie, je voudrais rappeler deux choses qui sont également importantes pour la bonne compréhension de cette entrée de l’Abécédaire.
- Je l’ai rédigée en pensant aux considérations que je trouve ici et là dans la presse, sur la création de la monnaie : on lit encore que ce sont les dépôts qui font les crédits et que la monnaie en dériverait éventuellement mais pas nécessairement.
Cette thèse est récurrente, reflet d’une vision « historique » de la monnaie. Elle n’est absolument pas conforme à la réalité de l’économie « bancarisée » dans laquelle nous vivons où la monnaie scripturale, c'est-à-dire la monnaie de banque, a détrôné la monnaie fiduciaire (les billets de banque). Les idées simples en économie ne sont pas nécessairement des idées justes. Ainsi de quelques unes qui commencent à traîner un peu partout, parce qu’elles sont commodes et parlent directement : L’équilibre budgétaire de la ménagère de cinquante ans ; L’or, certitude monétaire absolue; les banques sont coupables parce qu’elles «ont détourné notre argent ». Voilà quelques assertions fréquentes que je ne partage pas de concert avec de nombreux commentateurs économiques.
L’objet de cette entrée était, raisonnant par l’absurde de montrer que de même qu’on peut dire « les crédits font les dépôts, donc la monnaie », on peut dire « que la réduction des crédits entraîne la réduction des dépôts, donc de la monnaie. » et que si on peut dire l’un, alors l’autre est vrai.
- Un des développements que j’ai consacrés à ce raisonnement par « l’absurde », se lit au « conditionnel »
« Alors l’adage deviendrait, ‘ la diminution de la masse des crédits, se traduit par une diminution plus importante encore de la masse des dépôts’ ». Ce n’est pas une affirmation mais une proposition qui exprime ce qu’on peut conclure en suivant un raisonnement (trop) logique. Un peu plus loin, j’écris : « Ainsi, l’excès de remboursement de crédit sur l’octroi de crédit contribue bien à réduire les dépôts, c'est-à-dire la masse monétaire. Ce mécanisme une fois enclenché est relayé et amplifié par un déflateur de crédit. Il ne serait pas illogique de penser que le jeu « mécanique » de ce déflateur est amplifié par le climat « déflationniste » qui accompagne cette série d’événement ».
Suivant les remarques d’André-Jacques Holbecq, je trouve utile de détailler davantage ce que traduit et ce que recouvre le « déflateur de crédit » mentionné plus haut. Il ne s’agit pas d’un pur plaisir intellectuel qui conduirait à l’étude de « phénomènes impossibles ». La déflation a existé et représente toujours un risque. Le refus de prêter est la marque principale (on a envie de dire « de fabrique ») de la déflation. Or, nous sommes actuellement dans un univers où les organismes de crédit, contestés dans leurs prises de risques antérieures, impactés par des pertes sur crédits et menacés par les régulateurs au nom des ratios de fonds propres, sont enclins à réduire leurs portefeuilles de crédit et par conséquent leur offre de nouveaux crédits.
Multiplicateur et décélérateur de crédits.
Le multiplicateur de crédit est exogène au système bancaire, il est la conséquence de la montée en force du multiplicateur d’investissement. Les crédits produits par le système bancaire créent des dépôts purement et simplement pour autant, on l’a dit, qu’il n’y ait pas de fuites. En revanche, le processus n’est pas « multiplié » sauf à poser que les liquidités créées par les crédits sont à l’origine de nouveaux crédits. Or, dans le système où la monnaie de banque est prévalente, l’affirmation les « dépôts font les crédits » est une erreur conceptuelle et une erreur logique (on ne peut dire une chose et son contraire : si A donne B, B ne peut donner A.)
D’où vient alors que les crédits se multiplient ? Du multiplicateur d’investissement ! Ce n’est pas parce qu’il y a multiplication des investissements que ceux-ci poussent par génération spontanée sur le terreau d’une économie enfin fertilisée. Il y faut du crédit : les entreprises qui répondent à la sollicitation de la demande (consommation) induite par l’augmentation des investissements n’ont pas nécessairement les fonds pour les financer. Ce n’est qu’ex-post qu’on trouvera cet équilibre (globalement en tant que système bien entendu et non pas nécessairement en tant qu’agent économique). Donc, les investissements se multipliant, les crédits seront multipliés, les dépôts suivront etc. Etc.
Le « décélérateur » que j’évoquais n’est pas un « diviseur » du crédit qui serait un inverse logique (d’une étrange logique) du multiplicateur. Il représente en fait un cas très particulier où la trappe à liquidité s’ouvre en grand. L’effet « multiplicateur » des investissements est compensé, et au-delà, par les détournements de l’épargne et sa stérilisation. Le processus s’appuie donc bien sur la « raison suffisante » de la création monétaire, sauf que l’inversion du sens d’un de ses éléments conduit à un blocage pur et simple de son jeu et des effets qui en dérivaient. Il faut ajouter, toujours sur un plan conceptuel que le multiplicateur impliquait la durée (le temps dans la théorie Keynésienne est un acteur déterminant du fonctionnement des mécanismes économiques) produisant ses effets par étapes successives et cumulatives. La trappe à liquidité, quant à elle, fonctionne en une seule fois, l’épargne thésaurisée bloquant le mécanisme multiplicateur, comme si le temps s’était arrêté.
Pas de crédits, pas de monnaie ?
Quels sont les effets sur le long terme d’une situation qui peut paraître étrange : Les taux d’intérêts s’effondrent et les liquidités en excès partent vers d’autres horizons (dans d’autres devises, par exemple). Les intermédiaires financiers n’équilibrent plus leurs comptes et disparaissent les uns après les autres. Il faut un peu de temps, mais le résultat sur la longue durée, c’est que la monnaie finit par disparaître (plus exactement, le pays victime de ce genre de situation a de forte chance d’être préempté par un voisin !!!). Un « culot » monétaire, dit de « transaction », demeure qui vient se combiner à la renaissance du troc. Ce qu’on a décrit n’est pas le fait d’un diviseur de crédit. Il est simplement le fait que le multiplicateur de crédit ne fonctionne pas, faute de matière : le crédit. Il n’y a pas dans l’économie de mécanismes de type « boîte de vitesse », avec une marche avant, qui a un inverse absolu, la marche arrière. Le déflateur, c’est la mise en rade du multiplicateur.
On pourrait penser que c’est un cas d’école. On a rarement vu des économies dans lesquelles ce processus était en œuvre… sauf un cas, peu étudié il est vrai sur le plan de la théorie, qui, pourtant, est une expérience « pure » au sens scientifique du terme (et, il faudra toujours l’espérer, unique): La France pendant l’Occupation allemande. Résumons : pas d’investissements, au contraire, démontages d’usines par l’occupant, pas de production pour satisfaire la demande, donc liquidités « gelées » en raison d’une épargne forcée considérable, fuites de monnaie sous forme des « contributions françaises au Reich » physiques ou monétaires, économie administrée, pas d’inflation pour absorber le surplus d’épargne, liquidité absolue du système bancaire, contrepartie sous la forme de la souscription par les intermédiaires sous forme d’un matelas considérable de bons du trésor.
Cette période se caractérise par une rentabilité sans précédent de l’ensemble des banques françaises… sur la base d’actifs à qui l’application de la plus bénigne norme « mark to market » aurait donné une valeur « zéro »…. Soit un anéantissement total du passif de l’ensemble bancaire, soit une vaporisation totale des dépôts… soit donc une disparition de la monnaie ! On relèvera que malgré la disparition du crédit, la monnaie n’a pas disparu pendant tout le temps de l’occupation, ce qui devrait conduire à penser que les crédits n’ont pas d’impact sur les dépôts, donc la monnaie. Pourtant, le raisonnement développé au paragraphe précédent s’applique intégralement : la monnaie a disparu au sens purement fonctionnel du terme : elle ne servait plus à grand-chose sauf a remplir le vide des bas de laine; le troc, échange sur marché noir, s’y était substitué au côté d’une consommation administrée.
En Allemagne, après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la réforme monétaire du « docteur Erhard » ne s’est pas appuyée sur un autre raisonnement. L’ancienne monnaie a été dévaluée de plus de 90%.
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